Gestion des crises sanitaires au Sénégal : Diagnostic sans complaisance du Dr Khoudia Sow


Rédigé le Mardi 1 Février 2022 à 11:48 | Lu 91 fois | 0 commentaire(s)



Au Sénégal, la réponse médicale aux épidémies n'est pas suffisante, selon la docteure Khoudia Sow, chercheure anthropologue au Centre régional de recherche et de formation à la prise en charge de Fann. Elle faisait ce samedi passé, une présentation sur les crises sanitaires au Sénégal : défis et perspectives, au cours de l’Assemblée générale organisée par l’Association sénégalaise des professionnels de santé publique. La plupart des crises sanitaires, dit-elle, sont liées à des épidémies des maladies infectieuses.


S’agissant de la Covid-19, l’adhésion aux mesures sociales, la communication et les infox, le consensus sur le traitement et les modalités de traitement constituent les principales contraintes. Pour Dr Khoudia Sow, actuellement, le pays est dans une situation un peu confuse et complexe dans la lutte contre la Covid-19. Cela, explique-t-elle, du fait que la stratégie mise en place par les autorités sanitaires est en suspension, avec des intérêts collectifs. Mais aussi, du fait que la mobilisation communautaire est interrompue.

C’est pourquoi, ajoute-t-elle, des enquêtes sont menées pour voir si le système de veille mis en place pour pousser les gens à se vacciner fonctionne ou pas.

A son avis, il faut faire une évaluation objective, externe et interne de la réponse. Cela, dit-elle, en soutenant un audit organisationnel de la réponse à tous les niveaux de la pyramide. ‘’Il faut réévaluer le dispositif institutionnel et organisationnel autour de la gestion des épidémies (Cous, CNGE, DP, CNLS). Après Ebola, nous avons mis en place le Cous dans la gestion de la crise. Aujourd’hui, on ne sait pas où nous en sommes. La Direction de la Prévention a fait un gros travail et continue de le faire. En matière de vaccination, le Programme élargi de vaccination du Sénégal est l’un des meilleurs. Mais on ne sait pas s’il a une compétence sur la vaccination en période de crise épidémique, notamment sur la Covid-19. Toutes ces questions doivent être posées en période de crise’’, recommande-t-elle.

Poursuivant ses propos, elle soutient que des institutions ont été mises en place pour la gestion de la Covid-19, comme le CNGE. Mais, précise Dr Sow, on ne sait pas comment il fonctionne, quelle est sa valeur ajoutée dans la crise.

Selon Dr Khoudia Sow, le modèle de la gestion multisectorielle peut apporter un plus dans la gestion de crise sanitaire. Car, pour elle, les maladies ont montré qu’il faut négocier et que les gens adhèrent à quelque chose. ‘’Nous ne sommes plus à l’époque où des habits de personnes sont brûlés à cause de la peste. Nous sommes à l’ère de la coercition. On est dans une approche de démocratie soutenue par une communication transférée, transparente, apaisée, ciblée et adaptative, qui évolue en fonction des contextes. Il faut renforcer le mécanisme de dialogue entre les acteurs scientifiques et les acteurs de santé publique’’, conseille-t-elle.

‘’La communication en temps de crise doit être transparente’’
Dr Sow précise que toutes les crises sanitaires révèlent les forces et les faiblesses de la société et des institutions sanitaires. Mais elles servent aussi de médiatrices. Elle souligne qu’il faut éliminer le doute et les incertitudes scientifiques. ‘’La communication, en temps de crise, doit être transparente. Quand on ne sait pas, on ne sait pas. Mais quand on se trompe, il faut aussi avoir le courage de le dire. Il faut rester cohérent. La mobilisation communautaire demeure un levier de la riposte. C’est une opportunité d’améliorer nos dispositifs, en évitant l’amnésie stratégique et institutionnelle’’, dit-elle.

Avant d’ajouter que la crise de la Covid-19 n’est pas la première enregistrée au Sénégal. ‘’Quand on est en pleine crise, on n’invente pas la roue. Il est important de faire une évaluation objective et de réévaluer le dispositif institutionnel et organisationnel autour de la gestion des épidémies. Dans la santé, toute attitude posée est un acte politique. Mais attention à la politisation des crises sanitaires et se méfier des effets boomerang. Parce que les effets boomerang sont parfois les effets les plus graves. Mais aussi, il faut éviter les profils de concurrence’’, suggère-t-elle.

Signataire et membre fondateur du Collectif Force Covid-19, Dr Sow souligne que ce collectif est mis en place pour partager un certain nombre d’interactions au gouvernement. ‘’La question qui s’est posée, c’est si on devait mettre en place un Conseil scientifique autour de la crise sanitaire ou un Haut conseil de la santé publique qui soient à équidistance de ceux qui exécutent autour du ministère de la Santé et des scientifiques où toutes les compétences sont mises. Comme cela se passe dans tous les pays du monde et qui donnent des avis, des recommandations aux différents ministères et pas à un seul’’, explique Dr Khoudia Sow.

Pour ce qui est du VIH/sida, elle souligne que le défi réside dans la communication, l’accessibilité du dépistage, les traitements et la décentralisation des services comme le dépistage rapide, le dispositif institutionnel. Pour la maladie à virus Ebola, les défis rencontrés par le Sénégal ne sont pas importants. Apporte Vipeoples .


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