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Célébration de la Journée de la Femme - Maïmouna, Seynabou et Fama : trois femmes, même courage, même détermination


Rédigé le Dimanche 8 Mars 2020 à 15:06 | Lu 181 fois | 0 commentaire(s)



Si la femme était jadis confinée dans son foyer, bonne qu’à exécuter les tâches ménagères, la gent féminine s’est beaucoup émancipée au cours de ces dernières années. Désormais, elles sont davantage instruites, occupant ainsi de hauts postes de responsabilité et dans presque tous les domaines. Jusqu’à récemment, la société africaine en général, celle sénégalaise en particulier, s’était arrangée pour délimiter à la femme ses zones d’intervention en milieu professionnel. Il était rare, voire impossible de voir des femmes exercer certains métiers. Ce temps semble révolu puisqu’elles ont réussi à briser ce mythe. Des femmes entrepreneurs, chefs d’entreprise ou encore mécaniciennes, c’est ce tableau qui décore désormais, les murs de palmarès des dames qui ont toujours combattu pour l’émancipation de la femme. A l’occasion de la Journée de la Femme, nous sommes allés à la découverte de trois femmes qui, par leurs activités, ont pu montrer qu’il n’y a pas de métier destiné à un quelconque genre. Mame Fama Ndiaye, Seynabou Sène et Maïmouna Ndour Faye sont des femmes qui ont marqué leur entourage de par le métier choisi, le parcours et l’exploit.


Elles sont différentes de par leur origines, âges et domaines d’intervention, mais elles partagent la même vision de la vie : le courage, la passion pour leur boulot, mais aussi la détermination. Pour célébrer la femme, nous avons porté notre choix sur trois (3) dames, spéciales de par leur choix de métier. Nous avons visité le monde de ces braves femmes afin de comprendre leur choix de métier. 

Maimouna Ndour Faye : la seule femme patronne de télé dans le paysage médiatique 

C’est une passionnée. Maimouna Ndour Faye voue un amour incommensurable à son métier, le journalisme. Malgré le caractère tumultueux de ce métier, cette dame assure n’avoir jamais tenté une autre carrière que le journalisme. «Ce qui me guide dans ce métier, c’est la passion. Je suis profondément amoureuse de ce métier, le journalisme m’aide à m’épanouir», lance la seule patronne de télé dans le paysage médiatique. 

Quand ses consÅ“urs décident de se reconvertir dans le secteur de la communication après une certaine expérience dans le journalisme, la Directrice de 7tv, elle, n’entend rien tenter dans un secteur autre que le journalisme. 

Patronne de l’une des télévisions privées du pays, Maimouna Ndour Faye a fait ses débuts avec le groupe Walfadrji : d’abord en presse écrite à Walf quotidien, avant d’intégrer la radio du même groupe de presse en tant que stagiaire, pour une durée de 8 mois. Elle rejoint ensuite, en décembre 2006, la nouvelle télévision Canal infos News qui venait de démarrer ses programmes. C’est d’ailleurs dans cette télé que l’ancienne présentatrice a fait une bonne partie de sa carrière, avec 6 bonnes années qui lui ont permis de se familiariser avec le management d’une maison de presse. 

«A Canal infos, j’ai gravi tous les échelons. Je suis passée de reporter à présentatrice et au bout d’un an, j’ai été portée à la tête de la rédaction en tant que responsable, puis coordonnatrice de la rédaction, avant de devenir rédactrice en chef adjointe et enfin rédactrice en chef». Donc à force de persévérer, Maïmouna Ndour était devenue le second de Vieux Aïdara, assurant l’intérim à chaque fois que ce dernier devait s’absenter. Aucun domaine n’échappait à la curiosité de la journaliste. Bien qu’elle dirigeait la rédaction, elle touchait au commercial, à la formulation des programmes, au management des hommes. 

