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Pourquoi "deuk bi Macky" - Par Mamadou Oumar Ndiaye


Rédigé le Dimanche 4 Mai 2014 à 11:32 | Lu 279 fois | 0 commentaire(s)




ême si cette perspective n’est pas souhaitable, elle est en tout cas à craindre.

Jamais, en effet, le pays n’a manqué à ce point d’argent et jamais nos compatriotes n’ont été à ce point fauchés. "L’argent ne circule pas" est la rengaine qui revient le plus souvent dans les conversations. Et le plus inquiétant c’est que des gens qui étaient à l’abri du besoin en sont réduits aujourd’hui à tendre la main. Un billet de 10.000 francs représente une fortune pour eux.

Les couches moyennes se sont effondrées, si bien qu’il n’existe plus que des très riches et des pauvres. Les industries, quand elles ne ferment pas leurs portes en déversant dans la rue des centaines de travailleurs, tournent au ralenti et doivent des arriérés de salaires à leurs employés.

Certes, la crise est mondiale et même les pays développés, en particulier ceux de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) traversent des moments difficiles. Dans certains pays du Vieux continent comme l’Espagne, le Portugal, la Grèce et l’Italie, mais aussi l’Irlande, des plans d’austérité ont été mis en place qui se traduisent notamment par une réduction drastique des dépenses sociales.

Et nos dizaines de milliers de compatriotes qui travaillaient dans ces pays ont été, pour la plupart d’entre eux, réduits au chômage. Or, ce sont les travailleurs émigrés qui faisaient vivre leurs familles restées au pays.

Bon an mal an, ces "Modou-modou" et "Fatou-Fatou" envoyaient au Sénégal quelque 600 milliards de francs. Ce flux financier s’est, d’une année à l’autre, brusquement tari, en tout cas beaucoup rétréci, plongeant dans la détresse des milliers de familles. La situation est à ce point grave que, dans certains coins de notre pays, ce sont les parents qui, avec leurs maigres revenus, envoient de l’argent aux leurs vivant en Europe !

Dans ces conditions, évidemment, que des centaines de milliards de francs manquent à l’appel du jour au lendemain, cela ne peut pas ne pas se faire ressentir. C’est l’une des principales causes de la pauvreté dans notre pays. Il s’y ajoute que ces mêmes pays occidentaux, qui aidaient financièrement l’Afrique, ont à présent d’autres chats à fouetter chez eux-mêmes.

À preuve, la France, principal partenaire financier du Sénégal, en est chercher désespérément 50 milliards d’euros de dépenses publiques à économiser. C’est pourquoi il est illusoire de s’attendre à un accroissement de son aide aux pays du Tiers-monde.

Et la situation économiques y est à ce point calamiteuse, marquée notamment par une explosion des déficits publics et de l’endettement, sans compter le chômage abyssal, que le président François Hollande bat des records d’impopularité sous la Vème République.

En effet, selon un dernier sondage, il serait à un taux de popularité de 18 % seulement, 82 % des Français étant mécontents ou très mécontents de son action. Difficile de faire mieux en matière d’impopularité.

En Italie, en Grèce, au Portugal et ailleurs en Europe, ce n’est guère mieux. C’est donc dire que ce n’est pas qu’au Sénégal que la situation est dure. Les séquelles de la crise financière de 2008 sont encore vivaces et le monde n’est guère sorti de cette bourrasque économique.

Sachant tout cela, il convient d’être indulgent avec le président de la République, M. Macky Sall, qui ne peut rien faire contre la crise mondiale.

Cela dit, malgré cette même crise, la plupart des pays de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), qui sont frappés au même titre que le Sénégal, s’en sortent mieux que nous. Et c’est là que se trouve le problème.

En effet, là où la Côte d’Ivoire (9 %), le Burkina Faso et le Niger réalisent des taux de plus de 7 %, le Sénégal est en-dessous de la moyenne de la zone qui se situe à 5,5 %. Il y a donc problème. En 2013, il a réalisé officiellement un taux de croissance de son PIB de 3,5 % même si des informations ont couru selon lesquelles ce taux ne dépasserait pas 2,5 %. Informations démenties par les autorités.

Toujours est-il que depuis 2005, cette croissance n’a cessé de piquer du nez au Sénégal. En 2011 et 2012, c’est-à-dire durant les dernières années au pouvoir du président Abdoulaye Wade, la croissance se trainait péniblement à 2 %.

De ce point de vue, on ne voit guère de raisons pour le Pape du "Sopi" de plastronner d’autant plus qu’il a laissé les finances publiques dans une situation calamiteuse. En particulier, il a ré-endetté lourdement notre pays dont la dette extérieure avait été pratiquement effacée par les bailleurs de fonds internationaux dans le cadre de l’Initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés).

C’était en 2006. Malgré cette remise des compteurs de la dette à zéro, au moment où Wade quittait le pouvoir, le taux d’endettement atteignait déjà 40 %. On se demande toujours où est passé cet argent même si des infrastructures ont été réalisées. Mais enfin, tous les milliards empruntés n’ont visiblement pas été engloutis dans ces chantiers.

