Le fleuve Sénégal dépasse pour la première fois sa cote d’alerte: Catastrophe imminente à Matam


Rédigé le Mercredi 16 Septembre 2020 à 13:17 | Lu 213 fois | 0 commentaire(s)



Maisons détruites, toitures emportées, populations chassées de leurs maisons. L’heure est grave, dans la région de Matam. Le fleuve Sénégal a dépassé, pour la première fois, sa cote d’alerte fixée à 8 m. Une situation qui se traduit par le débordement des eaux et de nombreux dégâts, notamment dans la zone appelée le ‘’Dande Mayoo’’. Les prévisions se révèlent pessimistes, avec le risque imminent d’inondations dans plusieurs localités.


Le fleuve Sénégal a déjà commencé à sortir de son lit, depuis la semaine dernière, alors même que les pluies n’ont pas baissé en régularité et en intensité. Pour ne rien arranger, il a fortement plu dans la journée de ce dimanche. Le niveau du fleuve a atteint la hauteur de 8,36 m, alors qu’il était à 8,29 m le samedi. Soit une tendance à la hausse de 7 cm. Dans les villages situés dans la vallée, les stigmates des inondations sont visibles. La plupart des maisons ont été détruites et les toitures emportées. Au village de Woudourou, dans la commune de Nabadji Civol, la psychose s’est déjà installée chez les populations. Les eaux ont envahi les habitations, obligeant leurs occupants au déménagement.

Le fleuve a débordé au-delà des berges pour engloutir une bonne dizaine de mètres de terres. Aissata et son époux habitaient à moins de 50 mètres du fleuve. Leur concession est remplie d’eau. Ils ont dû la quitter pour la maison d’un de leurs proches. ‘’L’eau est en train d’envahir les maisons. Chaque jour, de nouvelles demeures sont inondées. Nous sommes dans un état de détresse. Cela fait des années que nous vivons ici, mon mari et moi, mais je n’ai jamais vu le fleuve déborder de la sorte. J’ai peur, car je sais que ce n’est pas fini ; les pluies vont encore continuer. Si l’Etat ne nous vient pas en aide le plus rapidement, tout le village sera englouti’’, prévient-elle.

Non loin de cette bourgade, le sinistre est encore plus préoccupant dans le village de Nima. C’est plus d’une vingtaine de maisons qui sont emprisonnées par les eaux. Les voies de passage sont coupées, les véhicules immobilisés. Les charrettes ont pris le relais pour assurer le transport des passagers. Elles affrontent de gros dangers, en traversant les puissants ruissellements.

Les cris de détresse de ces populations ont finalement été entendus. Le gouverneur de Matam, Mouhamadou Moctar Watt, accompagné d’une forte délégation, s’est rendu sur les lieux pour constater de visu l’ampleur des dégâts. Le décor qu’il a eu sous les yeux, est loin de le rassurer. Sans vouloir verser dans la panique, il a invité les populations à quitter les maisons à proximité du fleuve, avant de leur recommander de remplir des sacs de sable pour les superposer afin de ralentir l’avancée des eaux.

Cependant, les autochtones donnent peu de crédit à cette solution, à l’image de Samba, la soixantaine bien révolue. ‘’Vous pensez que les sacs de sable peuvent stopper l’avancée des eaux ? Les eaux n’en feront qu’une bouchée. Je suis né et je vis ici depuis toujours. Nous sommes réellement en danger aujourd’hui dans ce village. Le fleuve va déborder inéluctablement et il risque de faire de gros dégâts.

Pour l’heure, on parle de dégâts matériels, mais je pense que l’Etat doit savoir que l’heure est grave, pour réagir vite. Les eaux de pluie sont en train d’affluer tous les jours. Imaginez que le débordement survienne la nuit, comment allons-nous faire ? Des personnes âgées, comme moi, seront les plus vulnérables. Qu’on nous aide vraiment, au lieu d’attendre qu’il y ait des morts pour intervenir
’’, fustige le vieil homme.

Les localités du Dande Mayoo sont surtout menacées d’isolement. En effet, avec la montée du niveau du fleuve, les 3 principales voies de passage risquent d’être englouties. Dieynaba est une habitante du village de Gaol, élève en classe de terminale à Thilogne. Les échos provenant de chez elle ne la rassurent pas. ‘’Je dois rentrer chez moi, mais il paraît que les autorités ont conseillé aux personnes de chez nous d’éviter les bords du fleuve. Moi, je suis à Thilogne et je viens de terminer mes examens. Ma mère me demande de rester quelques jours encore, en attendant de voir l’évolution de la situation. Elle est vraiment inquiéte par la montée du fleuve. Moi aussi j’ai peur. Je suis ici, mais je m’inquiète aussi pour ma famille’’, dit-elle.

Des inquiétudes partagées par M. Diallo, enseignant, qui a préféré s’éloigner de la zone de la vallée. ‘’J’ai suivi le communiqué des agents de l’Hydraulique. Ils ont été clairs. Ils demandent aux populations de s’éloigner du fleuve. C’est une façon de dire aux gens de déménager. Ils ne peuvent pas le dire clairement, sinon ils vont créer la psychose. Moi, je compte me rendre à Mbour, ma femme et moi. Je pars en vacances certes, mais c’est surtout la situation qui m'y oblige’’.

Dans le département de Kanel, la situation est déjà alarmante. Dans la seule commune d’Orkadieré, plus de 500 ménages sinistrés ont été recensés, près de 450 répertoriés dans la commune de Sinthiou Bamambé. Ces familles qui se retrouvent dans un inconfort traumatisant, ont suscité un grand élan de solidarité de la part des populations. Le député Daouda Dia a offert 20 tonnes de ciment et des paquets de tôles en zinc pour les sinistrés, au moment où Kadia Talla, épouse du ministre de l’Education, a apporté des motopompes pour aspirer les eaux des habitations et des matelas pour les sinistrés.

Le grand danger est imminent, avec le fleuve qui risque de dépasser sa cote d’alerte de 50 centimètres, dans moins de 48 heures. À ce stade, même Matam, la capitale régionale, est menacée d’inondation. Les quartiers Gourel Serigne et Serigne sont les plus exposés. Si les eaux prennent d’assaut ce quartier, ce sera la catastrophe, dans la mesure où c’est le lieu qui abrite tous les services administratifs de la région. ‘’Prions que le fleuve ne continue pas sa montée, car c’est la gouvernance qui serait engloutie en premier, ce qui serait un symbole d’un échec du régime’’, déclare un habitant de Matam, sous le couvert de l’anonymat.





Enquête



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