Le Témoin - Voilà plus de deux ans que vous êtes à la tête de la Société Africaine de Raffinage (SAR). Quelle est la situation financière actuelle de votre entreprise ?
Serigne MBOUP – La situation financière, c’est une question à laquelle on peut répondre parce qu’elle est complexe et elle n’est pas synthétisable. Mais, ce que je peux vous dire est que la Sar, comme toute autre société d’ailleurs, a une mission. Cette mission de service public est d’approvisionner régulièrement le pays en produits pétroliers. Cet approvisionnement-là se passe correctement.
C’est le moins que l’on puisse dire puisque le marché est régulièrement approvisionné dans les termes et les conditions de cette mission de service public. Évidemment, cela suppose beaucoup d’engagements financiers. Mais la Sar s’acquitte de toutes ses charges de fonctionnement, paie ses fournisseurs. Elle paye ses salaires, donne les primes dues aux travailleurs et paie ses impôts. On peut dire que c’est une société qui se développe et fait des investissements pour, d’abord, maintenir ses équipements mais aussi améliorer ses outils et autres. Je peux donc dire que la Sar se porte bien.
Quel est l’impact des créances de l’État via la Senelec sur la situation financière de la Sar ?
Ces impacts, habituellement, peuvent être source de difficultés si ces créances atteignent des niveaux importants. Comme vous le savez, elles ne concernent pas seulement la Senelec mais la filière Senelec, les ‘’IPP’’ c’est-à -dire les producteurs indépendants de pétroles et la Senelec elle-même comme client. La Senelec est un grand client de la Sar. Nous avons un marché qui tourne autour d’un peu plus de 220 milliards par an.
Evidemment, compte non tenu des IPP. S’il y a des difficultés de paiement, forcément cela se répercute sur les engagements de la Sar a vis-à -vis de ses partenaires financiers puisque les produits pétroliers sont portés sur la base de lettres de crédits ouvertes auprès des banques. Il arrive, quand ces encours-là sont importants, qu’effectivement à l’échéance la Sar éprouve des difficultés pour payer. Ce, même s’il y a toujours des mécanismes financiers pour faire face à ses obligations et encore même si ces mécanismes financiers coûtent de l’argent quand même parce que c’est des intérêts qui sont payés.
Par le passé, ces encours ont atteint des niveaux importants qui ont pu amener quelques difficultés. Mais, ce qu’il faut noter, c’est que depuis quelques temps le gouvernement a pris toutes les dispositions, à travers le ministère des Finances et du Budget et aussi à travers son véhicule technique qui est le ‘’FSE‘’ — c’est-à -dire le Fonds de soutien à l’énergie — pour que la situation s’améliore de façon très significative. Les encours, il ne saurait en manquer parce que quand vous vendez à un client et que vous facturez il y a toujours des encours. Mais, aujourd’hui, le niveau de ces encours n’entrave en rien le fonctionnement de notre société. Il se situe à un niveau courant.
De ce point de vue, beaucoup d’efforts ont été faits. Et le plus important est que la vision du gouvernement, sur instruction de son excellence le président de la République, c’est de mener une réflexion prospective qui permette d’avoir des solutions structurelles et durables. Et cela a été fait parce qu’à partir du moment où le plus gros de la créance a été réglé et que cette vision est mise en œuvre, on peut être très optimiste. Pour l’instant, encore une fois, le plus important c’est que, malgré le Covid-19 avec ses impacts économiques et malgré les difficultés, le ministère des Finances et le ministère de l’Energie ont trouvé des ressources pour que la situation se stabilise et elle l’est maintenant.
À chaque fois qu’on parle de la Sar, on fait allusion à des ruptures dans l’approvisionnement en produits pétroliers dans notre pays. Qu’est-ce qu’il en est réellement ?
Réellement, il n’y en a pas. Parfois, la presse ne fait pas son devoir qui d’aller à la source de l’information. Nous avons vu beaucoup de vos confrères faire des manchettes sur d’éventuelles ruptures de produits, des délestages, etc.
Par la grâce de Dieu, il n’y a en a pas encore. Nous avons fait des communiqués pour informer l’opinion du fait que ce n’est pas le cas et nous espérons que ça n’arrivera pas parce que nous avons été instruits et parce que c’est notre mission de prendre des dispositions pour qu’il n’y ait pas de ruptures. Mais aussi tous les moyens ont été mis en œuvre pour que, justement, cela n’arrive pas. Vraiment, ce que l’on peut dire sur ce point, c’est qu’il n’y a pas de ruptures et qu’il n’y en aura pas.
Malheureusement, nous sommes dans un pays où beaucoup de personnes ont leur mot à dire sur beaucoup de choses qu’elles ne maîtrisent pas pour des intérêts que parfois on ne comprend pas. S’il y avait des difficultés, nos responsables de la communication allaient évidemment faire comme leurs confrères de la SONES et de la SENELEC.
S’il y avait réellement des problèmes dans l’approvisionnement, la Sar elle-même communiquerait pour dire aux populations « attention telle difficulté peut intervenir » pour qu’ensemble, nous prenions les dispositions qu’il faut. Mais je peux vous dire qu’à aucun moment, cela n’a été envisageable, car la clairvoyance des autorités qui ont défini cette politique énergétique ainsi que notre ferme volonté de faire les choses dans les normes, font que ce genre de problèmes n’est encore jamais arrivé.
Le cabinet Citac Africa Lmt avait, en 2013, fait un rapport sur l’avenir de la Sar. Un rapport dans lequel il avait indiqué d’énormes cercles de danger. Quelles sont les mesures que vous avez prises pour respecter les recommandations de ce cabinet ?
Le rapport du cabinet Cita a été commandité par le conseil d’administration à l’époque. Citac est un cabinet reconnu dans l’industrie pétrolière et qui produit régulièrement des documents techniques de référence. Citac est un partenaire de la Sar, notamment de l’Association des raffineurs africains, et qui connait bien son métier. La Sar date de 1961 et sa mise en exploitation en 1963, elle a 60 ans d’existence.
Avec le temps, il faut à intervalles réguliers faire de maintenance. Il faut savoir que la loi nous impose de faire une maintenance générale tous les cinq ans pour mettre à niveau tous les équipements. Cela est fait de façon plus ou moins régulière. Aux États-Unis, on n’a pas construit de raffinerie depuis la 2e guerre mondiale parce que ce sont des outils dont la maintenance est faite. Le Président Macky Sall a, à son arrivée au pouvoir en 2012, décidé de maintenir la Sar et d’investir. Ce malgré d’intenses lobbyings exercés de partout et qui voulaient que la Sar soit démantelée.
Justement, est-ce que la Sar envisage une extension ou une modernisation dans la zone où elle se situe vu que des populations sont venues s’installer tout autour ? D’une manière générale, quels sont vos projets ?
La Sar a une superficie de 92 hectares. Près du 1/3 peut être disponible. L’autre partie est habitée. Il y a des unités nouvelles qui sont en train d’être construites dans notre enceinte. Le projet d’extension et de modernisation des installations de la Sar et d’augmentation de ses capacités, lancé depuis novembre, est attendu pour être livré en septembre 2021. Il entre exactement dans ce cadre. Ce projet-là va augmenter les capacités de la Sar de 30 %. On va passer de 1,2 million à 1,5 million de tonnes. Il va remettre à niveau beaucoup d’installations.
Notamment, il va réduire considérablement la torche que vous voyez, parce que c’est jusqu’à 2 % de la production parfois qui va en fumée Elle va être réduite drastiquement, cette torche. Mais ce va projet permettre surtout de traiter le pétrole brut du Sénégal. Ce qui fait que le Sénégal ne devra plus importer le pétrole brut du Nigéria comme c’est le cas actuellement. Evidemment, on n’a pas besoin d’insister, mais c’est important et c’est évident que ça va renforcer la sécurisation de l’approvisionnement de notre pays en produits pétroliers.
