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Mamour Diallo : « Mon épouse, dont je salue ici l’extrême dignité, a appris à vivre avec les torrents d’infamies que crache la bouche de Ousmane Sonko »


Rédigé le Jeudi 24 Janvier 2019 à 11:31 | Lu 117 fois | 0 commentaire(s)



Jamais l’homme n’a accordé d’interview à la presse. Jamais Mamour Diallo n’a cru bon répondre, malgré les lourdes accusations de Ousmane Sonko contre sa personne. Même quand les réseaux sociaux convulsaient de son nom et fantasmaient sur les supposés 94 milliards Cfa détournés par le Directeur des domaines, l’homme est resté zen. Droit dans ses bottes et quitte avec sa conscience. «Je parlerai un jour», répondait-il aux différentes sollicitations. Comme pour rappeler qu’il faut éviter de hurler avec les loups, si on ne veut pas courir avec eux. Une attitude presque islamique face à la tourmente («Dieu est avec les endurants»), qui l’a fait rester serein. Rencontré à son bureau sis à la Direction des Impôts et domaines, Mamour Diallo n’a pas joué sur les flots. Sans haine ni peine. Il a certes parlé avec les crocs, histoire de démontrer que cette affaire qu’il démonte point par point, est une cabale. Entretien !


Au cours de sa conférence de presse du 16 octobre 2018, le leader du Parti Pastef et candidat à  Ã  l’élection présidentielle, Ousmane Sonko, vous a accusé d’avoir détourné 94 milliards de FCFA. Il a réitéré plusieurs fois ses accusations, auxquelles vous n’avez jamais répondu, en tout cas pas de manière publique. Ce silence n’a pas manqué d’ailleurs de laisser beaucoup de gens perplexes. Pourquoi jugez-vous utile à présent de parler ? 

 Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez de pouvoir enfin m’exprimer sur cette affaire. Je commencerai par dire une chose très simple : contrairement à Ousmane Sonko, moi je suis attaché à la déontologie qui lie le fonctionnaire. Je n’avais pas voulu m’adresser à la presse, car cela m’aurait forcément conduit à évoquer les détails d’un dossier administratif en cours de traitement, parce que c’est de cela qu’il s’agit avant tout. Et, ça, c’est contraire à notre code de déontologie. Car l’administration, c’est d’abord la confidentialité. Dévoiler dans un organe de presse le contenu d’un dossier, même pour laver son honneur, c’est porter atteinte à la vie privée de certains citoyens, ainsi qu’au secret légitime dont ils souhaitent entourer leurs affaires. 

Mais, vous n’êtes pas qu’un fonctionnaire, vous êtes aussi un politique et Ousmane Sonko, leader de Pastef, vous attaque en tant que responsable de la majorité présidentielle… 

Le fonctionnaire, même lorsqu’il fait de la politique, n’a pas le droit de s’épancher dans les médias sur n’importe quel sujet. Nous n’avons pas la même liberté que, par exemple, les députés. J’ai prêté serment il y a plus de 27 ans, lorsque, très jeune, j’intégrais l’administration pour servir mon pays. Ce serment est encore gravé dans ma mémoire et il a du prix à mes yeux. Il est vrai que nous vivons une époque où ces principes peuvent paraître surannés, mais j’accepte d’appartenir à la vieille école. Néanmoins, c’est une position très difficile à tenir, lorsqu’on est la cible d’attaques et de calomnies, mais telles sont les règles de l’Administration et j’ai voulu m’y conformer jusqu’au bout. J’ajouterai une chose: je n’avais pas voulu parler parce que, aussi, je refusais d’offrir à Ousmane Sonko ce qu’il cherchait à obtenir : le bruit médiatique. La fameuse conférence de presse dont vous parlez, rappelez-vous du contexte dans lequel elle s’était tenue: Sonko était en grande difficulté après la révélation par certains de vos confrères de propos ignobles qu’il avait tenus à l’endroit des anciens présidents de la République du Sénégal. Il a convoqué les médias pour s’expliquer. Et, qu’est ce qu’il a fait? Il a changé de sujet et s’en est pris à Mamour Diallo, avec cette histoire abracadabrantesque de 94 milliards. C’est ce qu’on appelle faire de la diversion… Et, malheureusement, je m’excuse de le dire, mais, vous, les journalistes êtes complètement tombés dans le panneau. Du coup, personne n’a plus parlé des insultes de Sonko contre les grands hommes qui ont bâti ce pays et tout le monde n’a retenu que le chiffre de 94 milliards FCfa. 

