Le professeur et écrivain Mohamed Abib Kébé a réuni à Saint-Louis, le monde littéraire, pour les besoins de la cérémonie de dédicace de son nouveau livre intitulé "Pour un modèle démocratique sénégalais ou la voie sénégalaise de la politique". Une cérémonie tenue en présence de ses anciens élèves et collègues professeur du lycée Ameth Fall de Saint-Louis.
Face à la presse, le professeur Kébé est largement revenu sur le pourquoi de cet ouvrage.
"Oui, c’est un ouvrage que j’ai écrit dans le cadre d’une réflexion sur la réforme de la vie politique sénégalaise. La thèse centrale, qui sous-tend tout le raisonnement développé dans ce livre, est qu’il nous faut, nous Sénégalais, en fonction de notre culture et de notre identité propres, reconstruire les rapports entre le religieux et le politique, afin de créer un modèle de démocratie qui nous soit véritablement adapté."
Et selon lui, "le modèle que nous utilisons actuellement, bien qu’efficace et souvent cité en exemple notamment en Afrique, reste néanmoins un modèle emprunté".
"Il n’est pas honorable, pour un pays souverain, de fonctionner selon des principes et des valeurs démocratiques importés, qui ne correspondent ni à notre histoire ni à notre réalité. Ce qui s’est passé au Sénégal, comme dans bien d’autres pays africains, c’est que nos dirigeants, au moment des indépendances, au lieu de repenser la vie politique selon nos réalités, se sont contentés de copier le modèle français. Ce mimétisme a été appliqué de manière systématique, parfois même servile, sans réflexion ni adaptation. Cette tare congénitale, je souhaite qu’on la corrige", a clamé le professeur écrivain Mohamed Abib Kébé.
Le professeur Kébé propose ainsi plusieurs pistes de solution.
"J’ai proposé une réconciliation entre religion et politique et cette proposition figure dans mon projet de réforme constitutionnelle. Premièrement, je plaide pour que la Constitution sénégalaise soit fondée, à l’instar de celle des États-Unis, sur une référence à Dieu. Il faut rappeler que l'ancien président de la République Abdoulaye Wade, lors du référendum constitutionnel de 2002, avait proposé une version de la Constitution sans l’article 1er, tel qu’on le connaît aujourd’hui. Il avait tenté d’introduire cette référence spirituelle, mais il a été attaqué par les laïcistes et a dû faire un recul, et pourtant, il avait raison", a expliqué Pr. Kébé, qui a tenu à préciser qu' il ne s’agit pas de remettre en cause la laïcité, mais de créer un modèle de démocratie qui nous correspond.
Prenant l'exemple du modèle américain, il avance : "Le modèle américain est à ce titre exemplaire : c’est une démocratie, certes laïque, mais sans dogmatisme. Les États-Unis ont su concilier religion et politique, dès la naissance de leur État", fustigeant au passage le modèle français.
"Le modèle français est non seulement laïque, mais aussi souvent perçu comme athée, impie et intolérant vis-à -vis de la religion. C’est le seul pays au monde, où la laïcité interdit à des musulmanes de porter le voile. Il n’y en a pas deux comme lui. Ce n’est pas de la laïcité, c’est du laïcisme. Et comme tout fondamentalisme, qu’il soit religieux ou laïc, cela devient dangereux et inacceptable. Il y a donc deux formes de fondamentalisme à rejeter : le fondamentalisme religieux, qui pousse certains à tuer et commettre des atrocités, notamment dans certaines zones du monde, et le fondamentalisme laïc, qui veut imposer partout et toujours, un modèle unique, à l’image du modèle français", a laissé entendre l'écrivain Mohamed Abib Kébé, qui croit qu'avec les nouvelles autorités, la page du système colonial et néo-colonial est tournée.
"Avec l’arrivée du nouveau régime en 2024, nous avons tourné la page du système colonial et néo-colonial, imposé par la France, et qui a longtemps écarté les marabouts et les chefs religieux du pouvoir politique. Cette domination idéologique, qui faisait que tous les présidents obéissaient à la France, est désormais terminée. Je salue ce changement. Pendant des années, j’ai pleuré en silence, de voir mon pays sans réelle souveraineté. Aujourd’hui, les patriotes ont redonné au Sénégal sa souveraineté pleine et entière. Mais il reste à bâtir un nouveau modèle. Et cela, c’est un autre combat", a lancé le professeur Kébé.
Parlant toujours des nouvelles autorités, le professeur Mohamed Abib Kébé les exhorte à s'approprier cet ouvrage et à y puiser ce qui les intéresse pour l'avenir du pays.
"Le régime actuel a sans doute la volonté, mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi je pense qu’il serait utile, pour les nouveaux dirigeants, de lire mon livre et d’y puiser ce qui pourrait les inspirer pour l’avenir du Sénégal". a conclu l'auteur du livre "Pour un modèle démocratique sénégalais ou la voie sénégalaise de la politique".