«J’aime tellement mon métier qu’aucun sacrifice n’est assez grand pour…» 

Pour la patronne de 7tv, son expérience au sein de Canal infos News a beaucoup influé sur celle qu’elle est devenue aujourd’hui. Maimouna Ndour Faye fait partie de ces femmes qui se battent pour briser les barrières de la discrimination. Son intime conviction est qu’il ne devrait jamais être question d’homme ou de femme pour bien accomplir n’importe quel métier. Dans le milieu professionnel, la femme peut avoir autant de responsabilités qu’un homme, seule la compétence devrait les départager. 

«Ma situation matrimoniale n’a jamais posé de problème pour mon parcours. J’ai toujours fait de sorte qu’aucun de mes deux rôles à savoir celui d’épouse, mère de famille et celui de manager, ne soit lésé par rapport à l’autre. Je suis devenue mère de famille dès ma licence. J’ai toujours eu l’habitude de concilier les deux rôles», dit-elle. La cheffe d’entreprise trouve déplacé que l’on veuille tout le temps s’interroger sur comment les femmes arrivent à gérer leur foyer et leur boulot en même temps. 

«Personnellement je n’ai pas l’impression de faire des efforts pour concilier mes deux rôles. J’aime tellement mon métier qu’aucun sacrifice n’est assez grand pour. Je n’ai pas l’impression de supporter un poids. Je suis femme professionnelle quand il le faut et épouse, mère quand il le faut». Après la fin de sa collaboration avec Canal infos News en avril 2012, elle a lancé ‘’3M universel’’ en décembre de la même année, en devenant ainsi la productrice externe de son ancienne maison de presse. Avec une équipe d’une dizaine de personnes, ‘’3M universel’’ faisait des campagnes de communication, la production d’émissions, mais aussi des collaborations avec certaines entités comme la 2stv. 

C’est en 2015 que Maïmouna décida de quitter la 2stv pour se consacrer davantage à son projet de télévision. «J’ai voulu me consacrer à mon projet de télévision ; je me suis donc aménagée du temps pour cela. Mais au bout de quelques instants, le journalisme me manquait et j’ai mis sur pied le site d’informations ‘’AZ actu’’, qui s’est bien positionné avec une grande rédaction de 25 personnes. Et en mars 2018, j’ai pu lancer la chaîne de télévision 7tv», se remémore-t-elle. 

«Dans mon style de management, on ne me tient pas tête» 

Si l’on est tenté de se demander si c’est évident pour de manager une équipe composée en grande partie d’hommes, Maïmouna répond simplement qu’il n’y a rien d’ingénieux. «Dans mon mode de management, on ne me tient pas tête. Je n’utilise pas le bâton. Je suis plus dans le management social. Je dialogue beaucoup avec mes collaborateurs. Ils me connaissent bien. Ils savent que quand c’est l’heure de travailler, il faut travailler». Dans son métier, Maïmouna a connu des bons comme de mauvais moments, mais elle a su garder le cap sur ses objectifs. 

Pour elle, la vie d’un journaliste est un cocktail d’émotions et pourtant, elle ne regrette pas de se donner corps et âme à son métier. « Certains me disent que ce n’est pas facile de diriger une telle boîte mais moi, personnellement, je m’éclate au boulot. Je suis au bureau du lundi au dimanche et ça n’a jamais rien gêné dans ma vie sociale. Mes enfants comprennent et c’est l’essentiel». Pour anecdote, Maïmouna s’est rappelé son premier entretien. C’était avec Carlou D. « C’était à mes débuts, et puisque je suis émotive, je me suis mise à pleurer quand il me racontait son histoire avec sa mère. C’était tellement fort que le gars ne savait plus où se mettre avec mes pleurs», rigole la seule patronne de télé dans la presse sénégalaise. Mais le fait le plus marquant de sa carrière, reste le jour du lancement des programmes de sa télé. «C’était un samedi 18 mars, à 6h du matin qu’on a démarré officiellement les programmes de la 7tv. C’était l’aboutissement d’un rêve, d’un investissement qui a duré 4 années. Quand j’avais eu tous les accords pour démarrer, j’étais sur un nuage», expliquera la jeune cheffe d’entreprise. 

