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Quartier Kénia de Ziguinchor : Une route et son lot de supplices


Rédigé le Mercredi 12 Novembre 2025 à 12:55 | Lu 73 fois | 0 commentaire(s)



Au quartier Kénia de Ziguinchor, les populations vivent un supplice sans fin à cause de l’impraticabilité de la route. Cette situation occasionne des accouchements en cours de route, des déplacements de cercueils à pied, entre autres maux.


ZIGUINCHOR – Il est difficile de circuler à Kénia où la route est impraticable depuis des décennies. Les taxis refusent d’entrer à l’intérieur de ce quartier de la commune de Ziguinchor, à juste raison. Soit, ils s’arrêtent à Néma 2 ou à hauteur du commerce d’un Maure, là même où commence la route en question. Dans ce quartier, il est difficile de se mouvoir pendant l’hivernage.

« C’est comme si nous ne faisions pas partie de la commune. Dès qu’on prononce le nom Kénia, le chauffeur se sauve sans même donner un prix ou vous dire un mot. Les rares qui acceptent de venir jusqu’au centre hospitalier, sont payés le double ou le triple des tarifs de transport en vigueur. Mais parfois, nous ne croisons même pas de chauffeur qui veuille venir jusqu’ici. On est obligé de monter d’abord dans le taxi et de dire là où on veut aller, après que le chauffeur a démarré. Cela provoque des disputes souvent, mais c’est l’astuce pour trouver un véhicule Â», témoigne mère Aminata.

Ici, les gens en ont marre de parler de l’état de la route. Il suffit de décliner l’objet du reportage, pour que les gens vous tournent le dos. Pour cause, ils en ont tellement parlé sans obtenir gain de cause. « Nous sommes fatigués d’en parler, nous en avons tellement parlé mais il n’y a jamais eu de solutions Â», rouspète la vieille dame.

Pourtant, ce tronçon est l’une des plus anciennes routes de la commune. C’était la voie qui partait de l’ancienne gare routière (là où se trouve actuellement le Poste de commandement de la base de la zone militaire náµ’ 5) jusqu’à la frontière de Mpack. On l’appelait à l’époque, la route de Guinée-Bissau. Celle-ci menait à la Guinée voisine. Selon les témoignages, c’était avant la construction de la route des 54 mètres. « On ne peut même pas nous la gratter Â», regrette Ibrahima Diallo, un policier à la retraite.

Inaccessibilité des corbillards

À l’en croire, parmi les cinq maires qui se sont succédé à la tête de la municipalité de Ziguinchor, seuls Étienne Carvalho et Jules François Bernard ont tenté de faire quelque chose. « Tous les dimanches, ils passaient par là pour aller à Varela, pour faire leur ‘’pique-nique’’. Ils grattaient la route et y mettaient des cailloux et des coquillages avant et après l’hivernage Â», se remémore l’ancien policier, ajoutant que le maure du quartier (un ressortissant mauritanien) a eu une fois à remblayer la route jusqu’à l’hôpital, lorsque son fils était malade.

« Notre principal problème, c’est la mobilité, et cela, depuis notre enfance. Nous avons des problèmes pour aller au marché, à l’hôpital, faire nos courses », déplore Josiane Niouky, présidente du Gie Bantiti de Kénia. L’acheminement des cercueils au cimetière catholique de Kénia, figure parmi les énormes difficultés qu’éprouvent les populations et environs. Pourtant, tous les quartiers environnants convergent vers ce cimetière pour inhumer leurs proches.

« Quand on a un enterrement, le corbillard s’arrête au niveau de l’église. Ce sont les jeunes qui acheminent le cercueil au cimetière. C’est lourd et puis, ce n’est pas sûr Â», se plaint Josiane Niouky. L’état cahoteux de la route ne permet pas aux grands véhicules comme les bus, de circuler à Kénia. « Il y a quelques jours, des gens étaient obligés de descendre du bus là-bas et de marcher sur une longue distance avec le cercueil, pour atteindre le cimetière Â», dénonce vigoureusement Barthélémy qui, au départ, avait refusé de parler de l’état de la route.

« Une fois, un bus a failli s’écrouler avec le corps à cause de l’état de la route. La gratter n’est pas la solution. Il faut entièrement la reconstruire Â», soutient pour sa part, Louis Boucal, président du panel des anciens de Kénia.

Des accouchements en cours de route

Le plus déplorable, ce sont les accouchements à même le sol sur la route. Quand une femme enceinte doit se rendre dans une structure sanitaire pour accoucher, c’est la hantise de sa famille. Les anecdotes sur des accouchements au bord de la route sont nombreuses, les unes plus désolantes que les autres.

« En 2023, une femme au terme de sa grossesse se rendait à l’hôpital pour accoucher. Il pleuvait ce jour-là. Mais quand elle est arrivée à hauteur de la chapelle, elle n’en pouvait plus. Elle s’est assise et a accouché au bord de la route. On était là, mais on n’a pas pu l’assister puisqu’on est des hommes et qu’on ne sait rien d’un accouchement. On a appelé les femmes qui étaient dans les maisons pour l’aider Â», raconte avec amertume Yves Badji, témoin oculaire de cet épisode.

Selon Barthélémy, un conducteur de moto « Jakarta », il y a une semaine, une femme a accouché dans un tricycle en se rendant à l’hôpital, la nuit. Plusieurs fois, la jeunesse du quartier a tenté de prendre à bras-le-corps cette route, en la remblayant par endroits, en mettant des gravats, des sacs de sable et même des ordures. Ces efforts n’ont jamais donné les résultats escomptés.

Aujourd’hui, les jeunes du quartier disent attendre de pied ferme les politiciens qui n’ont jamais tenu leurs promesses de construire cette route. « Pourquoi on nous isole comme si nous n’étions pas des Sénégalais. Les autorités ne viennent ici qu’à l’approche et pendant les élections pour tromper les gens Â», dénonce Louis Boucal.

L’obstacle du désenclavement

Le désenclavement du quartier reste une préoccupation des habitants. Les populations souhaitent que des solutions à ce problème. Pourtant, ce quartier est doté d’infrastructures éducatives, d’un centre hospitalier, sans compter le cimetière catholique et les nombreux sites religieux qu’on y voit. Mais toujours est-il que l’accès est très difficile à cause de l’état de la route.

Aujourd’hui, les motos sont les seules alternatives de transport pour les «Kénians». À ces problèmes de mobilité et d’enclavement, il faut ajouter l’accès à l’eau, l’éclairage public, etc. Mais la construction de la route reste une surpriorité dans ce quartier périphérique de Ziguinchor.






leSoleil.sn
 
 


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