Origine du nom du marché Petersen de Dakar
Le marché Petersen tire son nom d’un commerçant, négociant et mécène danois, Viggo Qvistgaard-Petersen. Ce dernier avait fondé, en 1921, une grande huilerie ouest-africaine basée à Dakar et à Kaolack.
L’activité principale de l’usine était l’achat et la transformation de l’arachide, alors cultivée en grande quantité au Sénégal.
Viggo Qvistgaard-Petersen (8 mars 1888 – 1er juillet 1950) était un industriel et mécène danois, fabricant et négociant de produits tropicaux. Il a fondé et développé l’une des plus grandes industries sénégalaises de la première moitié du XXe siècle, spécialisée dans la transformation de l’arachide.
Né à Aarhus, deuxième ville du Danemark par sa population et important port de la région du Jutland, il était le fils de l’éditeur Hans Morten Michael Petersen (1850-1922) et d’Alma Cathrine Thorsen (1857-1927).
Départ pour le Sénégal
Après la Première Guerre mondiale, Viggo Qvistgaard-Petersen retourne au Danemark, mais se rend rapidement en Afrique de l’Ouest, où il fonde sa propre entreprise, VQ Petersen & Cie, à Dakar (Sénégal). Le siège social de la société sera ensuite transféré à Paris. L’entreprise exploite alors plusieurs stations d’acquisition d’arachides à travers l’Afrique de l’Ouest.
La première usine de traitement de l’arachide au Sénégal est créée en décembre 1917, à Dakar, par Jean-Louis Turbé, qui deviendra plus tard, président de la Chambre de commerce de Dakar (1924-1946).
Dès 1920, l’ingénieur E. R. Gaudart et V. Q. Petersen fondent à Kaolack, l’Huilerie Ouest-Africaine (H.O.A.), dont les premières fabrications débutent en février 1921. L’entreprise dispose également d’une huilerie à Dakar.
En 1921, le Journal officiel du Sénégal présente V. Q. Petersen comme un « négociant, demeurant à Bathurst » (en Gambie).
La grande acquisition de 1938
Viggo Qvistgaard-Petersen, reprend en 1938 l'usine de Jean-Louis Turbé, installée non pas dans la zone portuaire de Dakar, mais en ville parce qu'il s'agissait jusque là moins de s'orienter vers une exportation massive d'huile pouvant concurrencer gravement les huileries métropolitaines, que de fournir surtout le marché intérieur. L'"Huilerie Turbé" détenait encore en 1931 une partie du contingent des alcools dénaturés, impropres à la consommation de bouche . Elle fera face sous le Front populaire à une tentative de grève de 50 ouvriers spécialisés.
Cette première usine sénégalaise de transformation de l'arachide, qui date de 1917, est considérablement agrandie, à partir de 1938, par Viggo Qvistgaard-Petersen. En 1938, sur une production d'huile d'arachide de 15.000 tonnes pour la Circonscription de Dakar, son groupe, domicilié au 32, boulevard Pinet-Laprade à Dakar, en assure les deux-tiers, soit 9.000 tonnes. L'année 1938 la voit procéder à une augmentation de capital de 180 millions de francs C. F. A. en 20.000 actions, réalisée le 14 octobre 1938.
Pendant la seconde guerre mondiale, Viggo Qvistgaard-Petersen est élu président du groupe danois libre en France et a apporté une contribution importante à l’aide de la France pendant cette période. Son empire regroupe des activités industrielles (huilerie et savonnerie à Dakar) avec leur filiale commerciale (Compagnie africaine de commerce et de commission) et associent aux intérêts danois du fondateur des participations dans d'autres secteurs. Petersen a des intérêts dans la SOCOSAC (Société coloniale du sac), la Société d'entreposage des vins à Dakar, les FUMOA (Fûts métalliques de l'Ouest africain), dans la Société dakaroise de stockage des huiles d'arachides et dans la Société immobilière et financière africaine.
Viggo Qvistgaard-Petersen contribue à faire qu'en 1951 l'huile d'arachide soit de loin le premier des produits industriels exportés du Sénégal, avec un total pour cette colonie de 52 589 tonnes d'huiles et 64 663 tonnes de tourteaux, les années qui suivirent la guerre étant dominées par la lutte que se livrèrent, d'une part, les huileries locales entre elles, d'autre part celle de Métropole.
Il a été peu de temps avant son décès membre du Conseil coopératif danois, et un plus tard consul général du Danemark à Dakar.
Le groupe après son décès en 1950
Viggo Qvistgaard-Petersen meurt d'un cancer à la suite d'une erreur de diagnostic, le 18 juillet 1950, après dix-sept mois seulement de vie commune avec Jacqueline Beytout. Elle se trouve à la tête d'une grande fortune et reste administratrice de la société, toujours très active. Sa veuve s'est remariée en troisièmes noces, le 18 février 1957, avec l'industriel de la pharmacie Pierre Beytout.
