Prisons Sénégalaises : La cruauté humaine à la loupe…


Rédigé le Vendredi 9 Août 2019 à 14:32 | Lu 202 fois | 0 commentaire(s)




Prisons Sénégalaises : La cruauté humaine à la loupe…
Le constat est unanime et dénoncé de partout. Les maisons d’arrêt et de correction au Sénégal ont une population carcérale qui dépasse leur capacité d’accueil. De nombreuses personnes continuent d’arriver dans ces lieux où elles passent des conditions de séjour difficiles. La raison, c’est que le Sénégal n’a plus construit d’établissement pénitentiaire depuis son accession à l’indépendance. Une situation qui plonge tous les observateurs des droits de l’homme dans l’embarras du fait du traitement inhumain qui règne dans ces geôles. Aussi bien dans les lieux de privation de liberté que de garde à vue. Face à cette situation, des cris de cœur se multiplient. La dernière en date est celle de Guy Marius Sagna. Senegal7.com a pris le ballon au rebond pour revenir sur les conditions de vie jugées inacceptables dans les prisons de Dakar. L’activiste n’a fait que remuer la plaie déjà béante.
La population carcérale de Dakar estimée à plus de 17 315 prisonniers
Le Sénégal compte 37 établissements pénitentiaires avec pas moins de 36.028 personnes détenues. Une population carcérale principalement concentrée dans la région de Dakar avec 17.315 prisonniers, soit un pourcentage de 48%, presque la moitié du nombre des incarcérés. Un véritable surpeuplement de ces lieux de détention qui fait réagir les défenseurs des droits de l’homme depuis quelque temps.
« Comment imaginer un seul instant qu’au 21ème siècle on puisse dire au Sénégal que deux cents personnes vivent comme des sardines dans une chambre de prison conçue au départ pour 30 personnes à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss et avec une seule toilette ?» Avait déploré la Ligue sénégalaise des droits de l’homme dans son rapport qui dénonce vigoureusement ces conditions de vie comme en attestent des images prises dans les cellules de la Maison centrale d’arrêt et de correction de Dakar qui circulent sur le net.
En effet, selon un rapport rendu public par l’administration pénitentiaire concernant leur dernier exercice a noté une hausse de plus de 1 411 détenus de plus si l’on compare avec les données de 2013. Nombreux sont ceux qui attendent d’être jugés, provoquant ainsi un surpeuplement. Une situation difficile selon les organisations de défense des droits humains qui interpellent l’Etat à plus d’efforts pour le respect des droits des détenus.
Surpeuplement…
« Il faut d’abord reconnaître que les prisons sénégalaises, dans leur majorité, ne sont pas adaptées à contenir des gens qui sont dans les liens de la prévention», reconnaît l’Observatoire national des lieux de privation de liberté.
De son côté, à travers un rapport, l’administration pénitentiaire liste 428 détenus provisoires qui croupissent depuis trois ans, dans les prisons sénégalaises en attendant de connaître leur sort. Une situation qui les met dans l’anxiété de rester longtemps dans ces milieux clos, appelés aussi lieux du silence. Ils représentent un pourcentage de 46,55% de la population pénale contre 53,45% de personnes condamnées.
Parmi cette population, le document souligne qu’«il y a les mineurs et les femmes, population vulnérable qui subissent le triste sort de la déshumanisation. Les étrangers font partie de cette population de surpeuplement des lieux de privation de liberté avec 3.156 détenus, soit 8,75% constitués de 62 nationalités».
Guy Maruis Sagna a touché le fond
Dans une lettre publiée dans la presse, Guy Maruis Sagna a manifesté le traitement inhumain qui lui a été réservé dès son arrivée à Rebeuss.
« Le 19 juillet 2019, en entrant à Reubeus, vos agents m’ont déshabillé, m’ont gardé tout nu pour me fouiller en plein air. Ensuite, ils m’ont contraint de m’accroupir tout nu.« Directeur, comment pouvez-vous accepter qu’en 2019 vos agents traitent ainsi des êtres humains ? Les détenus sénégalais sont-ils des êtres humains et citoyens entièrement à part ? Monsieur le directeur, je demande la fin de cette pratique qui, avec les insultes, les violences physiques, …, ne participent qu’à dégrader, humilier des êtres humains. Monsieur le directeur, Reubeus est gangrenée par les longues détentions. Des détenus sont ici depuis trois, quatre, cinq, six, sept, huit ans sans jugement. L’un d’entre eux vient d’être fraîchement acquitté après huit ans sans jugement. Cela ne peut plus durer En attendant le règlement de ce problème, monsieur le directeur, les chambres 9, 10, 3, 4, 1, 2, ressemblent à des cales de négriers. Plus de 300 détenus dans une chambre avec une ou deux toilettes !!! Ces détenus se reconnaissent de loin avec leur odeur nauséabonde et leurs pieds enflés du fait qu’ils ne se douchent pas et ne se couchent pas. C’est inhumain !!! ».
Cette missive de Guy Maruis Sagna renseigne à suffisance sur la cruauté que subissent les prisonniers à Rebeuss.
…Amélioration des conditions de vie en prison…
Au Sénégal, des consultations nationales ont eu lieu pour parler des conditions d’incarcération et faire des propositions concernant l’éducation des détenus. Organisées par l’Unesco et l’ONU, ces discussions ont également réuni l’administration pénitentiaire, la gendarmerie, la police et les organisations de défense des droits de l’homme. L’idée est de proposer des solutions au surpeuplement et au manque de réinsertion, mais surtout de réfléchir au problème de la radicalisation en prison.
Principal objectif de ces consultations : réfléchir à l’encadrement des détenus suspectés par le Sénégal d’appartenir à des réseaux jihadistes. Les autorités pénitentiaires travaillent ainsi avec un réseau d’imams dans l’optique de parvenir à une déradicalisation de ces personnes.
Les autorités pénitentiaires sénégalaises affirment chercher des solutions pour améliorer les conditions de vie de tous les détenus. Il s’agit notamment d’éviter des radicalisations en prison en proposant de nouvelles perspectives professionnelles, ainsi qu’un apprentissage de la religion encadrée.
Ces dernières années, plusieurs ONG et des détenus ont dénoncé les conditions de vie dans les prisons sénégalaises. Pour un certain nombre d’acteurs de la société civile, les progrès à réaliser sont encore très nombreux.


Nouveau commentaire :
Facebook Twitter

Les messages jugés choquants seront de suite supprimés


google.com, pub-6479506562269384, DIRECT, f08c47fec0942fa0 smartadserver.com, 1097, DIRECT