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Abdou Nguer et la nouvelle dynamique linguistique du Sénégal !


Rédigé le Mercredi 3 Décembre 2025 à 11:11 | Lu 45 fois | 0 commentaire(s)




C’est la première fois que je prends le temps d’écouter Abdou Nguer intégralement, insomnie oblige. D’habitude, je me limite aux extraits de ses interventions. Cette fois, j’ai suivi une heure trente minutes de prise de parole très cohérente lors de sa conférence de presse du 26 novembre, articulée autour de trois thèmes bien choisis: son arrestation, la magistrature et l’actualité (rapport de la Cour des comptes, FMI, presse…). J’ai également suivi l’intégralité de son émission Ndoumbalene sur SenTV et je viens de l’écouter en direct de RFM MATIN.

C’est un jeune cultivé et curieux, totalement décomplexé, très provocateur qui comprends les sujets qu’il aborde. Dans sa manière de s’exprimer, on perçoit un travail de recherche solide et une véritable période d’apprentissage durant sa détention, notamment sur les questions politiques et juridiques.

Nguer a surtout l’intelligence de conceptualiser en wolof des sujets complexes comme les finances publiques ou les rapports de nos institutions. Pourtant, ces thématiques, par leur nomenclature même, sont extrêmement difficiles à restituer avec toutes leurs nuances en langue locale. Mais lui y parvient avec une aisance remarquable.

Au-delà du cas Nguer, on observe aujourd’hui l’émergence, dans l’espace politico-médiatique, de nombreux acteurs non francophones, parfois même analphabètes en français, qui démontrent une compréhension fine des enjeux qu’ils traitent même s’il existe parallèlement d’autres intervenants dans ce lot, franchement orduriers, qui profitent de cette ouverture pour abaisser la qualité du débat public.

Le Sénégal vit une rupture linguistique profonde qui influence fortement son évolution démocratique. Qu’une langue consensuelle comme le wolof ait gagné une telle popularité, au point de se substituer progressivement au français dans le débat public et sur les plateaux médiatiques, constitue une transition démocratique majeure. Elle marque une forme d’affranchissement.

Comme le disait un auteur, cette évolution est devenue une exigence désormais installée dans les mœurs. Elle brise l’exclusivisme intellectuel des élites. On peut manier un français alambiqué, mais l’effort de conceptualisation en langue locale oblige à rendre son discours accessible à l’ensemble des citoyens.

Idrissa Fall Cissé
Analyste politique



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