« 90 000 emplois créés entre 2012 et 2014 » : Encore un mensonge d’Etat


Rédigé le Jeudi 4 Décembre 2014 à 23:22 | Lu 71 fois | 0 commentaire(s)



Devant la représentation parlementaire, le jeudi 27 Novembre 2014, pour défendre son budget 2015, le Ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Citoyenneté avait déclaré que l’Etat du Sénégal a créé entre 2012 et 2014, 90 000 emplois, sans pour autant préciser les secteurs dans lesquels ces emplois ont été créés.


« 90 000 emplois créés entre 2012 et 2014 » : Encore un mensonge d’Etat
Nous pensons qu’il est important de rétablir la vérité en revenant notamment sur la chronologie des faits. Il faut tout d’abord rappeler qu’avant, pendant et après la campagne présidentielle de 2012, le Président de la République Macky SALL avait promis à la jeunesse sénégalaise très touchée par le chômage, 500 000 emplois durant son mandant. 

Ses sbires sont revenus sur cette promesse en la réduisant à 300 000 emplois sous le prétexte fallacieux de la réduction du mandat de 7 à 5 ans. Prétexte fallacieux, si l’on sait que la promesse faite par le Président SALL, de créer 500 000 emplois a été concomitamment tenue avec la réduction de son mandat. La promesse de création d’emplois n’ayant en aucun cas précédé celle de la réduction de son mandat, cette dernière ne devait aucunement influer sur la première. 

Ceci dit, il est important de s’interroger sur les politiques mises en place par l’Etat du Sénégal pour créer des opportunités d’emplois pour la jeunesse. 

D’abord relevons qu’aucune politique sérieuse d’emploi n’a été mise en place par le gouvernement en place pour bien prendre en charge cette épineuse question. Nous avons toujours soutenu que la crise de l’emploi est un problème structurel auquel, quelques solutions conjoncturelles ne sauraient permettre d’endiguer. Or, à bien étudier les solutions proposées par l’Etat du Sénégal, on se rend vite compte que nos gouvernants ne prennent pas très au sérieux cette question pourtant si importante malgré les quelques efforts de l’ANPEJ et du PRODAC. 
Sur le plan des réalisations 

On peut reconnaître quand même au gouvernement du Sénégal certaines réalisations. C’est le cas du recrutement de 4500 jeunes dans la fonction publique en décembre 2013. Nous avons bien dit 4500 car, parmi les 5500 annoncés par le gouvernement, 1000 emplois étaient dévolus à l’armée. Or, nous savons bien que chaque année, l’armée recrute 3 contingents de jeunes et donc cela n’a rien d’exceptionnel et ne saurait en aucun cas être valablement comptabilisé dans de la création d’emploi du présent régime. Bref, il faut attribuer ce mérite de la création de 4500 emplois dans la fonction publique en décembre 2013. 

Il y a ensuite le recrutement de personnels de santé au mois d’octobre dernier. Dans ce recrutement touchant quasiment tous les secteurs de la santé, 1.000 agents de la santé dont 500 sages-femmes, 95 médecins et 90 infirmiers d’Etat. Ce recrutement important vient à point nommé puisque nos établissements sanitaires sont surtout caractérisés par leur manque criard de personnels. 

Il y a enfin un recrutement de 25 agents le 03 octobre dernier pour le compte du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, principalement de la Direction des bourses. Ce recrutement est composé de 03 informaticiens, 05 gestionnaires réseaux, 06 opérateurs de saisie, un juriste, un chargé de communication, 07 secrétaires, un comptable et un gestionnaire. 

Ces 3 recrutements ont été portés à la connaissance du publique notamment par la publication dans le quotidien national « Le Soleil » de la listes des recrus et des secteurs d’activités. Le total de ces 3 recrutements fait donc 5.525 jeunes. 

Il faut toutefois ajouter à cela, les recrutements par contrat à durée déterminée pour le compte de l’ANSD, l’ASP et le PRODAC. En effet, l’Agence National de la Statistique et de la Démographie (ANSD), dans le cadre du recensement général de la population et l’habitat avait recruté 17 000 agents recenseurs en 2013, pour 02 mois (avril et mai). 
L’Agence Nationale de Sécurité de Proximité (ANSP) avait également recruté 10.000 agents en 2013 pour un contrat de 2 ans renouvelables avec un salaire mensuel de 50.000 F CFA. 

Entre, le ministère de la Pêche, en collaboration avec le Ministère de la jeunesse avait recrutés 150 volontaire de de la pêche pour une durée de 2 ans renouvelables avec un salaire mensuel de 80.000 F CFA. Ce salaire est partagé comme suite : 60 % pour le ministère de la pêche et 40 % pour le ministère de la jeunesse. 

Enfin, le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC) qui envisage de créer à terme 300 000 emplois dans le monde rural, avait déjà recruté une centaine de jeunes, par le biais du FONGIP (Fond national de Garantie des Investissements Prioritaires) pour une incubation dans les cabinets partenaires pour une durée de 10 mois avec un salaire mensuel de 100.000 F CFA dont 50% à la charge du cabinet incubateur les autres 50 % à la charge du FONGIP. 

