
Construite ex nihilo sur un emplacement choisi pour sa situation stratégique, mais par ailleurs compliquée, la ville de Saint Louis montre bien le génie de ses bâtisseurs dont les ouvrages d'art ont progressivement transformé un banc de sable pour en faire cette cité rayonnante dans toute l'Afrique Occidentale Française, qui est entrée dans le 21ème siècle avec le label du patrimoine universel de l'humanité. La VUE (Valeur Universelle Exceptionnelle) du site, établie lors du classement, énumère les principaux trésors patrimoniaux de Saint Louis : son site paysager, son tissu urbain et son architecture coloniale. Le processus de patrimonialisation de l'architecture coloniale, engagé depuis longtemps, a permis de réaliser de nombreuses rénovations, mais il n'a pu éviter la dégradation, voire la destruction, de nombre d'autres bâtiments. C'est un processus lent, coûteux, alors que nous sommes engagés dans une course contre la montre avec un bâti vieillissant dont l'état d'usure est très prononcé. La finalité même de cette entreprise n'est pas toujours bien comprise et fait apparaitre des différences, entre des partisans d'une reconstruction à l'identique et ceux qui craignent qu'un cadre règlementaire trop strict ne fige l'île dans le passé. Il faut prendre un peu de recul et adopter une vue d'ensemble pour se rendre compte que la trame urbaine, si elle s'est globalement maintenue dans ses caractéristiques originelles, commence à être affectée. La rénovation du pont Faidherbe, l'aménagement de la place Faidherbe et la réhabilitation de la gouvernance (planifiées), vont dans le bon sens, car ces projets dessinent une continuité, qu'on pourrait encore prolonger par la revitalisation de la gare et des anciennes halles, à Sor, ou du marché, à Guet N'Dar. En effet, à quoi bon rénover scrupuleusement des bâtiments isolés si la cohérence de l'ensemble disparait ?
Madame Suzanne Hirschi, architecte DPLG, ancienne enseignante à l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille. Co-auteur d’une monographie consacré à l’architecture du Yémen du Nord (ed. Berger Levrault 1983). Impliquée depuis 2001 dans la sauvegarde du patrimoine de Saint-Louis du Sénégal ; elle est chargée du co-pilotage de l'Inventaire architectural et urbain, contribue au PSMV, initie les ateliers de sensibilisation, participe enfin comme architecte d'opération au Projet de développement touristique de Saint-Louis et sa région (AFD). Depuis 2007 elle effectue plusieurs missions universitaires et individuelles aux Comores (identification du patrimoine bâti des anciens Sultanats, sensibilisation, expertise technique) pour le compte de l’Etat des Comores et de l’Unesco
L’île de Gorée, quel avenir pour un symbole du passé ?
Gorée est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 30 ans, labellisant ainsi le caractère exceptionnel du site. Tant bien que mal, le site a été préservé depuis lors, mais cela doit plus à des circonstances endogènes —caractère insulaire, dimensions modestes, éloignement de Dakar— qu’à l’action délibérée des gardiens de ce patrimoine. Pourtant, depuis toujours, les projets destinés à en modifier drastiquement l’aspect n’ont pas manqué et il s’en est fallu de peu qu’elle ne ressemble à Guédiawaye, à Manhattan ou à toute autre chose. Le patrimoine goréen nous a donc été transmis en l’état mais, les agressions et les menaces sur son état actuel sont nombreuses et incessantes. Nous passerons en revue quelques projets auxquels l’île a échappé depuis sa première occupation, nous analyserons les principales menaces auxquelles elle doit faire face et nous mentionnerons, enfin, quelques projets futuristes susceptibles de modifier drastiquement le regard que nous lui portons.
Monsieur Xavier Ricou, Architecte DPLG, Sénégal et Conseiller municipal à Gorée. Président de l’Association des Amis du Musée Historique du Sénégal. Depuis 2006, chargé des grands projets structurants à l’APIX (Autoroute à péage, Nouvelle Capitale du Sénégal, Cité des affaires, Zone Economique Spéciale, etc.). En 2005, Architecte conseil chargé de l’élaboration du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur de Saint-Louis du Sénégal. Auteur de Trésors de l’iconographie du Sénégal colonial – Riveneuve éditions, 2006 et La Maison Senghor – Riveneuve éditions 2015.
L’architecture coloniale pour la promotion des établissements humains durables : étude de cas pour la réhabilitation de l’Hôtel de Ville de Dakar
Comme zone d’intervention, nous avons structuré la typologie de l’habitat au Sénégal, en sept pôles en interaction évolutive à travers l’espace et le temps, qui comprend l’habitat traditionnel, l’habitat colonial, l’habitat moderne, l’habitat populaire régulier, l’habitat planifié en série, l’habitat populaire irrégulier, et l’habitat spontané et précaire appelé bidonville. L’Hôtel de Ville de Dakar, un monument historique et colonial remarquable de la capitale sénégalaise, fera l’objet d’analyse, d’évaluation et de recommandation pour une réhabilitation conforme aux principes directeurs des établissements humains durables (urbanisme, architecture, construction, paysage et décoration), grâce à la synergie de l’habitat bioclimatique, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables intégrées au bâti.
Monsieur Mbacké NIANG, architecte, chercheur et enseignant, est diplômé de l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris en 1980. Il est ancien vice- président de l’Ordre des Architectes du Sénégal ; Il est architecte conseil de la ville de Dakar ; Il est dépositaire de plusieurs brevets d’invention ; il est médaillé d’or de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) et du Salon Internationale des Inventions de Genève ; il est l’un des architectes de l’extension de la Grande Mosquée de Touba ; il est formateur dans les domaines de l’habitat bioclimatique, l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables intégrées au bâti ; il est consultant-expert en Développement Durable et Changement Climatique pour diverses organisations nationales, régionales et internationales.
COORDINATION
Dr El Hadji Malick Ndiaye : 77 198 10 73 / elhadjimalick19.ndiaye@ucad.
M. Abdoulaye Koundoul : 77 635 52 46 / akoundoul@gmail.com