
Il fallait s’y attendre, la célèbre voyante Selbé Ndom allait tôt ou tard subir la revanche des augures. A force d’épier dans la cuisine du Seigneur, de renifler Ses ingrédients, de goûter Sa sauce et de révéler Ses recettes jalousement gardées, La voyante préférée des amateurs de lutte s’est ramassée. Elle a fait tellement de bruit, tant fanfaronnée sur les plateaux de télé et à la une des journaux que l’ordonnateur suprême des destins a décidé de la ramener à sa juste taille… humaine. Passons sur le mélange des genres, le païen (les cauris) et le sacré (le Coran), fermons les yeux sur les certitudes concassées qu’elle sert aux esprits simples qui veulent forcer les portes du Ciel pour hâter le destin, mais convenons que Selbé Ndom nous renvoie le miroir des nos propres turpitudes. Nous refusons fermement de prendre notre destin en main et harcelons les augures de nos vaines interrogations dont les réponses sont pourtant inscrites depuis longtemps sur le grand livre du destin. Tout arrive à point pour qui sait attendre. La seule et unique façon de provoquer une caresse de la bonne étoile, c’est de s’employer rageusement à travailler pour améliorer son quotidien. Eumeu Sène, Balla Gaye, Yékini et tous les hommes et femmes qui ont reçu la visite de la chance l’ont été sur le terrain du dur labeur. A défaut de travailler durement, l’on se perdra toujours sur les chemins de l’obscurantisme béat et de la naïveté triomphante. Et l’on se surprendra toujours à se faire rouler dans la farine par des marchands d’illusion incapables de modeler leur propre sort.