Quand l’argent devient suspect !

Cela dit, on peut se risquer à donner quelques pistes pouvant expliquer le manque d’argent que tous les Sénégalais — du moins la majorité d’entre eux — déplorent. Pistes qui justifient en particulier l’accueil enthousiaste réservé au président Abdoulaye Wade depuis vendredi dernier, partout où il passe.

Et ce après avoir été chassé comme un malpropre par les mêmes il y a juste deux ans. Une des raisons, c’est incontestablement la traque des biens mal acquis censée faire rendre gorge aux dignitaires qui se sont enrichis sous l’ancien régime. Traque qui a dérivé pour rendre suspect tout argent. Qu’il soit bien ou mal acquis.

Cette opération "mains propres" a donné lieu à une véritable Inquisition financière qui fait que même un dépôt de trois millions de francs dans un compte bancaire est éminemment louche et fait l’objet d’une déclaration de soupçon à la Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières).

Autrement dit, on a installé les Sénégalais dans un régime de délation financière digne des démocraties populaires de l’ère soviétique ! L’argent étant devenu suspect, nul n’ose plus acheter une maison ou une voiture un tant soit peut luxueuse de peur d’avoir des comptes à rendre.

Et même ceux qui croyaient pouvoir mettre leurs valeurs dans des coffres bancaires ont dû se résoudre à les retirer en toute hâte pour aller les dissimuler ailleurs, à la suite du forçage des coffres de la dame Aïda Ndiongue.

Bref, les nouvelles autorités ayant décrété que l’argent "sale" n’avait pas droit de cité et était interdit de séjour dans le pays, tous ceux qui ne pouvaient pas justifier l’origine licite de leur fortune — c’est-à-dire tout le monde puisque, comme le dit l’adage, derrière toute fortune se trouve un crime impuni —, tous ceux-là, donc, ont préféré retirer leur argent des circuits financiers et l’enfouir quelque part, à défaut de pouvoir le transférer à l’étranger. Pour les mêmes raisons, nul n’ose plus faire preuve de prodigalité, tout le monde fait le mort et joue au pauvre.

Une autre raison encore c’est que, grâce à toutes sortes de trafics et de spéculations financières mais aussi foncières, le président Abdoulaye Wade brassait énormément d’argent qu’il distribuait à tour de bras si bien que l’on se demandait s’il n’avait pas une planche à billets.

Il offrait des terrains à des courtisans et clients qui les revendaient e réalisant au passage des bénéfices substantiels. Il octroyait des marchés publics aux mêmes et intervenait pour qu’ils soient payés immédiatement.

Il envoyait régulièrement des émissaires avec des mallettes bourrées de billets de banque dans les capitales religieuses. Si bien que la principale opposition de l’actuel président de la République se trouve aujourd’hui dans lesdites capitales religieuses qui se fichaient pas mal de savoir où Wade prenait cet argent qu’il leur offrait si généreusement !

S’agissant toujours des marchés publics, le même Wade avait recours sans états d’âme au gré à gré, intervenant pour donner des contrats à ses protégés même quand leurs offres étaient les plus chères et présentaient le pire mauvais rapport qualité / prix ! Cette méthode était efficace puisque cela donnait l’illusion que l’argent circule.

Le président Macky Sall, lui, prêtant une oreille trop attentive aux organisations de défense des droits de l’homme et autres ONG a voulu apparaître comme un parangon de vertu, un excellent élève de la bonne gouvernance. Il a répugné au gré à gré, voulant lancer systématiquement des appels d’offres ou des consultations restreintes, allongeant de ce fait inutilement les délais.

Résultat : tous les ministères, toutes les sociétés nationales sont paralysés, les dirigeants de ces structures ne pouvant octroyer le moindre marché à des amis. Et pour cause, tout marché dépassant trois millions de francs doit obligatoirement être mis en compétition !

Or, avant la prise du pouvoir par les ONG — car c’est de cela qu’il s’agit — des milliers de petits hommes d’affaires sénégalais bénéficiaient de petits marchés qu’ils exécutaient avant de se faire payer, l’argent ainsi gagné étant redistribué au niveau des quartiers, des villages, dépensé dans les magasins… bref, étant consommé.

Sous le président Macky Sall, non seulement au nom d’une exigence de transparence hors de propos ces facilités accordées à de petits "goorgorlous" sénégalais qui se meuvent dans les affaires n’existent plus, mais encore les rares parmi eux qui réussissent à gagner des marchés dans les règles de l’art et à les exécuter — après avoir souvent contracté un emprunt bancaire — se voient exiger, au moment du paiement, un quitus fiscal qui n’est rien d’autre qu’une forme légalisée d’extorsion de fonds !

Résultat : là également, des milliers d’entrepreneurs individuels ont été mis sur la paille car, ayant investi tout ce qu’ils avaient dans l’exécution des marchés gagnés, ils se voyaient privés de paiement au dernier moment !

Cette situation, nous l’avions d’ailleurs dénoncée au moment où M. Amadou Bâ et Mohamadou Makhtar Cissé avaient été nommés respectivement aux Finances et au Budget en septembre dernier. Nous disions espérer qu’ils reviendraient sur cette disposition assassine du nouveau Code des Impôts mais, apparemment, nous prêchions dans le désert.

