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Les secrets de la pénétration turque en Afrique


Rédigé le Mercredi 12 Février 2020 à 09:33 | Lu 175 fois | 0 commentaire(s)



1). Par son intervention en Libye et l’envoi massif de combattants syriens, parmi lesquels des jihadistes d’Al Qaïda et de l’Etat islamique, Ankara fait peser un risque de dissémination de ces terroriste dans la sous-région et de connexion plus directe entre AQMI et Boko Haram, et les jihadistes en Syrie (canaux de financement, filières logistiques). Il ne s’agit pas d’une inconséquence turque, mais bien d’une stratégie visant pour les services turcs, à se débarrasser des nombreux djihadistes syriens qui évoluent parmi les 4 millions de réfugiés syriens.


2). Déjà très présente économiquement (Corne de l’Afrique – Afrique de l’Ouest) et militairement (Somalie, désormais Lybie) sur le continent, la Turquie développe en Afrique un véritable colonialisme ottoman. Elle entend asseoir son influence dans les domaines culturel et religieux, afin de renforcer son emprise, à l’encontre des intérêts africains. 

I. Le déploiement de mercenaires et de terroristes syriens en Lybie : la colonisation en marche. 

1.1. La double stratégie turque de transferts de combattants syriens : projection de force et exportation de la menace. 

• Avec le lancement de l’offensive du régime syrien dans la poche d’Idlib (Nord-Ouest du pays) le 09 mai 2019, la Turquie, soucieuse de ménager ses intérêts exclusifs et préserver ses proxys, a commencé à organiser la sortie méthodique d’une partie des combattants insurgés qu’elle soutient. 

• Une partie d’entre eux a participé à l’opération turque « Source de Paix » contre les Forces démocratiques syriennes (FDS) à partir du 9 octobre 2019, où ils se sont adonnés à des exactions contre les populations locales. Outre le pillage des habitations, ces combattants engagés par Ankara ont torturé les combattants des Forces Démocratiques Syriennes et assassiné des responsables politiques. Le 19 octobre, près de Tell al Abiad (frontière syro-turque), les salafistes d’Ahrar al Charquiyeh ont ainsi assassiné Hevrin Khalaf, femme politique locale, membre du Conseil démocratique syrien, après l’avoir sauvagement mutilée. 

• L’autre partie des salafistes pro-Ankara a été déployée en Libye, sur ordre du président Recep Tayyip Erdogan, pour rejoindre les forces pro-GEN à Tripoli. Pour cela, le sultan d’Ankara a spécialement dépêché Abou Furqan, son caïmacan en Libye, déjà notoirement connu en Syrie pour avoir confisqué une partie de l’insurrection syrienne au profit des seuls intérêts de la Sublime porte. Abou Furqan a ainsi notamment emmené avec lui ses mercenaires, véritables gangsters. 

• Entre fin décembre 2019 et fin janvier 2020, les compagnies libyennes Afriqiyah Airways et Libya Airlines ont transporté plus de 2000 combattants salafistes avec leurs armes personnelles, vers les aéroports de Tripoli-Mitiga et de Misratah. Parmi eux figurent des combattants de l’Etat islamique et d’Al Qaïda (Jabhat al Nousra) dont la Turquie veut se débarrasser pour ne pas les garder sur son territoire, de peur qu’ils se retournent contre leur prétendu « maître ». L’Associated Press a d’ailleurs rapporté le 05/02/2020, les propos de deux chefs de milice libyens et un observateur du conflit syrien, qui soulignaient l’envoi, par la Turquie, de combattants syriens affiliés à Al Qaïda et à l’Etat Islamique pour soutenir le GEN. 

• Les services turcs ont mis au point cette stratégie visant à renforcer la sécurité en Turquie tout en exploitant les savoir-faire de combattant aguerris et souvent incontrôlables au profit de ses intérêts expansionnistes en Libye. Le recrutement s’est systématisé et se poursuit. D’abord très ciblé sur des compétences spécifiques (explosifs, tireurs d’élite), le recrutement de combattants syriens pour être envoyés en Libye s’est massifié à partir de plusieurs bureaux dédiés dans le nord-syrien à Azzaz, Afrin, Jarablus. A terme, la Turquie entend transférer 10 000 combattants dans la région afin de renverser définitivement le rapport de force face à l’ANL. 

