La bataille de positionnement autour de l’accaparement de la Coalition Diomaye Président n’est que le prétexte qui révèle, voire matérialise, les divergences profondes entre le président de la République et le Premier ministre. Ces désaccords fondamentaux, lourds de conséquences pour le fonctionnement de l’État, se manifestent sur plusieurs sujets majeurs.
La première divergence concerne la relation entre le parti PASTEF et la Présidence de la République en tant qu’institution. De retour de son déplacement international, notamment en Chine, le Premier ministre a publiquement regretté certaines décisions prises par le Président, sans consultation préalable du PASTEF, allant jusqu’à évoquer son intention d’instituer un « parti-État ». Une telle orientation, qui érige la primauté du parti sur l’institution présidentielle, contrevient à l’esprit et à la lettre de la Constitution. Elle ne saurait être acceptée par le Chef de l’État, tenu par son serment de respecter l’ordre constitutionnel.
La deuxième divergence porte sur l’indépendance et le fonctionnement de la justice. À plusieurs reprises, le Premier ministre a vivement critiqué l’appareil judiciaire, mobilisant même ses militants contre celui-ci. À l’inverse, la position du Président maintes fois réaffirmée, est de respecter rigoureusement l’indépendance de la justice et de se conformer à ses décisions, conformément aux exigences républicaines.
Un autre point de désaccord majeur, réside dans la question de la restructuration de la dette publique. Lors du Téra Meeting, le Premier ministre a défendu une ligne souverainiste et rejeté catégoriquement cette option de sortie de crise. Or, en la matière, la décision finale relève du président de la République, à l’exception des lois de finances affectées par la restructuration et des dettes bilatérales contractées sous forme d’accords internationaux, lesquels doivent être approuvés par l’Assemblée nationale, avant ratification par le Chef de l’État.
À cela s’ajoute la question cruciale de la stabilité politique. Depuis son investiture, le Président place la réconciliation nationale au cœur de son action, la considérant comme indispensable à la stabilité et à l’attractivité économique du pays. Le Premier ministre adopte, quant à lui, une posture de confrontation, cherchant à effacer l’opposition, ce qui nourrit les appels à la dissolution de l’APR et alimente la tension politique.
Le respect des principes du Jub-Jubul-Jubanti dans la sélection des responsables publics, constitue également un sujet de friction. Les attaques du Premier ministre, lors du Téra Meeting, contre certains acteurs présents dans le dispositif présidentiel, sous prétexte qu’ils auraient des « dossiers compromettants », illustrent parfaitement cette divergence d’approche.
Ces différences de vision et de conception, qui opposent les deux têtes de l’Exécutif, sont si profondes et d’ordre principal, qu’il semble vain de vouloir les concilier. L’idéal souverainiste défendu par le Premier ministre et sa volonté de rupture radicale, se heurtent aux exigences pragmatiques de la gestion de l’État, auxquelles le Président ne peut se soustraire.
Pour éviter que ces divergences inconciliables ne paralysent davantage l’État ou ne débouchent sur une crise institutionnelle, une seule issue s’impose : le départ du Premier ministre. C’est, de toute évidence, la solution la plus conforme aux intérêts supérieurs de la Nation. Le Président, détenteur de la légitimité populaire et seul responsable devant le peuple, demeure l’unique maître du jeu.
Il lui revient donc de mettre fin aux fonctions du Premier ministre, si celui-ci ne prend pas l’initiative de démissionner. Car l’heure n’est plus à l’exhibitionnisme politique ni aux discours qui attisent la frilosité des investisseurs, mais au travail. Le peuple souffre et l’éthique exige une attitude de responsabilité, où la loyauté occupe une place centrale. Dès lors qu’il accepte ses fonctions dans l’ordre constitutionnel actuel, un Premier ministre se doit d’être loyal, et le Président doit veiller au respect de la verticalité républicaine.
La Constitution du Sénégal offre plusieurs mécanismes au Chef de l’État. Certes, la configuration actuelle de l’Assemblée nationale ne permet pas d’obtenir des ordonnances. Toutefois, l’article 49 laisse au Président la latitude de choisir la date de nomination du Premier ministre. Le Président Macky Sall, après avoir rétabli le poste, avait attendu neuf mois avant de nommer Amadou Bâ. À cela s’ajoutent les pouvoirs exceptionnels prévus par l’article 52, en cas de menace grave sur les institutions.
En définitive, l’unique maître du jeu demeure le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. La République ne s’accommode ni des égos ni des conflits personnels, encore moins des caprices, de l’irrévérence ou du chantage. Le Sénégal traverse une crise économique profonde et nécessite des décisions claires et courageuses. Des retrouvailles non sincères — donc fragiles, ne feraient qu’aggraver la situation déjà délétère, d’autant que la confiance entre le Président et le Premier ministre est profondément balafrée, si elle n’est pas totalement rompue.
Dans un tel écosystème d’impossibles compromis dynamiques, se séparer le plus tôt possible apparaît comme la meilleure option : pour le Premier ministre Ousmane Sonko et ses partisans, pour le Président Bassirou Diomaye Faye et son camp en structuration, mais surtout, pour le peuple sénégalais. Telle est, hélas, la vérité crue.
