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Amadou Abdoulaye Diop DG TDS-SA: «Amener la télévision numérique sur le tout le territoire»


Rédigé le Dimanche 13 Septembre 2020 à 14:31 | Lu 320 fois | 0 commentaire(s)



Veiller à ce que tous les Sénégalais aient accès à la Télévision numérique terrestre (Tnt). Telle est la mission publique de la Société de télédiffusion du Sénégal (Tds-Sa), créée par l’Etat en 2017. Son directeur général, Amadou Abdoulaye Diop, qui a entamé, jeudi dernier, une tournée dans les régions, en compagnie du ministre de la Culture et de la Communication, revient dans cet entretien sur le processus du basculement vers la Tnt et les enjeux liés aux contenus audiovisuels.


Amadou Abdoulaye Diop DG TDS-SA: «Amener la télévision numérique sur le tout le territoire»

Pouvez-vous revenir sur les missions de la Société de télédiffusion du Sénégal (Tds-Sa) ?

La Société de télédiffusion du Sénégal est une société dont la loi autorisant la création a été votée à l’Assemblée nationale en 2017. C’est suite à l’engagement communautaire pris par les Etats africains pour libérer des fréquences, mais aussi mettre en place des structures qui auront en charge la gestion de la transition analogique au numérique. Dans ce sens, le Sénégal a souscrit à ses engagements que l’on appelle GE-06 au niveau de l’Union internationale des télécommunications pour, d’une part, libérer ses fréquences, mais, d’autre part, aussi créer la société la diffusion, le multiplexage des signaux de télé. Cela veut dire qu’aujourd’hui, Tds est un opérateur de diffusion. Le Code de la presse a impulsé un éclatement de la chaîne de valeur audiovisuelle. Cet éclatement de valeur permettra l’éclosion, entre autres, d’acteurs qu’on va appeler l’opérateur de diffusion qui est Tds (terme codifié). On va voir les éditeurs qui sont aujourd’hui les sociétés en genre de la production et de l’édition telles que la Rts, 2STv, Sen Tv. On va voir des distributeurs de services autant de services en termes de bouquet, des acteurs comme Excaf, comme Canal+. Mais aussi, on va voir des acteurs qui seront des distributeurs de services mobiles personnels dans le cadre du Code de la presse. Pour revenir à votre question, Tds, depuis la loi autorisant sa création, on a eu différents chantiers. L’une des missions principales, c’était de mener ce basculement vers la Tnt à terme. On a vraiment avancé dans la concrétisation de ce basculement. Mais aussi, au-delà de ça à la naissance de Tds, on doit hériter de toute l’activité de diffusion. Il y a des comités qui ont été créés au niveau du ministère de la Culture et de la Communication. Parce qu’à la base, à la création de Tds, on était domicilié au ministère de l’Economie numérique. Mais, suite à la réorganisation gouvernementale, on s’est retrouvé au ministère de la Culture et de la Communication, qui est aujourd’hui notre tutelle. Pour revenir à la question entre la Rts et Tds, ces comités ont en charge la question des transferts et de la dévolution du patrimoine infrastructurel de la Rts parce qu’elle va se délester quelque part de tout son patrimoine de diffusion et du personnel qui a en charge cette activité de diffusion. Dans ce sens, nous avons travaillé ensemble autour de cette question avec la Rts, mais aussi avec le même comité en charge de la question du transfert du patrimoine numérique sous concession aujourd’hui qui a été installé par Excaf dans le cadre de la Tnt. Ce sont des activités primaires qu’on a eu à mener en termes d’organisation pour permettre à la structure d’éclore, de se doter les moyens et du personnel qui vont nous permettre de mener notre mission à terme. On sait bien qu’aujourd’hui, le basculement est technologique, c’est-à-dire qu’on parlera de la couverture du réseau. Entre 2014 et 2018-2019, la Tnt était présente dans six régions du Sénégal. Aujourd’hui, on peut prétendre être dans les quatorze régions. D’autre part, il y a la partie juridique et règlementaire. Si on retire définitivement des fréquences à des télévisions, on leur alloue demain des canaux. Tout cela doit être encadré autour d’actes juridiques et réglementaires sur lesquels nous avons travaillé en parfaite concertation avec les différents acteurs de l’écosystème (Artp, Cnra, Rts, Excaf, Tds, Adie).

