La star comorienne Says’z aurait souhaité voir Sadio Mané ou Mohamed Salah remporter le Ballon d’Or 2019. Dans une longue interview réalisée par onzemondial et exploitée par Senego, le chanteur récemment signé par Maître Gims estime que « les gens sont trop focus sur Messi et Ronaldo. (…) Mais ça aurait été beau de voir Mané ou Salah être récompensé ».
Parle-nous un peu de ta passion pour le foot !
Déjà , j’étais un énorme fan de foot, mon téléphone était rempli de vidéo Joga Bonito. Tu m’apportes un ballon, je te fais ça tout de suite. Je ne faisais que ça. Même quand j’arrête de joueur pendant longtemps, il y a des dribbles que je suis toujours capable de faire, car j’ai beaucoup travaillé. J’ai commencé tard dans le quartier. Beaucoup de gens jouaient avant moi, car à l’époque, je dansais. J’ai commencé à mes 12-13 ans. J’étais conscient du retard que j’avais, je ne savais même pas jongler ! Les gens se marraient, mais j’avais cette envie, cette détermination. Étant conscient de mes lacunes, je me suis mis à travailler tous les jours et au final, ils étaient sur le banc et j’étais sur le terrain.
Finalement, comment le foot est venu à toi ?
C’est mon entourage ! La cohésion des jeunes du quartier était faite par le foot. Tous les jours, à 16h, il y avait match. Au début, j’étais dans mon coin avec les danseurs. Mais après, je ne pouvais pas ne pas faire partie de l’équipe. Tout se passait là , toute l’équipe était une famille. Dans la famille, c’était le combat, défendre les couleurs du quartier. C’était un devoir. Même en étant nul, on se retrouve dans des grands matchs. Le fait d’avoir eu ces responsabilités, c’est ce qui m’a donné envie d’apprendre et de m’y mettre à fond. Il y a des vidéos sur Youtube qui traîne ou on me voit jouer tout petit !
Quelle est la place du football aux Comores ?
Franchement, ça joue beaucoup ! Il y a beaucoup de bons éléments. Parmi les choses qui m’ont le plus frustré, c’est de jouer, de me donner à fond, mais de me dire que c’était déjà cuit, que je ne pourrai jamais sortir de ma petite île, que je n’aurais pas d’opportunité. J’avais des cousins en France qui me disaient « il y a des détections, tel petit de mon quartier est au centre de formation du PSG ». C’était des options que nous n’avions pas. Aujourd’hui, quand je rentre et que je vois des petits très forts au foot, je me dis qu’ils ne pourront pas vivre de leur passion. Quand des opportunités dans la musique se sont présentées, je les ai saisies pour ne jamais avoir à le regretter. C’est ma revanche contre cette frustration liée au football.
Tu suis l’équipe nationale ?
Oui bien sûr. Ils sont là , récemment, ils ont gagné en face à Togo et fait match nul face à l’Égypte. On a un nouveau terrain qui vient d’ouvrir, un très beau terrain et ça fait plaisir de voir que le foot avance. Quand j’étais là -bas, la fédération comorienne de football s’était tout juste créée. Ici en France, les gens me demandent si on a une équipe nationale. Il y a un combat à faire en amont. On est actuellement en phase de qualifications pour la CAN et premier de notre groupe. Ne pas être qualifié pour la dernière CAN a été une très grande frustration. Il faut rendre fier tout un pays, imposer notre nom.
Quelles sont les équipes les plus populaires aux Comores ?
C’est comme ici. Personnellement, j’étais très fan du Real Madrid et de Cristiano Ronaldo, mon meilleur ami était plus Barça. Dès qu’il y avait un Clasico, ça se battait. Les plus grandes équipes du monde sont très soutenues. Mais aussi l’OM qui est très soutenu, les murs sont taggés « OM ». Mon quartier s’appelait Castellane, comme celui de Marseille. Il y a énormément de supporters. Mais moi, c’était Real Madrid ! J’aime beaucoup la mentalité de Cristiano Ronaldo. Après un match, il va à la salle. J’adore le fait de pousser ses limites, travailler, je le respecte énormément. Dans le foot, on cherche à imposer son identité, dans la manière de se coiffer, de s’habiller. Certains mettaient des bonnets, d’autres des chaussettes de couleurs différentes. Chaque joueur avait envie de montrer sa touche. Moi, j’avais fait la coupe de Ronaldo, le Brésilien.
À quel poste jouais-tu ?
Défenseur central ! J’étais super technique, mais sur le terrain je restais super physique, beaucoup de ballons aériens. Il y a avait un grand du quartier, notre numéro 10, m’avait entraîné pour la première fois. Au début, je jouais avec lui au milieu, mais comme j’étais très grand et que j’avais un bon jeu de tête, je suis passé défenseur central. Je sortais tous les ballons aériens. Quand on s’entraînait, je sortais de ma zone de confort pour essayer d’évoluer vers un poste de milieu défensif.
Une anecdote sur ton parcours de footballeur ?
J’en ai beaucoup, mais une en particulière. Quand je cherchais à m’améliorer, je me rappelle être allé jouer avec l’une des plus grandes équipes de Moroni. Je pensais faire partie de l’équipe de ceux qui avaient ma taille, mais il m’a mis dans une équipe de petit. J’ai mis mon égo de côté et je me suis dit que si le coach me faisait ça, c’est qu’il y avait quelque chose à apprendre. Et un jour, en repartant dans le quartier, j’ai eu un match face à l’équipe de ceux de ma taille, de mon niveau, et j’ai fait un match de fou. Le coach était choqué, j’ai tout arrêté. J’avais pris ce match à coeur, c’était ma victoire ! Après ça, je suis parti dans la musique, c’était ma revanche pour me prouver que j’étais capable de reprendre le dessus sur cette situation difficile.
À ton arrivée en France, tu as tout de suite joué au football ?
Oui, mais c’était compliqué par rapport au temps et à la faculté. J’habitais à Neuilly-sur-Marne et j’allais à l’université de Saint-Denis, de 9h jusqu’à tard, 21h. Puis après, je filais à l’entraînement et je devais enchaîner sur les devoirs, etc. C’était beaucoup trop et j’ai décidé de jouer que les dimanches.
Tu as le temps de jouer actuellement ?
L’an dernier, j’ai trop forcé sur le foot et la salle de sport, ce qui m’a provoqué une pubalgie. Je suis en train de la soigner. Ça me frustre beaucoup !
Quelle est ton équipe préférée sur FIFA ?
Entre le Real Madrid et Liverpool. Je suis impressionné par Mohamed Salah, Sadio Mané, que ce soit en vrai ou sur le jeu.
Des joueurs comme Mané, Salah, Mahrez font rayonner le football africain …
Vraiment. Les gens sont trop focus sur Messi et Ronaldo. C’est dommage, ça aurait été beau de voir Mané ou Salah récompensé par un Ballon d’Or.
Quel est ton plus beau souvenir de foot ?
Je ne pourrai pas forcément t’en sortir un comme cela. Par contre, récemment, ce qui m’a scotché, c’est la tête de Cristiano Ronaldo face à la Sampdoria. C’est un monstre, respect incroyable !