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Découverte - ​Peycouck Sérère, à la croisée des chemins entre le passé et le futur ​Peycouck Sérère.


Rédigé le Mardi 15 Septembre 2020 à 18:22 | Lu 642 fois | 0 commentaire(s)



​Peycouck Sérère. Ce village, plus que centenaire, est à la croisée des chemins entre le passé et le futur. Son présent, ce sont d’abord ses habitants. Très fiers, ils sont des hommes et des femmes très accueillants. Très modestes et surtout très solidaires. A part quelques rares étrangers, tout le monde dans cette localité est « Noon », une sous composante de l’ethnie sérère du Sénégal seulement présente dans Thiès et ses environs.


Découverte - ​Peycouck Sérère, à la croisée des chemins entre le passé et le futur ​Peycouck Sérère.

 Peycouck Sérère est à la périphérie Est de la ville de Thiès sur la route nationale 2 qui mène vers Khombole. C’est un village composé de cinq quartiers. Il s’agit de Fayène ou « Ki Faye-Faye », ensuite Ndionène ou « Ki Ndione-Ndione » aujourd’hui divisé en deux (Ndionène Boury et Ndionène Ngomack) et « Ki digane ». Vient enfin, Coundar, lui aussi divisé en deux (Coundar Biraye et Coundar Dembé). A côté de ces quatre carrés, il y a « Ki khoul khoul » où vivent les griots qui jouent un rôle essentiel dans la vie du village. Selon une version bien établie, les ancêtres des habitants actuels du quartier Ndionène ou « Ki Ndione-Ndione » sont les fondateurs du village de Peycouck Sérère.

Seulement, les nombreux témoignages ne donnent aucune précision sur leurs origines exactes. Certains témoignages retiennent que les « Ndione-Ndione » à la tête desquels il y avait un patriarche sont arrivés à l’approche de la saison des pluies. Ils se sont établis avec leur troupeau à la périphérie Nord-Est sur les champs du clan des Tine ou « Tène Tène » de Ngoumsane. Qui les aurait accueillis sur autorisation des chefs de la tribu trouvée sur place. Et comme l’hivernage approchait, l’urgence était de recouvrir les cases construites à la hâte. Faute de paille fraîche, les « Ndione- Ndione » durent faire avec de la paille ayant déjà servi et appelée « couck » dans le dialecte locale. Par transposition, le terme a servi à désigner les nouveaux habitants.

«Khémès», la brave femme, réarma moralement les survivants d’une méchante épidémie de peste au 19ème siècle
Comme la plupart des clans de l’époque, celui des « Ndione Ndione » aura connu « grandeur » et « décadence », selon nos sources. « Grandeur parce que la population a connu une telle croissance que les hommes ne pouvaient tenir sous un seul arbre à palabres pendant la période dite méridienne entre les deux saisons. On imagine alors que l’espace était très exigu pour jouer au ‘’yooté’’, un jeu tracé sur le sable avec des bouts de bâtons comme pions à planter dans des sillons faits avec le revers de la main. Ce qui a donné la création de deux autres arbres à palabres appelés ‘’seuguou’’ réservé chacun à un carré.

Ainsi, il y a eu ‘’Félène’’, ‘’Nimrod’’, etc. », raconte notre source. La décadence viendra au 19ème siècle. Une méchante épidémie de peste a ravagé impitoyablement la grande famille des ‘’Ndione-Ndione’’. Les rares rescapés se comptaient sur le bout des doigts. Selon les témoignages, « le clan aurait disparu, n’eut été une femme d’un âge certainement adulte prénommée ‘’Khémès’’. Elle aurait réarmé moralement les survivants, traumatisés par la perte de parents, les obligeant à reprendre goût à la vie et de garder l’espoir qu’un jour la grande famille allait s’agrandir. « Ki Ndione-Ndione » relevait peu à peu la tête hors de l’eau quand il fut, une fois de plus, touché par une seconde épidémie de peste entre 1916 et 1918.

Alerté, le service d’hygiène colonial dut brûler les cases et isoler la population sur le côté Est du village. Aujourd’hui, nous a-t-on appris, il ne reste plus que deux grandes familles. Il y a « Ki ndione-ndione Bouré » (Boury) qui, approximativement, est demeuré sur l’un des emplacements qui abritait un des trois « seuguou », et « ki ndione-ndione Ngomack » situé un peu au Nord à côté du clan des « Coundar-coundar ». Un autre trait de l’histoire attribue aux habitants de « Ki ndione ndione » une interdiction ferme de consommer du poisson.

Et si Peycouck Sérère m’était conté...
La date exacte de création de Peycouck Sérère est encore un secret de l’histoire. Cependant, à travers la tradition orale transmise de génération en génération, l’histoire retient, suivant les « circonstances de la fondation du village, que « les premiers habitants seraient, en effet, arrivés à l’approche de l’hivernage ». Pourquoi avaient-ils préféré cet endroit à un autre? Nul ne sait. La raison est peut-être liée à leur statut de paysans et de pasteurs. Ils avaient certainement besoin d’assez d’espace pour cultiver et faire paître le bétail. La preuve : les hectares à perte de vue légués aux fils actuels du village et qu’ils cultivent ou cultivaient encore avant que la démographie galopante du village et de la ville de Thiès ne vienne les conquérir.