Seynabou Sène : une ferrailleuse qui dirige une équipe d’hommes 

Du haut de ses vingt (20) piges, la jeune Seynabou est devenue ferrailleuse juste après trois mois de formation auprès d’un ami entrepreneur espagnol. Et pourtant, rien ne la prédestinait au métier de ferrailleur. 

Ayant échoué au Bfem, Seynabou Sène qui faisait ses humanités à Bambey, a décidé de rejoindre la capitale pour travailler et venir en aide sa maman. « J’ai très tôt compris qu’il me fallait travailler. Même si je ne suis pas l’aînée, j’ai toujours eu le sentiment de devoir m’occuper de ma famille», lâche la jeune femme. Déterminée à améliorer la situation de sa famille, Seynabou Sène a d’abord été ménagère avant de se rendre compte que ce n’est pas ce qu’il lui fallait. Elle s’est ensuite tournée vers la restauration. « J’avais un ami espagnol. Entrepreneur, il se plaignait toujours de leur restauratrice. J’ai donc décidé de tenter le coup en devenant leur nouvelle restauratrice. C’est en allant tout le temps au chantier pour servir les ouvriers qu’est née cette passion pour ce métier». 

Elle a ainsi commencé à taquiner les outils. Et quand l’Espagnol l’a vue à l’œuvre, il s’est très vite mis à l’encourager, en lui proposant de la former. «A un moment donné, la restauration n’était plus aussi fructueuse qu’au début ; j’ai pesé le pour et le contre et je me suis alors jetée à l’eau en rangeant marmites et gaz, pour commencer mon stage en tant que ferrailleuse». Se remémorant ses débuts, la jeune dame affirme qu’elle a vu des vertes et des pas mûres, mais elle s’est accrochée. «J’étais obligée de mentir à mes parents durant toute ma formation avec mon ami espagnol. J’ai fait croire à maman que je vendais toujours des repas dans le chantier, alors que je travaillais en tant que ferrailleuse», explique-t-elle avant de lancer : «puisque mon ami connaissait ma situation, il me payait en tant que journalière. Et c’est avec cet argent que j’ai continué à prendre soin de ma famille. Je faisais donc de la pratique au chantier et la théorie, c’était tous les soirs à la descente, chez mon ami espagnol». 

«J’ai été battue, calomniée, mais j’ai tenu bon… et aujourd’hui, je rends grâce à Dieu» 

Seynabou a très vite compris qu’elle devait batailler pour exercer le métier de ferrailleur. Donc, à la fin de sa formation accélérée de trois (3) mois, son patron et ami lui a proposé un contrat de sous-traitant. « Il disait que je suis douée, il a eu confiance en moi et juste après 3 mois de formation, il m’a fait signer un contrat de sous-traitante. Je devenais ainsi autonome, avec une équipe d’une dizaine d’hommes à piloter Â». 

A partir de ce moment, Seynabou était dos au mur, elle devait impérativement révéler son nouveau métier à ses parents. Ce qui n’a pas été une partie de plaisir. Sa maman est entrée dans une colère noire. Elle était dans tous ses états quand elle a découvert que sa «petite fille» a décidé de faire un métier «d’homme». « J’avais raison de repousser la révélation de ma nouvelle orientation. Maman ne pouvait pas concevoir que moi, fille de bonne famille, disait-elle, je passe toutes mes journées dans un chantier entouré d’hommes. C’était un moment très difficile», se remémore la jeune Nabou. Malgré la réticence de sa mère, Seynabou n’a jamais baissé les bras. Elle s’est attelée chaque jour à faire comprendre à sa mère qu’il lui fallait continuer ce boulot, parce que non seulement c’est sa passion, mais elle y gagne bien sa vie. 

