Car monsieur le Premier le ministre, vous semblez ne pas connaître certains de vos compatriotes, pour tomber dans la généralisation qui n'épargne personne. Et puisque vous avez pris la parole devant le peuple, il m’est apparu nécessaire, en tant qu’ancien parlementaire, ministre, dirigeant d’entreprise publique et homme d’engagement, de vous répondre publiquement.
Vous avez évoqué la démocratie, et je salue cet attachement que nous partageons. Oui, la démocratie est un cadre d’expression, mais elle est aussi régie par des règles claires, par un arsenal juridique qu’il faut appliquer avec rigueur. Ce n’est pas à l’exécutif de désigner les coupables, encore moins d’orienter la justice. La séparation des pouvoirs n’est pas un luxe, c’est le fondement de notre République. Le Sénégal ne pourra progresser tant que l’indépendance de la justice restera une illusion. Le rôle du Premier ministre est d’appeler à l’équilibre, non de prendre la posture du procureur.
Monsieur le Premier ministre, je vous ai entendu dénoncer “tous ceux qui ont servi les régimes précédents”, comme s’il s’agissait d’une catégorie uniforme, vouée à l’opprobre. Ce discours de généralisation est profondément injuste et dangereux. La République a ses serviteurs, et elle continuera d’en avoir. Les fonctions républicaines ne sont pas des privilèges personnels, elles sont exercées dans le cadre de missions précises, à durée déterminée, au service de l’intérêt général.
J’ai moi-même servi sous deux régimes. Mon premier emploi dans l’administration n’a pas été le fruit d’un décret de complaisance : il s’est bâti sur 35 années d’expérience dans le secteur privé. Ceux qui ont collaboré avec moi, à l’instar de votre collègue Amadou Ba, mon vérificateur pendant plusieurs années, pourront en témoigner. J’ai exercé mes responsabilités avec éthique, compétence et fidélité à mes principes. À chaque étape, ma seule appartenance était à la République. À chaque fonction, ma seule loyauté allait à l’intérêt général.
Je vous le dis avec gravité : ne tombez pas dans la facilité du « tous pareils ». Derrière chaque parcours, il y a des histoires, des sacrifices, des choix conscients d’intégrité. Ma famille n’a jamais franchi les portes des espaces publics que j’ai occupés. Mes enfants, mes épouses, ont toujours vécu loin des projecteurs. Je n’ai jamais mêlé mes intérêts privés à ceux de l’État.
Monsieur le Premier ministre, si vous souhaitez bâtir un nouveau Sénégal, alors commencez par respecter ceux qui l’ont servi avant vous, avec dignité. Ne faites pas l’erreur de croire que tout ce qui a précédé votre accession au pouvoir est à jeter. L’Histoire nous observe, et l’avenir ne se construit pas sur la division.
Oui, je vous rejoins dans votre rejet de la violence verbale. Oui, je crois, comme vous, que le débat d’idées est salutaire. Mais ce débat doit être éclairé, juste, fondé sur des faits et animé par le discernement. Un chef ne désigne pas les ennemis du peuple. Il rassemble, il écoute, il juge avec les institutions pas avec l’émotion ou la colère.
Enfin, permettez-moi de vous dire que les partenariats internationaux doivent être menés avec vigilance. L’euphorie qui entoure certaines alliances,notamment avec la Chine,ne doit pas nous faire oublier que toute nation défend d’abord ses propres intérêts. Il est de notre devoir de défendre la souveraineté du Sénégal, sans naïveté, avec lucidité.
Je souhaite la réussite du binôme que vous formez avec le Président Bassirou Diomaye Faye. Vous avez été légitimement élus. Mais je vous le dis en toute franchise : nous serons vigilants. Nous ne serons pas des opposants par posture, mais des sentinelles par principe. Nous sommes tous dans la même pirogue. L’avenir de nos enfants en dépend.
