Causes de la régression du coronavirus au Sénégal : L’immunité collective et l’immunité croisée, des pistes sérieuses théorisée par des scientifiques.


Rédigé le Samedi 19 Septembre 2020 à 11:38 | Lu 161 fois | 0 commentaire(s)




Le Sénégal n’est plus à l’époque où le nombre de cas dus au coronavirus se comptaient par plus de cent quotidiennement et faisait frémir la population.  Depuis quelques temps, la tendance semble être à la baisse malgré un nombre important de tests faits par jour. 

Les autorités sanitaires ont constaté cette baisse et l’attribuent aux stratégies mises en place pour lutter contre la COVID-19 entrée dans nos murs depuis mars 2020. 

Force est de constater que les décideurs sanitaires se sont adaptés aux caprices de ce virus émergent qui a donné des sueurs froides au monde scientifique. Des stratégies qu’on croyait tenir la route ont été réajustées pour faire face à une flambée de cas. 

Au Sénégal, l’on s’est finalement décidé à ne suivre que les cas symptomatiques, en mettant l’accent sur le suivi à domicile et le respect des gestes barrières. Cette stratégie s’est certes révélée fructueuse. Mais il semble qu’autre chose soit intervenue dans la décrue constatée ces derniers jours.

Le président fondateur de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (IRESSEF) a soutenu ce jeudi 17 septembre que la baisse des cas de coronavirus s’expliquerait en partie par l’immunité collective. « C’est une hypothèse qui semble tenir. J’annonce avec beaucoup de prudence que nous avons des chiffres préliminaires qui vont dans ce sens et qui semble montrer un taux de circulation du virus relativement faible dans la population, mais avec des taux d’anticorps assez élevés », ajoute le Pr Souleymane Mboup dont l’institut fait partie du dispositif de diagnostic de la Covid-19 au Sénégal.

Dr Massamba Sassoun Diop tient le même discours. Il est le président de SOS Medecin Sénégal et dirige la société sénégalaise d'anesthésie, de réanimation et de médecine d'urgence.

Dans un entretien avec RFI diffusé vendredi 18 septembre, le spécialiste invoque l’immunité collective pour expliquer la non virulence du virus en Afrique subsaharienne, mais particulièrement au Sénégal où selon le médecin, « on aurait dû avoir 1,6 million de personnes touchées, près de 80 000 en réanimation et 40 000 décès ».

Mais contre toute attente, le virus a été moins virulent et à ce jour, on compte 300 décès au Sénégal. « À la fête de la Tabaski qui a eu lieu début août, tout le monde craignait qu’il y ait une très forte augmentation. Or, on a eu une augmentation effectivement, dans les 15 jours qui ont suivi, du nombre des cas graves et du nombre de décès, une répartition sur l’ensemble du territoire, mais qui n’a pas été si important que cela. Et surtout, le nombre de cas graves et le nombre de décès descendent extrêmement rapidement », a renchéri le Dr Massamba Sassoun Diop qui trouve un lien entre cet état de fait et le « fait que le virus s’est retrouvé au contact d’une population qui est déjà immunisée contre la covid-19 en nombre assez important ». Pour lui, cette constatation est en faveur d’une forme d’immunité collective.

Le Dr Diop parle aussi d’une immunité préexistante. « On constate dans nos statiques au niveau de SOS qu’il y a trois épidémies de grippes, dont deux, celle de mai-juin et celle de septembre, liées à l’utilisation des climatiseurs. Plus de 70% des virus responsables sont des coronavirus. Ce qui veut dire que nous avons deux grandes périodes de l’année où circule du coronavirus en Afrique, et entre autres, par exemple au Sénégal. C’est le fait d’habiter en Afrique qui semble protéger l’ensemble des communautés qui y habitent », détaille-t-il.

Avant ces deux spécialistes sénégalais, une étude publiée le 15 juillet dans la revue Nature par des chercheurs de Duke Nus Medical School de Singapour avait déjà démontré l’existence de cellules immunitaires contre le coronavirus chez 36 patients. Les chercheurs ont remarqué une réponse immunitaire durable chez ces patients. La même étude avait permis de déceler des lymphocytes capables de réagir contre le SARS-COV-2 chez des patients anciennement atteints par le SARS-COV-1.

Ces résultats avaient intrigué les scientifiques qui croyaient être en face d’une maladie non-immunisante. C’est d’ailleurs pour cette raison que la proposition de l’ancien coordinateur du Programme national de lutte contre le Paludisme, Dr Pape Moussa Thior de laisser le virus circuler pour obtenir l’immunité collective a été rejetée par le responsable de la prise en charge médicale des malades covid au Sénégal. « Certains ont même milité pour qu’on laisse la maladie atteindre le maximum de personnes pour avoir l’immunité collective. Mais étant donné que cette maladie a l’air non-immunisante, on risque d’aller vers l’hécatombe si on tente cette expérience », avertissait l’infectiologue qui craignait une multiplication des décès. Il ne s’agissait pas seulement pour le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de « désavouer » un confrère, mais de surfer sur la prudence qui doit être de mise dans ce genre de situation où on est devant un « inconnu ».

C’est tout le bénéfice de l’invite du professeur Souleymane Mboup après les résultats montrant une faible circulation du virus dans la population. « Il ne faut pas dormir sur ses lauriers. Il faut qu’on soit extrêmement prudent et qu’on continue d’appliquer toutes les mesures qui ont été mises en place. On doit rester modestes. Nous devons avoir une petite bouffée d’oxygène mais pas de relâchement. Ce n’est pas le moment », conseille le découvreur du VIH2.



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