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Dakar ‘’capitale de l’émergence’’, ville désordonnée et bruyante. (Par Mody Niang)


Rédigé le Jeudi 28 Mars 2019 à 13:00 | Lu 219 fois | 0 commentaire(s)



Dans ma précédente contribution, j’annonçais que la suivante, donc celle-ci, serait consacrée à deux autres maux que nous traînons depuis de longues années : l’incivisme et l’indiscipline. Je commencerai par préciser que l’expression ‘’Dakar, capitale de l’émergence’’ n’est pas de moi. Je l’ai empruntée à une affiche géante de la coalition ‘’Bennoo bokk yaakaar’’ qui était visible à Dakar comme dans nombre d’autres villes du pays, pendant toute la dernière campagne électorale et même plusieurs mois avant. Naturellement, les guillemets de ‘’capitale de l’émergence’’ sont bien de moi. Il suffit de lire ma contribution du 19 mars dernier (‘’WalfQuotidien’’, ‘’L’Exclusif’’ et Dakar-Times’’) comme celle-ci, pour comprendre aisément pourquoi.


Revenons donc à notre sujet du jour qui m’a toujours préoccupé et auquel j’ai consacré un nombre important de contributions. J’ai été jusqu’à interpeller, dans l’une d’elles, directement et publiquement des autorités chargées de la question. Elle avait pour titre : « Ministère de l’Environnement et autres autorités publiques, où êtes-vous ? » (xalima.com du 9 septembre 2014). J’y faisais remarquer notamment ce qui suit : « Notre capitale nationale mérite d’être secourue. Elle n’est pas seulement défigurée d’ailleurs, loin s’en faut, par les ordures ménagères, les gravats et les branchages. Elle traîne une autre plaie, celle-là aussi béante que les autres : l’indiscipline caractérisée des populations, pratiquement encouragée par la frilosité des autorités publiques, et dont l’ampleur dépasse nos frontières ». Pour illustrer alors mes propos, je me reportais à une de mes contributions publiée douze (12) ans auparavant, au quotidien ‘’Walfadjri’’ du jeudi 3 octobre 2002, et dont le titre était « Le Sénégal a besoin d’être repris en main ». Deux jours auparavant, soit cinq après le tragique et honteux naufrage du ‘’Joola’’, le Président de la République s’était adressé à la Nation. Cette adresse, de nombreux observateurs l’avaient trouvée « ferme, déterminée et en même temps apaisante », pour les quelques rares rescapés et les familles des disparus. Deux ministres lui avaient présenté leur démission. Le Président de la République reconnaissait très tôt et publiquement « la responsabilité civile de l’Etat » et « les nombreuses négligences, fautes et légèretés » qui se sont accumulées en amont, et expliqueraient pour l’essentiel la tragédie du 26 septembre 2002. Il promettait ensuite des sanctions exemplaires, à la suite des différentes enquêtes qu’il allait ordonner. 

