En visite en Chine, le Premier ministre Ousmane Sonko a reconnu ce que beaucoup savent déjà : « Nos pays ont souvent pêché dans la mise en œuvre ». Et de citer les « Delivery Units » comme réponse miracle. Une armée technocratique parallèle pour rattraper des ministres dépassés, des administrations en panne, et une gouvernance qui bégaie déjà .
Mais cette confession venue de Pékin vaut son pesant de symboles. Car, au pied de la Grande Muraille, c’est l’épreuve de vérité : la mise en œuvre, ce mur infranchissable entre la parole et l’action.
Hier encore, son ministre chargé du suivi des projets avouait que près de 400 projets ne peuvent pas être structurés par le BOCS. Pas par manque d’idées. Mais par incapacité technique et stratégique du système en place.
Alors, que fait-on ? On contourne. On invente des unités spéciales dans chaque ministère. On externalise la rigueur. On crée des postes, des équipes, des cellules, comme on met des rustines sur une machine mal huilée.
Ce choix n’est pas neutre. Il en dit long sur la défiance envers les ministres eux-mêmes, souvent désignés non pour leurs compétences, mais pour leur proximité politique. Résultat : on recrute ailleurs pour faire à leur place. Et pendant ce temps, la masse salariale enfle, les dépenses de fonctionnement explosent, et l’État tourne à vide.
Mais alors, où est la fameuse rupture ? Où est la méritocratie promise ? Où est le courage de réformer la chaîne de commandement au lieu de bricoler autour ?
Monsieur Sonko est désormais face à sa propre muraille : celle qu’il a dressée en promettant plus qu’il ne pouvait transformer, en dénonçant ce qu’il reproduit aujourd’hui.
Et cette muraille-là ne se franchit ni avec des slogans, ni avec des recrues de secours. Elle s’abat avec de la cohérence, de la compétence… et un vrai cap.
Le peuple attend toujours. Et la Chine, elle, regarde.
Thierno Diop