Leur opposition immédiate a rapidement dégénéré : usage de grenades lacrymogènes par les forces de l’ordre, manifestants retranchés dans les rues du village, affrontements et routes principales bloquées par des pneus brûlés durant plusieurs heures.
Jusqu’à l'heure où cet article est publié, six personnes sont en état d’arrestation. Il s’agit du Dr. Amath Wade, figure politique locale très connue, ainsi que Lamine Dieng, Sakho Dieng, Khadim Seck, Fallou Galass Seck et Baba Guèye dit Marigot. Cependant, les faits exacts qui leur sont reprochés, ne sont pas encore connus de notre rédaction. Depuis leur interpellation, les populations exigent leur libération immédiate, dénonçant ce qu’elles considèrent comme une répression injustifiée, contre celles et ceux qui défendent leur cadre de vie.
Depuis longtemps, les habitants de Niague dénoncent le projet Casa Orascom, qu’ils considèrent comme une menace directe pour l’écosystème et l’économie du Lac Rose. Selon eux, la « Ville Verte » détruira l’environnement, perturbera l’équilibre naturel du lac et plongera des milliers de jeunes et de femmes dans le chômage. L’inquiétude est d’autant plus grande, que les premières destructions constatées ce mercredi, confirment, selon leur regard, leurs pires craintes.
Alors qu’il est retenu à la gendarmerie de Niague, Dr. Amath Wade a tenu à écrire un message aux populations et à tous ceux qui suivent cette crise. Dans sa lettre, il explique : « Je vous écris depuis la gendarmerie de Niague, où je suis actuellement retenu, après avoir été arrêté aujourd’hui au Lac Rose, alors que je défendais, avec vous, les intérêts de notre commune et de toutes les populations qui vivent autour de ce patrimoine unique. Si je suis là, c’est parce que j’ai refusé de me taire devant un projet mené avec ORASCOM, qui prévoit de détruire des milliers de pieds de filaos et de transformer nos dunes en lotissements. Ce projet menace directement le Lac Rose, les milliers de personnes qui vivent dans les environs et toute l’économie locale qui en dépend. Je ne peux ni l’accepter, ni détourner le regard.
Le Lac Rose n’est pas un simple décor : c’est notre vie, notre histoire, notre avenir. Derrière chaque arbre arraché, ce sont des familles fragilisées. Derrière chaque mètre de sable bétonné, ce sont des activités menacées. On ne peut pas sacrifier une communauté entière, ses emplois, sa dignité et son environnement, au profit d’un projet qui ne tient aucun compte de ceux qui habitent ici depuis des générations. Mon engagement est clair : je me tiendrai… ».
Cette lettre, interrompue au moment de son arrestation, a renforcé la mobilisation d’une population déterminée à défendre son espace naturel. « Nous ne reculerons jamais. Nous défendrons notre village jusqu’à y laisser nos vies », affirment plusieurs jeunes mobilisés devant la brigade, où une foule dense a passé la journée à exiger la libération des détenus.
La crise révèle un malaise politique profond. Niague est une localité qui, depuis 2024, a largement contribué aux victoires électorales du régime actuel. Aujourd’hui, les habitants s’interrogent et dénoncent un silence jugé incompréhensible : l’État sénégalais doit-il rester muet face à une situation qui dégénère ? Le maire de Tivaouane Peulh-Niague, Papis Diop, ainsi que le député Youngaré Dione, originaire de la zone, soutiennent tous deux le projet contesté. Pour les populations, leur position contraste avec une absence totale de présence et d’accompagnement sur le terrain. « Aucune de ces autorités n’est venue s’enquérir de la situation », déplorent-elles.
Pour de nombreux acteurs locaux, le gouvernement doit intervenir en urgence, ne serait-ce que pour suspendre les travaux, apaiser les tensions et informer correctement les populations. « Nous exigeons la libération immédiate de Dr. Wade et des autres arrêtés. Le projet ne doit en aucun cas devenir une source de conflit », déclare El Hadji Cissé, président du mouvement “Manco Ci Deugg”. « Nous appelons l’État et l’entreprise à engager, dans la transparence, une concertation sincère et permanente avec les populations », ajoute-t-il.
La crise place également le régime face à ses propres engagements de rupture avec la mal gouvernance. Ne pas intervenir, ne pas dialoguer et ne pas apaiser, serait perçu comme un échec politique majeur, dans une zone qui a longtemps soutenu le pouvoir. Pendant que le silence persiste, la tension monte, les frustrations s’intensifient et la population affirme qu’elle ne reculera plus.