Le groupe Petersen est signataire de l'accord du 17 janvier 1957 entre huiliers métropolitains et sénégalais, conclu pour cinq ans à partir du 1er octobre 1956 et qui comportait les dispositions voulant que les huileries d'A.O.F. disposent annuellement de 340.000 tonnes d'arachides en coques. Spécialisée dans le commerce et la transformation des arachides, VQ Petersen & Cie est devenu un leader dans ce secteur en Afrique de l'Ouest. Peu après l'indépendance du Sénégal, les Etablissement V.Q. Petersen & Cie à Dakar avaient une production importante (30.000 tonnes d'huile et 34.000 tonnes de tourteaux en 1963, l'année où sa veuve Jacqueline Beytout est toujours l'un des administrateurs du groupe.
En 1969, son rival français Lesieur (entreprise) assure cependant à lui seul la moitié de la production d'huile du Sénéga. Jusqu'à fin 1977, la Société Petersen Dakar reste une des plus importantes usines du pays. Elle ferme ensuite mais ses cadres ouvrent une autre usine, de traitement de 200.000 tonnes d'arachide par an. Au Sénégal, la production et la transformation de l'arachide représentent cette année là environ 31 % du chiffre d'affaires industriel du pays.
Dons et fondations
Les religieuses de l'Immaculée-Conception achètent en avril 1956 aux établissements Petersen un grand terrain avec une maison à proximité de l'église, pour y fonder une école. Petersen a aussi donné son nom à une rue de Dakar et à une gare routière. Viggo Qvistgaard-Petersen portait un intérêt particulier à la prise en charge des malades qui souffraient comme lui de troubles la rhumatologie. Comme il déplorait le faible niveau de prise en charge de ces maladies dans les hôpitaux parisiens. Il avait élaboré des projets d’amélioration portant à la fois sur les locaux, sur l’équipement et sur les méthodes de fonctionnement. Il avait confié ces projets à son médecin de l’époque, le Pr Stanislas de Sèze, l’un des premiers rhumatologues français. Après sa mort, en juillet 1950, sa veuve fit une donation à l’Assistance Publique, à charge pour celle-ci de construire un Centre de Rhumatologie dans l’Hôpital Lariboisière, où les travaux commencèrent en novembre 1951. Le centre Viggo Petersen est spécialisé dans les maladies ostéoarticulaires et inflammatoires.
Sources :
Biographie, dans la 3ᵉ édition du Lexique biographique danois, publié en 1979.
Viggo Qvistgaard-Petersen | Gyldendal - Den Store Danske
Le marché Petersen tire son nom d’un commerçant, négociant et mécène danois, Viggo Qvistgaard-Petersen. Ce dernier avait fondé, en 1921, une grande huilerie ouest-africaine basée à Dakar et à Kaolack.
L’activité principale de l’usine était l’achat et la transformation de l’arachide, alors cultivée en grande quantité au Sénégal.
Viggo Qvistgaard-Petersen (8 mars 1888 – 1er juillet 1950) était un industriel et mécène danois, fabricant et négociant de produits tropicaux. Il a fondé et développé l’une des plus grandes industries sénégalaises de la première moitié du XXe siècle, spécialisée dans la transformation de l’arachide.
Né à Aarhus, deuxième ville du Danemark par sa population et important port de la région du Jutland, il était le fils de l’éditeur Hans Morten Michael Petersen (1850-1922) et d’Alma Cathrine Thorsen (1857-1927).
Départ pour le Sénégal
Après la Première Guerre mondiale, Viggo Qvistgaard-Petersen retourne au Danemark, mais se rend rapidement en Afrique de l’Ouest, où il fonde sa propre entreprise, VQ Petersen & Cie, à Dakar (Sénégal). Le siège social de la société sera ensuite transféré à Paris. L’entreprise exploite alors plusieurs stations d’acquisition d’arachides à travers l’Afrique de l’Ouest.
La première usine de traitement de l’arachide au Sénégal est créée en décembre 1917, à Dakar, par Jean-Louis Turbé, qui deviendra plus tard, président de la Chambre de commerce de Dakar (1924-1946).
Dès 1920, l’ingénieur E. R. Gaudart et V. Q. Petersen fondent à Kaolack, l’Huilerie Ouest-Africaine (H.O.A.), dont les premières fabrications débutent en février 1921. L’entreprise dispose également d’une huilerie à Dakar.
En 1921, le Journal officiel du Sénégal présente V. Q. Petersen comme un « négociant, demeurant à Bathurst » (en Gambie).
La grande acquisition de 1938
Viggo Qvistgaard-Petersen, reprend en 1938 l'usine de Jean-Louis Turbé, installée non pas dans la zone portuaire de Dakar, mais en ville parce qu'il s'agissait jusque là moins de s'orienter vers une exportation massive d'huile pouvant concurrencer gravement les huileries métropolitaines, que de fournir surtout le marché intérieur. L'"Huilerie Turbé" détenait encore en 1931 une partie du contingent des alcools dénaturés, impropres à la consommation de bouche . Elle fera face sous le Front populaire à une tentative de grève de 50 ouvriers spécialisés.
