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Les travaux du Bus Rapide Transit font vivre le calvaire aux habitants de la capitale


Rédigé le Mercredi 16 Décembre 2020 à 14:58 | Lu 281 fois | 0 commentaire(s)



Le BRT (Bus Rapide Transit) n’en finit pas de faire des vagues. Bien qu’indemnisés pour quitter les voies de passage de ce futur moyen de transport en commun moderne qui va changer positivement le visage de la capitale, les impactés du BRT, qui sont entre Liberté 6 et l’avenue Bourguiba, en plus d’exprimer leur désarroi, pensent qu’ils doivent être recasés. Ce afin de pouvoir continuer à gagner convenablement leur vie. Notre reporter s’est promené dans les dédales de ce gros chantier.


 C’est comme si les entrailles d’une partie de la capitale étaient déchirées. La ville qui vient de se réveiller dévoile ses blessures béantes. Entre Liberté VI, la Cité des Eaux et la Sicap Baobab, tout le long de l’avenue Bourguiba, la terre est balafrée. Monticules de sable par-ci, de l’argile répandue par-là. Entre la grande route de l’avenue Bourguiba et l’espace de repos que prenaient d’assaut Sdf, vieux retraités et autres, il ne reste plus rien. Les bancs publics, les kiosques à journaux, les cantines etc., tout a été enlevé.

Des arbres centenaires ont été déracinés, des espaces verts broyés et des lieux de culte détruits. Des piquets délimitent l’espace dévolu au passage du Bus Rapid Transit. Conséquence, la route est devenue très exiguë pour le flot de voitures qui quittent la banlieue pour les quartiers de Fann, Point E et Sacré cÅ“ur. Ou font le sens inverses. Des bouchons se forment et la circulation est comme bloquée. La fameuse route des Puits peine à contenir toutes les voitures qui viennent de l’autoroute. «  Il y a un léger  mieux le  matin. Mais  n’essayez  surtout  pas d’emprunter cet axe après  16H30 », nous conseille un vieil homme habitué des lieux où il tient une échoppe qu’il a dû placer à la porte d’une boutique depuis qu’il a été déguerpi de l’espace où il tenait son commerce.

Les travaux du Bus Rapid Transit (BRT) devant relier la banlieue à la ville de Dakar sont passés par là. Et avec ce vaste chantier qui vient à peine de démarrer, les Dakarois doivent se préparer à vivre l’enfer. Le vieux Mactar qui tenait un garage de mécanique situé près du supermarché Casino sur l’avenue Bourguiba, et qui a vu son espace détruit, peine à contenir sa colère. «  Ils  ont  creusé partout  dans  la ville ! On n’a pas de quoi  manger et ils  nous  parlent  de  BRT Â», éructe-t-il les yeux bouffis de colère.

En bleu de chauffe, bonnet sur la tête, le vieil homme ne cesse de pester quand on lui pose des questions concernant le BRT. Selon lui, il y a plus urgent que de construire des routes tout en démolissant les lieux de travail de dignes fils du pays. Le long de cet axe qui va du supermarché Casino au Stade Demba Diop, on ne perçoit plus l’ambiance qui y régnait. Tout a été démantelé pour laisser place à un espace délimité par des piquets. Les panneaux publicitaires ont également subi la fureur des bulldozers. Tout est fait pour baliser la voie à ce moyen de transport de masse qui va bientôt prendre possession d’un boulevard qui va de Guédiawaye au centre-ville de Dakar.

Des propriétaires des maisons sont aussi invités à céder la place à ce Bus Rapide Transit qui va plonger Dakar dans l’émergence. Des maisons dont les anciens occupants râlent ferme eux aussi. Mais pour éviter toutes contestation, un véhicule de la police est stationné chaque jour au niveau de la pharmacie Castors, l’une des plus vieilles officines de la capitale. Histoire de veiller au grain. Et pourtant le 24 novembre passé, en prélude des opérations de déguerpissement et de démolition, le CETUD (Conseil exécutif des transports urbains de Dakar) et la préfecture avaient effectué une visite de prédémolition des emprises visées. Via un communiqué, les occupants des lieux avaient été sommés de vider les lieux qu’ils occupent bien qu’ayant déjà reçu leurs indemnisations. Mais comme d’habitude, il y a toujours des récalcitrants.

Après les sommations légales, les Bulldozers sont entrés en action pour tout détruire. Tenant son garage de réparation de motos sur l’emprise du BRT, Cellou Diallo, qui n’entend pas faire de résistance, s’apprêtait à quitter le lieux avec son matériel de travail. N’étant pas propriétaire de l’espace et ne détenant aucun papier, il reconnaît avoir quand même été dédommagé. « Je ne suis  pas certain  que cela soit suffisant pour nous.  Le mieux aurait  Ã©té  de nous trouver un endroit, un lieu où nous pourrions bien sûr faire notre travail sans entrave » explique le mécano.

De nombreux embouteillages accompagnent les chantiers
Sur cette même voie, près de l’école BEM, sont installés des laveurs de voitures. « Nous n’osons pas nous exprimer car nous ne sommes pas en règle. Ce lieu ne nous appartient  pas.  Nous    sommes  installés    de façon  précaire. Bien entendu, ce  n’est pas de gaieté de cÅ“ur  que  nous  quittons  cet endroit  qui nous  permettait   de vivre  dignement. Il nous faudra  trouver  un autre lieu  »,  confie l’un des membres de ce groupe.

Tous des ruraux qui sont venus dans la capitale pour gagner leur vie. Si les occupants précaires de ces espaces manifestent leurs préoccupations, les résidents dont les maisons n’ont pas été démolies, eux, affichent leurs inquiétudes. Ce, par rapport à la sécurisation des voies qui sont proches des maisons. « Est-ce qu’il y aura assez de sécurité pour nos enfants ? Ceux qui entreprennent  les  travaux  prennent-ils  en considération cela ? Â», s’interroge la dame Ndeye Codou Sène qui dit ne plus reconnaitre son environnement. Cependant, son mari se veut plus rassurant et estime que les maitres d’ouvrage sont des professionnels qui doivent avoir pris en compte tous les aspects relatifs à la sécurité.

Pour le moment, c’est toute la capitale qui est transformée en un vaste chantier. C’est le cas sur les deux voies de Sacré -Cœur où tous les espaces de loisirs ont été démolis. Ce que regrettent bien sûr les habitants de ces cités qui craignent que la ville soit complétement défigurée par ce BRT qu’ils considèrent comme un monstre qui risque de tout avaler sur son passage. Assis sur un banc situé dans ce qui reste de ce qui fut un lieu de loisirs, ce diplômé sans-emploi, qui a préféré taire son nom, pense qu’une ville a besoin d’espaces publics. Cependant, il prie pour que des jeunes des quartiers impactés soient embauchés dans ce projet qui a complètement défiguré la ville en plus de créer de nombreux embouteillages. Ou, plutôt, rendu plus monstrueux les légendaires bouchons de la capitale !

Le Témoin



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