«Pour ce métier, j’ai même reçu des coups, mais je suis restée déterminée. Je n’ai jamais cru en ces règles sociétales qui érigent des métiers pour tel genre. J’y ai cru et j’ai réussi. Je pratique ce métier depuis 2016 et je n’ai aucun regret», assure-t-elle. Il a fallu que son chef de chantier vienne rencontrer sa mère pour lui faire comprendre qu’elle n’a aucune raison de s’inquiéter, que Seynabou est assez responsable pour travailler avec n’importe qui. Et quand sa maman a décidé de baisser les armes, la jeune dame devait encore faire face à un autre commentaire. «Il arrivait que des proches viennent jusque chez nous pour demander si c’est vrai que je pratique un métier d’homme. J’ai entendu toutes sortes de commentaires sur mon choix de métier, mais je suis restée stoïque et cela s’est révélé payant». 

Persévérante, Seynabou Sène a su se faire une place au sein des hommes en étant l’une des premières si ce n’est la seule femme ferrailleuse. A juste 20 ans, Nabou, pour les proches, gagne bien sa vie avec le métier de ferrailleur. «Je gère une équipe d’une dizaine d’hommes qui me vouent un respect total. Nous faisons un regroupement chaque jour à 8h pour distribuer les tâches et je supervise tout», précise la jeune dame. Financièrement, Seynabou ne se plaint pas du tout. Elle peut avoir jusqu’à 250.000 francs Cfa par chantier. 

La jeune célibataire pense qu’elle doit son salut à ce métier pour lequel elle a vécu plein de préjugés venant de son entourage, mais aussi quelques anecdotes au cours de sa carrière qui l’auront marquée à jamais. « Il m’arrive de me déplacer à l’intérieur du pays pour les besoins de mon travail. J’ai été une fois à Mbour pour un chantier. Je devais donc forcément loger à Mbour et un des gars avec qui je devais travailler, passait son temps à me taxer de fille de mÅ“urs légères. J’étais sidérée et cela m’a beaucoup marquée», se remémore-t-elle. La ferrailleuse regrette que la question du genre soit une barrière pour beaucoup de femmes qui ne sont pas fortes mentalement. « Il est aussi arrivé que mon voyage au Canada soit annulé parce que mon patron d’alors disait ne pouvoir prendre la responsabilité d’emmener une fille hors du pays ; et pourtant, je peux être plus coriace que certains hommes», s’indigne la jeune femme, qui est par ailleurs un cÅ“ur à prendre. 

Fama Ndiaye, mécanicienne, cheffe d’équipe au Port autonome de Dakar 

Contrairement à Seynabou la ferrailleuse, Mame Fama, elle, a suivi une formation en bonne et due forme pour devenir mécanicienne. Après son baccalauréat en série S2, elle a été orientée à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, à la Faculté des Sciences économiques et de gestion. Il a fallu à la jeune dame deux ans au sein de ladite faculté, pour se rendre compte que ce n’était pas vraiment ce qu’elle voulait faire. Elle a donc décidé de s’informer par rapport aux formations techniques. Mame Fama a automatiquement porté son choix sur la mécanique. Pourquoi ? Elle ne le sait toujours pas. « C’est par hasard que j’ai choisi la mécanique, mais je ne regrette vraiment pas. Ça a été dur au début, certes, mais je me suis vite habituée à ma nouvelle situation. Après les cours intensifs de l’année préparatoire, j’ai suivi des cours du soir durant les deux dernières années de ma formation, ce qui m’a permis de faire des stages à Emg Automobile et un peu partout», explique-t-elle avec nostalgie. «J’ai beaucoup donné pour être là où je suis». 

Entre les cours et les stages, Mame Fama a vécu des moments très difficiles mais elle a tenu bon, avec le soutien de sa famille, elle a passé indemne toutes les épreuves. Et maintenant qu’elle récolte les fruits de son dur labeur, la jeune célibataire dit être très fière de ce qu’elle est devenue. «Pour avoir l’expérience et les compétences qui me valent tout ce que j’ai aujourd’hui, j’ai trimé. J’ai beaucoup donné pour être là où je suis. Quand je regarde ce que je suis devenue, je ne peux qu’en être fière», affirme Fama Ndiaye, qui est devenue cheffe d’équipe au Port autonome de Dakar. 





Ndeye Khady D. FALL jootay
 
 


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