La notion de sécurité, qui est une notion importante, qui va être réglée parce que le pétrole ça va au large de Dakar et il y aura un effet financier important pour la Sar d’abord parce qu’il n’y aura plus de lettres de crédits en devises parce qu’il faut savoir qu’on achète en dollars aujourd’hui et qu’on va acheter en CFA à partir d’un fournisseur local qui est Petrosen et ses associés. Et, comme le prévoit le Code pétrolier, c’est ça qui sécurise les besoins du Sénégal.
Il faut savoir que le Code pétrolier, déjà , le prévoit, on dit à découverte : avant d’exporter quoi que ce soit, les besoins nationaux sont primordiaux, vendus au prix du marché, c’est vrai, mais vendus en devise locale, vendu aussi à travers un contrat qui est déjà prévu par le Code pétrolier. Et donc, pour rassurer les Sénégalais, c’est l’objet de ce grand projet qui rentre dans la vision du chef de l’Etat, qui avait dit d’abord que les ressources nationales appartiennent au peuple. A travers la Constitution, il l’avait prévu. Mais aussi le référendum l’a adopté. Le Président a décidé que, sur les ressources nationales qu’on a, il faut qu’on y ajoute de la valeur locale.
La Protection civile a demandé à la Sar et à l’Etat, depuis 2011, de procéder au démantèlement de la ligne de pipeline de 15 km qui relie la Sar au Port de Dakar. Elle avait même suggéré que ces installations passent dans la mer pour éviter des catastrophes en cas de fuites. Hélas, rien n’est encore fait malgré les nombres fuites notées sur la ligne. Voulez-vous attendre qu’il y ait catastrophe pour ensuite venir faire du médecin après la mort ?
La Sar a lancé une étude sur ces recommandations. Le rapport a été donné. Aujourd’hui, l’appel d’offres est lancé pour un sea-line qui aura une double mission. La première est que de sécuriser l’approvisionnement en abandonnant progressivement le réseau de pipeline qui vient du Port autonome de Dakar. Beaucoup de mesures sont prises sur ça avec tous les services compétents de l’État et les populations.
C’est le lieu de féliciter les populations et les maires des communes concernées pour leur collaboration à une solution radicale. Nous sommes donc en train de lancer la sélection de fournisseurs pour la réalisation de ce projet. Le 22 juillet 2020, le président de la République avait instruit le gouvernement pour que les installations de la Sar fassent l’objet d’une attention encore plus soutenue en matière de sécurité et de sûreté.
Depuis lors, beaucoup de choses ont été faites en ce sens par les ministères concernés et les autres services de l’Etat. Le sea-line, nous comptons le démarrer en 2021. Donc, les populations peuvent être rassurées. Nous savons que leur préoccupation est d’ordre citoyen. En effet nous avons sur la ligne du pipeline des mosquées, des maisons, des marchés, des commerces entre autres. Donc, nous sommes très conscients des dangers qu’encourent les riverains…
Le Sénégal va, dans deux ans peut-être, commencer à exploiter son pétrole et son gaz. Est-ce que vous aurez votre part du pétrole et du gaz qui seront extraits ? Estce que vous avez aussi des installations adaptées pour les raffiner?
On a déjà discuté dans le cadre du contrat d’achat d’énergie qui est prévu par le Code pétrolier qui a octroyé la licence à Petrosen. Cet accord est déjà signé et, donc, les besoins de la SAR seront prélevés avant d’exporter quoi que ce soit. C’est cette indépendance énergétique et cette souveraineté qui sont visées par ce projet. Nous avons déjà les échantillons de ce pétrole qui ont été testés dans nos laboratoires et les nouvelles unités qui sont en train d’être installées, vont être calibrées sur ça. Le projet que nous sommes en train de faire, porte sur l’augmentation de capacité et l’adaptation à ce brut et donc, on va pouvoir le faire.
Le conflit entre Khadim Bâ et son père a été transposé à la Sar. Quels sont les impacts sur votre société de ce conflit qui oppose le père et le fils ?
La première chose que je peux dire est que, d’abord, moi je suis directeur général. Je gère une société par la confiance du conseil d’administration. Ma mission, c’est de gérer la société et de conduire ses missions dans le cadre des prérogatives qui me sont données et jusque-là , d’abord par la confiance du chef de l’État. Car il faut rappeler qu’à la Sar, l’Etat est l’actionnaire majoritaire. Il nomme aux fonctions et propose au conseil d’administration, qui, aussi souverainement, a décidé de me nommer.
Par rapport à Locafrique, c’est un problème entre un père et son fils. Donc, un problème familial. Et quand c’est des problèmes de famille, ma posture m’interdit d’avoir une opinion publique là -dessus. J’ai des relations humaines reconnues avec les deux acteurs. Tout ce que je dois alors dire ou faire, je le fais à titre personnel et dans le cadre de ces rapports personnels. Cela dit, c’est vrai que Locafrique est un actionnaire important de la Sar et il faut s’en féliciter.
La Sar aujourd’hui est contrôlée à 85 % par l’Etat et le secteur privé national. C’est une révolution. C’est une grande avancée du président de la République Macky Sall, qui l’a voulu ainsi et qui a donc décidé que les actions que détenait le Groupe Ben Laden à hauteur de 34 % soit cédées à Locafrique. C’est une réponse éloquente à tous ceux qui parlent de préférence nationale que les secteurs stratégiques soient contrôlés par des nationaux. C’était du contenu local avant que la loi régissant cette notion ne soit même promulguée et on se réjouit de cet état de fait.
Si on va même plus loin, on peut même parler de 93 % du capital si on y met SARAC, une société nigériane reconnue et donc contrôlée aussi par des Africains de la Cedeao. Tout cela c’est aussi pour faire un clin d’œil à cette grande ambition du président Senghor, qu’il avait appelée Société Africaine de Raffinage. C’est une bonne démarche. Cela dit, un actionnaire important, quand il a des problèmes en interne, ça peut avoir un impact sur le conseil d’administration. Sur le fonctionnement régulier de la SAR, il n’y a aucun impact direct même si, sur l’environnement de la SAR, il y a effectivement des traitements médiatiques qui ont été faits et beaucoup de personnes sont intervenues sur le problème sans pour autant le maitriser.
Le Sénégal a été classé tout dernièrement parmi les pays qui ont le taux de chômage le plus élevé au monde. N’est-ce pas un échec de votre gouvernement qui avait promis plus un million d’emplois aux jeunes ?
La première lecture, c’est que ce n’est pas un rapport. C’est des Fake-news, ce sont des gens qui sont au Sénégal ou d’ailleurs qui ont l’habitude de dire ça. Il n’y a aucune source crédible pour croire que ce rapport a été émis par un organisme reconnu comme tel. Ce qui existe, qui est reconnu et qui émane de l’OIT et du BIT, c’est que le Sénégal a un taux de chômage qui tourne autour de 16% et ça, je pense que tout le monde le sait. Cela est déjà beaucoup, mais il faut savoir comment ce taux a atteint ce niveau parce qu’on sait que nous avons un système scolaire qui est en déphasage avec les besoins d’emplois sur le marché.
Si vous avez 100 mille jeunes qui arrivent, il y a les correctifs qui sont en train d’être faits, notamment en mettant l’accent sur la formation professionnelle, je n’ai pas besoin de développer tout le programme des lycées techniques, des écoles, des instituts supérieurs et IEP qui sont un peu partout et qui ont commencé à germer. Je n’ai pas besoin non plus d’insister sur toutes les réformes qui sont en train de se faire au niveau de l’enseignement pour faire de sorte que nos enfants ailent plus vers les filières scientifiques ou l’apprentissage des métiers.