Dans ma contribution du 3 octobre 2002, je prenais acte, avec prudence, de la démission des deux ministres et de toutes les mesures prises ou annoncées par le Président de la République. J’attendais surtout la suite qui serait réservée à tout cela car, « je ne perdais quand même pas de vue que nous vivions au Sénégal, où on nous a habitués depuis bientôt quarante huit ans à des commissions créées plus pour nous endormir que pour faire éclater la vérité et situer les véritables responsabilités ». La suite me donnera raison puisque, à l’arrivée, au moins 1800 victimes gisent au fond de l’Océan, sans qu’aucun responsable de cette tragédie n’ait été pénalement sanctionné. Cette absence de sanctions avait amené d’ailleurs la Justice française à mettre en examen de hautes autorités sénégalaises de l’époque dont le Premier Ministre Mame Madior Boye. Elles finiront d’ailleurs par bénéficier de non-lieux. 
Je rappelais dans ma contribution du 3 octobre 2002 que ce n’était pas la première fois qu’une tragédie intervenait au Sénégal avec zéro responsable. En effet, on se souvient encore de la terrible catastrophe de la SONACOS intervenue le mardi 24 mars 1992, et qui avait fait environ 140 morts et des centaines de handicapés dont certains à vie. Les fautes étaient pourtant lourdes. « La citerne qui avait explosé à l’intérieur de l’usine, du laboratoire exactement, était bourrée de 27 tonnes d’ammoniac, pour une capacité de 22 tonnes autorisée. Elle était, en outre, rafistolée en de nombreux endroits », précisais-je alors. Devant la gravité des faits, une commission d’enquête avait été mise en place par les autorités, « plus par simple formalité que par volonté réelle de situer les responsabilités ». Comme cela arrive souvent dans notre pays, la commission fut sans lendemain puisque le rapport, déposé entre les mains du Premier ministre (alors Habib Thiam), n’a jamais été exploité et aucune sanction n’a été prise, surtout pas contre le Président-Directeur général de la SONACOS (alors Abdoulaye Diop). Je signalais dans ma contribution du 3 octobre 2002 qu’il n’y avait rien d’étonnant dans cette absence de sanctions, puisque le Président de la République et le PDG de la SONACOS « étaient très proches, ayant grandi dans la même concession à Louga ». 
La tragédie de la nuit du 26 septembre 2002 – pour revenir à elle –, je m’en étais indigné en ces termes : « Par-delà les centaines de morts qu’elle a entraînées et la douleur indicible qu’elle a engendrée, a été une honte pour notre pays et a porté un coup terrible à son image. Les images peu reluisantes du naufrage du ‘’Joola’’ ont fait le tour du monde. Elles ont été relayées par de nombreuses télévisions étrangères et principalement françaises, commentées avec par moment des pics qui ne nous honorent pas. Juan Gomes de RFI avait consacré son émission ‘’Appel à l’Actualité’’ des 1er et 2 octobre 2002 au malheureux événement. » Ce n’était pas tout. Un ressortissant français intervenant de Dakar « avait, par-delà le naufrage du “Joola”, pointé un doigt accusateur sur l’indiscipline caractérisée des Sénégalais et principalement sur celle des conducteurs de ‘’cars rapides’’ et de “ Ndiaga Ndiaye” qui sont, selon lui, de véritables bourreaux sur les routes. » Et il avait terminé son intervention par cette terrible assertion : “ Le Sénégal se complet de plus en plus dans la médiocrité et le laisser-aller”. Une dame, résidant à Paris, ira dans le même sens en regrettant que son pays (le Sénégal), “s’installe de plus en plus dans la culture du laxisme ”. 
De ces différentes interventions qui ne nous honoraient point, je tirais la conclusion suivante : « Les Portugais, les Hollandais, les Suisses, les Espagnols, les Belges, etc., dont des ressortissants ont péri dans la catastrophe du 26 septembre, réfléchiront désormais longuement et profondément, avant de se décider à venir au Sénégal qui se révèle de plus en plus comme le champion mondial incontesté de l’indiscipline et de l’incivisme. Nous nous comportons chaque jour qui passe comme une communauté de singes et d’hyènes adolescentes (que les walaf appellent “ nduulañ ”), communauté sans responsable où chacun fait ce que bon lui semble et selon son instinct du moment, sans se soucier le moins du monde du tort qu’il peut porter au pays ou à son voisin immédiat. Quarante huit années après l’indépendance (ce n’était donc que ça ?), nous continuons de traîner comme un boulet, les maux que le Président Senghor appelait “ Les maladies infantiles du sous-développement ”, dont les plus courantes aujourd’hui sont l’indiscipline et l’incivisme.»() 
Ces plaies béantes nous collent encore à la peau aujourd’hui et se manifestent, notamment, dans les constructions anarchiques qui sont quotidiennement dénoncées et sans succès. Les métastases de ce cancer – c’en est un – n’épargnent pas, non plus, les nombreuses cérémonies familiales et religieuses. Pratiquement, tous les jours, à l’occasion des baptêmes, des mariages, des décès, des retours de pèlerinage des Lieux saints, des tours de famille, des gamous-meetings, etc., des tentes poussent comme des champignons, souvent dans les rues les plus passantes et sans aucune autorisation. On peut regretter ici l’organisation d’un gamou (ou ziaar) annuel par une famille religieuse qui, à l’occasion, dresse une tante gigantesque barrant un...
 
 


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