Mauvaises conditions de travail, revendications non prises en compte…:Les agents du ministère de l’Agriculture interpellent


Rédigé le Mardi 23 Juin 2020 à 12:05 | Lu 167 fois | 0 commentaire(s)



Mauvaises conditions de travail, revendications non prises en compte…:Les agents du ministère de l’Agriculture interpellent Macky Sall
Les agents du Ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural (Maer) sont dans las d’attendre la satisfaction de leurs revendications. Après plusieurs sorties, ils ont écrit une lettre directe au président de la République pour lui faire part des difficultés auxquelles ils font face. Ces travailleurs regroupés au sein du Syndicat national des travailleurs et techniciens de l’agriculture du Sénégal, disent être laissés en rade quant à l’amélioration de leurs conditions de travail et la revalorisation de leur traitement salarial. Ils interpellent Macky Sall et comptent se battre pour la justice et la considération…
Voici une copie de ladite lettre parvenue à Leral.


 
Syndicat National des Travailleurs et Techniciens de l’Agriculture du Sénégal

Dakar, le 22 juin 2020 (SYNTTAS)

Objet : lettre ouverte

Excellence, Monsieur le Président de la République du Sénégal, en cette période où le monde est touché par la pandémie du coronavirus, nous saluons la démarche participative et inclusive dont vous avez fait montre, en consultant toutes les forces vives de la nation. Nous saluons aussi la création du fonds Force Covid-19 destiné à soutenir la population et les secteurs les plus touchés par cette pandémie. Nous vous remercions d’avoir bien voulu inclure l’Agriculture parmi les secteurs qui ont bénéficié de ce soutien.

Ceci étant, vous n’êtes pas sans savoir que les agents du Ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural (MAER) ont longtemps étaient laissés en rade quant à l’amélioration de leurs conditions de travail et la revalorisation de leur traitement salarial. De nombreuses démarches ont été faites par nos doyens auprès des autorités d’alors dans le but de corriger cette injustice que nous vivions et qui continue jusqu’à présent. Cette jeune génération que nous formons a aussi tenté de tirer la sonnette d’alarme pour attirer l’attention des autorités actuelles sans grand succès. Mais il semblerait que seuls les grands Hommes soient destinés à corriger les injustices.

Le Ministre de l’Agriculture et son équipe semblent ignorer le travail que nous faisons au point de dire qu’il existe d’autres voies de contournement pour disposer des données dont ils auront besoin en cas de mouvements de grève. Alors Monsieur le Président attendez-vous à recevoir des données statistiques colmatées et non fiables. Ce qui hypothèquerait toutes les décisions qui en découleront.

Où en est-on avec le projet de restructuration du MAER initié depuis 2014 ? Entretemps beaucoup de Ministères ont été réorganisés. Est-ce à penser que la prise en charge de ces Ministères est plus urgente et utile pour le développement du pays ?

Que le Ministre de l’Agriculture soit un Professeur de Mathématiques ou un Agronome nous importe peu. Ce que nous voulons c’est un Ministre et une équipe forte qui travaillent consciencieusement pour la réussite des politiques agricoles de l’Etat. Des personnes fédératrices qui respectent le travail des agents sans user d’aucune forme de pression ni de menace inappropriée interdisant de quitter un quelconque poste de travail - pour observer une grève légitime - sous peine de représailles. Nous voulons des alliés qui reconnaissent la valeur de notre
travail et défendent notre cause pour un meilleur traitement des agents tant sur le plan professionnel que pécuniaire.

Ces autorités qui semblent diriger le Ministère ignorent-il le travail des agents de l’Agriculture ou tout simplement nous méprisent-ils parce que notre travail est pour eux moins prestigieux, parce que tout simplement notre centre d’intérêt c’est le travail de la terre et son développement ? Ce qu’ils ignorent c’est qu’il n’y a aucun travail plus prestigieux que celui de ces agents de l’Agriculture qui jouent un rôle de docteur au champ en aidant au développement, à la qualité et à la préservation de ces plantes qui auront pour finalité de nourrir tout un peuple.

Alors, Monsieur le Président, puisque ceux qui sont à la tête de ce Ministère méconnaissent notre travail au point d’argumenter auprès de votre haute autorité la pertinence de nous doter d’indemnités bien méritées, vous pouvez juger par vous-même de l’importance et de la diversité de nos tâches pour corriger définitivement cette injustice qui perdure et faire de ce fait plus que vos prédécesseurs.