Adama Sall (Saint-Louis)
Face à la presse, le professeur Kébé est largement revenu sur le pourquoi de cet ouvrage.
"Oui, c’est un ouvrage que j’ai écrit dans le cadre d’une réflexion sur la réforme de la vie politique sénégalaise. La thèse centrale, qui sous-tend tout le raisonnement développé dans ce livre, est qu’il nous faut, nous Sénégalais, en fonction de notre culture et de notre identité propres, reconstruire les rapports entre le religieux et le politique, afin de créer un modèle de démocratie qui nous soit véritablement adapté."
Et selon lui, "le modèle que nous utilisons actuellement, bien qu’efficace et souvent cité en exemple notamment en Afrique, reste néanmoins un modèle emprunté".
"Il n’est pas honorable, pour un pays souverain, de fonctionner selon des principes et des valeurs démocratiques importés, qui ne correspondent ni à notre histoire ni à notre réalité. Ce qui s’est passé au Sénégal, comme dans bien d’autres pays africains, c’est que nos dirigeants, au moment des indépendances, au lieu de repenser la vie politique selon nos réalités, se sont contentés de copier le modèle français. Ce mimétisme a été appliqué de manière systématique, parfois même servile, sans réflexion ni adaptation. Cette tare congénitale, je souhaite qu’on la corrige", a clamé le professeur écrivain Mohamed Abib Kébé.
Le professeur Kébé propose ainsi plusieurs pistes de solution.
"J’ai proposé une réconciliation entre religion et politique et cette proposition figure dans mon projet de réforme constitutionnelle. Premièrement, je plaide pour que la Constitution sénégalaise soit fondée, à l’instar de celle des États-Unis, sur une référence à Dieu. Il faut rappeler que l'ancien président de la République Abdoulaye Wade, lors du référendum constitutionnel de 2002, avait proposé une version de la Constitution sans l’article 1er, tel qu’on le connaît aujourd’hui. Il avait tenté d’introduire cette référence spirituelle, mais il a été attaqué par les laïcistes et a dû faire un recul, et pourtant, il avait raison", a expliqué Pr. Kébé, qui a tenu à préciser qu' il ne s’agit pas de remettre en cause la laïcité, mais de créer un modèle de démocratie qui nous correspond.
Prenant l'exemple du modèle américain, il avance : "Le modèle américain est à ce titre exemplaire : c’est une démocratie, certes laïque, mais sans dogmatisme. Les États-Unis ont su concilier religion et politique, dès la naissance de leur État", fustigeant au passage le modèle français.
"Le modèle français est non seulement laïque, mais aussi souvent perçu comme athée, impie et intolérant vis-à -vis de la religion. C’est le seul pays au monde, où la laïcité interdit à des musulmanes de porter le voile. Il n’y en a pas deux comme lui. Ce n’est pas de la laïcité, c’est du laïcisme. Et comme tout fondamentalisme, qu’il soit religieux ou laïc, cela devient dangereux et inacceptable. Il y a donc deux formes de fondamentalisme à rejeter : le fondamentalisme religieux, qui pousse certains à tuer et commettre des atrocités, notamment dans certaines zones du monde, et le fondamentalisme laïc, qui veut imposer partout et toujours, un modèle unique, à l’image du modèle français", a laissé entendre l'écrivain Mohamed Abib Kébé, qui croit qu'avec les nouvelles autorités, la page du système colonial et néo-colonial est tournée.
"Avec l’arrivée du nouveau régime en 2024, nous avons tourné la page du système colonial et néo-colonial, imposé par la France, et qui a longtemps écarté les marabouts et les chefs religieux du pouvoir politique. Cette domination idéologique, qui faisait que tous les présidents obéissaient à la France, est désormais terminée. Je salue ce changement. Pendant des années, j’ai pleuré en silence, de voir mon pays sans réelle souveraineté. Aujourd’hui, les patriotes ont redonné au Sénégal sa souveraineté pleine et entière. Mais il reste à bâtir un nouveau modèle. Et cela, c’est un autre combat", a lancé le professeur Kébé.
Parlant toujours des nouvelles autorités, le professeur Mohamed Abib Kébé les exhorte à s'approprier cet ouvrage et à y puiser ce qui les intéresse pour l'avenir du pays.
"Le régime actuel a sans doute la volonté, mais cela ne suffit pas. C’est pourquoi je pense qu’il serait utile, pour les nouveaux dirigeants, de lire mon livre et d’y puiser ce qui pourrait les inspirer pour l’avenir du Sénégal". a conclu l'auteur du livre "Pour un modèle démocratique sénégalais ou la voie sénégalaise de la politique".
Adama Sall (Saint-Louis)