Recevez, Monsieur le Premier ministre, mes salutations respectueuses.
Thierno Lô
Président de l’Alliance pour la Paix et le Débat (APD)
Ancien ministre, ancien parlementaire, serviteur de l’État
Vous avez évoqué la démocratie, et je salue cet attachement que nous partageons. Oui, la démocratie est un cadre d’expression, mais elle est aussi régie par des règles claires, par un arsenal juridique qu’il faut appliquer avec rigueur. Ce n’est pas à l’exécutif de désigner les coupables, encore moins d’orienter la justice. La séparation des pouvoirs n’est pas un luxe, c’est le fondement de notre République. Le Sénégal ne pourra progresser tant que l’indépendance de la justice restera une illusion. Le rôle du Premier ministre est d’appeler à l’équilibre, non de prendre la posture du procureur.
Monsieur le Premier ministre, je vous ai entendu dénoncer “tous ceux qui ont servi les régimes précédents”, comme s’il s’agissait d’une catégorie uniforme, vouée à l’opprobre. Ce discours de généralisation est profondément injuste et dangereux. La République a ses serviteurs, et elle continuera d’en avoir. Les fonctions républicaines ne sont pas des privilèges personnels, elles sont exercées dans le cadre de missions précises, à durée déterminée, au service de l’intérêt général.
J’ai moi-même servi sous deux régimes. Mon premier emploi dans l’administration n’a pas été le fruit d’un décret de complaisance : il s’est bâti sur 35 années d’expérience dans le secteur privé. Ceux qui ont collaboré avec moi, à l’instar de votre collègue Amadou Ba, mon vérificateur pendant plusieurs années, pourront en témoigner. J’ai exercé mes responsabilités avec éthique, compétence et fidélité à mes principes. À chaque étape, ma seule appartenance était à la République. À chaque fonction, ma seule loyauté allait à l’intérêt général.
Je vous le dis avec gravité : ne tombez pas dans la facilité du « tous pareils ». Derrière chaque parcours, il y a des histoires, des sacrifices, des choix conscients d’intégrité. Ma famille n’a jamais franchi les portes des espaces publics que j’ai occupés. Mes enfants, mes épouses, ont toujours vécu loin des projecteurs. Je n’ai jamais mêlé mes intérêts privés à ceux de l’État.
Monsieur le Premier ministre, si vous souhaitez bâtir un nouveau Sénégal, alors commencez par respecter ceux qui l’ont servi avant vous, avec dignité. Ne faites pas l’erreur de croire que tout ce qui a précédé votre accession au pouvoir est à jeter. L’Histoire nous observe, et l’avenir ne se construit pas sur la division.
Oui, je vous rejoins dans votre rejet de la violence verbale. Oui, je crois, comme vous, que le débat d’idées est salutaire. Mais ce débat doit être éclairé, juste, fondé sur des faits et animé par le discernement. Un chef ne désigne pas les ennemis du peuple. Il rassemble, il écoute, il juge avec les institutions pas avec l’émotion ou la colère.
Enfin, permettez-moi de vous dire que les partenariats internationaux doivent être menés avec vigilance. L’euphorie qui entoure certaines alliances,notamment avec la Chine,ne doit pas nous faire oublier que toute nation défend d’abord ses propres intérêts. Il est de notre devoir de défendre la souveraineté du Sénégal, sans naïveté, avec lucidité.
Je souhaite la réussite du binôme que vous formez avec le Président Bassirou Diomaye Faye. Vous avez été légitimement élus. Mais je vous le dis en toute franchise : nous serons vigilants. Nous ne serons pas des opposants par posture, mais des sentinelles par principe. Nous sommes tous dans la même pirogue. L’avenir de nos enfants en dépend.
Recevez, Monsieur le Premier ministre, mes salutations respectueuses.
Thierno Lô
Président de l’Alliance pour la Paix et le Débat (APD)
Ancien ministre, ancien parlementaire, serviteur de l’État