Où en êtes-vous concrètement dans ce processus de basculement ?

Ce qu’il faut retenir aujourd’hui, c’est qu’on a mis en place une dynamique qui nous a permis de réunir tous les différents acteurs pour pouvoir finaliser le basculement. On va hériter des 25 sites de diffusion de la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts). Excaf, en termes de couverture, devrait installer 25 sites avec tout ce que cela comporte en termes d’émetteurs, d’infrastructures. Quand Tds était là, on a réussi à mettre ensemble tous ces acteurs, c’est-à-dire Tds, Excaf et la Rts qui a contribué d’une manière importante dans la finalisation de ce processus et dans la présence qu’on a aujourd’hui dans les quatorze régions. La Rts nous a assistés du point de vue énergétique ; du point de vue infrastructure, nous avons beaucoup avancé avec la Rts. Pour ce qui est de la fourniture des équipements, Excaf a aussi accéléré la cadence. Maintenant, on est en train de travailler sur les activités d’optimisation. Dans ce sens, l’Etat du Sénégal avait acquis des décodeurs que l’on va commencer à distribuer à partir de cette semaine. Nous allons à Fatick pour commencer cette distribution pour les populations vulnérables qu’on a identifiées à partir des autorités locales. Ce sont des décodeurs qui sont acquis par le Fond de développement de service universel des télécommunications (Fdsut) qui dépend du ministère de l’Economie numérique. Cette initiative permet de réduire la fracture numérique et l’accès des populations à tout ce qui est digital. Le projet était éligible et le Chef de l’Etat a mis en place ces investissements qui permettent de résorber un peu le gap en termes d’équipement des populations. La question de la couverture, c’est une chose qu’on parle de la Tnt qu’on émet. On va dans les régions, on émet le signal, mais si les populations n’ont pas de décodeurs pour recevoir, cela pose problème. Les décodeurs sont de la responsabilité du partenaire à qui l’Etat a fait une concession, Excaf Télécom. La réalité est que, pour moi, le basculement aujourd’hui, le temps que cela a pris a fait que les populations aussi sont allées vers différentes alternatives. Et tout cela est la conséquence du manque de fournitures des populations en termes d’équipement de réception. Mais, aujourd’hui, le partenaire s’est engagé à fournir le marché en quantité suffisante, à mettre en place le réseau de distribution de ces décodeurs de telle sorte que les gens puissent y avoir accès. En récapitulatif, aujourd’hui, on a eu cette action sur la partie technologique, on a eu cette action sur la partie organisationnelle, mais on a eu aussi des actions sur les éléments réglementaire et du point de vue régulation. C’est tout cela qui fait que le basculement puisse acter.

Mais, il se pose la question du coût du décodeur et aussi la qualité, pour faire face à la concurrence…