1.2. La double conséquence de la stratégie turque pour l’Afrique : la dissémination des jihadistes syriens et la jonction avec les groupes terroristes africains 
• Les chefs syriens, à l’instar de Fahim Issah, de Sultan Mourad, sont connus pour leurs exactions et pour les pillages dont ils se rendent responsables partout où ils passent. On peut ainsi s’attendre à ce que ces terroristes, pillent et volent les citoyens libyens, comme ils ont fait dans le Nord-Est de la Syrie. Déjà, des accrochages ont eu lieu entre ces mercenaires et les forces du GEN qu’elles sont censées appuyer dans le secteur de Salah Eddine. 

• Arrivés massivement, ces Syriens lourdement armés et adeptes d’un islam inspirant les terroristes d’Al Qaïda jusqu’à Boko Haram, n’ont pas vocation à retourner en Syrie tant le contexte sur place leur est défavorable. La Turquie s’y opposera. Le risque est donc significatif de voir s’installer des filières d’infiltration de ces combattants vers la bande sahélo-saharienne pour rejoindre Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), l’Etat islamique et Boko Haram, étendant ainsi le terrorisme et leur joug islamiste dans toute la région. 

• Le risque de dissémination en Afrique ne concerne pas que les hommes, mais aussi les armements. Les armes lourdes sont transférées par voie maritime depuis la Turquie vers Tripoli et Misratah, sous escorte des navires de guerre turcs (frégates antiaériennes). 

• Les djihadistes en provenance de Syrie représentent un facteur important de déstabilisation politique et sociale pour l’Ouest libyen, où l’islam soufi est majoritaire. 

2. Erdogan, artisan du colonialisme ottoman en Afrique 

2.1 Sous des prétextes économiques, Ankara infiltre les domaines de souveraineté africains. 
• Forte de sa tradition colonialiste, la Turquie adopte une stratégie offensive en Afrique et s’est engagée dans une stratégie d’acquisition d’infrastructures stratégiques et de contrats dans des domaines de souveraineté, particulièrement l’industrie de défense. 

• La société turque Summa détient depuis le 1er mai 2019, le monopole d’exploitation de l’aéroport Diori Hamani de Niamey. A la fin octobre 2019, la société a décidé de mener d’importants travaux nécessitant la fermeture de la piste toutes les nuits pendant 30 jours, fragilisant la capacité d’action des forces alliées présentes au Niger et menaçant donc, la sécurité de la sous-région. 

• Prêts à taux réduits accordés par l’Eximbank à certains gouvernements africains, afin de les encourager à coordonner leur industrie de défense au sein d’un même groupement professionnel national, qui offrirait un interlocuteur unique à l’industrie de défense turque. 

2.2. La Turquie étend son empire militaire sur l’Afrique 
• La Turquie dispose déjà d’une base militaire en Somalie, qui peut accueillir 1500 soldats et qui lui permet de renforcer son influence sur les autorités locales. Ankara entend ainsi disposer d’un point d’appui en mer Rouge, pour surveiller les détroits et accroître son influence sur l’armée somalienne pour la contraindre à terme, d’acheter des matériels militaires produits en Turquie. 

• Ankara étend désormais sa présence militaire à la Libye et la Méditerranée orientale par le biais de son soutien au Gouvernement d’entente nationale (GEN). Outre les centaines de militaires (400) déployés sur le territoire libyen, Ankara a également envoyé plus de 2000 mercenaires en provenance de Syrie et construit des emprises militaires turques en Lybie (Misratah, prise de contrôle de l’aéroport de Tripoli Mitiga). 

• La Turquie veut acheter l’Île soudanaise de Sawakin pour y construire une base dans la mer Rouge. 

• Négociation d’accords de coopération militaire avec des pays du continent à l’instar du Togo, de la Guinée, pour favoriser l’exportation de l’industrie de défense turque. 

• Offre de bourses à des ressortissants africains souhaitant suivre un cursus au sein de l’Université turque de la défense. 

2.3. Au plan religieux, l’ottomanisation de l’islam africain est en marche 
• La Diyanet a reçu pour mandat de construire dans chaque grande capitale africaine, une mosquée de style ottoman. Ankara veut ainsi imposer sa vision de l’islam sur le continent africain et y légitimer sa présence pérenne. 


Alassane KANE 


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