Et puis il y a le Bureau de mise à niveau (Bmn) et beaucoup d’autres instruments que l’Etat est en train de mettre en œuvre de manière progressive. Je pense qu’aujourd’hui, la méthode de calcul et d’appréciation voire de définition des taux de chômage dans nos pays, si elle n’est pas faite par des organismes qui connaissent nos contextes et le très sérieux rapport de l’ANSD qui sort des bulletins périodiques en illustration, a des chances de ne pas cerner la réalité, car nous avons une économie informelle.
Ce qui fait que quand vous lavez des voitures, quand vous êtes cordonniers, vous êtes un tailleur avec un atelier ou quand vous êtes coiffeuse avec 4 ou 5 personnes, vous avez des gens qui ont un travail. C’est pareil comme quand vous avez un hôtel ou un restaurant, même s’il y en a beaucoup qui sont informels etc. Si on regarde la définition étymologique du chômeur, le Sénégal ne peut pas être à ce niveau. Et personne n’a pu expliquer qu’il y a quelques années, on était à 16 ou 17% et que subitement le taux baisse. Ce, alors que nous avons un taux de croissance soutenu de 6 %, alors que nous avons de nouvelles unités industrielles, aujourd’hui il y a de nouveaux hôtels partout où des jeunes travaillent… C’est une « fake-news », je pense que c’est de bonne guerre. C’est ceux qui sont effectivement dans une mauvaise posture qui racontent ce genre d’histoire. Ce sont des chiffres complètement farfelus et je pense que personne ne croit à ça.
Pour relancer l’économie de notre pays, qui a été fragilisée par la Covid-19 au même titre que celles du monde entier, le président de la République a lancé le PAP2. Quel rôle jouera la Sar pour aider le gouvernement à relancer notre économie ?
Il convient d’abord saluer cette vision du Président, déjà le PAP2 était un plan d’action prioritaire, phase II parce que la phase une du PSE, qui est un programme sur 20 ans devant être évalué tous les cinq ans, nous avons déjà un avant-goût parce que la croissance est là , nous l’avons dit, elle était régulièrement soutenue pendant cette période et tournait autour de 6%. Nous avons vu tous les résultats extraordinaires que nous avons faits dans la politique d’infrastructure, quelles soient routières, universitaires ou sanitaires…
Nous avons vu les avancées dans le capital humain, les performances agricoles surtout les variétés et donc on attend encore cette année des chiffres record pour les récoltes. Si tout ce confirme, puisqu’il y a eu une bonne vision en amont de dotation de 60 milliards de francs pour les équipements agricoles et les semences et engrais et tout le reste… Donc ce PAPII a déjà été défini pour être le prolongement à travers un programme des grandes idées de la 5-3 (…)
La Covid-19 est un événement majeur inattendu qui a bouleversé l’ordre mondial, qui a tout changé et il fallait évidemment être dynamique et réactif et l’adapter à ce contexte. Je pense que c’est ce que le Président a décidé de faire et vous voyez qu’il a posé par rapport à ces problématiques tel que c’était prévu, l’accent a été mis sur des secteurs pointus et la Sar est évidemment un de ces secteurs. Le programme extension et de modernisation, qui va traiter les problèmes pétroliers du Sénégal, donne une grande réponse.
Nous n’allons plus dire que nous allons attendre les bateaux de pétrole qui viennent d’ailleurs, nous allons, à partir SAR, nous approvisionner localement et c’est une grande réponse. C’est pareil pour le secteur de l’énergie en général, la politique de contenu local, ce que vous avez vu la dernière fois avec cette centrale de Castou Paok qui va arriver.
L’approvisionnement du Sénégal, notamment de la Senelec, est aujourd’hui déjà faite déjà par la SAR à travers des camions de fuel, régulièrement tous les mois. Dans quelques temps, on n’aura plus besoin de SAR, la Senelec va s’approvisionner localement à partir du gaz et si vous faites, ça vous le rajoutez aux 30 % attendus des énergies renouvelables en fin décembre, ce qui est un record presque mondial. 30 % de la production d’énergie qui soit renouvelable, donc le Sénégal deviendra un pays autonome parce que le grand enseignement de la Covid-19, c’est qu’il y a des besoins primaires qui doivent être réglés sur place. Des besoins sans lesquels, évidemment, il n’est pas possible d’avoir la sécurité et la souveraineté.
L’accent sera aussi mis sur la santé car, avec cette pandémie, on a vu que beaucoup d’équipements qui paratssaient banals, ont fait l’objet de guerre. Quand les Etats unis et d’autres grands pays se battent dans les aéroports pour avoir des masques, c’est une leçon pour tous. Les mêmes efforts vont être faits dans l’agriculture pour que l’autosuffisance soit assurée. Je pense que, sur certaines céréales, nous avons cette autosuffisance, dans l’horticulture, sur certaines filières comme la tomate cerise et d’autres nous l’avons déjà , il faut accentuer les efforts sur le riz et les autres denrées. Un autre secteur qui est porteur de croissance, porteur d’emplois et dans lequel les Sénégalais excellent, c’est la digitalisation, c’est le numérique de façon globale, donc la SAR. A cette relance, pour me résumer, la Sar va évidemment contribuer à travers un approvisionnement régulier, sécurisé et à des conditions, je l’espère, qui seront plus économiquement abordables…
Allons à Pire pour parler de votre gestion de cette municipalité que vous dirigez depuis 2014. Quel est votre bilan après 6 ans de gestion ?
Le bilan, il est satisfaisant même s’il n’est pas encore à la hauteur de nos ambitions. Il faut aussi savoir que, moi, j’avais fait campagne sur la base d’un document de référence qui portait sur 31 projets qui balisaient les différents secteurs de la vie. J’ai fait un Pse local qui parlait d’environnement, qui parlait Pire vert, qui parlait d’éducation, qui parlait d’alphabétisation, qui parlait d’infrastructures, qui parlait de la santé, qui parlait de beaucoup de choses. Nous avons entrepris une palette pour accéder à l’eau potable et à l’électricité parce que nous sommes une commune de plus de 27 000 habitants avec 60 villages.
Nous avons donc fait des avancées sur l’accès à l’eau et l’électricité. Nous avons pratiquement connecté l’ensemble des 60 villages pour un accès à l’eau potable et nous travaillons sur des programmes d’extension. Nous aurons à la fin du processus en cours actuellement, une trentaine de villages connectés à l’électricité alors qu’il y en avait trois dans les villages environnants. Et avec l’accès universel, qui est une composante forte du programme du Président en 2025, l’ensemble des villages auront accédé à l’eau et à l’électricité, ça change radicalement beaucoup de choses. Nous avons un programme d’infrastructures avec le PUDC où nous avons un certain nombre de dossiers en cours. J’espère en tout cas rencontrer le directeur général du PUDC.
Dans sa mission et dans son programme, nous avons un certain nombre de pistes rurales qui sont attendues. Nous avons fait aussi beaucoup de choses dans l’éducation, nous avons renforcé le lycée en salles de classe même si ce n’est pas une compétence transférée, nous avons un lycée d’excellence qui manquait cruellement d’infrastructures, nous l’avons renforcé en 4 classes et des tables bancs. Nous avons créé un CEM même si ce n’est pas notre compétence par notre volonté personnelle. Nous avons fait ouvrir un CEM qui se consolide et nous travaillons beaucoup.
Nous avons dans nos projets et nos programmes un nouveau lycée qui malheureusement ,n’est pas encore réalisé mais nous avons des assurances dans le programme global de l’Etat à travers le PSE. Nous avons réhabilité la Case des tout-petits, qui était dans un état de délabrement avancé et nous avons réfectionné un certain nombre d’écoles dont celle où moi-même j’ai eu honneur de faire mes classes et qui a été construite en 1912. Un établissement qui a formé des élites, des agrégés, des médecins, des ingénieurs et autres cadres. Nous avons clôturé un certains nombre d’écoles, nous avons construit des écoles, des classes, nous avons entamé la résorption progressive des abris provisoires. Nous avons aujourd’hui, 19 écoles dans toute la commune et évidemment, nous avons renforcé les dotations afin que ces écoles puissent, dès la semaine prochaine, distribuer les fournitures pour le début de l’année scolaire.