Effectivement. Je pense qu’on en est à la troisième génération de décodeur. On ne va pas se voiler la face, il y a des choses qui sont là. On ne va pas faire croire aux gens que nous sommes des champions. On reconnait qu’aujourd’hui, il y a une courbe d’apprentissage, c’est-à-dire que la première génération de décodeur Tnt avait quelques bugs, la deuxième est un peu plus évoluée et la troisième sur laquelle on est aujourd’hui est beaucoup plus stable en termes d’Ios et tout ce que cela comporte parce qu’on parlera à terme des services à valeurs ajoutées qui seront développés sur ces décodeurs. Cela a toute son importance. Maintenant, en termes de pertinence de l’offre aujourd’hui du point de vue marketing, je ne suis pas distributeur de services, c’est-à-dire que c’est une activité sous concession. En termes de stratégie, pour moi, c’est le contenu qui va faire la différence. C’est une activité qui est régulée. Quand on diffuse du contenu, il faut aussi des droits. Effectivement, les câbles sont aujourd’hui très attractifs en termes de pressing. Mais, on est en train de le réfléchir autour de leur statut. Parce qu’il est important qu’on leur donne un statut pour qu’ils reviennent. Ils ne sont pas dans la légalité, mais ils ne sont pas non plus dans l’illégalité. Il y a beaucoup de choses même s’ils répondent à une demande sociale qu’on pense qu’on pourrait mieux le faire. Les câbles qui trainent un peu partout, du point de vue esthétique, du point de vue urbanistique, ça pose problème. Après, du point de vue régulation aussi, ils échappent complétement aux contrôles de l’Etat. Aujourd’hui, il y a des programmes qui sont diffusés dans ces bouquets sur lesquels personne n’a de la visibilité. Dans un pays normalement organisé, il y a quelque chose à faire. Maintenant, du point de vue commercial, je pense que c’est au partenaire aujourd’hui qui a la concession, Excaf, qui est en compétition avec Canal+, de faire le travail sur l’attractivité de son bouquet et surtout sur son prix. Nous, là où nous pouvons agir en tant qu’Etat, c’est sur le prix du décodeur parce que ce décodeur-là, à un moment, un arrêté du ministère du Commerce a déterminé le prix de sa commercialisation. Maintenant, la question de l’inscription qui est sur le décodeur fait que les populations doivent donner 10 000 FCfa et avoir 5.000 FCfa pour la carte d’abonnement. On est en train d’essayer avec Excaf de voir aujourd’hui comment rendre ce prix accessible. Pour des populations, 10 000 FCfa ou 15 000 FCfa, c’est une somme qui est importante. Mais aussi, ça peut ne pas être important parce qu’aujourd’hui, quand on se rend compte du taux de pénétration des téléphones, des smartphones, tout le monde en a. Un téléphone qui ne coûte pas moins de 40 000 FCfa ou 50 000 FCfa…, c’est cela la réalité. Les Sénégalais ont un certain pouvoir d’achat. On est conscient qu’il faut travailler sur le prix du décodeur… C’est pour ça qu’aujourd’hui, on a mis en place ce programme en place avec le Fdsut. Nous nous sommes dits que 70 % de la population ou des foyers auront de quoi acheter un décodeur. Mais aussi, il y a peut-être 30 % qu’il faudra peut-être aider. Quand on a identifié le marché qui est autour d’un million trois-cent mille foyers, voire un million six-cent mille, à équiper. On applique un ratio de 10 % à 15 %, cela nous ramène à 120 000 décodeurs. Je pense que le Président même est prêt à mettre la main à la poche, s’il le faut, pour racheter d’autres décodeurs et les distribuer gratuitement aux populations. Mais ça, c’est un programme qu’on est en train de mettre en place avec le support de Fdsut pour renforcer le taux de pénétration, mais surtout pour aider les populations vulnérables. Cela reste après tout un service. Aujourd’hui, en France, quand vous achetez un téléviseur, il y a une redevance audiovisuelle qui est collée à cette acquisition de télé et qui finance l’activité. En tant que Tds, nous allons avoir cette problématique à adresser, de garantir la pérennité de l’activité de Tds en termes de revenus. On y reviendra plus tard parce qu’il y a des choses qui sont prévues avec les éditeurs pour les usagers en termes de services et qui pourront nous permettre d’avoir ces revenus.

Justement, les télédiffuseurs sont attendus au tournant, dans la bataille du contenu notamment ?

C’est une question importante. C’est le contenu qui déterminera l’attractivité de la chaîne parce que la différence se faisait, car il y avait une seule chaîne qui couvrait l’ensemble du territoire national. Mais, les changements fondamentaux qu’a apportés la Tnt pour se éditeurs de télé, c’est qu’aujourd’hui, ils auront la possibilité d’aller partout sur le territoire national en termes d’équipement, d’inclusion des populations et tout le monde sera touché. Donc, là où l’annonceur misait sur une seule télé, parce qu’elle couvre le territoire national, sera moins un critère. Le critère maintenant sera la télé la plus regardée et surtout quel programme sera le plus regardé. Les annonces vont se faire sur les programmes, d’où la pertinence du contenu. C’est un aspect économique. Mais, le deuxième aspect, en ce qui concerne le contenu, est la question de la souveraineté. Aujourd’hui, le Cnra va fixer des quotas en termes de contenus étrangers et en termes de contenus locaux. Parce que cela va pousser les gens à se réorienter vers le consommer local. Quand je vois Canal+, chaque semaine, ils nous montrent un pays, une ville, un village en Afrique. Pourquoi aujourd’hui, avec le nombre de nos chaînes de télévisions, je n’arrive pas à voir ce contenu produit par un éditeur local, par un producteur local ? Quand on voit la chaîne de valeur qui a été opérée par le code de la presse, on parle d’édition, on parle aussi de production. Tout cela va permettre l’éclosion de nouveaux acteurs. On peut l’apprécier ou pas parce que cela a créé beaucoup de polémiques. Les émissions comme on a vu dernièrement avec les téléfilms «Infidèles», «Maîtresse d’un homme marié», c’est du contenu local quoi qu’on dise. Les Sénégalais les regardent et il y a tout un discours par rapport au positionnement. On peut discuter du contenu, certes, mais on voit de nouveaux acteurs qui produisent localement. On note des changements dans l’industrie audiovisuelle.