 Quel a été votre sentiment quand il a porté l’accusation contre vous? 

J’ai été estomaqué par son outrecuidance ! C’est ce jour-là que j’ai compris le vrai sens de la phrase de Joseph Goebbels: «Plus le mensonge est gros, plus ça passe.» Mais, je me suis dit qu’en répliquant, je ne ferais que relancer la polémique et qu’il valait mieux traiter tout cela par le mépris. J’ai préféré faire confiance à l’intelligence des Sénégalais pour qu’ils se rendent compte eux-mêmes de la bêtise des accusations d’Ousmane Sonko. Quand on occupe des responsabilités dans l’administration, surtout dans un département aussi sensible que le ministère des Finances, on est parfois obligé d’avaler des couleuvres et de laisser glisser sur soi les pires offenses. Etre attaqué comme je l’ai été et ne pas pouvoir se défendre, ni en justice ni même devant les médias, fait malheureusement partie de ces couleuvres. Mais, c’est cela aussi le service de l’Etat au haut niveau : savoir encaisser, savoir dépasser, savoir retenir ses coups... 

 Comment vous le dites, vous aviez opté pour le mépris, qu’est-ce qui a changé aujourd’hui pour que vous décidiez de parler ? 
  
 Ce qui a changé, c’est que, aujourd’hui, ma hiérarchie s’est rendue compte que le dossier est, de toute façon, sur la place publique. Car il ne faut pas perdre de vue une chose : je suis un directeur et je suis soumis à une chaîne hiérarchique que je respecte. Au-dessus de moi, il y’a un coordonnateur, un directeur général, et deux ministres entourés d’un cabinet, pour ne pas parler des échelons supérieurs. Or, les accusations de Ousmane Sonko dépassent ma seule personne. 

Un chef de service qui détourne 94 milliards FCfa et continue de vaquer à ses occupations comme si de rien n’était ? Convenez avec moi que s’il y a une once de vérité dans ces affabulations, alors c’est toute la chaîne de responsabilité du ministère des Finances qui devrait être virée voire emprisonnée. Je me suis dit que ce n’était pas moi seulement qui étais attaqué, mais l’Etat tout entier et que la riposte ne devait pas être personnelle mais administrative et officielle. 
  
 Pourquoi donc n’a-t-on pas entendu le ministère des Finances, par ses canaux officiels, se prononcer sur cette affaire ? 
  
Je comprends que mes supérieurs, des haut fonctionnaires nourris aux mêmes principes que moi, n’aient pas voulu rejoindre Sonko sur son terrain favori, car la polémique alimente la polémique. C’est pourquoi je ne vous cache pas que j’ai dû beaucoup insister pour qu’on me permette, cette fois-ci, de laver mon honneur en public. Car, on a beau avoir le sens de l’Etat chevillé au corps, on a beau se forger une carapace contre la fourberie d’individus comme Ousmane Sonko, à un moment donné les conséquences dépassent votre seule personne et touchent votre famille, vos proches, vos amis, même vos collègues de travail qui vous pratiquent quotidiennement, vous connaissent depuis des années et souffrent de vous voir traîné dans la boue. Pourtant, mes parents sont restés stoïques et m’avaient demandé de traiter ces mensonges avec indifférence, de m’en remettre à Dieu Qui, d’une manière ou d’une autre, fera éclater la vérité un jour. Mon épouse, dont je salue ici l’extrême dignité, a appris à vivre avec les torrents d’infamies que crache la bouche de Ousmane Sonko. Car comme le dit l’adage, le mensonge a fini de faire le tour du monde pendant que la vérité n’a pas terminé de mettre ses chaussures. 

Source L'Observateur
 
 


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