“Il est des dates qui marquent la chair et l’âme, des anniversaires gravés non dans la pierre des célébrations, mais dans le tissu de nos mémoires. Pour moi, le 5 octobre n'est plus le souvenir d'une nuit de violence et d'acier. Par un choix conscient, renouvelé chaque année, c’est le jour du pardon. Un moment de recueillement où mes prières s'élèvent aussi bien pour mes compagnons fidèles rappelés à Dieu que pour ceux-là mêmes qui, dans l'ombre, avaient tenté de me faire taire et qui aujourd'hui ne sont plus.
Après la plaie béante laissée dans le cœur de notre nation par le naufrage du Joola en septembre, j’avais espéré un mois d’octobre salvateur, un havre pour abriter nos bonheurs et nos honneurs. Mais la vie, dans sa complexité, nous rappelle que la quiétude est un combat. Octobre, en se parant de rose, est venu me confronter à une autre bataille, plus silencieuse mais tout aussi dévastatrice : celle que mènent nos mères, nos épouses, nos sœurs et nos filles contre le cancer. Cette maladie qui, sans bruit, décime nos familles et met à l’épreuve ce que l’humanité a de plus précieux.
Aujourd’hui, ma pensée ne se tourne plus vers mes propres cicatrices. Elles se sont effacées devant la dignité des combattantes. Je pense à Bousso Fall, cette inoubliable « lionne d’Octobre Rose », partie un mois d'octobre en laissant derrière elle le rugissement de son courage. À travers elle, je vois le visage de toutes ces femmes qui affrontent le diagnostic, endurent les traitements et portent l’espoir avec une force qui commande l’admiration. Leur lutte est une leçon de vie qui rend dérisoires nos épreuves personnelles.
Leur combat n'est pas seulement le leur ; il est le nôtre. Il est celui de l'humanité toute entière. Il nous interpelle sur notre capacité à transformer la compassion en action, le soutien moral en aide concrète, et le silence gêné en un engagement sans faille pour la recherche, le dépistage et l'accompagnement. Car la plus grande souffrance n'est pas la maladie elle-même, mais la solitude qu'elle impose.
Le pardon que j'ai choisi d'offrir ce jour-là n'a de sens que s'il s'élargit en un élan de solidarité universelle. Ma blessure d'hier est infime face à l'océan de courage que déploient ces femmes chaque jour.
Faisons de ce mois d'octobre une promesse tenue : celle de ne laisser personne affronter seul l'épreuve. Que notre humanité soit le premier remède à l'indifférence.”
Talla Sylla
Après la plaie béante laissée dans le cœur de notre nation par le naufrage du Joola en septembre, j’avais espéré un mois d’octobre salvateur, un havre pour abriter nos bonheurs et nos honneurs. Mais la vie, dans sa complexité, nous rappelle que la quiétude est un combat. Octobre, en se parant de rose, est venu me confronter à une autre bataille, plus silencieuse mais tout aussi dévastatrice : celle que mènent nos mères, nos épouses, nos sœurs et nos filles contre le cancer. Cette maladie qui, sans bruit, décime nos familles et met à l’épreuve ce que l’humanité a de plus précieux.
Aujourd’hui, ma pensée ne se tourne plus vers mes propres cicatrices. Elles se sont effacées devant la dignité des combattantes. Je pense à Bousso Fall, cette inoubliable « lionne d’Octobre Rose », partie un mois d'octobre en laissant derrière elle le rugissement de son courage. À travers elle, je vois le visage de toutes ces femmes qui affrontent le diagnostic, endurent les traitements et portent l’espoir avec une force qui commande l’admiration. Leur lutte est une leçon de vie qui rend dérisoires nos épreuves personnelles.
Leur combat n'est pas seulement le leur ; il est le nôtre. Il est celui de l'humanité toute entière. Il nous interpelle sur notre capacité à transformer la compassion en action, le soutien moral en aide concrète, et le silence gêné en un engagement sans faille pour la recherche, le dépistage et l'accompagnement. Car la plus grande souffrance n'est pas la maladie elle-même, mais la solitude qu'elle impose.
Le pardon que j'ai choisi d'offrir ce jour-là n'a de sens que s'il s'élargit en un élan de solidarité universelle. Ma blessure d'hier est infime face à l'océan de courage que déploient ces femmes chaque jour.
Faisons de ce mois d'octobre une promesse tenue : celle de ne laisser personne affronter seul l'épreuve. Que notre humanité soit le premier remède à l'indifférence.”
Talla Sylla