De justesse, en essayant de mener lui-même une dernière contre-offensive, l’implacable président du Tchad a échappé de peu à une humiliante capture. Après avoir vidé les caisses de la Banque centrale, Habré fait une courte escale au Cameroun avant de venir se réfugier à Dakar.
Son vainqueur Idriss Déby, n’est personne d’autre que son ancien « Comchef », le commandant en chef qui, avec son cousin et frère d’armes Hassan Djamouss, exécuté par Habré après avoir été accusé de fomenter en sa compagnie un putsch, a infligé des pertes mémorables aux troupes du colonel Khadafi. Se payant même le luxe de faire prisonnier le chef du corps expéditionnaire libyen, un certain… Khalifa Haftar!
A la tête du Tchad depuis bientôt 30 ans, Idriss Deby n’a jamais été le démocrate qu’il promettait d’être après avoir mis fin à la dictature d’Habré. Mais il y’avait au moins quelque chose que personne, même ses pires contempteurs, n’a jamais songé à lui contester: c’est l’un des meilleurs soldats que l’Afrique ait jamais produit.
Aussi, il est très affligeant de voir l’homme qui a traqué et liquidé le djihadiste Abou Zeid au Mali, qui a tenu la dragée haute à Boko Haram chez lui, n’hésitant pas à aller au secours de ses voisins, sombrer dans un ridicule sans nom, en se faisant introniser en maréchal d’opérette.
Une cérémonie qui, évidemment, rappelle les frasques de Bokassa, Mobutu ou Idi Amine Dada.
Des satrapes et mordus de tenues d’apparat qui n’ont jamais remporté la moindre bataille mais se prenaient tous pour des versions tropicales d’Alexandre le Grand.
Les officiers français de l’« Opération Manta», qui ont été longtemps fascinés par les exploits guerriers du « Comchef » Déby, doivent se dire que leur ancien protégé a, décidément, bien « dégénéré ». S’il n’est déjà trop tard, il faut sauver le soldat Déby. De lui-même.