''Pourquoi Macky Sall n'a pas de politique culturelle''


Rédigé le Vendredi 19 Juillet 2013 à 06:18 | Lu 225 fois | 0 commentaire(s)



Le 29 juin dernier, des artistes-musiciens ont fait cause commune pour protester contre la nouvelle équipe du bureau provisoire d'une nouvelle société de gestion des droits collectifs devant remplacer le Bureau sénégalais du droit d'auteur (BSDA). Guissé Pène, le secrétaire général de l’Association des métiers de la musique au Sénégal (AMS), apporte des clarifications dans cet entretien avec EnQuête.


''Pourquoi Macky Sall n'a pas de politique culturelle''

Que représente l’AMS dans le paysage musical sénégalais ?

Disons que l’AMS représente tout. Depuis sa création en 1999, elle a eu à faire beaucoup de choses pour l’évolution de la musique sénégalaise même s’il reste encore du chemin à parcourir. A ce jour, il y a plus de dix mille artistes qui se reconnaissent en tant que membres directs ayant adhéré avec une carte ou membres en attendant de disposer d’une attestation de l’AMS. Ce sont des artistes qui ont cru en l’AMS en tant qu’organisation professionnelle dans le domaine de la culture au Sénégal.

 

Qu'a apporté l'AMS au secteur de la musique sénégalaise ?

S’agissant de ce que nous avons fait pour la musique, je pense qu’on ne le rappellera jamais assez. Rien qu’en parlant de la nouvelle loi sur les droits d’auteurs et les droits voisins, il est indéniable que l’AMS a été non seulement à l’origine, mais elle a accompagné le processus, participé à la rédaction et influé sur la décision des autorités pour faire voter cette loi. En dehors de ça, nous avons procédé à plusieurs formations dans l’environnement de la musique pour essayer d’outiller les acteurs culturels dans leur domaine. Plusieurs formations ont été organisées à travers de nombreux projets qui sont venus de la Fondation Youssou Ndour, de la Banque mondiale, de la Fédération internationale de la musique (FIM), etc. Nous avons aussi beaucoup concouru à donner du dynamisme à la Fête de la musique qui était plongée dans une léthargie avant notre arrivée. Entre le départ de François Belanger et l’installation de l’AMS, il s’est passé un temps où la Fête de la musique était pratiquement morte. Et à notre arrivée, nous avons essayé de donner un coup de fouet pour faire revivre cette fête de la musique. Malheureusement, depuis quelques années, la fête de la musique est retombée dans la léthargie, Parce que les autorités l’avaient récupérée pour des raisons politiques sans pouvoir la conduire à bon port. On fait aussi bénéficier notre expérience en Afrique du Sud, au Burkina Faso, au Bénin, au Togo, etc. Et des modèles de l’AMS sont en train de se reproduire dans plusieurs pays du continent. En gros, l’AMS est une organisation de consensus qui regroupe toutes les composantes de la musique.

 

Qui dirige l’AMS aujourd’hui ?

Il faut rappeler qu’après le départ d’Aziz Dieng, on a élu un nouveau président en la personne de Djiby Guissé des Frères Guissé. Je suis le secrétaire général qui conduit les affaires.

 

Comment expliquez-vous qu’il y ait de nombreux artistes qui se plaignent de l’AMS ?

Je ne sais pas qui sont ces artistes qui se plaignent de l’AMS.

 

Récemment, des voix* se sont élevées pour dénoncer le bureau provisoire pour la mise en place d'une nouvelle société de gestion des droits collectifs, et l’AMS n'a pas été épargnée ?

