
Début de matinée mouvementé hier à Thiaroye, où un présumé meurtrier, arrêté et sur le point d’être conduit à la Police, sera libéré par des membres d’un gang. Munis d’armes blanches, ils se sont violemment attaqués à la foule. Alertés, les policiers de Thiaroye ont réussi à localiser deux membres du gang, avant de procéder à leur arrestation. Leurs complices sont activement recherchés.
Le vol – Redoutables malfaiteurs connus des services de police, la bande à Moussa C. s’est encore signalée. Cette fois, c’est au camp militaire de Thiaroye, dans des bâtiments abandonnés par les soldats, que tout s’est joué. En effet, tard dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 mars 2019, la bande qui squatte ces bâtiments abandonnés, déjoue la vigilance des veilleurs de nuit, s’infiltre dans les dépôts de légumes qui ceinturent le centre commercial et réussit à mettre la main sur un sac de patates. Au nez et à la barbe des vigiles, les malfaiteurs, organisés en gang, se retirent alors dans un coin avec le butin.
Comme à leur habitude, après chaque forfait, Moussa C. et Cie répartissent les rôles. Une fois n’est pas coutume, cette fois, la vente du sac de patates et la répartition du butin reviennent à Salif. S., un membre influent du gang qui, le jour, travaille comme portefaix à Rufisque. Une activité qui lui sert simplement de couverture. Au cours des discussions pour décider du prix auquel le sac de patates sera écoulé, alors que l’aube pointe déjà le bout du nez, une dispute éclate. Lorsque Salif propose que le sac soit vendu à 5 000 FCfa, les autres membres du gang s’y opposent. Tous le soupçonnent de tenter un coup fourré. Habitué à squatter le marché des légumes de Thiaroye, le gang n’ignore pas que le sac de patates, à cette période de l’année, peut s’échanger entre 12 000 à 15 000 FCfa. C’est ainsi que les autres membres de la bande opposent un refus catégorique à la proposition de Salif. Le ton monte, les injures fusent, notamment lorsqu’un ressortissant guinéen, membre du gang, manifeste sa volonté de s’opposer par tous les moyens à la vente du sac de patates au prix de 5 000 FCfa. «C’est un vil prix et nous ne devons pas brader notre butin, sinon chacun de nous va se retrouver avec une part modique», hurle de colère le brigand. Il est alors vite rabroué par le reste de la bande. Au nombre de quatre, Moussa, Daouda, Lat Mb. et Salif toisent alors leur acolyte, lui font savoir qu’il n’a pas voix au chapitre et qu’il ferait mieux de se taire sinon, il sera tout simplement tué et éliminé du partage.
Le crime et le cadavre – Puis très vite, les choses se gâtent pour le «rebelle» membre de la bande. Maîtrisé, il se débat vigoureusement pour se libérer. Hélas, les quatre membres de la bande ne lui laissent aucune chance. D’une main ferme, sans trembler, Lat Mb. lui enfonce le couteau. En quelques minutes, c’en est terminé de la victime qui gît sur le sol. Puis avec une froideur extrême, les quatre membres de la bande décident de masquer le crime. Ils choisissent ainsi de déplacer le corps sans vie de leur camarade qu’ils portent sur leurs bras jusqu’au centre commercial situé dans le même camp militaire de Thiaroye, où ils l’abandonnent. Il ne leur reste plus alors qu’à se disperser en emportant le sac de patates et attendre qu’il fasse jour pour l’écouler. Ils pensent ainsi que le plus dur est fait. Hélas, ce programme bien établi va s’enrayer. Dans leur précipitation à se disperser, les 4 malfaiteurs attirent l’attention des passants et des premiers clients qui arrivent audit centre commercial. Leur démarche paraît louche et lorsque les passants découvrent le cadavre du Guinéen, ils prennent en chasse les membres du gang et réussissent à neutraliser Salif. Et très vite, ils décident de le conduire à la Police de Thiaroye, située à un jet de pierre.
Des malfaiteurs attaquent la foule – Pour éviter d’être dénoncés auprès des limiers par Salif que la foule est sur le point de conduire à la Police, les trois autres malfaiteurs, Moussa, Lat Mb. et Daouda, armés de coupe-coupe et de couteaux, battent le rappel des troupes. Puis, aidés par d’autres membres du gang venus à leur rescousse, ils s’attaquent à la foule. La charge est violente, la foule se disperse. La diversion qui marche à merveille, permet ainsi à Salif de fausser compagnie à ceux qui le conduisaient au commissariat. Une patrouille de la Police de Thiaroye est très vite alertée. À leur tour, ils se lancent à la poursuite des malfaiteurs qu’ils ont pu identifier en exploitant les témoignages de la foule. Rompus à la tâche, les policiers de Thiaroye comprennent immédiatement que de tels agissements sont similaires au modus opérandi de la bande à Moussa C. qui, en plus de squatter les bâtiments abandonnés du camp militaire, se retranche très souvent dans une chambre située à Guinaw-rails.
De fil en aiguille, exploitant tous les renseignements qui leur tombent sur la main, les éléments de la Brigade de recherches de Thiaroye finissent par faire tomber dans leurs filets Moussa et Daouda pendant que Lat Mb. et Salif sont toujours en fuite. N’empêche que des indices pouvant permettre de les localiser et de précipiter leur arrestation sont en possession des limiers. Une descente de ces mêmes policiers à Rufisque, au lieu où Salif exerce son activité de couverture, s’est soldée par l’arrestation d’un jeune garçon dont on souffle qu’il pourrait être libéré après son audition. Il a eu simplement la malchance de se trouver au mauvais endroit.
AMARY GUEYE &
ALASSANE HANNE
IGFM