Soixante jours de silence. Depuis le 17 avril, un soldat sénégalais est aux mains d’un groupe armé non identifié, capturé lors d’un accrochage dans la zone des palmiers, au nord de Sindian. Malgré les opérations de ratissage menées par l’armée dans cette partie sud du pays, aucune trace du militaire n’a été retrouvée. Et l’opinion s’impatiente. Car au-delà de la dimension militaire, c’est toute une population qui s’interroge : où est-il ? Qui le détient ? Et que fait-on pour le retrouver ?
Si certaines sources situent sa détention le long de la frontière sénégalo-gambienne, rien ne permet de confirmer cette hypothèse. Pas plus que l’identité de ses ravisseurs, objet de toutes les spéculations. S’agit-il d’éléments du MFDC ? De trafiquants opérant dans les filières de bois ou de chanvre indien, jaloux de leur économie de guerre ? Les pistes sont nombreuses, les certitudes, inexistantes. Et cette incertitude nourrit l’angoisse, dans une région encore marquée par le souvenir de l’enlèvement, en janvier 2022, de sept militaires sénégalais de l’ECOMIG par le chef rebelle Salif Sadio. Ces derniers avaient été libérés trois semaines plus tard, grâce à des médiations discrètes. Rien de tel, pour l’heure, concernant le soldat capturé en avril.
Ce silence prolongé soulève une question plus large : jusqu’à quand l’armée peut-elle maintenir l’opacité autour de cette affaire, sans compromettre les efforts de médiation ? Car, selon plusieurs acteurs du processus de paix en Casamance, il serait contre-productif de « militariser » la recherche du soldat disparu. Pour eux, l’implication des citoyens dans cette quête est aussi essentielle que leur mobilisation pour la paix. Le mutisme officiel, au nom du secret-défense, pourrait freiner la mobilisation des bonnes volontés.
Le débat est posé : la sécurité collaborative peut-elle s’exercer sans une information minimale partagée ? La population, régulièrement appelée à soutenir l’armée, réclame en retour un droit de regard sur les enjeux de sécurité. D’autant que l’homme disparu est aussi un citoyen, un agent de la République dont la mission est de protéger les autres. Dès lors, la protection de sa propre vie devrait engager l’ensemble de la communauté nationale.
Alors que les proches du militaire vivent dans l’angoisse, la question demeure entière : combien de temps encore ce soldat restera-t-il entre les mains de ses ravisseurs ? Et combien de temps encore durera ce silence stratégique, au risque de faire vaciller la confiance entre citoyens, armée et institutions ? L’affaire ne saurait être reléguée au rang des faits divers sécuritaires. Elle interroge sur la transparence, sur l’efficacité des mécanismes de résolution, et sur la volonté collective de ne pas laisser un soldat, un compatriote, dans l’oubli.
Sudquotidien.sn
Si certaines sources situent sa détention le long de la frontière sénégalo-gambienne, rien ne permet de confirmer cette hypothèse. Pas plus que l’identité de ses ravisseurs, objet de toutes les spéculations. S’agit-il d’éléments du MFDC ? De trafiquants opérant dans les filières de bois ou de chanvre indien, jaloux de leur économie de guerre ? Les pistes sont nombreuses, les certitudes, inexistantes. Et cette incertitude nourrit l’angoisse, dans une région encore marquée par le souvenir de l’enlèvement, en janvier 2022, de sept militaires sénégalais de l’ECOMIG par le chef rebelle Salif Sadio. Ces derniers avaient été libérés trois semaines plus tard, grâce à des médiations discrètes. Rien de tel, pour l’heure, concernant le soldat capturé en avril.
Ce silence prolongé soulève une question plus large : jusqu’à quand l’armée peut-elle maintenir l’opacité autour de cette affaire, sans compromettre les efforts de médiation ? Car, selon plusieurs acteurs du processus de paix en Casamance, il serait contre-productif de « militariser » la recherche du soldat disparu. Pour eux, l’implication des citoyens dans cette quête est aussi essentielle que leur mobilisation pour la paix. Le mutisme officiel, au nom du secret-défense, pourrait freiner la mobilisation des bonnes volontés.
Le débat est posé : la sécurité collaborative peut-elle s’exercer sans une information minimale partagée ? La population, régulièrement appelée à soutenir l’armée, réclame en retour un droit de regard sur les enjeux de sécurité. D’autant que l’homme disparu est aussi un citoyen, un agent de la République dont la mission est de protéger les autres. Dès lors, la protection de sa propre vie devrait engager l’ensemble de la communauté nationale.
Alors que les proches du militaire vivent dans l’angoisse, la question demeure entière : combien de temps encore ce soldat restera-t-il entre les mains de ses ravisseurs ? Et combien de temps encore durera ce silence stratégique, au risque de faire vaciller la confiance entre citoyens, armée et institutions ? L’affaire ne saurait être reléguée au rang des faits divers sécuritaires. Elle interroge sur la transparence, sur l’efficacité des mécanismes de résolution, et sur la volonté collective de ne pas laisser un soldat, un compatriote, dans l’oubli.
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