Littoral : L’État prend-t-il les populations pour des demeurées ?


Rédigé le Vendredi 5 Juin 2020 à 01:02 | Lu 224 fois | 0 commentaire(s)




Littoral : L’État prend-t-il les populations pour des demeurées ?

Un projet de loi sur la protection du littoral sera soumis au Conseil des ministres dans les jours à venir a annoncé le ministre Abdou Karim Sall, ministre de l’Environnement et du développement durable. Cette annonce fait suite à la visite qu’il a effectuée sur la corniche Ouest mardi dernier en compagnie de ses homologues Abdou Karim Fofana, ministre de l’Habitat, de l’hygiène publique et du cadre de vie, et de Sophie Gladima, ministre des Mines et de la géologie. «Nous sommes venus voir les multiples agressions dont fait l’objet le littoral dans sa partie ouest. Ce que nous venons de voir ce matin au pied des Mamelles est simplement injuste, inacceptable, insupportable et condamnable», a déploré le ministre de l’Environnement.

Paroles, paroles, rien que des paroles, sommes-nous tentés de dire ; parce que ce qui est curieux dans cette déclaration, c’est qu’elle survient après la descente musclée suivie de la sortie fracassante dans la presse du maire de Mermoz, Barthélemy Dias, qui s’opposait au bradage du littoral. Ce qui est le plus frustrant est le fait que cette sortie du ministre, c’est du déjà entendu. Car cette situation est récurrente du fait que chaque régime qui s’installe prend sa part du gâteau alors que, comme aimait à le rappeler le Président Senghor, «la corniche appartient à tout le monde, on ne saurait la privatiser.» Mais cela, les autorités ne semblent en avoir cure et s’en donnent à cœur joie, privant les populations des joies de la plage en en faisant des propriétés privées. «Des terrains acquis à 2500 Cfa le mètre carré peuvent être revendus jusqu’à 1 million Cfa le mètre carré», s’indignait Pierre Goudiaby Atepa, fervent défenseur du littoral et président de la Plateforme pour l’environnement et la réappropriation du littoral (Perl).

Hôtels, complexes immobiliers de luxe, cliniques privées et villas somptueuses prolifèrent sur ce terreau. Aussi, les populations assistent-elles impuissantes au partage sans vergogne ni retenue de leur espace vital. Barthélemy Dias, le maire de Sacré Cœur Mermoz, a aussi, avant-hier, confirmé les propos de l’architecte Atepa en mettant carrément les pieds dans le plat. Expliquant le conflit qui l’oppose à un promoteur, Dias de déclarer : «Quand on est attributaire d’un terrain par voie de bail sur le domaine maritime, on n’a pas le droit de le vendre».

Malheureusement, constate-t-il pour le déplorer, «une personne attributaire de 4000 mètres carrés qui ne paie que 2450 francs de droits de timbre par mètre carré, s’est permise de revendre la moitié du terrain à 1 million de francs le mètre carré». Suffisant pour qu’il dénonce une «République des copains et des coquins».

Pour avoir une idée de l’ampleur du mal, il suffit de regarder le reportage vidéo récent effectué par notre confrère Pape Alé Niang sur le littoral. On y voit, tout le long du domaine maritime, des bâtiments de plusieurs étages qui ont essaimé comme des champignons, ainsi que les murs d’enceinte entourant les propriétés et chantiers, plus luxueux les uns les autres et qui ont obstrué la vue sur la mer, privant ainsi les populations de la fraîcheur marine. Finalement la question qui s’impose est de savoir de qui se moquent ces autorités, ou bien, prennent-elles simplement les populations pour des demeurées ? Car le président Sall à qui ils comptent soumettre ce projet de loi est mieux renseigné que quiconque sur le dépeçage du littoral. C’est à se demander même, si ceux qui se partagent le domaine maritime n’ont pas son onction déjà.

Et d’ailleurs, ce n’est pas la première fois que les populations s’insurgent contre le bradage du littoral. Pour rappel, en 2014, la société civile s’était mobilisée contre le mur entourant le terrain cédé à la Turquie pour y construire sa nouvelle ambassade, bloquant la vue. Lors d’une visite effectuée sur le site litigieux, le 5 mai 2014, le Président Macky Sall disait ceci : «La loi sur le littoral sera réactivée». Une annonce faite par le Président Macky Sall, pour qui l’urgence était de stopper les diverses agressions contre la nature. Le chef de l’État avait d’ailleurs laissé entendre qu’il attendait les propositions du ministre de l’Urbanisme et de l’habitat afin qu’il y ait une action commune et que les Sénégalais admirent la beauté de leurs côtes. Les mesures vont suivre après la visite de terrain, avait-il dit. Macky Sall avait également demandé au ministre de l’Urbanisme et de l’habitat de lancer, dans les meilleurs délais, un concours d’architecture pour l’aménagement de la corniche. Si l’espace n’est pas aménagé, naturellement, le pays n’est pas à l’abri d’occupations anarchiques, avait-t-il déploré.

Aujourd’hui, la pointe de Fann est défigurée d’après le constat des spécialistes. Aussi, était-il envisagé la mise sur pied d’un groupe de travail conjoint qui ferait des propositions qui seront validées après étude par le président de la République. Donc, aujourd’hui, 6 ans après le constat fait par le Président Sall, ses ministres viennent devant les Sénégalais, les regarder dans le blanc des yeux, pour leur dire qu’un projet de loi sur la protection du littoral sera soumis au Conseil des ministres dans les jours à venir.

C’est vraiment faire preuve d’irrespect à leur égard. Car si ce n’est pas insulter leur intelligence, ça y ressemble fort !!!




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