Pour la santé aussi, nous avons une dotation conséquente, qui est régulièrement versée et nous avons soutenu et nous soutenons nos étudiants qui sont dans les principales universités notamment à Dakar, à Thiès, Bambey, à Ziguinchor et à Saint Louis. Nous étions à deux postes de santé et nous en avons quatre actuellement… Nous avons l’un des rares centres de dépistage du cancer du col de l’utérus qui est un centre hyper moderne. A l’époque, quand on le construisait, c’était le deuxième du Sénégal et nous l’avons mis dans le patrimoine de l’Etat. Le Dr. Kassé nous a fait l’honneur de venir le visiter et l’inaugurer.
Nous avons essayé, et c’est important d’informatiser l’état-civil. Nous avons initié un programme de crédit vert, j’ai en tant que maire décidé de prendre en charge l’ensemble des frais et initié le financement de 50 millions destiné exclusivement aux mouvements de femmes où chaque mouvement de femmes a reçu de 100.000 à 500 mille francs et donc nous prenons en charge l’ensemble des frais. Les femmes ont payé à 100 %. Ce n’est pas une surprise. Nous avons reconduit le financement pour porter le montant de 50 à 100 millions. Nous sommes en train de recouvrer les créances.
L’idée, c’est que, quand nous aurons fini, nous aurons créé cet esprit d’entreprenariat pour les femmes. Puisque nous l’avons fait avec une institution de micro-crédit. Nous avons incité les membres à ouvrir des comptes, à contracter un prêt pour conduire un projet, payer à la fin afin de bénéficier d’un autre financement. Nous sommes en train d’évaluer les 100 millions. Après, nous allons essayer de les porter à 150 millions en prenant personnellement en charge tous les frais relatifs à l’octroi de ces crédits. Cela permet à certaines d’ouvrir des salons de coiffure, d’autres des ateliers de couture ou autres.
Macky Sall a abordé, lors de la première édition de la Journée de la décentralisation, la lancinante question du foncier. D’ailleurs, il a affaibli les maires en leur ôtant le pouvoir d’octroyer directement des terres. Du moins, concernant les très grandes superficies. N’est-ce pas une humiliation faite aux élus locaux ?
Nous ne sommes pas affaiblis mais nous avons besoin de prendre conscience que la question foncière est sensible. Elle est la première source probable de conflits dans un pays. Nous avons la chance d’hériter d’un Etat nation. Nous n’avons pas de problèmes ethniques et religieux heureusement. Il reste néanmoins l’eau et le foncier. Pour l’eau, le Pudc a fait un excellent travail. Le Caemes va venir régler beaucoup de problèmes et en 2025 l’accès universel sera garanti. La question foncière, quant à elle, est circulaire et touche les familles. L’avenir doit donc être pris avec beaucoup de précaution.
Si j’avais un reproche à me faire en tant que maire, c’est que, depuis que je suis élu, je n’ai pas distribué de parcelles. C’est une question que je prends très au sérieux. Beaucoup de mes adversaires me le reprochent, et même certains de mes partisans. Nous avons certes un programme de dotation de parcelles mais il se fera de façon organisée. C’est vrai que le domaine national et la loi qui régie le foncier se tournent dans le rural. Mais, nous devons aussi concilier beaucoup de choses.
Par exemple comment, par rapport aux défis que nous avons, garantir notre développement en milieu social tout simplement par l’agriculture pour créer de l’emploi et de la valeur. L’agriculture aujourd’hui, c’est produire assez pour nous nourrir, transformer localement pour nos besoins, assurer notre indépendance, créer de la valeur et des emplois. Il faut aller dans le sens de cette équité territoriale qui veut que l’Etat fasse des infrastructures sociales un peu partout afin que l’on puisse naître dans un coin, y grandir, y travailler et y rester. Cela ne peut pas se faire sans investissement massif dans l’agrobusiness. Il y a en même temps le renforcement des droits des populations, ceux des collectivités territoriales qui ont un rôle important dans l’attribution de ces terres. Seule une concertation et un partage des responsabilités de façon équilibrée et efficiente pourraient nous permettre d’y arriver (…)
L’intervention des gouverneurs à partir de 50 hectares permet à mon avis, de partager les responsabilités, d’amener plus de vigilance et moins de contrôle sur la chaine pour éviter qu’on se retrouve avec des problèmes à la fin. Aujourd’hui, avec 10 hectares, si c’est un bon projet bien étudié, validé par le sous-préfet même si ça passe, cela peut créer des tensions. Au niveau du préfet, 30 hectares, cela aura les mêmes limites parce que le sous-préfet et le conseil municipal l’auront vu et approuvé, c’est un autre niveau de responsabilité.
Cette façon de faire, c’est impliquer davantage tout le monde. Il faut simplement que ça soit un mécanisme qui fonctionne et qui ne soit pas bloquant. Je pense que nous avons une situation très compliquée mais aussi bien son Excellence a raison de réagir et d’alerter. Le président de l’Ams a lui aussi eu raison de dire que c’est des responsabilités partagées. L’administration centrale, les domaines, le ministère en charge de ces questions sont tous aussi responsables. Parce que les baux, les autorisations de construire sont des prérogatives des collectivités territoriales mais ce n’est pas toujours ces dernières qui les donnent. Donc, cet appel du Chef de l’Etat, cette mise en garde plutôt, est plus une invite à plus de responsabilité, à plus d’attention, à plus de concertation sur la question entre l’Etat central et les collectivités territoriales pour qu'ensemble, nous puissions être beaucoup plus vigilants et rigoureux.
Terminons avec la polémique sur le 3e mandat. Si certains souteneurs du Président Macky Sall pensent qu’il peut briguer un autre mandat, ses adversaires soutiennent le contraire. Quelle est votre position sur ce sujet ? Pensez-vous que le Président Macky Sall a droit un 3e mandat ?
Aussi bien les souteneurs du président que ses contempteurs ont tous tort. On ne peut pas avoir des élections l’année dernière, dans une démocratie consacrée comme celle du Sénégal, et un an après les élections, parler d’élection présidentielle. Ils ont tous tort de zapper les élections locales pour parler de réélection du président de la République. Si on veut parler d’élection, les locales sont là . On n’a qu’à en parler puisqu’il s’agit d’élections de proximité.
Au-delà , il y a les législatives de 2022. Même en Guinée et la Côte d’Ivoire, puisque c’est l’actualité, vous n’avez jamais entendu parler de présidentielle avant l’année précédant ce scrutin c’est-à -dire c’est-à -dire l’année dernière. Dans notre pays, en 2023, quand les candidats se manifesteront, on verra qui est candidat et qui ne l’est pas. Je ne vois pas pourquoi on ne pose à aucun potentiel candidat de l’opposition la question de savoir s’il sera candidat ou non et on veut que nous, la majorité, qui sommes élus brillamment, nous attarder sur ça. Alors que nous devons nous concentrer sur les choses utiles actuellement. Nous avons actuellement la covid-19 et ses exigences. Nous devons alors voir comment pousser notre pays vers l’émergence.
Le Président de la République a lancé le PAP2. Nous devons tous le soutenir en ce sens. En tout cas, nous, au niveau de la Sar, sommes sur ça. À Pire aussi où je suis le Maire, nous travaillons à atteindre les objectifs qui sont là et relever les défis avec son Excellence le Président Macky Sall. J’en profite pour appeler la majorité présidentielle à s’inscrire dans PAP2, à s’inscrire dans la plan de relance économique, à s’inscrire dans la résolution des problèmes des sénégalais. Pour le moment, je pense que ce débat sur le 3e mandat est inutile. Et quand c’est inutile, moi, je ne participe pas…
Le Témoin
Serigne MBOUP – La situation financière, c’est une question à laquelle on peut répondre parce qu’elle est complexe et elle n’est pas synthétisable. Mais, ce que je peux vous dire est que la Sar, comme toute autre société d’ailleurs, a une mission. Cette mission de service public est d’approvisionner régulièrement le pays en produits pétroliers. Cet approvisionnement-là se passe correctement.
