
Adopté en 2013, l’Agenda 2063 est une vision ambitieuse sur 50 ans pour une Afrique intégrée, prospère et pacifique. Ses sept aspirations évoquent une Afrique démocratique, portée par ses citoyens – en particulier les jeunes et les femmes –, libérée de la peur, de la maladie et du besoin, et jouant un rôle actif sur la scène mondiale.
Mais une décennie plus tard, beaucoup se demandent si ces aspirations sont toujours atteignables. Malgré l’énergie débordante de la jeunesse, le continent est confronté à d’importants défis structurels : pauvreté persistante, inégalités croissantes, régression démocratique, poids de la dette, et résurgence des coups d’État. Entre 2020 et 2023, sept chefs d’État africains ont été renversés par leurs propres armées – un signal inquiétant sur la fragilité institutionnelle.
L’UA à la croisée des chemins
La transformation de l’OUA en UA visait à passer d’une diplomatie centrée sur les États à une gouvernance centrée sur les citoyens. L’objectif était de bâtir une institution fondée sur des valeurs partagées : démocratie, droits humains, État de droit, bonne gouvernance. Pourtant, pour beaucoup d’Africains, l’écart entre les discours de l’UA et leur vécu quotidien reste béant.
Les jeunes, qui représentent plus de 60 % de la population, peinent toujours à participer à la prise de décision. La représentation des femmes progresse lentement. Et la mauvaise gouvernance continue de miner les espoirs de transformation.
L’injustice au cœur de l’abondance
Le paradoxe d’une Afrique riche mais pauvre reste l’un des constats les plus accablants. Le continent possède les plus grandes réserves mondiales de cobalt, de platine, d’or, de terres arables, de ressources forestières… Pourtant, 34 pays africains sur 54 sont encore classés parmi les pays les moins avancés.
Chaque année, 89 milliards de dollars quittent illégalement le continent à travers des flux financiers illicites – une somme qui dépasse l’aide publique au développement et les investissements étrangers combinés. Pendant ce temps, des millions de jeunes Africains tentent de fuir la pauvreté. Depuis 2014, plus de 20 000 personnes sont mortes ou portées disparues en Méditerranée, sans compter celles qui périssent dans le Sahara.
La justice réparatrice : un cadre transformateur
Le thème de cette année place la justice réparatrice au cœur de la Journée de l’Afrique. Les réparations ne concernent pas uniquement le passé colonial ou esclavagiste. Elles portent aussi sur le présent et l’avenir : il s’agit de réparer les injustices systémiques, de rééquilibrer les relations mondiales, de garantir la dignité et les droits des Africains.
La justice réparatrice exige une redevabilité accrue – tant au niveau mondial que domestique. Les États africains doivent assainir leur gouvernance, lutter contre la corruption, et investir dans l’éducation, la santé, et les opportunités économiques. Les partenaires internationaux doivent quant à eux soutenir les efforts de restitution, d’annulation de la dette, et de transparence dans le commerce et la fiscalité.
Repenser la Journée de l’Afrique comme un moment d’engagement
Autrefois célébrée avec des défilés, danses et spectacles culturels, la Journée de l’Afrique doit devenir un moment de mobilisation citoyenne, de réflexion politique, et de dialogue intergénérationnel. Il est temps d’évaluer la mise en œuvre des instruments continentaux : Charte africaine de la démocratie, Mécanisme d’évaluation par les pairs, Accord de libre-échange, Agenda 2063. Ce ne sont pas que des textes, mais des promesses faites aux peuples. Elles doivent être concrétisées.
l’urgence d’agir
Malgré l’engagement de l’UA à « faire taire les armes d’ici 2020 », les conflits continuent de sévir. Plus de 20 conflits armés sont en cours en Afrique. Ils ne sont pas inévitables. Ils résultent de la pauvreté, des inégalités, de l’exclusion, de la mauvaise gestion des ressources et des identités.
Sans une volonté politique de transformation structurelle, la paix restera fragile. Prolonger l’échéance à 2030 ne suffira pas si les causes profondes ne sont pas traitées.
Pour une nouvelle doctrine africaine dans l’ordre mondial
Face aux tensions géopolitiques, aux transitions énergétiques et à la crise climatique, l’Afrique doit définir une doctrine stratégique unifiée. Elle doit s’appuyer sur l’héritage du Plan d’action de Lagos et de la Stratégie de Monrovia, et bâtir une réponse panafricaine fondée sur la résilience, l’unité et la souveraineté.
De la célébration à l’engagement
La Journée de l’Afrique 2025 ne peut être une simple commémoration. Elle doit être une alerte collective. Un appel à combler l’écart entre les visions et les réalités. Un moment pour renouveler la solidarité panafricaine.