C’est vrai qu’il y a eu des artistes qui se sont réunis quelque part pour se plaindre. Mais je crois qu’il faut faire la différence entre l’AMS en tant que structure et les personnes qui dirigent l’AMS. C'est ainsi que beaucoup de choses vont se clarifier. Parmi ces artistes plaignants auxquels vous faites allusion, il n'y a pas une seule personne qui n'ait pas bénéficié des services de l'AMS. Qu'ils se reconnaissent ou pas dans l' AMS, ils sont tous membres, parce qu'ils en ont bénéficié comme je l'ai dit dans le domaine de la formation, dans le cadre de leurs voyages que l'AMS atteste car elle est tributaire de toutes les institutions internationales. Par ma voix, l'AMS est intervenue pour que ces gens aient des acquis dans plusieurs domaines les concernant. On peut être d'accord sur un programme, une idée ou autre chose, c'est un problème de choix. Moi-même qui vous parle, je n'ai jamais été tout le temps en connivence avec Aziz Dieng. Nous avons partagé l'AMS, certes, mais il est de notoriété que nous n'avions pas toujours eu les mêmes idées. Maintenant, chaque artiste est libre et peut légitimement revendiquer. Par contre, les revendications doivent être bien fondées et argumentées. En partie, ils ont raison sur le droit de revendiquer et d'apprécier. Par contre, ils ont tout faux par rapport à la nouvelle société de gestion des droits collectifs. Parce qu'il n'y a pas encore eu de nomination. C'est un comité provisoire qui a été mis en place pour conduire à la création de cette nouvelle société. Ce sur quoi je ne suis pas d'accord, c'est le mode de désignation de ses membres. Il ne fallait même pas reconnaître cette nouvelle société pour conduire à une échéance. Avec le départ de Mme Siby, il y a eu la nomination d'un nouveau directeur général au BSDA (Bureau sénégalais des droits d'auteurs) qui n'était même pas légitime à cette place. C'est-à-dire qu'il n'avait pas le droit d'être directeur général.

 

Pourquoi Monsieur Mounirou Sy ne mérite-t-il pas le poste de directeur général du BSDA ?

D'abord pour être directeur général du BSDA, l'article 5 t'interdit d'être auteur. Il se trouve que l'actuel directeur général du BSDA est auteur de deux ouvrages qui sont enseignés dans les programmes universitaires. C'est ce qui a posé le problème de sa légitimité. Ensuite, on aurait dû mettre un comité de veille pour travailler sur la création de cette nouvelle société après le départ de Mme Siby. Cela aurait pu éviter des nominations politiques, partisanes et en désordre. Il faut reconnaître qu'il y a eu des fois où des gratifications ont été faites sur le dos des artistes. Le mode de désignation et la désignation en elle-même posent problème pour les acteurs que nous sommes. Mais il faut à un moment se dire que tout cela est dû à un manque réel non seulement de volonté politique, mais aussi de politique culturelle. Il faut l'avouer. L’État du Sénégal n'a ni la volonté, ni une politique cohérente pour la communauté. Le président Macky Sall a comme conseiller culturel Ibrahima Ndoye qui est un journaliste de formation. Ce n'est pas un acteur culturel. C'est pareil pour le ministre de la Culture qui est un scientifique doublé d'un technocrate. Ils n'ont pas la même orientation qu'un homme de culture. La démission de Pape Massène Sène en est une preuve. On doit confier la Culture aux acteurs culturels. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui parlent de compétence transférée. La culture est un métier qui fait partie du maillon de la chaîne sociale. Aujourd'hui, tout ce qui s'est fait dans la culture est partie d'initiatives privées qui n'ont bénéficié d'aucun accompagnement de la part de l' État.

 

Est-ce que l'AMS a bénéficié de la somme d'un million deux cent mille dollars de la Banque mondiale pour soutenir la musique sénégalaise ?

A l'époque, j'étais le trésorier de l'AMS. Mais l'argent a été placé dans un sous compte qui a été créé. C'est ce qui a fait que je ne voyais pas l'argent. J'avoue qu'il y a eu beaucoup d'argent qui a circulé au niveau de l' AMS et il y a eu plusieurs sous comptes qui ont été créés et que je n'ai pas pu consulter. C'est ce qui a fait qu'au renouvellement du bureau, j'ai démissionné parce que cela ne servait à rien pour un trésorier qui ne voit pas l'argent. Il y avait quand même une certaine nébuleuse dans cette affaire qu'il faut clarifier en toute légitimité. Je rejoins Thione Seck pour que des comptes soient demandés à ceux qui ont géré ces fonds. A savoir Aziz Dieng, Daniel Gomez et compagnie.

 



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