C’est le moins que l’on puisse dire puisque le marché est régulièrement approvisionné dans les termes et les conditions de cette mission de service public. Évidemment, cela suppose beaucoup d’engagements financiers. Mais la Sar s’acquitte de toutes ses charges de fonctionnement, paie ses fournisseurs. Elle paye ses salaires, donne les primes dues aux travailleurs et paie ses impôts. On peut dire que c’est une société qui se développe et fait des investissements pour, d’abord, maintenir ses équipements mais aussi améliorer ses outils et autres. Je peux donc dire que la Sar se porte bien.
Quel est l’impact des créances de l’État via la Senelec sur la situation financière de la Sar ?
Ces impacts, habituellement, peuvent être source de difficultés si ces créances atteignent des niveaux importants. Comme vous le savez, elles ne concernent pas seulement la Senelec mais la filière Senelec, les ‘’IPP’’ c’est-à -dire les producteurs indépendants de pétroles et la Senelec elle-même comme client. La Senelec est un grand client de la Sar. Nous avons un marché qui tourne autour d’un peu plus de 220 milliards par an.
Evidemment, compte non tenu des IPP. S’il y a des difficultés de paiement, forcément cela se répercute sur les engagements de la Sar a vis-à -vis de ses partenaires financiers puisque les produits pétroliers sont portés sur la base de lettres de crédits ouvertes auprès des banques. Il arrive, quand ces encours-là sont importants, qu’effectivement à l’échéance la Sar éprouve des difficultés pour payer. Ce, même s’il y a toujours des mécanismes financiers pour faire face à ses obligations et encore même si ces mécanismes financiers coûtent de l’argent quand même parce que c’est des intérêts qui sont payés.
Par le passé, ces encours ont atteint des niveaux importants qui ont pu amener quelques difficultés. Mais, ce qu’il faut noter, c’est que depuis quelques temps le gouvernement a pris toutes les dispositions, à travers le ministère des Finances et du Budget et aussi à travers son véhicule technique qui est le ‘’FSE‘’ — c’est-à -dire le Fonds de soutien à l’énergie — pour que la situation s’améliore de façon très significative. Les encours, il ne saurait en manquer parce que quand vous vendez à un client et que vous facturez il y a toujours des encours. Mais, aujourd’hui, le niveau de ces encours n’entrave en rien le fonctionnement de notre société. Il se situe à un niveau courant.
De ce point de vue, beaucoup d’efforts ont été faits. Et le plus important est que la vision du gouvernement, sur instruction de son excellence le président de la République, c’est de mener une réflexion prospective qui permette d’avoir des solutions structurelles et durables. Et cela a été fait parce qu’à partir du moment où le plus gros de la créance a été réglé et que cette vision est mise en œuvre, on peut être très optimiste. Pour l’instant, encore une fois, le plus important c’est que, malgré le Covid-19 avec ses impacts économiques et malgré les difficultés, le ministère des Finances et le ministère de l’Energie ont trouvé des ressources pour que la situation se stabilise et elle l’est maintenant.
À chaque fois qu’on parle de la Sar, on fait allusion à des ruptures dans l’approvisionnement en produits pétroliers dans notre pays. Qu’est-ce qu’il en est réellement ?
Réellement, il n’y en a pas. Parfois, la presse ne fait pas son devoir qui d’aller à la source de l’information. Nous avons vu beaucoup de vos confrères faire des manchettes sur d’éventuelles ruptures de produits, des délestages, etc.
Par la grâce de Dieu, il n’y a en a pas encore. Nous avons fait des communiqués pour informer l’opinion du fait que ce n’est pas le cas et nous espérons que ça n’arrivera pas parce que nous avons été instruits et parce que c’est notre mission de prendre des dispositions pour qu’il n’y ait pas de ruptures. Mais aussi tous les moyens ont été mis en œuvre pour que, justement, cela n’arrive pas. Vraiment, ce que l’on peut dire sur ce point, c’est qu’il n’y a pas de ruptures et qu’il n’y en aura pas.
Malheureusement, nous sommes dans un pays où beaucoup de personnes ont leur mot à dire sur beaucoup de choses qu’elles ne maîtrisent pas pour des intérêts que parfois on ne comprend pas. S’il y avait des difficultés, nos responsables de la communication allaient évidemment faire comme leurs confrères de la SONES et de la SENELEC.
S’il y avait réellement des problèmes dans l’approvisionnement, la Sar elle-même communiquerait pour dire aux populations « attention telle difficulté peut intervenir » pour qu’ensemble, nous prenions les dispositions qu’il faut. Mais je peux vous dire qu’à aucun moment, cela n’a été envisageable, car la clairvoyance des autorités qui ont défini cette politique énergétique ainsi que notre ferme volonté de faire les choses dans les normes, font que ce genre de problèmes n’est encore jamais arrivé.
Le cabinet Citac Africa Lmt avait, en 2013, fait un rapport sur l’avenir de la Sar. Un rapport dans lequel il avait indiqué d’énormes cercles de danger. Quelles sont les mesures que vous avez prises pour respecter les recommandations de ce cabinet ?
Le rapport du cabinet Cita a été commandité par le conseil d’administration à l’époque. Citac est un cabinet reconnu dans l’industrie pétrolière et qui produit régulièrement des documents techniques de référence. Citac est un partenaire de la Sar, notamment de l’Association des raffineurs africains, et qui connait bien son métier. La Sar date de 1961 et sa mise en exploitation en 1963, elle a 60 ans d’existence.
Avec le temps, il faut à intervalles réguliers faire de maintenance. Il faut savoir que la loi nous impose de faire une maintenance générale tous les cinq ans pour mettre à niveau tous les équipements. Cela est fait de façon plus ou moins régulière. Aux États-Unis, on n’a pas construit de raffinerie depuis la 2e guerre mondiale parce que ce sont des outils dont la maintenance est faite. Le Président Macky Sall a, à son arrivée au pouvoir en 2012, décidé de maintenir la Sar et d’investir. Ce malgré d’intenses lobbyings exercés de partout et qui voulaient que la Sar soit démantelée.
Justement, est-ce que la Sar envisage une extension ou une modernisation dans la zone où elle se situe vu que des populations sont venues s’installer tout autour ? D’une manière générale, quels sont vos projets ?
La Sar a une superficie de 92 hectares. Près du 1/3 peut être disponible. L’autre partie est habitée. Il y a des unités nouvelles qui sont en train d’être construites dans notre enceinte. Le projet d’extension et de modernisation des installations de la Sar et d’augmentation de ses capacités, lancé depuis novembre, est attendu pour être livré en septembre 2021. Il entre exactement dans ce cadre. Ce projet-là va augmenter les capacités de la Sar de 30 %. On va passer de 1,2 million à 1,5 million de tonnes. Il va remettre à niveau beaucoup d’installations.
Notamment, il va réduire considérablement la torche que vous voyez, parce que c’est jusqu’à 2 % de la production parfois qui va en fumée Elle va être réduite drastiquement, cette torche. Mais ce va projet permettre surtout de traiter le pétrole brut du Sénégal. Ce qui fait que le Sénégal ne devra plus importer le pétrole brut du Nigéria comme c’est le cas actuellement. Evidemment, on n’a pas besoin d’insister, mais c’est important et c’est évident que ça va renforcer la sécurisation de l’approvisionnement de notre pays en produits pétroliers.
