Le Sénégal est aujourd’hui confronté à une crise alimentaire d’une gravité inédite, menaçant la vie de plus d’un million de personnes en zones rurales. Cette famine qui guette n’est pas une fatalité, mais un signal d’alarme exigeant une mobilisation immédiate et des solutions durables.
Face à la flambée des prix des denrées alimentaires et aux pertes agricoles causées par les catastrophes climatiques, les populations rurales sénégalaises sont aujourd’hui dans une situation extrêmement précaire. L’année dernière, notamment en 2024, le pays a subi d’importantes inondations qui ont détruit plus de 16 000 hectares de cultures vivrières, provoquant une chute significative de la production agricole locale.
Cette dégradation de l’offre alimentaire s’est conjuguée à une forte hausse des prix sur les marchés, avec une augmentation moyenne de plus de 20 % des principaux produits alimentaires tels que le riz, le maïs et le sucre. Ce double impact baisse de l’offre et hausse des prix a fortement réduit le pouvoir d’achat des ménages, accentuant l’insécurité alimentaire et menaçant directement la sécurité nutritionnelle des populations vulnérables.
Dans ce contexte critique, le geste du Président Bassirou Diomaye Faye est une réponse salutaire : la mobilisation de 1,35 milliard FCFA pour soutenir 10 000 ménages vulnérables, avec un transfert direct de 135 000 FCFA par ménage. Ce dispositif d’urgence vise à apporter un soutien vital aux familles en détresse.
Cependant, au-delà de cette réponse immédiate, la véritable bataille pour la sécurité alimentaire se joue sur le terrain stratégique. Le Ranch de Doli, avec ses 80 000 hectares de terres fertiles inexploitées, représente une opportunité exceptionnelle pour inverser la dépendance aux importations massives de riz, sucre et autres denrées. La valorisation de ce domaine permettrait d’assurer une production locale significative en riz, maïs, oignon, et fourrage pour l’élevage, créant ainsi un cercle vertueux d’autonomie et de développement durable.
Quelques pistes de solutions : réduire la facture d’importation grâce au potentiel du Ranch de Doli
En 2023, le Sénégal a dépensé près de 498 millions de dollars pour importer 1,3 milliard de kilogrammes de riz, environ 120 millions de dollars pour 294 millions de kilogrammes de sucre, et plus d’1 million de dollars en semences de maïs, traduisant une forte dépendance alimentaire coûteuse.
Le Ranch de Doli, avec ses 80 000 hectares, pourrait produire annuellement près de 480 000 tonnes de riz (en considérant un rendement moyen conservateur de 6 tonnes/ha), soit environ 37 % de la consommation nationale de riz estimée à 1,3 million de tonnes par an. À cela s’ajoutent des cultures comme le maïs, l’oignon et le fourrage pour l’élevage, renforçant la diversification et la résilience.
Cette production massive sur un seul site permettrait non seulement de réduire substantiellement les importations, et donc la sortie de devises étrangères, mais aussi de sécuriser l’alimentation locale face aux fluctuations internationales des prix et aux aléas climatiques.
Pour atteindre cet objectif, il est crucial d’investir dans :
La modernisation des techniques agricoles (semences améliorées, irrigation).
Le développement d’infrastructures de stockage et de transformation pour limiter les pertes post-récolte (estimées à plus de 20 %).
La mise en place d’assurances agricoles et de filets sociaux pour protéger les producteurs.
Le Plan National d’Adaptation Agricole (PNA), la relance du Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC), ainsi que les partenariats avec la CEDEAO, la Banque mondiale et le Programme Alimentaire Mondial, sont des leviers indispensables pour bâtir la résilience face aux aléas climatiques et garantir la sécurité alimentaire à long terme.
Le Sénégal se trouve à un tournant décisif. L’urgence est indéniable, mais c’est la mobilisation stratégique et l’exploitation intelligente de son potentiel agricole, symbolisé par le Ranch de Doli, qui permettront de transformer la menace de famine en un avenir d’abondance.
Dieynaba Faye
Secrétaire Nationale chargée de l’Écologie et du Développement Durable
Parti FEPP TAWFEKH
Coordonnatrice du Département de Louga
