Société Si vous naissez dans une famille pauvre, quelles sont vos chances d’ascension sociale ?


Rédigé le Samedi 19 Mai 2018 à 16:02 | Lu 70 fois | 0 commentaire(s)




Si vous naissez dans une famille pauvre, quelles sont vos chances d’ascension sociale ? La possibilité pour un individu de gravir l’échelle des revenus, à la fois au cours de sa vie et par rapport à ses parents, tient une place importante dans la lutte contre la pauvreté, dans la réduction des inégalités, et même dans la croissance économique. 

Or, on constate depuis quelques années que la mobilité entre générations stagne dans une grande partie du monde : pour un trop grand nombre de personnes, les perspectives restent trop fortement liées à la position sociale de leurs parents plutôt qu’à leur propre potentiel. C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport de la Banque mondiale, rendu public aujourd’hui. 

En outre, la mobilité est bien plus faible, en moyenne, dans les pays en développement que dans ceux à revenu élevé : 46 des 50 économies où la mobilité en matière d’éducation est la plus faible sont des pays en développement. 
 

Intitulé Fair Progress? Economic Mobility Across Generations Around the World  (vue d’ensemble, PDF), ce rapport montre que l’Afrique et l’Asie du Sud, les deux régions du monde qui comptent le plus grand nombre de pauvres, affichent, en moyenne, la mobilité la moins élevée. 

Dans certains pays d’Afrique fragiles ou à faible revenu, 12 % seulement des jeunes adultes (nés dans les années 80) sont plus instruits que leurs parents. À l’inverse, la mobilité intergénérationnelle a globalement augmenté en Asie de l’Est, en Amérique latine et dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Elle tend à progresser à mesure que les pays se développent, mais, selon le rapport, rien n’est inéluctable : la mobilité sociale est en fait susceptible de s’accroître si les inégalités reculent, ce qui, en général, passe par une hausse des investissements publics et par une amélioration des politiques. 

« Grâce à un volume de données sans précédent, le rapport dresse un état des lieux détaillé de la mobilité socio-économique intergénérationnelle qui couvre la quasi-totalité de la population mondiale », indique Ambar Narayan, économiste principal au sein du pôle d’expertise en Pauvreté et équité de la Banque mondiale et coauteur du rapport. « Même s’il y a de quoi s’inquiéter, il y a aussi des raisons d’espérer. Et on constate que la politique publique contribue, dans une large mesure, à améliorer la mobilité. » 

« Une plus grande mobilité économique a pour effet d’accélérer la croissance économique et la lutte contre la pauvreté », explique Roy Van der Weide, économiste au sein du Groupe de recherche sur l’économie du développement de la Banque mondiale et coauteur du rapport. « Elle peut également renforcer la cohésion sociale et la stabilité, car, lorsqu’on vit dans une société mobile, on envisage probablement l’avenir avec davantage d’optimisme. » 

Le rapport examine, sur un demi-siècle et dans différentes régions du monde, si les conditions de vie des enfants se sont améliorées ou, au contraire, dégradées par comparaison avec la génération de leurs parents. Il propose des politiques à mettre en œuvre au niveau local, national et mondial pour briser le cycle de la pauvreté et des inégalités et, ainsi, permettre à la génération suivante de réaliser son potentiel. 

À partir d’une nouvelle base de données qui couvre 96 % de la population de la planète, dont un grand nombre de pays en développement, les auteurs se sont attachés à évaluer deux dimensions de la mobilité intergénérationnelle : la mobilité absolue, c’est-à-dire la proportion de personnes dont le niveau de vie ou d’études est supérieur à celui de leurs parents, et la mobilité relative, à savoir dans quelle mesure la situation économique d’un individu ne dépend pas de celle de ses parents. 

Autres constats : 

  • Pour les futures générations d’adultes, la probabilité de gravir l’échelle économique est faible dans les milieux défavorisés, et tout particulièrement dans les régions les plus pauvres du monde. Dans les pays à revenu faible et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, les familles pauvres présentant un faible niveau d’études ont une probabilité nettement moins grande que les autres familles de pouvoir envoyer leurs enfants à l’école.
  • Cependant, les tendances historiques et le récent accroissement des taux de scolarisation invitent à l’optimisme. En Afrique et en Asie du Sud, les progrès de la scolarisation observés au cours des deux dernières décennies pourraient faire augmenter la proportion d’individus plus instruits que leurs parents chez les générations nées après 1990.
  • Dans les pays à revenu élevé, les filles affichent un meilleur taux d’inscription dans l’enseignement supérieur et un meilleur taux de mobilité absolue que les garçons, et la tendance est similaire dans les pays en développement. Bientôt, à l’échelle mondiale, la mobilité éducative des filles progressera davantage que celle des garçons. Cependant, dans la plupart des pays, les femmes continuent d’être désavantagées en matière de rémunération et d’accès à l’emploi.
  • En général, la mobilité économique relative est, elle aussi, plus faible dans les régions en développement que dans les pays à revenu élevé. Un seul des 25 pays affichant les plus faibles niveaux de mobilité n’est pas un pays à revenu faible ou intermédiaire. Dans plusieurs pays en développement, la mobilité économique est faible par rapport à la mobilité éducative. Le manque d’emplois apparaît comme l’une des principales raisons expliquant les écarts substantiels observés dans nombre de pays en développement entre une forte mobilité éducative et une faible mobilité économique.
  • L’adoption de bonnes politiques repose sur des données factuelles, et leur mise en œuvre sur des financements suffisants et des dépenses judicieuses.Si l’on veut mesurer plus précisément la mobilité, il est nécessaire d’améliorer les données sur le capital humain des générations successives en comparant la situation des parents et de leurs enfants. Il apparaît que la progression socio-économique d’une génération à l’autre est d’autant plus grande que les investissements publics dans le capital humain sont plus élevés. Mais la quantité des investissements ne suffit pas : la qualité des dépenses compte aussi. Aussi faut-il par exemple analyser si un niveau plus élevé de dépenses publiques consacrées à l’éducation aboutit effectivement à une amélioration des « intrants » scolaires.
  • Les politiques et les investissements doivent s’attacher à réduire les écarts entre enfants riches et pauvres en matière de développement de la petite enfance et d’accès à une éducation de qualité. Dans les pays où le taux de retard de croissance des enfants de 5 ans est faible, la mobilité éducative est généralement élevée. Elle est aussi plus grande dans les pays où davantage d’enfants sont scolarisés et reçoivent une éducation de qualité à l’école primaire.
  • Une réglementation et des politiques adaptées, y compris sur le plan fiscal, peuvent faire augmenter la mobilité économique et atténuer le risque de trappe à pauvreté. L’égalité des chances s’accroît sur le marché du travail lorsque les populations défavorisées et les jeunes accèdent plus facilement à ce marché, lorsque la concurrence entre employeurs s’intensifie et lorsque les travailleurs sont mieux protégés contre la discrimination fondée sur l’origine ethnique et le sexe. Un système fiscal juste et progressif peut générer des ressources pour financer des investissements permettant des progrès sociaux, et pour lutter contre l’une des principales causes du manque de mobilité dans la plupart des sociétés : les inégalités de revenu et de richesse.
  • Les politiques locales jouent un rôle essentiel dans l’égalité des chances. Le fait de naître à tel ou tel endroit dans un pays influe sur la mobilité sociale et sur les opportunités. Les politiques locales, y compris au niveau des communautés et des quartiers, sont cruciales pour changer la donne.
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