La notion de sécurité, qui est une notion importante, qui va être réglée parce que le pétrole ça va au large de Dakar et il y aura un effet financier important pour la Sar d’abord parce qu’il n’y aura plus de lettres de crédits en devises parce qu’il faut savoir qu’on achète en dollars aujourd’hui et qu’on va acheter en CFA à partir d’un fournisseur local qui est Petrosen et ses associés. Et, comme le prévoit le Code pétrolier, c’est ça qui sécurise les besoins du Sénégal.
Il faut savoir que le Code pétrolier, déjà , le prévoit, on dit à découverte : avant d’exporter quoi que ce soit, les besoins nationaux sont primordiaux, vendus au prix du marché, c’est vrai, mais vendus en devise locale, vendu aussi à travers un contrat qui est déjà prévu par le Code pétrolier. Et donc, pour rassurer les Sénégalais, c’est l’objet de ce grand projet qui rentre dans la vision du chef de l’Etat, qui avait dit d’abord que les ressources nationales appartiennent au peuple. A travers la Constitution, il l’avait prévu. Mais aussi le référendum l’a adopté. Le Président a décidé que, sur les ressources nationales qu’on a, il faut qu’on y ajoute de la valeur locale.
La Protection civile a demandé à la Sar et à l’Etat, depuis 2011, de procéder au démantèlement de la ligne de pipeline de 15 km qui relie la Sar au Port de Dakar. Elle avait même suggéré que ces installations passent dans la mer pour éviter des catastrophes en cas de fuites. Hélas, rien n’est encore fait malgré les nombres fuites notées sur la ligne. Voulez-vous attendre qu’il y ait catastrophe pour ensuite venir faire du médecin après la mort ?
La Sar a lancé une étude sur ces recommandations. Le rapport a été donné. Aujourd’hui, l’appel d’offres est lancé pour un sea-line qui aura une double mission. La première est que de sécuriser l’approvisionnement en abandonnant progressivement le réseau de pipeline qui vient du Port autonome de Dakar. Beaucoup de mesures sont prises sur ça avec tous les services compétents de l’État et les populations.
C’est le lieu de féliciter les populations et les maires des communes concernées pour leur collaboration à une solution radicale. Nous sommes donc en train de lancer la sélection de fournisseurs pour la réalisation de ce projet. Le 22 juillet 2020, le président de la République avait instruit le gouvernement pour que les installations de la Sar fassent l’objet d’une attention encore plus soutenue en matière de sécurité et de sûreté.
Depuis lors, beaucoup de choses ont été faites en ce sens par les ministères concernés et les autres services de l’Etat. Le sea-line, nous comptons le démarrer en 2021. Donc, les populations peuvent être rassurées. Nous savons que leur préoccupation est d’ordre citoyen. En effet nous avons sur la ligne du pipeline des mosquées, des maisons, des marchés, des commerces entre autres. Donc, nous sommes très conscients des dangers qu’encourent les riverains…
Le Sénégal va, dans deux ans peut-être, commencer à exploiter son pétrole et son gaz. Est-ce que vous aurez votre part du pétrole et du gaz qui seront extraits ? Estce que vous avez aussi des installations adaptées pour les raffiner?
On a déjà discuté dans le cadre du contrat d’achat d’énergie qui est prévu par le Code pétrolier qui a octroyé la licence à Petrosen. Cet accord est déjà signé et, donc, les besoins de la SAR seront prélevés avant d’exporter quoi que ce soit. C’est cette indépendance énergétique et cette souveraineté qui sont visées par ce projet. Nous avons déjà les échantillons de ce pétrole qui ont été testés dans nos laboratoires et les nouvelles unités qui sont en train d’être installées, vont être calibrées sur ça. Le projet que nous sommes en train de faire, porte sur l’augmentation de capacité et l’adaptation à ce brut et donc, on va pouvoir le faire.
Le conflit entre Khadim Bâ et son père a été transposé à la Sar. Quels sont les impacts sur votre société de ce conflit qui oppose le père et le fils ?
La première chose que je peux dire est que, d’abord, moi je suis directeur général. Je gère une société par la confiance du conseil d’administration. Ma mission, c’est de gérer la société et de conduire ses missions dans le cadre des prérogatives qui me sont données et jusque-là , d’abord par la confiance du chef de l’État. Car il faut rappeler qu’à la Sar, l’Etat est l’actionnaire majoritaire. Il nomme aux fonctions et propose au conseil d’administration, qui, aussi souverainement, a décidé de me nommer.
Par rapport à Locafrique, c’est un problème entre un père et son fils. Donc, un problème familial. Et quand c’est des problèmes de famille, ma posture m’interdit d’avoir une opinion publique là -dessus. J’ai des relations humaines reconnues avec les deux acteurs. Tout ce que je dois alors dire ou faire, je le fais à titre personnel et dans le cadre de ces rapports personnels. Cela dit, c’est vrai que Locafrique est un actionnaire important de la Sar et il faut s’en féliciter.
La Sar aujourd’hui est contrôlée à 85 % par l’Etat et le secteur privé national. C’est une révolution. C’est une grande avancée du président de la République Macky Sall, qui l’a voulu ainsi et qui a donc décidé que les actions que détenait le Groupe Ben Laden à hauteur de 34 % soit cédées à Locafrique. C’est une réponse éloquente à tous ceux qui parlent de préférence nationale que les secteurs stratégiques soient contrôlés par des nationaux. C’était du contenu local avant que la loi régissant cette notion ne soit même promulguée et on se réjouit de cet état de fait.
Si on va même plus loin, on peut même parler de 93 % du capital si on y met SARAC, une société nigériane reconnue et donc contrôlée aussi par des Africains de la Cedeao. Tout cela c’est aussi pour faire un clin d’œil à cette grande ambition du président Senghor, qu’il avait appelée Société Africaine de Raffinage. C’est une bonne démarche. Cela dit, un actionnaire important, quand il a des problèmes en interne, ça peut avoir un impact sur le conseil d’administration. Sur le fonctionnement régulier de la SAR, il n’y a aucun impact direct même si, sur l’environnement de la SAR, il y a effectivement des traitements médiatiques qui ont été faits et beaucoup de personnes sont intervenues sur le problème sans pour autant le maitriser.
Le Sénégal a été classé tout dernièrement parmi les pays qui ont le taux de chômage le plus élevé au monde. N’est-ce pas un échec de votre gouvernement qui avait promis plus un million d’emplois aux jeunes ?
La première lecture, c’est que ce n’est pas un rapport. C’est des Fake-news, ce sont des gens qui sont au Sénégal ou d’ailleurs qui ont l’habitude de dire ça. Il n’y a aucune source crédible pour croire que ce rapport a été émis par un organisme reconnu comme tel. Ce qui existe, qui est reconnu et qui émane de l’OIT et du BIT, c’est que le Sénégal a un taux de chômage qui tourne autour de 16% et ça, je pense que tout le monde le sait. Cela est déjà beaucoup, mais il faut savoir comment ce taux a atteint ce niveau parce qu’on sait que nous avons un système scolaire qui est en déphasage avec les besoins d’emplois sur le marché.
Si vous avez 100 mille jeunes qui arrivent, il y a les correctifs qui sont en train d’être faits, notamment en mettant l’accent sur la formation professionnelle, je n’ai pas besoin de développer tout le programme des lycées techniques, des écoles, des instituts supérieurs et IEP qui sont un peu partout et qui ont commencé à germer. Je n’ai pas besoin non plus d’insister sur toutes les réformes qui sont en train de se faire au niveau de l’enseignement pour faire de sorte que nos enfants ailent plus vers les filières scientifiques ou l’apprentissage des métiers.
