“Réserves d’or quasiment épuisées, devises étrangères en chute libre, incapacité croissante à financer les importations vitales, le pays est au bord d’un effondrement économique qui pourrait rapidement se transformer en catastrophe humanitaire.
Et le Sénégal, pays frontalier, n’a pas le luxe de regarder ailleurs.
Les réserves en devises, qu’elles soient en euros ou en dollars, ne sont pas qu’une affaire de comptabilité. Elles sont le matelas de sécurité d’un État, la garantie qu’il pourra importer le nécessaire pour nourrir sa population, alimenter ses centrales, approvisionner ses hôpitaux. Elles sont aussi la barrière ultime contre l’hyperinflation et la déstabilisation monétaire.
Or, la Guinée est en train de perdre ce bouclier vital. Selon une étude attribuée au FMI, publiée en août 2025, le pays aurait vendu 97 % de ses réserves d’or et vu ses réserves de devises chuter de 87 %, entre septembre 2021 et juillet 2025.
Conakry avance désormais quasiment désarmée face à la tempête économique. Et quand un État n’a plus les moyens de payer ses importations, la crise ne reste jamais confinée aux marchés financiers. Elle s’invite brutalement dans les assiettes et dans les foyers ; flambées des prix, pénuries, salaires qui ne valent plus rien, désespoir social.
La Guinée, déjà fragilisée par des tensions politiques et sociales, est sur le fil du rasoir.
Peut-on rester spectateurs ? Certainement pas. Car une telle crise ne s’arrête jamais aux frontières, elle déborde toujours. Une Guinée plongée dans le chaos, c’est le risque d’une immigration massive. Des dizaines de milliers de Guinéens, peut-être bien davantage, chercheront refuge dans les pays voisins, et notamment au Sénégal. Ce sera une pression énorme sur nos services sociaux, hôpitaux, écoles, infrastructures qui sont déjà sous tension. C’est aussi un risque sécuritaire, car des flux incontrôlés nourrissent inévitablement trafics, instabilité et tensions communautaires.
Enfin, c’est une fragilisation économique, des échanges commerciaux perturbés, des produits qui se raréfient et des prix qui s’envolent. Le Sénégal n’a pas le droit de se voiler la face. Ce qui se joue à Conakry, nous concerne directement.
Nous devons nous préparer à protéger nos propres réserves de change, à renforcer la coopération régionale au sein de la CEDEAO et de l’Union africaine et à mettre en place un plan d’urgence pour accueillir, organiser et sécuriser les flux migratoires si la situation dégénère.
La Guinée est notre voisine, notre sœur. Mais si elle sombre, ce sera aussi notre épreuve. Anticiper, c’est protéger notre stabilité, notre économie et, en fin de compte, notre avenir."
Cheikh Sène
Essayiste, Économiste
Et le Sénégal, pays frontalier, n’a pas le luxe de regarder ailleurs.
Les réserves en devises, qu’elles soient en euros ou en dollars, ne sont pas qu’une affaire de comptabilité. Elles sont le matelas de sécurité d’un État, la garantie qu’il pourra importer le nécessaire pour nourrir sa population, alimenter ses centrales, approvisionner ses hôpitaux. Elles sont aussi la barrière ultime contre l’hyperinflation et la déstabilisation monétaire.
Or, la Guinée est en train de perdre ce bouclier vital. Selon une étude attribuée au FMI, publiée en août 2025, le pays aurait vendu 97 % de ses réserves d’or et vu ses réserves de devises chuter de 87 %, entre septembre 2021 et juillet 2025.
Conakry avance désormais quasiment désarmée face à la tempête économique. Et quand un État n’a plus les moyens de payer ses importations, la crise ne reste jamais confinée aux marchés financiers. Elle s’invite brutalement dans les assiettes et dans les foyers ; flambées des prix, pénuries, salaires qui ne valent plus rien, désespoir social.
La Guinée, déjà fragilisée par des tensions politiques et sociales, est sur le fil du rasoir.
Peut-on rester spectateurs ? Certainement pas. Car une telle crise ne s’arrête jamais aux frontières, elle déborde toujours. Une Guinée plongée dans le chaos, c’est le risque d’une immigration massive. Des dizaines de milliers de Guinéens, peut-être bien davantage, chercheront refuge dans les pays voisins, et notamment au Sénégal. Ce sera une pression énorme sur nos services sociaux, hôpitaux, écoles, infrastructures qui sont déjà sous tension. C’est aussi un risque sécuritaire, car des flux incontrôlés nourrissent inévitablement trafics, instabilité et tensions communautaires.
Enfin, c’est une fragilisation économique, des échanges commerciaux perturbés, des produits qui se raréfient et des prix qui s’envolent. Le Sénégal n’a pas le droit de se voiler la face. Ce qui se joue à Conakry, nous concerne directement.
Nous devons nous préparer à protéger nos propres réserves de change, à renforcer la coopération régionale au sein de la CEDEAO et de l’Union africaine et à mettre en place un plan d’urgence pour accueillir, organiser et sécuriser les flux migratoires si la situation dégénère.
La Guinée est notre voisine, notre sœur. Mais si elle sombre, ce sera aussi notre épreuve. Anticiper, c’est protéger notre stabilité, notre économie et, en fin de compte, notre avenir."
Cheikh Sène
Essayiste, Économiste