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Momar Ndiongue : «les conséquences du parrainage pourraient nuire à Macky Sall» (Analyste)


Rédigé le Vendredi 4 Janvier 2019 à 20:11 | Lu 106 fois | 0 commentaire(s)



La situation politique sénégalaise est pour le moins perturbée notamment avec le parrainage et ses conséquences. C’est la conclusion du journaliste-analyste politique Momar Ndiongue. Ce dernier, dans un entretien accordé à PressAfrik, a décortiqué cette ambiance électrique, avec l’effet boomerang que pourrait susciter cette mesure perçue au début comme une stratégie mise en œuvre par le Président Macky Sall pour se débarrasser d’adversaires politiques, en favorisant le regroupement de l’opposition. Entretien.


PressAfrik : Quelle analyse faites-vous concernant le rapport de force entre opposition et pouvoir ?  
Le rapport de force était jusque-là plutôt favorable à Macky Sall pour une raison bien simple. Il avait réussi à faire en sorte que les agendas de l'opposition ne soient pas conformes. Quand Karim Wade était en prison, Khalifa Sall lui, était en liberté. Et le combat pour la libération de Karim Wade n'a été mené que du bout des lèvres par le reste de l'opposition. Quand Karim Wade a été élargi par le biais de la grâce présidentielle, c'est le tour à Khalifa Sall d'aller en prison. Et là aussi; il n'y avait pas eu l'unanimité de l'opposition pour combattre farouchement pour sa libération.  

D'ailleurs, Me Wade avait eu à reprocher farouchement à la famille politique de Khalifa Sall de n'avoir pas soutenu Karim Wade quand il était en prison. Et quand Karim Wade et Khalifa Sall ont semblé presque être hors-jeu pour la Présidentielle, il y a eu les autres ténors de l'opposition qui étaient en embuscade et qui se disaient qu'en l'absence de ces deux-là, ils avaient la possibilité de faire leur trou et de tirer les marrons du feu.  

C'était le cas de Pape Diop, Idrissa Seck, Malick Gackou, et d'autres membres de l'opposition. Il y a même ceux que j’appelle les techno politiques qui ont les mêmes profils que les Sonko, Abdoul Mbaye, Boubacar Camara, Pierre Goudiaby Atépa qui se disaient qu'eux aussi, en l'absence du Pds et de son candidat en l'occurrence Karim Wade, en l'absence de la famille politique proche de Khalifa Sall, Taxawu Senegaal, ils avaient peut être leur carte à jouer. Donc jusque-là, les agendas n'étaient pas les mêmes.  

Ma meilleure preuve c'est qu'au moment où, aussi bien les partisans de Karim Wade que de Khalifa Sall se battaient pour faire sauter l'obstacle juridique à leur candidature, les autres étaient sur le terrain de la collecte. Et là où Karim Wade et ses partisans disaient que sans sa présence, il n'y aurait pas d'élection, les autres, dans le cadre d'une plateforme comme la Pose, se disaient, eux, qu'il fallait qu'ils travaillent pour sécuriser les élections. 

Et ce n'est pas d'ailleurs un hasard quand on a vu que le Parti démocratique sénégalais (Pds) n'était pas tellement emballé par les activités que menait la Pose. Et son absence s'est fait sentir parce qu'eux, ils avaient un agenda autre, qui était d'empêcher la tenue d’une élection où Karim ne serait pas candidat, alors que les autres sont dans une optique de participer à l'élection et de la sécuriser. 

"On risque d'avoir un front anti-élection plus large" 

Mais à la suite de ce qui s'est passé avec le parrainage, avec beaucoup de candidats qui ont été recalés, Macky Sall risque, avec le Conseil Constitutionnel par ricochet, de créer les conditions d'un regroupement des anti-élections. Si les autres sont dans une position aussi radicale après avoir été déboutés pour le parrainage, on risque d'avoir un front anti-élection plus large.  

Avec cette configuration, est ce que l'unité de l'opposition peut perdurer?  

Non, l'unité ne va pas perdurer. Parce que le jour où les 23 candidats ont décidé de mettre en place un front pour remettre en cause le principe du parrainage et voir quelle est l'attitude à tenir. C’est à la suite de ça qu’Ousmane Sonko a lancé sa coalition avec dix partis, associations et mouvements autour de Pastef, qui veulent travailler à son élection. 

Comme je l’ai dit, encore une fois, des personnalités du profil comme Sonko se disent que c’est une chance unique qu’ils ont de pouvoir tirer leur épingle du jeu lors de cette élection en l’absence de candidat politique avec des familles politiques larges et remarquées comme Karim Wade et Khalifa Sall et eux se disent  qu’ils ont une très belle carte à jouer. 

"C'est une chance unique pour des candidats comme Sonko" 

Il y a deux options possibles pour l’opposition tant bien le camp anti-élection parvient à imposer un rapport de forces en se mobilisant pour saboter ou empêcher pour la tenue des élections mais pour cela, il faudrait que le front soit assez large et que les populations  suivent. Ce qui n’est pas toujours évident. Et si cette perspective de sabotage du scrutin ou de perturbation n’a pas lieu, ces candidats pourraient se dire que comme ils ne peuvent pas s’opposer à  la tenue des élections sur le terrain politique parce que les populations ne suivent pas dans les opérations de guérilla qu’ils demanderont. S’ils peuvent se résoudre à travailler à des alliances. 

Parce que j’ai toujours pensé que l’autre atout du parrainage, même si il y a eu beaucoup de choses que les gens considèrent comme de travers, c’est qu’une fois que ce sera fait ça devait automatiquement déclencher un jeu d’alliance. Parce qu’il y’en a qui ne sont pas pour le parrainage,  mais il y en a d’autres qui passeront à la trappe.  Et ces derniers seront obligés en un moment donné, s’ils ne peuvent pas empêcher la tenue d’une élection sans Karim Wade, de s’allier aux candidats qui ont pu franchir le cap du parrainage. 

Quelles sont les cartes à jouer aussi bien du côté du pouvoir que l'opposition ? 

L'opposition a deux possibilités. La première est qu'à partir du moment où le constat a été fait qu'il y a beaucoup de candidats qui n'ont pas franchi l'obstacle du parrainage, qu'ils déclenchent un jeu d'alliances, selon la proximité des visions et des programmes de société pour soutenir les candidatures.  

S'ils se disent, c'est le camp favorable au Pds et qu'il n'y a rien à faire dans élections et qu'il faudrait qu'on aille dans le sens d'un boycott. Parce que ce qui se passe, préfigure d’un simulacre d'élection. A partir de ce moment, le camp du boycott pourrait l'emporter. Donc voilà les deux cas de figures qui se présentent pour l'opposition. 

"Macky ne peut pas se permettre une réélection sans 3 candidats d'envergure"

Pour le camp du pouvoir, il s'agit de crédibiliser éventuellement une élection de Macky Sall. Et comment crédibiliser une élection du Président Macky Sall et faire en sorte qu'un certain nombre de candidats y participent. Parce que Macky Sall ne peut pas se permettre d'avoir une réélection sans se retrouver avec un, deux ou trois candidats d'envergure. Donc ça va chahuter son élection. Ils vont travailler sans doute dans cette direction, consolider ceux qui ont passé le cap du parrainage, donner un certain nombre de gages pour dire que, voilà ceux qui auront été recalés l'ont été soit par la justice, soit parce qu'ils n'ont pas rempli les critères. Donc voilà comment se présente la situation. 




 


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