Birame Khary Ndaw
Jusqu’à l'heure où cet article est publié, six personnes sont en état d’arrestation. Il s’agit du Dr. Amath Wade, figure politique locale très connue, ainsi que Lamine Dieng, Sakho Dieng, Khadim Seck, Fallou Galass Seck et Baba Guèye dit Marigot. Cependant, les faits exacts qui leur sont reprochés, ne sont pas encore connus de notre rédaction. Depuis leur interpellation, les populations exigent leur libération immédiate, dénonçant ce qu’elles considèrent comme une répression injustifiée, contre celles et ceux qui défendent leur cadre de vie.
Depuis longtemps, les habitants de Niague dénoncent le projet Casa Orascom, qu’ils considèrent comme une menace directe pour l’écosystème et l’économie du Lac Rose. Selon eux, la « Ville Verte » détruira l’environnement, perturbera l’équilibre naturel du lac et plongera des milliers de jeunes et de femmes dans le chômage. L’inquiétude est d’autant plus grande, que les premières destructions constatées ce mercredi, confirment, selon leur regard, leurs pires craintes.
Alors qu’il est retenu à la gendarmerie de Niague, Dr. Amath Wade a tenu à écrire un message aux populations et à tous ceux qui suivent cette crise. Dans sa lettre, il explique : « Je vous écris depuis la gendarmerie de Niague, où je suis actuellement retenu, après avoir été arrêté aujourd’hui au Lac Rose, alors que je défendais, avec vous, les intérêts de notre commune et de toutes les populations qui vivent autour de ce patrimoine unique. Si je suis là, c’est parce que j’ai refusé de me taire devant un projet mené avec ORASCOM, qui prévoit de détruire des milliers de pieds de filaos et de transformer nos dunes en lotissements. Ce projet menace directement le Lac Rose, les milliers de personnes qui vivent dans les environs et toute l’économie locale qui en dépend. Je ne peux ni l’accepter, ni détourner le regard.
Le Lac Rose n’est pas un simple décor : c’est notre vie, notre histoire, notre avenir. Derrière chaque arbre arraché, ce sont des familles fragilisées. Derrière chaque mètre de sable bétonné, ce sont des activités menacées. On ne peut pas sacrifier une communauté entière, ses emplois, sa dignité et son environnement, au profit d’un projet qui ne tient aucun compte de ceux qui habitent ici depuis des générations. Mon engagement est clair : je me tiendrai… ».
Cette lettre, interrompue au moment de son arrestation, a renforcé la mobilisation d’une population déterminée à défendre son espace naturel. « Nous ne reculerons jamais. Nous défendrons notre village jusqu’à y laisser nos vies », affirment plusieurs jeunes mobilisés devant la brigade, où une foule dense a passé la journée à exiger la libération des détenus.
La crise révèle un malaise politique profond. Niague est une localité qui, depuis 2024, a largement contribué aux victoires électorales du régime actuel. Aujourd’hui, les habitants s’interrogent et dénoncent un silence jugé incompréhensible : l’État sénégalais doit-il rester muet face à une situation qui dégénère ? Le maire de Tivaouane Peulh-Niague, Papis Diop, ainsi que le député Youngaré Dione, originaire de la zone, soutiennent tous deux le projet contesté. Pour les populations, leur position contraste avec une absence totale de présence et d’accompagnement sur le terrain. « Aucune de ces autorités n’est venue s’enquérir de la situation », déplorent-elles.
Pour de nombreux acteurs locaux, le gouvernement doit intervenir en urgence, ne serait-ce que pour suspendre les travaux, apaiser les tensions et informer correctement les populations. « Nous exigeons la libération immédiate de Dr. Wade et des autres arrêtés. Le projet ne doit en aucun cas devenir une source de conflit », déclare El Hadji Cissé, président du mouvement “Manco Ci Deugg”. « Nous appelons l’État et l’entreprise à engager, dans la transparence, une concertation sincère et permanente avec les populations », ajoute-t-il.
La crise place également le régime face à ses propres engagements de rupture avec la mal gouvernance. Ne pas intervenir, ne pas dialoguer et ne pas apaiser, serait perçu comme un échec politique majeur, dans une zone qui a longtemps soutenu le pouvoir. Pendant que le silence persiste, la tension monte, les frustrations s’intensifient et la population affirme qu’elle ne reculera plus.
Birame Khary Ndaw