Le président de la République lui-même, qui semble ignorer les problèmes que vivent au quotidien les TPE (Très petites entreprises) et PME – PMI (Petites et moyennes entreprises et industries) n’est guère intervenu pour demander la suppression de ce quitus fiscal.

Lequel aurait pourtant pu être réaménagé sous la forme, par exemple, de prélèvements sur les factures à payer par le Trésor. Pour donner un petit exemple des dégâts qu’occasionne cette exigence de quitus, il y a de cela cinq mois, l’agent comptable particulier (Acp) d’un grand établissement public nous confiait qu’il avait bloqué des paiements pour un montant global de deux milliards de francs faute pour les fournisseurs devant être payés de pouvoir présenter ce fameux sésame !

De même, il a fallu un intense lobbying pour que les entreprises de presse réussissent à débloquer les paiements suspendus faute du quitus au niveau du Trésor public et de nombreuses sociétés nationales. Il y en avait pour des centaines de millions…

En fait, les dispositions du Code des marchés publics sont si draconiennes que rares sont les hommes d’affaires nationaux qui peuvent gagner les appels d’offres. Résultat : selon un cadre haut place du Trésor public, "environ 80 % des paiements effectués par nos services le sont au profit d’hommes d’affaires libanais".

Lesquels, c’est connu, ne redistribuent guère d’argent dans le pays et ne vont ni aux "magals" et aux "gamous", encore moins aux baptêmes, mariages et cérémonies funéraires des Sénégalais. Et ne se marient pas avec ces derniers non plus.

Les Sénégalais interdits d’affaires chez eux !

Ne quittons pas le gré à gré pour dire que si le président Macky Sall daigne y avoir recours, c’est au bénéfice… d’hommes d’affaires étrangers ! Ainsi, le marché de la communication du prochain sommet de la Francophonie qui se tiendra en novembre dans notre pays, a été refilé au Français Richard Attias. Et ce pour un montant de 800 millions de francs.

Comme si le Sénégal manquait d’expertise dans ce domaine !Là quand même, bémol, puisque le marché d’architecture pour la construction du complexe devant accueillir ce sommet a fait l’objet d’un gré à gré au profit d’un architecte sénégalais. Pour le reste, le marché des visas d’entrée au Sénégal a aussi été donné en gré à gré à un homme d’affaires ivoirien, le sieur Bictogo.

C’est à se demander en fait si, sous le régime du "Yoonu yokuté", les Sénégalais méritent encore de gagner quelque chose chez eux ! Prenons l’exemple de l’autoroute à péage, marché octroyé par le président Abdoulaye Wade à l’entreprise française Eiffage du sieur Gérard Sénac. Pour la prolongation de cette autoroute, le président Macky Sall a signé un nouveau contrat avec le même Sénac.

Seulement voilà, bien que ce dernier n’ait mis que 61 milliards dans le financement de cette autoroute contre 193 milliards pour l’Etat du Sénégal, eh bien, Eiffage a écarté les compagnies pétrolières locales de l’appel d’offres pour l’implantation de stations services sur cette même autoroute ! En lieu et place, la multinationale française Total a été choisie.

Laquelle travaillera avec l’opérateur de télécommunications Orange dans ses boutiques. Une affaire de Français, quoi, les entreprises sénégalaises étant discriminées dans leur propre pays et avec l’argent du Sénégal !

Naturellement, le président de la République n’a rien dit. Tout comme il s’est bouché les oreilles devant les protestations du SEMPOS (Syndicat des Manutentionnaires du Port de Dakar) sommés de débarrasser le plancher du terminal vraquier du Port autonome de Dakar au profit de la société française Nécotrans bénéficiaire, pour une bouchée de pain, d’une concession sur le même terminal. Vous avez dit re-colonisation économique ?

Autre chose : le même Wade laissait filer allègrement les déficits pour financer l’économie tandis que son successeur, lui, tend à rétablir les grands équilibres macro-économiques. Et, donc, à réduire les déficits publics appliquant ainsi une politique d’austérité qui ne dit pas son nom.

Au vu de tout cela, est-il étonnant que l’argent ne circule pas dans ce pays et que nos compatriotes se soient singulièrement appauvris ? On demandait au président de la République de satisfaire les aspirations au bien-être des Sénégalais ? Il emprisonne Karim Wade et compagnie, ainsi que le président Hissène Habré, réfugié dans notre pays depuis 24 ans où il vivait sans histoires.

Sans compter qu’il serait capable de livrer le Malien Amadou Toumani Touré qui bénéficie d’un asile chez nous, si la justice de son pays le réclame. Plutôt que de combattre le chômage endémique des jeunes qui n’arrivent même pas à bénéficier d’un stage, le président Sall veut plaire aux organisations de promotion de la bonne gouvernance.

Pas étonnant, dans ces conditions, que le président Abdoulaye Wade roule sur du velours et soit accueilli à bras ouverts après avoir été chassé par les Sénégalais il y a deux ans seulement…

LE TEMOIN


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