Et puis il y a le Bureau de mise à niveau (Bmn) et beaucoup d’autres instruments que l’Etat est en train de mettre en œuvre de manière progressive. Je pense qu’aujourd’hui, la méthode de calcul et d’appréciation voire de définition des taux de chômage dans nos pays, si elle n’est pas faite par des organismes qui connaissent nos contextes et le très sérieux rapport de l’ANSD qui sort des bulletins périodiques en illustration, a des chances de ne pas cerner la réalité, car nous avons une économie informelle.
Ce qui fait que quand vous lavez des voitures, quand vous êtes cordonniers, vous êtes un tailleur avec un atelier ou quand vous êtes coiffeuse avec 4 ou 5 personnes, vous avez des gens qui ont un travail. C’est pareil comme quand vous avez un hôtel ou un restaurant, même s’il y en a beaucoup qui sont informels etc. Si on regarde la définition étymologique du chômeur, le Sénégal ne peut pas être à ce niveau. Et personne n’a pu expliquer qu’il y a quelques années, on était à 16 ou 17% et que subitement le taux baisse. Ce, alors que nous avons un taux de croissance soutenu de 6 %, alors que nous avons de nouvelles unités industrielles, aujourd’hui il y a de nouveaux hôtels partout où des jeunes travaillent… C’est une « fake-news », je pense que c’est de bonne guerre. C’est ceux qui sont effectivement dans une mauvaise posture qui racontent ce genre d’histoire. Ce sont des chiffres complètement farfelus et je pense que personne ne croit à ça.
Pour relancer l’économie de notre pays, qui a été fragilisée par la Covid-19 au même titre que celles du monde entier, le président de la République a lancé le PAP2. Quel rôle jouera la Sar pour aider le gouvernement à relancer notre économie ?
Il convient d’abord saluer cette vision du Président, déjà le PAP2 était un plan d’action prioritaire, phase II parce que la phase une du PSE, qui est un programme sur 20 ans devant être évalué tous les cinq ans, nous avons déjà un avant-goût parce que la croissance est là , nous l’avons dit, elle était régulièrement soutenue pendant cette période et tournait autour de 6%. Nous avons vu tous les résultats extraordinaires que nous avons faits dans la politique d’infrastructure, quelles soient routières, universitaires ou sanitaires…
Nous avons vu les avancées dans le capital humain, les performances agricoles surtout les variétés et donc on attend encore cette année des chiffres record pour les récoltes. Si tout ce confirme, puisqu’il y a eu une bonne vision en amont de dotation de 60 milliards de francs pour les équipements agricoles et les semences et engrais et tout le reste… Donc ce PAPII a déjà été défini pour être le prolongement à travers un programme des grandes idées de la 5-3 (…)
La Covid-19 est un événement majeur inattendu qui a bouleversé l’ordre mondial, qui a tout changé et il fallait évidemment être dynamique et réactif et l’adapter à ce contexte. Je pense que c’est ce que le Président a décidé de faire et vous voyez qu’il a posé par rapport à ces problématiques tel que c’était prévu, l’accent a été mis sur des secteurs pointus et la Sar est évidemment un de ces secteurs. Le programme extension et de modernisation, qui va traiter les problèmes pétroliers du Sénégal, donne une grande réponse.
Nous n’allons plus dire que nous allons attendre les bateaux de pétrole qui viennent d’ailleurs, nous allons, à partir SAR, nous approvisionner localement et c’est une grande réponse. C’est pareil pour le secteur de l’énergie en général, la politique de contenu local, ce que vous avez vu la dernière fois avec cette centrale de Castou Paok qui va arriver.
L’approvisionnement du Sénégal, notamment de la Senelec, est aujourd’hui déjà faite déjà par la SAR à travers des camions de fuel, régulièrement tous les mois. Dans quelques temps, on n’aura plus besoin de SAR, la Senelec va s’approvisionner localement à partir du gaz et si vous faites, ça vous le rajoutez aux 30 % attendus des énergies renouvelables en fin décembre, ce qui est un record presque mondial. 30 % de la production d’énergie qui soit renouvelable, donc le Sénégal deviendra un pays autonome parce que le grand enseignement de la Covid-19, c’est qu’il y a des besoins primaires qui doivent être réglés sur place. Des besoins sans lesquels, évidemment, il n’est pas possible d’avoir la sécurité et la souveraineté.
L’accent sera aussi mis sur la santé car, avec cette pandémie, on a vu que beaucoup d’équipements qui paratssaient banals, ont fait l’objet de guerre. Quand les Etats unis et d’autres grands pays se battent dans les aéroports pour avoir des masques, c’est une leçon pour tous. Les mêmes efforts vont être faits dans l’agriculture pour que l’autosuffisance soit assurée. Je pense que, sur certaines céréales, nous avons cette autosuffisance, dans l’horticulture, sur certaines filières comme la tomate cerise et d’autres nous l’avons déjà , il faut accentuer les efforts sur le riz et les autres denrées. Un autre secteur qui est porteur de croissance, porteur d’emplois et dans lequel les Sénégalais excellent, c’est la digitalisation, c’est le numérique de façon globale, donc la SAR. A cette relance, pour me résumer, la Sar va évidemment contribuer à travers un approvisionnement régulier, sécurisé et à des conditions, je l’espère, qui seront plus économiquement abordables…
Allons à Pire pour parler de votre gestion de cette municipalité que vous dirigez depuis 2014. Quel est votre bilan après 6 ans de gestion ?
Le bilan, il est satisfaisant même s’il n’est pas encore à la hauteur de nos ambitions. Il faut aussi savoir que, moi, j’avais fait campagne sur la base d’un document de référence qui portait sur 31 projets qui balisaient les différents secteurs de la vie. J’ai fait un Pse local qui parlait d’environnement, qui parlait Pire vert, qui parlait d’éducation, qui parlait d’alphabétisation, qui parlait d’infrastructures, qui parlait de la santé, qui parlait de beaucoup de choses. Nous avons entrepris une palette pour accéder à l’eau potable et à l’électricité parce que nous sommes une commune de plus de 27 000 habitants avec 60 villages.
Nous avons donc fait des avancées sur l’accès à l’eau et l’électricité. Nous avons pratiquement connecté l’ensemble des 60 villages pour un accès à l’eau potable et nous travaillons sur des programmes d’extension. Nous aurons à la fin du processus en cours actuellement, une trentaine de villages connectés à l’électricité alors qu’il y en avait trois dans les villages environnants. Et avec l’accès universel, qui est une composante forte du programme du Président en 2025, l’ensemble des villages auront accédé à l’eau et à l’électricité, ça change radicalement beaucoup de choses. Nous avons un programme d’infrastructures avec le PUDC où nous avons un certain nombre de dossiers en cours. J’espère en tout cas rencontrer le directeur général du PUDC.
Dans sa mission et dans son programme, nous avons un certain nombre de pistes rurales qui sont attendues. Nous avons fait aussi beaucoup de choses dans l’éducation, nous avons renforcé le lycée en salles de classe même si ce n’est pas une compétence transférée, nous avons un lycée d’excellence qui manquait cruellement d’infrastructures, nous l’avons renforcé en 4 classes et des tables bancs. Nous avons créé un CEM même si ce n’est pas notre compétence par notre volonté personnelle. Nous avons fait ouvrir un CEM qui se consolide et nous travaillons beaucoup.
Nous avons dans nos projets et nos programmes un nouveau lycée qui malheureusement ,n’est pas encore réalisé mais nous avons des assurances dans le programme global de l’Etat à travers le PSE. Nous avons réhabilité la Case des tout-petits, qui était dans un état de délabrement avancé et nous avons réfectionné un certain nombre d’écoles dont celle où moi-même j’ai eu honneur de faire mes classes et qui a été construite en 1912. Un établissement qui a formé des élites, des agrégés, des médecins, des ingénieurs et autres cadres. Nous avons clôturé un certains nombre d’écoles, nous avons construit des écoles, des classes, nous avons entamé la résorption progressive des abris provisoires. Nous avons aujourd’hui, 19 écoles dans toute la commune et évidemment, nous avons renforcé les dotations afin que ces écoles puissent, dès la semaine prochaine, distribuer les fournitures pour le début de l’année scolaire.