Peut-on savoir à quel moment le basculement sera définitif ? Et combien de chaînes compte la Tnt au Sénégal en ce moment ?

Pour l’instant, nous avons 17 chaînes au niveau de la Tnt. Le Sénégal, c’est 16 millions d’habitants pour 17 chaînes de télévision. En termes de contenus, il y a des chaînes à caractère thématique religieuse et culturelle. Le ministère de la Culture et de la Communication travaille sur une cartographie du paysage audiovisuel en ce moment. Elle permet de définir les types de télévision qu’on veut, l’incidence sur l’éducation des enfants…

Le basculement en soi, c’est la question de la couverture. Il faut, d’abord, être partout pour garantir ce rôle de service public. Nous avons l’obligation d’amener la télé partout sur le territoire.

Il y a l’optimisation à faire entre Saint-Louis et Ndioum. Il nous faut aussi un site à Richard-Toll pour garantir la continuité du signal. Entre Fatick et Kaolack aussi, il faut un site à Koumpentoum. A Ziguinchor, c’est fait, à Vélingara, à Kolda et à Sédhiou. Toutes les régions Sud et Est sont couvertes. Pour la région Nord, il y a un relais à mettre ; pour le Centre, on a Linguère et Ranérou. Cette question est satisfaite à 90 ou 95 %.

L’autre question est celle des décodeurs : le partenaire technique s’engage à fournir le marché en quantité suffisante. Une bonne partie est importée apparemment. Il y a des exigences sur le réseau de distribution. Il faut que ces réseaux soient proches des populations. Il est en train de travailler avec différents acteurs, c’est-à-dire les commerçants, les acteurs institutionnels comme la Poste qui a un bon maillage du territoire pour distribuer ces décodeurs sur l’ensemble du pays. Le troisième élément est les fréquences. A cause de la redéfinition des relations, l’Artp va retirer les fréquences et les confier à la Tds, l’opérateur de diffusion. Tout ce qui est 470 jusqu’à 690 sera géré par Tds à travers le Cnra qui alloue les canaux et c’est le ministère de la Culture et de la Communication qui autorise les canaux. Le basculement, ce sont différentes choses et les premiers acteurs sont les éditeurs de chaînes de télé. Ils doivent déposer leur émetteur analogique. Il faut aussi régler les cahiers de charge et les conventions. Les éditeurs auront des obligations financières vis-à-vis de l’opérateur de diffusion.

Quel sera le rôle de Tds-Sa une fois le basculement devenu effectif ?

Tds reste un opérateur de diffusion. On ne fait pas de production, on collecte le signal, on le multiplex et on diffuse. On offre l’infrastructure aux éditeurs. Tds a la responsabilité de collecter des signaux et de les transporter sur l’ensemble du territoire. Tout a besoin d’être encadré. En termes de coût, les télés devaient investir sur une infrastructure pour leur déploiement, etc., un investissement qui était à leur charge. Si elles nous confient cette tâche, elles feront l’économie de cet investissement sur leur réseau. Tout ceci a un coût, il faut payer le droit de passage qui dépend des coûts de production. Globalement, ce n’est pas encore fixé. Des discussions seront entamées. Le Cnra fera le catalogue de services, sous l’encadrement du ministère de la Culture et de la Communication, et de l’Artp.

L’Etat aura-t-il un pouvoir sur la diffusion des contenus ?

La régulation du contenu est du ressort du Cnra. Nous sommes juste le bras technique, nous gérons une relation commerciale avec les éditeurs.

propos recueillis par Omar DIOUF et Oumar FEDIOR LeSoleil.sn




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