L’Afrique que nous voulons ne se construira pas par des discours, mais par des actions concrètes, une justice équitable et une gouvernance inclusive. C’est à ce prix que l’Afrique pourra écrire son avenir avec dignité. »
Désiré Assogbavi, Conseiller en Plaidoyer et Chukwuemeka B. Eze, Directeur du programme « Avenir Démocratique en Afrique » à la Fondation Open Society
Mais une décennie plus tard, beaucoup se demandent si ces aspirations sont toujours atteignables. Malgré l’énergie débordante de la jeunesse, le continent est confronté à d’importants défis structurels : pauvreté persistante, inégalités croissantes, régression démocratique, poids de la dette, et résurgence des coups d’État. Entre 2020 et 2023, sept chefs d’État africains ont été renversés par leurs propres armées – un signal inquiétant sur la fragilité institutionnelle.
L’UA à la croisée des chemins
La transformation de l’OUA en UA visait à passer d’une diplomatie centrée sur les États à une gouvernance centrée sur les citoyens. L’objectif était de bâtir une institution fondée sur des valeurs partagées : démocratie, droits humains, État de droit, bonne gouvernance. Pourtant, pour beaucoup d’Africains, l’écart entre les discours de l’UA et leur vécu quotidien reste béant.
Les jeunes, qui représentent plus de 60 % de la population, peinent toujours à participer à la prise de décision. La représentation des femmes progresse lentement. Et la mauvaise gouvernance continue de miner les espoirs de transformation.
L’injustice au cœur de l’abondance
Le paradoxe d’une Afrique riche mais pauvre reste l’un des constats les plus accablants. Le continent possède les plus grandes réserves mondiales de cobalt, de platine, d’or, de terres arables, de ressources forestières… Pourtant, 34 pays africains sur 54 sont encore classés parmi les pays les moins avancés.
Chaque année, 89 milliards de dollars quittent illégalement le continent à travers des flux financiers illicites – une somme qui dépasse l’aide publique au développement et les investissements étrangers combinés. Pendant ce temps, des millions de jeunes Africains tentent de fuir la pauvreté. Depuis 2014, plus de 20 000 personnes sont mortes ou portées disparues en Méditerranée, sans compter celles qui périssent dans le Sahara.
La justice réparatrice : un cadre transformateur
Le thème de cette année place la justice réparatrice au cœur de la Journée de l’Afrique. Les réparations ne concernent pas uniquement le passé colonial ou esclavagiste. Elles portent aussi sur le présent et l’avenir : il s’agit de réparer les injustices systémiques, de rééquilibrer les relations mondiales, de garantir la dignité et les droits des Africains.
La justice réparatrice exige une redevabilité accrue – tant au niveau mondial que domestique. Les États africains doivent assainir leur gouvernance, lutter contre la corruption, et investir dans l’éducation, la santé, et les opportunités économiques. Les partenaires internationaux doivent quant à eux soutenir les efforts de restitution, d’annulation de la dette, et de transparence dans le commerce et la fiscalité.
Repenser la Journée de l’Afrique comme un moment d’engagement
Autrefois célébrée avec des défilés, danses et spectacles culturels, la Journée de l’Afrique doit devenir un moment de mobilisation citoyenne, de réflexion politique, et de dialogue intergénérationnel. Il est temps d’évaluer la mise en œuvre des instruments continentaux : Charte africaine de la démocratie, Mécanisme d’évaluation par les pairs, Accord de libre-échange, Agenda 2063. Ce ne sont pas que des textes, mais des promesses faites aux peuples. Elles doivent être concrétisées.
l’urgence d’agir
Malgré l’engagement de l’UA à « faire taire les armes d’ici 2020 », les conflits continuent de sévir. Plus de 20 conflits armés sont en cours en Afrique. Ils ne sont pas inévitables. Ils résultent de la pauvreté, des inégalités, de l’exclusion, de la mauvaise gestion des ressources et des identités.
Sans une volonté politique de transformation structurelle, la paix restera fragile. Prolonger l’échéance à 2030 ne suffira pas si les causes profondes ne sont pas traitées.
Pour une nouvelle doctrine africaine dans l’ordre mondial
Face aux tensions géopolitiques, aux transitions énergétiques et à la crise climatique, l’Afrique doit définir une doctrine stratégique unifiée. Elle doit s’appuyer sur l’héritage du Plan d’action de Lagos et de la Stratégie de Monrovia, et bâtir une réponse panafricaine fondée sur la résilience, l’unité et la souveraineté.
De la célébration à l’engagement
La Journée de l’Afrique 2025 ne peut être une simple commémoration. Elle doit être une alerte collective. Un appel à combler l’écart entre les visions et les réalités. Un moment pour renouveler la solidarité panafricaine.
L’Afrique que nous voulons ne se construira pas par des discours, mais par des actions concrètes, une justice équitable et une gouvernance inclusive. C’est à ce prix que l’Afrique pourra écrire son avenir avec dignité. »
Désiré Assogbavi, Conseiller en Plaidoyer et Chukwuemeka B. Eze, Directeur du programme « Avenir Démocratique en Afrique » à la Fondation Open Society