Célébration de la Journée du parrain de l’Ucad : Cheikh Anta Diop ou le total don de soi d’un génie


Rédigé le Samedi 1 Avril 2023 à 16:16 | Lu 144 fois | 1 commentaire(s)



Le nom de Cheikh Anta Diop inspire un grand respect, mais que sait-on réellement de son vécu ? Emedia saisit le prétexte de la Journée du Parrain de l’Université qui est célébrée ce 31 mars à l’Ucad. Retour sur la vie inspirante du pharaon du savoir, en se basant sur le livre de Pathé Diagne intitulé "Cheikh Anta Diop et l’Afrique dans l’histoire du monde". "Bes Bi"


Cheikh Anta Diop est né à Thieytou en 1923, en pleine période coloniale. Ayant très tôt perdu son père, c’est sa mère Maguette Diop qui, bravement, l’élève seule. Outre sa mère, il tire une grande inspiration de son grand-père Massamba Sassoum Diop, aux côtés duquel, il demandera à être inhumé.

Cet homme s’est illustré en apportant aide et protection à Samba Laobé Fall, dernier Damel du Cayor poursuivi par l’armée coloniale française. Enfin, le jeune Cheikh Anta grandit dans l’admiration d’Ahmadou Bamba et de son jeune frère Cheikh Anta Mbacké, qui est par ailleurs son homonyme.

Deux hommes qui se sont distingués par leur probité morale et leur hostilité envers la colonisation. C’est donc un enfant abreuvé aux sources d’une culture africaine riche et par conséquent, imperméable à toute tentative d’assimilation, qui est envoyé à l’école française.

Il va y puiser les outils nécessaires pour mener le combat de sa vie, sans jamais renoncer à une once de son identité. Il s’y distingue par son esprit rebelle, qui le pousse un jour à voler le véhicule du Directeur de l’école, un blanc qu’il juge arrogant et condescendant.

La voiture finit sa course dans un baobab, ce qui provoque la furie du Directeur, qui ne sera calmée que par l’intervention de son homonyme Cheikh Anta Mbacké, qui s’engage à couvrir les dégâts.

Études pluridisciplinaires

A l’adolescence, il quitte Diourbel pour rejoindre le lycée Faidherbe de Saint-Louis. Il devient un lecteur vorace et baigne dans un milieu intellectuel panafricaniste, qui va renforcer son engagement en faveur d’une Afrique libérée. En ce sens, il prend conscience de la nécessité de s’armer de science. Il opte ainsi pour deux baccalauréats, l’un en Mathématiques et l’autre en Philosophie.

C’est le début d’une brillante formation pluridisciplinaire qui, en 1946, va se poursuivre en France, où il va étudier la physique/chimie, l’histoire et les sciences sociales. Très tôt, il lui semble nécessaire que l’Afrique se déleste de tout clivage, qu’il soit ethnique ou hérité de la colonisation pour devenir un géant qui compte sur l’échiquier mondial. A ce titre, il est influencé par Marcus Garvey, mais il ne veut pas être un simple porte-parole.

Il tient à asseoir son idéologie sur des bases scientifiques. A ce titre, il prépare une thèse dans laquelle il soutient que l’Égypte antique est une civilisation noire et que les peuples d’Afrique noire ont hérité de cette riche culture. Cheikh Anta savait que sa thèse va susciter de vives controverses. Cependant, armé de toute la science qu’il a accumulée, il est prêt à y faire face.

Accueil mitigé du travail de Cheikh Anta Diop

Malgré tout, son œuvre est ignorée ou rejetée pour des raisons idéologiques. Il faut dire que la colonisation repose sur l’idée de faire don de la civilisation à des peuples africains qui en sont dépourvus. Aussi, rendre l’Égypte à l’Afrique, peut s’avérer aussi déterminant que l’a été la réappropriation de la Grèce antique par l’Europe.

En effet, la redécouverte de la culture et la philosophie grecques a permis à l’Europe de se soustraire du moyen-âge, pour enclencher la Renaissance. Cette période marque le point de départ du réveil de l’Occident, qui se traduit par des découvertes scientifiques et des progrès techniques et industriels qui seront à la base de son hégémonie.

