Le professeur Abdoulaye Bathily a le bon profil pour occuper le fauteuil de président de la Commission de l’Union africaine. Mieux, il est le seul candidat de la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Mais, le chemin qui mène à Addis-Abeba est parsemé d’embûches pour le candidat du Sénégal, à cause de la position diplomatique du Sénégal dans le dossier du Sahara occidental. Un dossier qui avait même, dans le passé, mis du sable dans les relations entre le Sénégal et le Maroc. Et il a fallu que l’ancien Président Abdou Diouf dise ses quatre vérités au défunt Roi Hassan 2 qui ne voulait pas voir Ibrahima Fall à la tête de la Diplomatie sénégalaise. Le «crime» de Ibrahima Fall, actuel envoyé spécial de l’Union africaine au Burundi : avoir juste évoqué, dans ses travaux, l’indépendance des pays comme la Guinée-Bissau, la République Saharaoui… «Je nomme qui je veux», avait dit le l’ancien Président Abdou Diouf au défunt Roi. Et de nos jours, l’axe Alger-Abuja-Johannesburg défend les intérêts de la République Saharaoui. Un axe très solide qui est en général derrière la nomination de tous les dirigeants des Institutions en Afrique, comme la Bad, l’Ua… Par conséquent, l’Algérie compte jeter dans la course son ex-ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamrane, pour combattre le Sénégal à cause de son soutien apporté aux côtés du Maroc dans son combat contre la République Saharaoui. D’autant plus que le Maroc a demandé hier à l’Assemblée générale des Nations Unies son retour dans l’Union africaine. Et la Tanzanie compte proposer son ancien Président, Jakaya Mrisho Kikwete, à la tête de l’Ua.
La carte Moustapha Niasse
Des sources diplomatiques confient que l’Afrique du Nord, à l’exception de l’Algérie, peut reporter leur voix au candidat de la Cedeao. Un vote, soutiennent les mêmes sources, qui ne relève pas d’un amour profond pour le Sénégal, mais «une désunion existe entre la quasi-totalité des pays du Maghreb». Pour ce qui est de l’Afrique centrale, les mêmes interlocuteurs renseignent que si le président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Moustapha Niasse, s’investit dans le combat, il peut avoir dans ses filets quelques pays de l’Afrique centrale grâce à ses bonnes relations avec la République démocratique du Congo (Rdc). C’est une bataille diplomatique et il faudrait que le Sénégal utilise ses nombreux potentiels en la matière. «Le Sénégal regorge de diplomates chevronnés. En réalité, il est rare, en Afrique, de ne pas voir un diplomate sénégalais dans les valises d’un chef d’Etat de la sous-région.»
Les Etats de l’Afrique de l’Est, du Central et de l’Ouest
Contrairement au Maghreb, les Etats d’Afrique de l’Est et de l’Ouest sont très soudés. Ainsi, ils n’hésiteraient pas à voter pour la Tanzanie. Et quels sont les appuis dont dispose Abdoulaye Bathily dans ces Etats ? Par exemple, note un diplomate, au Malawi et au Kenya, «on connaît mieux David Diop». Un pays comme le Congo, il ne faut pas espérer, parce que le Président Sassou Nguesso est trop proche de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, de même que le Rwanda de Paul Kagamé. Le Gabon voterait pour Bathily, parce que Ali Bongo est ami à Mohamed 6. Le Mali, bien vrai qu’il est un voisin, voterait d’office pour le candidat de l’Algérie. Si l’on sait que tous les anciens Généraux algériens habitaient Tombouctou. «En fait, Bathily est vu comme le candidat du Maroc», notent nos sources.