Cette première usine sénégalaise de transformation de l'arachide, qui date de 1917, est considérablement agrandie, à partir de 1938, par Viggo Qvistgaard-Petersen. En 1938, sur une production d'huile d'arachide de 15.000 tonnes pour la Circonscription de Dakar, son groupe, domicilié au 32, boulevard Pinet-Laprade à Dakar, en assure les deux-tiers, soit 9.000 tonnes. L'année 1938 la voit procéder à une augmentation de capital de 180 millions de francs C. F. A. en 20.000 actions, réalisée le 14 octobre 1938.
Pendant la seconde guerre mondiale, Viggo Qvistgaard-Petersen est élu président du groupe danois libre en France et a apporté une contribution importante à l’aide de la France pendant cette période. Son empire regroupe des activités industrielles (huilerie et savonnerie à Dakar) avec leur filiale commerciale (Compagnie africaine de commerce et de commission) et associent aux intérêts danois du fondateur des participations dans d'autres secteurs. Petersen a des intérêts dans la SOCOSAC (Société coloniale du sac), la Société d'entreposage des vins à Dakar, les FUMOA (Fûts métalliques de l'Ouest africain), dans la Société dakaroise de stockage des huiles d'arachides et dans la Société immobilière et financière africaine.
Viggo Qvistgaard-Petersen contribue à faire qu'en 1951 l'huile d'arachide soit de loin le premier des produits industriels exportés du Sénégal, avec un total pour cette colonie de 52 589 tonnes d'huiles et 64 663 tonnes de tourteaux, les années qui suivirent la guerre étant dominées par la lutte que se livrèrent, d'une part, les huileries locales entre elles, d'autre part celle de Métropole.
Il a été peu de temps avant son décès membre du Conseil coopératif danois, et un plus tard consul général du Danemark à Dakar.
Le groupe après son décès en 1950
Viggo Qvistgaard-Petersen meurt d'un cancer à la suite d'une erreur de diagnostic, le 18 juillet 1950, après dix-sept mois seulement de vie commune avec Jacqueline Beytout. Elle se trouve à la tête d'une grande fortune et reste administratrice de la société, toujours très active. Sa veuve s'est remariée en troisièmes noces, le 18 février 1957, avec l'industriel de la pharmacie Pierre Beytout.
Le groupe Petersen est signataire de l'accord du 17 janvier 1957 entre huiliers métropolitains et sénégalais, conclu pour cinq ans à partir du 1er octobre 1956 et qui comportait les dispositions voulant que les huileries d'A.O.F. disposent annuellement de 340.000 tonnes d'arachides en coques. Spécialisée dans le commerce et la transformation des arachides, VQ Petersen & Cie est devenu un leader dans ce secteur en Afrique de l'Ouest. Peu après l'indépendance du Sénégal, les Etablissement V.Q. Petersen & Cie à Dakar avaient une production importante (30.000 tonnes d'huile et 34.000 tonnes de tourteaux en 1963, l'année où sa veuve Jacqueline Beytout est toujours l'un des administrateurs du groupe.
En 1969, son rival français Lesieur (entreprise) assure cependant à lui seul la moitié de la production d'huile du Sénéga. Jusqu'à fin 1977, la Société Petersen Dakar reste une des plus importantes usines du pays. Elle ferme ensuite mais ses cadres ouvrent une autre usine, de traitement de 200.000 tonnes d'arachide par an. Au Sénégal, la production et la transformation de l'arachide représentent cette année là environ 31 % du chiffre d'affaires industriel du pays.
Dons et fondations
Les religieuses de l'Immaculée-Conception achètent en avril 1956 aux établissements Petersen un grand terrain avec une maison à proximité de l'église, pour y fonder une école. Petersen a aussi donné son nom à une rue de Dakar et à une gare routière. Viggo Qvistgaard-Petersen portait un intérêt particulier à la prise en charge des malades qui souffraient comme lui de troubles la rhumatologie. Comme il déplorait le faible niveau de prise en charge de ces maladies dans les hôpitaux parisiens. Il avait élaboré des projets d’amélioration portant à la fois sur les locaux, sur l’équipement et sur les méthodes de fonctionnement. Il avait confié ces projets à son médecin de l’époque, le Pr Stanislas de Sèze, l’un des premiers rhumatologues français. Après sa mort, en juillet 1950, sa veuve fit une donation à l’Assistance Publique, à charge pour celle-ci de construire un Centre de Rhumatologie dans l’Hôpital Lariboisière, où les travaux commencèrent en novembre 1951. Le centre Viggo Petersen est spécialisé dans les maladies ostéoarticulaires et inflammatoires.
Sources :
Biographie, dans la 3ᵉ édition du Lexique biographique danois, publié en 1979.
Viggo Qvistgaard-Petersen | Gyldendal - Den Store Danske