Quand on sait que la Grèce est allée s’abreuver de culture et de savoirs en Égypte, on mesure pleinement la portée de la thèse de Cheikh Anta. Non seulement l’Égypte pourra servir de base pour une prometteuse renaissance africaine, mais aussi on devra admettre que le colonisé s’avère l’héritier d’une culture supérieure à celle du colonisateur. De telles idées étaient beaucoup trop dangereuses pour la France impérialiste. Le chercheur sénégalais se retrouve donc incapable de réunir un jury pour soutenir sa thèse. Du côté des intellectuels noirs, les avis sont partagés. Il y a ceux qui, comme Senghor, accueillent ce travail de réhabilitation avec réserve : «Cheikh Anta est un chercheur prometteur, mais qui gagnerait à la discipline».

D’un autre côté, il y a Alioune Diop et Aimé Césaire qui admirent le chercheur. Le premier fait publier la thèse sous le titre "Nations Nègres et Culture" tandis que le second considère cette œuvre comme «le livre le plus audacieux qu’un Nègre ait jamais écrit». En attendant, Cheikh Anta est retenu en France, tandis que nombre de ses compatriotes rentrent en Afrique pour occuper le champ politique et économique.

Il faut attendre l’année 1960, soit 9 ans après avoir fini de la rédiger, pour qu’il puisse soutenir sa thèse. Cheikh Anta ayant entre-temps acqust de la notoriété, la soutenance draine un monde fou à la Sorbonne. Il reçoit le titre de Docteur mais est privé de la mention "Très honorable".

Conflit avec Senghor et traversée du désert

Il rentre donc au Sénégal avec l’intention d’aider à former la jeunesse. Cependant, le Président Senghor lui ferme les portes de l’Université. Entre les deux hommes, il semble y avoir un différend idéologique irréconciliable. Le président poète prône la négritude et ne cache pas son admiration pour la culture occidentale. Le chercheur-savant lui, est en faveur de la Renaissance d’une Afrique dépouillée de toutes les reliques du colonialisme.

De plus, Cheikh Anta ne fait pas mystère de son mépris pour la fameuse formule senghorienne «l’émotion est nègre, la raison hellène». Cheikh Anta Diop sera donc cantonné à un rôle de chercheur à l’Ifan pendant 20 ans. Il profite de sa mise à l’écart pour poursuivre ses recherches et écrire. Durant cette traversée du désert, plusieurs opportunités de financement lui sont inaccessibles à cause de la réticence des bailleurs à heurter la sensibilité du Président.

Ainsi, il n’est pas associé aux fouilles organisées en Egypte pour préserver le patrimoine pharaonique menacé par la construction du barrage d’Assouan. Les finances du chercheur ne sont pas au beau fixe. En 1972, son salaire est de 89 000 FCfa. C’est son épouse, enseignante, qui aidait à boucler des fins de mois difficiles.

Cette situation attriste certains intellectuels qui lui viennent discrètement en aide. Amadou Seydou, Directeur de la Culture de l’Unesco eut l’idée d’intégrer ce brillant chercheur dans le comité scientifique pour la rédaction de l’histoire générale de l’Afrique.

Réhabilitation et fin de vie

Après le départ de Senghor, le Président Diouf qui nourrit une grande admiration pour Cheikh Anta Diop depuis qu’il a lu son œuvre majeure en classe de 2nde, lui permet enfin d’enseigner. C’est la fin d’une injustice qui pendant une vingtaine d’années, a privé des générations d’étudiants africains, l’opportunité d’apprendre d’un des plus grands génies de son époque.

Malgré le respect que lui voue Abdou Diouf, il préfèrera renoncer à son siège de député plutôt qu’à son esprit critique, afin de protester contre les irrégularités qui ont émaillé les élections législatives de 1983 remportées par le parti présidentiel.

Tel était Cheikh Anta Diop, un homme qui a très tôt identifié la mission de sa vie, s’est donné les moyens intellectuels de la concrétiser, a consenti à d’immenses sacrifices et a gardé sa dignité jusqu’à la fin.

La fin survient le 7 février 1986. Le pharaon du savoir tire sa révérence sans avoir amassé de richesses. A la jeunesse, il laisse un legs inestimable. Cet héritage mérite d’être dépoussiéré et enseigné afin que la jeunesse arrache son héritage culturel et œuvre à la Renaissance africaine.



 



1.Posté par OliviaEmma le 01/04/2023 18:07
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