Ces terres sont bien connues sous les appellations de « thiop tia » (les terres déboisées) et « diora » (le sol dior). Nos sources renseignent que « les premiers venus n’étaient pas seuls sur le site. Ils ont trouvé sur place les gens de la localité de Ngoumsane qui les ont accueillis à bras ouverts. Un groupe de « sages » trouvé sous l’arbre à palabre raconte : « l’hivernage approchait. Il fallait vite dresser des cases. Mais la grande équation, c’était de trouver de la paille pour faire les chaumières. Les ‘’Ngoumé-Ngoumé’’ - c’est ainsi que l’on désigne les habitants de « Ngoumsane » - sollicités, n’avaient que de la vieille paille ayant déjà servi, qu’on appelait et on l’appelle jusqu’à présent ‘’couck’’. Les nouveaux arrivants s’en contentèrent pour couvrir les toitures de leurs cases. Cela a servi de prétexte aux « Ngoumé-ngoumé »pour désigner leurs nouveaux voisins. Ils leur donnèrent le nom de ‘’couck-couck’’ qui veut dire les gens à la vieille paille. L’histoire de Peycouck Sérère est donc intimement liée à celle du village de Ngoumsane ».

Sous un grand arbre surnommé «Wouly» ou «Mboul», se reposaient les voyageurs venus du Baol en route vers Rufisque
L’histoire fait également remarquer que le village est devenu, par la suite, un lieu de rencontre. Son emplacement géographique en faisait, en effet, un lieu d’escale pour les voyageurs venus du Baol vers le centre du pays (actuelle région de Diourbel) et en route vers Rufisque (dans la région de Dakar), une ville très commerçante à l’époque coloniale. Ces voyageurs, raconte une vieille dame sous le couvert de l’anonymat, « des Wolofs généralement, se reposaient sous un grand arbre que les ‘’Noon’’ surnomment ‘’wouly’’ et que les Wolofs connaissent sous le vocable de ‘’mboul’’. Pour désigner le lieu, ils parlaient de ‘’pey u couck’’, l’escale ou ‘’le lieu de rencontre de couck’’.

Le nom est resté, auquel on adjoindra le mot sérère de la dénomination de l’ethnie à laquelle appartiennent les habitants du village ». Fait remarquable : l’endroit est aujourd’hui situé à quelques cent mètres de la route nationale qui n’a fait que remplacer l’ancienne piste autrefois empruntée par les voyageurs à califourchon sur leurs chevaux.

En plus de la modernité, Peycouck Sérère s’ouvre au monde
L’arbre en question, plus que centenaire, a existé jusque vers les années 1985 avant que le poids de l’âge n’ait eu raison de lui. Il s’est affaissé un beau jour de saison sèche. Son emplacement est occupé par une parcelle à usage d’habitation. Les cases sont, aujourd’hui, devenues de l’histoire ancienne. Elles existent encore, mais elles ne sont plus témoins du sommeil de ses occupants. Elles sont utilisées comme cuisines ou débarras pour la plupart. L’architecture à Peycouck Sérère est celle de bâtiments construits en dur avec du ciment. Certaines habitations sont mêmes faites de terrasses. D’autres, si elles sont à un niveau de rez-de-chaussée, sont prévues pour supporter un ou deux étages. Un coup d’œil, même furtif, renseigne sur le niveau de vie des habitants du village.

Le village est également électrifié depuis 1999. Ses habitants sont joignables aussi à tout moment grâce au téléphone fixe comme mobile. Les poteaux électriques se dressent le long des rues principales et alimentent les concessions. Ainsi, des téléviseurs aux postes radios en passant par les lecteurs de CD, les réfrigérateurs, les congélateurs et les ordinateurs, chaque famille est aujourd’hui fière de mener sa vie au rythme du courant électrique. Les toits des maisons sont surmontés d’antenne de télévisions MMDS et parfois hissées très haut.

En plus de la modernité, Peycouck Sérère s’ouvre au monde, à la civilisation extérieure. Faisant aujourd’hui presque partie de la banlieue thiessoise. Le village rattaché à la commune de Thiès bénéficie d’eau potable. En plus des puits traditionnels, l’eau coule des robinets dans chaque concession. Pour ses habitants, le défi majeur pour Peycouck Sérère aujourd’hui, c’est de réussir la mutation dans laquelle le village est engagé depuis quelques années. La localité, du fait d’une urbanisation galopante accueille des nouveaux habitants, des Wolofs notamment. Comment alors vivre avec les autres et en même temps conserver sa culture et sa langue ?

Le Témoin




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