Par Abdoul Wakhab Kâ, coordonnateur national de l'ADS et administrateur civil principal de classe exceptionnelle en retraite
La première divergence concerne la relation entre le parti PASTEF et la Présidence de la République en tant qu’institution. De retour de son déplacement international, notamment en Chine, le Premier ministre a publiquement regretté certaines décisions prises par le Président, sans consultation préalable du PASTEF, allant jusqu’à évoquer son intention d’instituer un « parti-État ». Une telle orientation, qui érige la primauté du parti sur l’institution présidentielle, contrevient à l’esprit et à la lettre de la Constitution. Elle ne saurait être acceptée par le Chef de l’État, tenu par son serment de respecter l’ordre constitutionnel.
La deuxième divergence porte sur l’indépendance et le fonctionnement de la justice. À plusieurs reprises, le Premier ministre a vivement critiqué l’appareil judiciaire, mobilisant même ses militants contre celui-ci. À l’inverse, la position du Président maintes fois réaffirmée, est de respecter rigoureusement l’indépendance de la justice et de se conformer à ses décisions, conformément aux exigences républicaines.
Un autre point de désaccord majeur, réside dans la question de la restructuration de la dette publique. Lors du Téra Meeting, le Premier ministre a défendu une ligne souverainiste et rejeté catégoriquement cette option de sortie de crise. Or, en la matière, la décision finale relève du président de la République, à l’exception des lois de finances affectées par la restructuration et des dettes bilatérales contractées sous forme d’accords internationaux, lesquels doivent être approuvés par l’Assemblée nationale, avant ratification par le Chef de l’État.
À cela s’ajoute la question cruciale de la stabilité politique. Depuis son investiture, le Président place la réconciliation nationale au cœur de son action, la considérant comme indispensable à la stabilité et à l’attractivité économique du pays. Le Premier ministre adopte, quant à lui, une posture de confrontation, cherchant à effacer l’opposition, ce qui nourrit les appels à la dissolution de l’APR et alimente la tension politique.
Le respect des principes du Jub-Jubul-Jubanti dans la sélection des responsables publics, constitue également un sujet de friction. Les attaques du Premier ministre, lors du Téra Meeting, contre certains acteurs présents dans le dispositif présidentiel, sous prétexte qu’ils auraient des « dossiers compromettants », illustrent parfaitement cette divergence d’approche.
Ces différences de vision et de conception, qui opposent les deux têtes de l’Exécutif, sont si profondes et d’ordre principal, qu’il semble vain de vouloir les concilier. L’idéal souverainiste défendu par le Premier ministre et sa volonté de rupture radicale, se heurtent aux exigences pragmatiques de la gestion de l’État, auxquelles le Président ne peut se soustraire.
Pour éviter que ces divergences inconciliables ne paralysent davantage l’État ou ne débouchent sur une crise institutionnelle, une seule issue s’impose : le départ du Premier ministre. C’est, de toute évidence, la solution la plus conforme aux intérêts supérieurs de la Nation. Le Président, détenteur de la légitimité populaire et seul responsable devant le peuple, demeure l’unique maître du jeu.
Il lui revient donc de mettre fin aux fonctions du Premier ministre, si celui-ci ne prend pas l’initiative de démissionner. Car l’heure n’est plus à l’exhibitionnisme politique ni aux discours qui attisent la frilosité des investisseurs, mais au travail. Le peuple souffre et l’éthique exige une attitude de responsabilité, où la loyauté occupe une place centrale. Dès lors qu’il accepte ses fonctions dans l’ordre constitutionnel actuel, un Premier ministre se doit d’être loyal, et le Président doit veiller au respect de la verticalité républicaine.
La Constitution du Sénégal offre plusieurs mécanismes au Chef de l’État. Certes, la configuration actuelle de l’Assemblée nationale ne permet pas d’obtenir des ordonnances. Toutefois, l’article 49 laisse au Président la latitude de choisir la date de nomination du Premier ministre. Le Président Macky Sall, après avoir rétabli le poste, avait attendu neuf mois avant de nommer Amadou Bâ. À cela s’ajoutent les pouvoirs exceptionnels prévus par l’article 52, en cas de menace grave sur les institutions.
En définitive, l’unique maître du jeu demeure le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. La République ne s’accommode ni des égos ni des conflits personnels, encore moins des caprices, de l’irrévérence ou du chantage. Le Sénégal traverse une crise économique profonde et nécessite des décisions claires et courageuses. Des retrouvailles non sincères — donc fragiles, ne feraient qu’aggraver la situation déjà délétère, d’autant que la confiance entre le Président et le Premier ministre est profondément balafrée, si elle n’est pas totalement rompue.
Dans un tel écosystème d’impossibles compromis dynamiques, se séparer le plus tôt possible apparaît comme la meilleure option : pour le Premier ministre Ousmane Sonko et ses partisans, pour le Président Bassirou Diomaye Faye et son camp en structuration, mais surtout, pour le peuple sénégalais. Telle est, hélas, la vérité crue.
Par Abdoul Wakhab Kâ, coordonnateur national de l'ADS et administrateur civil principal de classe exceptionnelle en retraite








