Côte d'Ivoire - Bédié investi, montre son programme et attaque Ouattara


Rédigé le Dimanche 13 Septembre 2020 à 18:38 | Lu 249 fois | 0 commentaire(s)



Henri Konan Bédié a dévoilé samedi les grandes lignes de son programme après avoir été officiellement investi candidat de son parti, le PDCI, à la présidentielle d’octobre, devant des dizaines de milliers de ses partisans réunis à Yamoussoukro, révèle Jeune Afrique.


Assis sur une simple chaise enveloppée d’un pagne mordoré, conférant ainsi à l’assise des allures de trône, Henri Konan Bédié a été officiellement investi samedi candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre, moins de deux mois après avoir été plébiscité par 99,7% des militants.

À 86 ans, le Sphinx de Daoukro, indéboulonnable président du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), repart en campagne. Son slogan : « Un nouvel élan pour l’avenir ».

Face à des dizaines de milliers de ses partisans réunis sur l’esplanade Jean-Paul II à Yamoussoukro, il a dévoilé les grandes lignes de son programme dans un discours d’une trentaine de minutes : 26 « engagements majeurs » répartis dans quatre « pôles stratégiques » aux intitulés fourre-tout (état de droit/démocratie participative ; citoyenneté/civisme/éducation/formation ; grands travaux/aménagement du territoire ; développement économique et social).

Retour sans condition des exilés
Il promet notamment un réforme profonde du système éducatif (« un taux de réussite au bac de 70% », contre moins de 50 aujourd’hui selon ses chiffres), une hausse des pensions de retraite, une réforme des forces de sécurité, la lutte contre la corruption, la réforme du système de santé, une croissance économique inclusive. Coût estimé : 46 000 milliards de Fcfa sur 5 ans. « La gestion sera transparente », assure l’ancien chef de l’État ivoirien.

Henri Konan Bédié s’est aussi engagé à élargir le gouvernement à « toutes les formations politiques qui le désirent », et promis « le retour sans condition de tous les exilés » et « la libération des prisonniers politiques ». Des appels du pied très nets à Guillaume Soro, dont des proches sont en prison depuis plusieurs mois, mais aussi au Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo, sous le regard du secrétaire général du FPI, Assoa Adou. Présent dans les tribunes, ce dernier n’a pas pris la parole. Le 30 avril, les deux formations avaient confirmé leur rapprochement en signant « un accord-cadre de collaboration ».
 
 
À l’adresse du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) et de son ancien allié Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié a eu ces mots : « quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ». Avant d’expliquer le choix de cette pensée attribuée à Confucius : « quand les sages de notre pays montrent la voie de la paix, ils (les membres du RHDP) s’obstinent à violer la Constitution, à se parjurer en voulant un troisième mandat ».

« C’était un bon discours, c’est un bon programme », se réjouissent Adama Diomandé et son ami. Tous deux sont partis la veille de Gueyo, petite ville du sud-ouest de la Côte d’Ivoire, dans la région du Bas-Sassandra. Debout à quelques dizaines de mètres seulement de l’estrade, vêtus comme presque tous autour d’eux de vêtements aux couleurs blanches et vertes du parti, ils n’ont rien manqué des différentes interventions, malgré la fatigue. La route pour se rendre à Yamoussoukro a été éprouvante. « Pour rejoindre Soubré, à 60 kilomètres de chez nous, nous avons mis 8 heures, dans la boue ! », se désolent les quinquagénaires, montrant du doigt leurs chaussures couvertes de terre.

« Nous avons été oubliés, nous n’avons rien, nous manquons d’infrastructures routières, de services de santé et d’éducation, alors que la région produit du cacao et du café. On veut du changement, ce n’est plus possible », souffle Adama Diomandé, secrétaire général de section du parti à Gueyo. À l’en croire, un seul homme est susceptible de sortir leur région de cet oubli mortifère : « leur président », Henri Konan Bédié. Croit-il en la mise en œuvre de l’ambitieux programme annoncé ? « Oui, car le président peut tout faire. C’est un homme d’expérience, un apprenti de Félix Houphouët-Boigny. »

Une candidature en sursis ?

C’est aussi un homme à la mémoire longue, et à la revanche tenace. En atteste la chute de son discours : « Je demande à tous les Ivoiriennes et les Ivoiriens de m’accorder leurs voix pour la victoire à l’élection présidentielle, afin qu’ensemble nous reconstruisons la Côte d’Ivoire, retrouvions l’état de droit, la démocratie apaisée tant recherchée depuis le stupide coup d’État de 1999 », par lequel le général Robert Gueï l’avait renversé la veille de Noël.

« Il veut terminer ce qu’il n’a pas eu le temps de faire », estime Cédric, un jeune militant. « C’est notre guide », poursuit Servan, lui aussi encarté. Pour ces trentenaires, Henri Konan Bédié est « l’homme de la situation », malgré ses 86 ans.

Mais depuis vendredi, une ombre plane sur la candidature de leur leader, en raison de son statut d’ancien président, et donc de membre de fait du Conseil constitutionnel. Selon le code électoral, un membre du Conseil doit démissionner au moins six mois avant une élection pour pouvoir prétendre y être candidat. Problème : un avocat du PDCI a adressé une lettre de renonciation le 3 juillet dernier, soit bien après la date butoir. Une erreur, assure le parti, qui affirme qu’Henri Konan Bédié avait renoncé à son droit de siéger dès 2004.



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