Toutefois, il faut relever que ces créations d’emploi ont une répercussion plus ou moins concrète. Sur les trois recrutements dans la fonction publique cités plus haut (en Décembre 2013 et Octobre 2014), leur impact sont réels aussi bien sur la plan social (recrutement de jeunes diplômés au chômage) que sur le plan économique (augmentation du pouvoir d’achat de ces sénégalais). 

En ce qui concerne les autres (l’ANSD, le VOPECHE, l’ASP et le PRODAC), la situation est tout autre. Il s’agit en réalité de recrutements occasionnels qui, en réalité, sont loin d’apporter des solutions viables à la crise du chômage des jeunes. 

Pour l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), les 17 000 jeunes engagés pour le recensement sont tous retournés au chômage après celui-ci. En aucun cas donc ce recrutement ne peut être valablement comptabilité par le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi comme faisant partie d’une politique de création d’emploi. 

Pour les volontaires de la pêche (VO-PECHE), certes ces derniers ont un contrat de deux (2) ans qui peut être renouvelé selon le bon vouloir de l’administration, mais le traitement salarial médiocre, le retard des payements et les difficiles conditions de travail ont fait que beaucoup de jeunes, enthousiastes au départ, ont dû quitter le navire. Il faut aussi signaler que les diplômés de la pêche et de l’aquaculture, regroupés au sein du Collectif National des Diplômés de la Pêche et de l’Aquaculture (CNDPA), avaient refusé « d’être exploiter dans un programme mal pensé » selon les termes de leur coordonnateur. Et le ministre de la Pêche de l’époque a dû faire appel aux jeunes de son parti pour atteindre le quorum. 

Pour l’Agence de Sécurité de Proximité (ASP), pas plus qu’hier mercredi 03 décembre, un journal de la place a intitulé à sa une : « Agents de Sécurité Pourris » pour illustre les nombreux délits que ces agents commettent presque tous les jours au grand dam des populations qu’ils sont pourtant censés protéger. Trafic de drogue, Extorsion de fonds, Abus de confiance, Escroquerie, Usurpation de fonction, viols etc. Cette liste qui est loin d’être exhaustive en dit long sur la situation chaotique que cette agence provoque déjà. Le manque de formation sérieuse, le traitement salarial misérable (50.000 F CFA par mois pour des pères de famille), les difficiles conditions de travail, entre autres, poussent ces jeunesà commettre des violations à la loi. A cela, il faut ajouter le manque de maîtrise de l’agence sur ces troupes. 

Nous avons toujours soutenu que l’idée de la création de cette agence était saugrenue et abjecte. Nos vaillantes forces de défense et de sécurité peuvent, en toute circonstance et en tout lieu, apporter l’assistance nécessaire aux populations. Ce qui leurs manque par contre pour effectuer correctement leur mission, ce sont les moyens. Au lieu de créer cette agence inutile, l’Etat devrait utiliser cet argent pour mieux équiper nos forces de sécurité. 

Pour le Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC), cette belle initiative de l’ANIDA et du FONGIP mérite d’être saluée et encouragée. Les DAC doivent être implantés dans toutesles régions en prenant bien en compte les exploitations agricoles familiales. Toutefois, nous avons de sérieux doutes sur le suivi des engagements notamment pour la pérennisation des emplois déjà créés. 

L’ANPEJ et le PAPEJF restent toujours inefficaces. Leurs réalisations se comptent sur le bout des doigts. Et aujourd’hui la rationalisation des ressources allouées à l’emploi, et tant réclamée par la jeunesse et réalisée à travers l’ANPEJ, risque fort bien de décevoir. 

Au regard de ce qui suit, il faut interpeller le Ministre de la Jeunesse et l’Emploi afin qu’il dise à la jeunesse les secteurs dans lesquels ces 90 000 emplois ont été créés. De même, il a affirmé que 1390 jeunes ont été mis en position de stage et que 80% de ces jeunes ont été recrutés sans encore préciser les secteurs d’activité. Nous pensons que Monsieur le ministre fait dans la dentelle et le saupoudrage. Il ramasse des chiffres qu’il balance à la jeunesse sans fondement légale ; ce qui est très grave. Il a tout faux. 

Cela traduit également qu’il ne maîtrise pas son élément. Et c’est très regrettable que, dans un pays envoie de développement comme le nôtre, un ministère aussi stratégique soit mis entre des mains inexpertes. Aujourd’hui, le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi ne parvient pas à mettre en place une politique cohérente d’emploi, capable de juguler le chômage des jeunes. Et c’est là c’est dramatique. La jeunesse sénégalaise, très touchée par le chômage, est désespère. Et la bombe social, qu’est le chômage, risque de péter un jour ou autre. 

Babacar NDOUR 
Ancien Coordonnateur du RDSES 
(Regroupement des Diplômés Sans Emploi du Sénégal) 
Président de l’IRV 
(Initiative pour une République des Valeurs)
 


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