Pour la santé aussi, nous avons une dotation conséquente, qui est régulièrement versée et nous avons soutenu et nous soutenons nos étudiants qui sont dans les principales universités notamment à Dakar, à Thiès, Bambey, à Ziguinchor et à Saint Louis. Nous étions à deux postes de santé et nous en avons quatre actuellement… Nous avons l’un des rares centres de dépistage du cancer du col de l’utérus qui est un centre hyper moderne. A l’époque, quand on le construisait, c’était le deuxième du Sénégal et nous l’avons mis dans le patrimoine de l’Etat. Le Dr. Kassé nous a fait l’honneur de venir le visiter et l’inaugurer.
Nous avons essayé, et c’est important d’informatiser l’état-civil. Nous avons initié un programme de crédit vert, j’ai en tant que maire décidé de prendre en charge l’ensemble des frais et initié le financement de 50 millions destiné exclusivement aux mouvements de femmes où chaque mouvement de femmes a reçu de 100.000 à 500 mille francs et donc nous prenons en charge l’ensemble des frais. Les femmes ont payé à 100 %. Ce n’est pas une surprise. Nous avons reconduit le financement pour porter le montant de 50 à 100 millions. Nous sommes en train de recouvrer les créances.
L’idée, c’est que, quand nous aurons fini, nous aurons créé cet esprit d’entreprenariat pour les femmes. Puisque nous l’avons fait avec une institution de micro-crédit. Nous avons incité les membres à ouvrir des comptes, à contracter un prêt pour conduire un projet, payer à la fin afin de bénéficier d’un autre financement. Nous sommes en train d’évaluer les 100 millions. Après, nous allons essayer de les porter à 150 millions en prenant personnellement en charge tous les frais relatifs à l’octroi de ces crédits. Cela permet à certaines d’ouvrir des salons de coiffure, d’autres des ateliers de couture ou autres.
Macky Sall a abordé, lors de la première édition de la Journée de la décentralisation, la lancinante question du foncier. D’ailleurs, il a affaibli les maires en leur ôtant le pouvoir d’octroyer directement des terres. Du moins, concernant les très grandes superficies. N’est-ce pas une humiliation faite aux élus locaux ?
Nous ne sommes pas affaiblis mais nous avons besoin de prendre conscience que la question foncière est sensible. Elle est la première source probable de conflits dans un pays. Nous avons la chance d’hériter d’un Etat nation. Nous n’avons pas de problèmes ethniques et religieux heureusement. Il reste néanmoins l’eau et le foncier. Pour l’eau, le Pudc a fait un excellent travail. Le Caemes va venir régler beaucoup de problèmes et en 2025 l’accès universel sera garanti. La question foncière, quant à elle, est circulaire et touche les familles. L’avenir doit donc être pris avec beaucoup de précaution.
Si j’avais un reproche à me faire en tant que maire, c’est que, depuis que je suis élu, je n’ai pas distribué de parcelles. C’est une question que je prends très au sérieux. Beaucoup de mes adversaires me le reprochent, et même certains de mes partisans. Nous avons certes un programme de dotation de parcelles mais il se fera de façon organisée. C’est vrai que le domaine national et la loi qui régie le foncier se tournent dans le rural. Mais, nous devons aussi concilier beaucoup de choses.
Par exemple comment, par rapport aux défis que nous avons, garantir notre développement en milieu social tout simplement par l’agriculture pour créer de l’emploi et de la valeur. L’agriculture aujourd’hui, c’est produire assez pour nous nourrir, transformer localement pour nos besoins, assurer notre indépendance, créer de la valeur et des emplois. Il faut aller dans le sens de cette équité territoriale qui veut que l’Etat fasse des infrastructures sociales un peu partout afin que l’on puisse naître dans un coin, y grandir, y travailler et y rester. Cela ne peut pas se faire sans investissement massif dans l’agrobusiness. Il y a en même temps le renforcement des droits des populations, ceux des collectivités territoriales qui ont un rôle important dans l’attribution de ces terres. Seule une concertation et un partage des responsabilités de façon équilibrée et efficiente pourraient nous permettre d’y arriver (…)
L’intervention des gouverneurs à partir de 50 hectares permet à mon avis, de partager les responsabilités, d’amener plus de vigilance et moins de contrôle sur la chaine pour éviter qu’on se retrouve avec des problèmes à la fin. Aujourd’hui, avec 10 hectares, si c’est un bon projet bien étudié, validé par le sous-préfet même si ça passe, cela peut créer des tensions. Au niveau du préfet, 30 hectares, cela aura les mêmes limites parce que le sous-préfet et le conseil municipal l’auront vu et approuvé, c’est un autre niveau de responsabilité.
Cette façon de faire, c’est impliquer davantage tout le monde. Il faut simplement que ça soit un mécanisme qui fonctionne et qui ne soit pas bloquant. Je pense que nous avons une situation très compliquée mais aussi bien son Excellence a raison de réagir et d’alerter. Le président de l’Ams a lui aussi eu raison de dire que c’est des responsabilités partagées. L’administration centrale, les domaines, le ministère en charge de ces questions sont tous aussi responsables. Parce que les baux, les autorisations de construire sont des prérogatives des collectivités territoriales mais ce n’est pas toujours ces dernières qui les donnent. Donc, cet appel du Chef de l’Etat, cette mise en garde plutôt, est plus une invite à plus de responsabilité, à plus d’attention, à plus de concertation sur la question entre l’Etat central et les collectivités territoriales pour qu'ensemble, nous puissions être beaucoup plus vigilants et rigoureux.
Terminons avec la polémique sur le 3e mandat. Si certains souteneurs du Président Macky Sall pensent qu’il peut briguer un autre mandat, ses adversaires soutiennent le contraire. Quelle est votre position sur ce sujet ? Pensez-vous que le Président Macky Sall a droit un 3e mandat ?
Aussi bien les souteneurs du président que ses contempteurs ont tous tort. On ne peut pas avoir des élections l’année dernière, dans une démocratie consacrée comme celle du Sénégal, et un an après les élections, parler d’élection présidentielle. Ils ont tous tort de zapper les élections locales pour parler de réélection du président de la République. Si on veut parler d’élection, les locales sont là . On n’a qu’à en parler puisqu’il s’agit d’élections de proximité.
Au-delà , il y a les législatives de 2022. Même en Guinée et la Côte d’Ivoire, puisque c’est l’actualité, vous n’avez jamais entendu parler de présidentielle avant l’année précédant ce scrutin c’est-à -dire c’est-à -dire l’année dernière. Dans notre pays, en 2023, quand les candidats se manifesteront, on verra qui est candidat et qui ne l’est pas. Je ne vois pas pourquoi on ne pose à aucun potentiel candidat de l’opposition la question de savoir s’il sera candidat ou non et on veut que nous, la majorité, qui sommes élus brillamment, nous attarder sur ça. Alors que nous devons nous concentrer sur les choses utiles actuellement. Nous avons actuellement la covid-19 et ses exigences. Nous devons alors voir comment pousser notre pays vers l’émergence.
Le Président de la République a lancé le PAP2. Nous devons tous le soutenir en ce sens. En tout cas, nous, au niveau de la Sar, sommes sur ça. À Pire aussi où je suis le Maire, nous travaillons à atteindre les objectifs qui sont là et relever les défis avec son Excellence le Président Macky Sall. J’en profite pour appeler la majorité présidentielle à s’inscrire dans PAP2, à s’inscrire dans la plan de relance économique, à s’inscrire dans la résolution des problèmes des sénégalais. Pour le moment, je pense que ce débat sur le 3e mandat est inutile. Et quand c’est inutile, moi, je ne participe pas…
Le Témoin