Sommet de Luanda : quand les chefs d'Etat encensent Joseph Kabila


Rédigé le Mercredi 15 Août 2018 à 23:12 | Lu 60 fois | 0 commentaire(s)



Six chefs d’Etat étaient attendus à Luanda ce 14 août 2018 pour un mini-sommet sous-régional consacré à la RDC et au Sud-Soudan. Deux ont fait le déplacement pour rejoindre l’Angolais Joao Lourenço. S'ils se sont tous accordés à encenser Joseph Kabila pour son respect affiché de la Constitution congolaise en ne se représentant pas à un troisième mandat, ces mêmes chefs d’Etat n'ont pourtant presque jamais eu ou peu de respect pour leurs propres Constitutions lorsqu'il s'agissait de mandats présidentiels.


Sommet de Luanda : quand les chefs d'Etat encensent Joseph Kabila

Le mini-sommet est semblable à une rencontre de tout ce que la région compte d'organisations sous-régionales. Pour le compte de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), Denis Sassou-Nguesso a fait le déplacement depuis Brazzaville. Il y a croisé Ali Bongo du Gabon qui est le président de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC).

Absent de ce sommet consacré à la réconciliation au Sud-Soudan et au processus électoral en RDC, le Rwandais Paul Kagame s'est fait représenter par Louise Mushikiwabo, sa cheffe de la diplomatie. Tout comme Sam Kutesa, le ministre ougandais des Affaires étrangères qui a représenté Yoweri Kaguta Museveni. Pour compléter les invités de marque, le Mauritanien Mohammed El- Hacen Lebatt, le conseiller stratégique du Président de la Commission de l'UA de Moussa Faki Mahamat. Malgré son absence, Joseph Kabila s'est fait encenser pour son respect de la Constitution congolaise.

Kabila encensé pour son respect de la Constitution

«Les Chefs d'Etat se sont félicités, par ailleurs de voir le Président Joseph Kabila honorer son engagement à respecter scrupuleusement la Constitution au terme de son second mandat. C'est une démonstration claire de sa détermination de placer les intérêts du Peuple de la République Démocratique du Congo au-dessus de toute autre considération», rapporte le communiqué final.

Cet éloge diplomatique arrive une semaine après la désignation par Joseph Kabila d'un dauphin qui doit porter les couleurs du Front commun pour le Congo (FCC), la plateforme politique dont il est l'autorité morale, à la présidentielle du 23 décembre 2018. Sa candidature à un troisième mandat écartée, Joseph Kabila a reçu des félicitations notamment de la France, des Etats-Unis et de l'Union africaine, malgré les réserves sur le processus électoral.

Le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, président en exercice de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), a fait le déplacement à Kinshasa -pour la première fois depuis qu'il est au pouvoir- au lendemain de cette annonce tonitruante pour féliciter Joseph Kabila en personne. Effet de mode ou suivisme diplomatique ? Avec leur communiqué final, les chefs d'Etat de la sous-région y sont allés de leur formule de félicitations sur le ... respect de la Constitution !

Discours creux

Seulement, le discours sonne creux au vu de la situation des signataires du communiqué dont la plupart félicitent Joseph Kabila dans un domaine qu'ils ont eux-mêmes bafoué dans leur pays. A 30 ans de règne cumulé, le Congolais Denis Sassou Nguesso dont la nouvelle Constitution de 2015, qui a précédé sa réélection contestée par des opposants envoyés en prison, lui donne théoriquement le droit de régner encore une décennie sur le Congo.

Un président autre que le Gabonais Ali Bongo aurait pu applaudir des deux mains le respect de la Constitution par Joseph Kabila. Propulsé sur le fauteuil du Palais du bord de mer sur lequel son père Omar Bongo est mort après avoir battu le record de longévité (42ans ) au pouvoir en Afrique, Ali Bongo s'est fait élire en 2009, réélu en 2016, dans la contestation, il a entériné une réforme de Constitution que l'opposition dénonce comme une «monarchisation» du pouvoir au Gabon.

A 73 ans, Yoweri Kaguta Museveni, qui occupe le fauteuil du State House d'Entebbe depuis 1986, s'y est maintenu à grand renfort de modifications constitutionnelles. Après cinq quinquennats, il est rattrapé par la limite d'âge. Un obstacle que le septuagénaire a franchi via un blanc-seing de la Cour constitutionnelle pour un sixième mandat. Même Paul Kagamé n'est pas exempt de critiques. En 2015, au terme de ses deux mandats de sept ans, celui-ci prolonge sa présidence pour un troisième bail après une modification constitutionnelle qui pourrait le laisser sur le fauteuil jusqu'en... 2034 !

Avec les adeptes des modifications constitutionnels, les félicitations des chefs d'Etat adressées à Joseph Kabila auraient mieux servi ailleurs. «Les Chefs d'État ont également réaffirmé leur volonté d'accompagner et de soutenir le Peuple Frère de là République Démocratique du Congo, en ce moment important de la consolidation de leur processus démocratique», déclarent-ils encore dans leur communiqué final. Une expertise qui serait mieux utile dans leur propre pays où ce même processus est souvent très décrié. Charité bien ordonnée ne commence-t-elle pas par soi ?
 



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