Cette famille des agents de l’Agriculture que nous formons est composée pour ne citer que ceux-ci : d’Ingénieurs Agronomes, d’Ingénieurs des Travaux agricoles, de Techniciens supérieurs agricoles, d’Hydrauliciens, d’Enseignants-Formateurs, de Statisticiens, d’Economistes, de Financiers, de Juristes et de Planificateurs.

De manière ramassée, notre travail consiste à définir et proposer des mesures de politiques agricoles répondant aux exigences nationales, à contribuer à l’appui technique des producteurs et au renforcement des organisations professionnelles, à faire des levées de superficie et à poser des carrés de rendement, à suivre régulièrement la campagne agricole et de commercialisation, à accompagner les projets de l’Etat dans la mise en pratique des objectifs fixés, à protéger les végétaux, à délibérer des certificats phytosanitaires pour les exportations et les importations de produits végétaux, à contrôler et certifier les semences, à suivre les ouvrages et infrastructures hydroagricoles, à collecter et analyser les statistiques agricoles.

Ces tâches occasionnent beaucoup de risques, d’accidents fréquents de motos, de morsures de serpents, d’inhalations de produits toxiques pour ne citer que ceux-ci.

Avec toutes ces charges de travail, et les risques encourus ne méritons-nous pas les indemnités de technicité, de risque, de fonction et de logement que nous réclamons depuis belle lurette ?

Rien ne nous est facilité. Nous sommes confrontés à d’énormes difficultés pour accomplir correctement nos missions de suivi des parcelles, un manque de véhicules en bon état pour les missions de terrain, un déficit de moyen pour l’entretien des motos qui sont peu nombreux, des bâtiments délabrés dans presque toutes les régions, un déficit de matériel de protection phytosanitaire etc.

Faudrait-il attendre qu’on montre notre mécontentement en paralysant tout un système pour qu’on puisse nous écouter enfin ? Non. Nous devons nous départir de cette façon de faire. Ces braves producteurs dans les campagnes ne méritent pas ça. Les agents de l’Agriculture doivent-ils être perpétuellement ignorés et laissés à leur propre sort ? Non. Nous ne méritons pas non plus ce traitement. En effet comme de valeureux résistants nous avons toujours répondu présents dans le champ du travail quelles que soient les conditions difficiles, la rudesse du labeur et les inégalités dans le traitement salarial.

Pourquoi les Chauffeurs, les Assistantes de Direction, les Archivistes de notre Ministère doiventils être moins rémunérés que les agents du même corps dans un autre Ministère ?

Pourquoi le salaire des agents de l’Agriculture doit-il être compris entre 130 000 et 230 000 F CFA, quel que soit le niveau d’études et de diplômes, sans aucune indemnité de surcroît ?

A-t-on fait un mauvais choix en décidant de retourner à la terre par nos études universitaires et formations diverses, afin de contribuer à son développement de manière significative par nos connaissances et notre expertise ?

Force est de constater que beaucoup d’agents sont en train de quitter le Ministère et certaines recrues ne prennent même pas fonction vu les faibles rémunérations. Les agents de l’Agriculture qui font moins de 700 personnes sont las d’attendre la satisfaction de leurs revendications.

Et pourtant, la majeure partie de nos problèmes peuvent être réglés en interne. En effet, notre Ministère a l’un des plus grands budgets de ce pays. Ceci étant, si tous les projets du MAER étaient gérés et mis en œuvre en interne par les Directions et Services, cela réglerait une bonne partie de nos doléances. Sans oublier la restitution de tous les autres projets et programmes relevant de la compétence du MAER et qui sont gérés par d’autres Ministères. Plusieurs pistes de solutions sont encore disponibles en interne pour une sortie définitive de cet état de précarité.

Les autorités du MAER devraient désormais prendre leurs responsabilités et avoir une position avant-gardiste. Ils devraient être plus soucieux de leurs subordonnés et ne plus être égoïstes. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons unir nos forces et travailler main dans la main avec dévouement et abnégation en évitant les frustrations et les injustices. En effet, nous n’accepterons plus jamais d’être les agneaux du sacrifice.

Le nouvel ordre mondial dont on parle devrait être fondé sur la justice et l’égalité mais encore le choix d’instaurer un climat de paix durable. Nous sommes fatigués d’être les grands oubliés de la fonction publique, fatigués de subir cette injustice persistante. Nous avons fait plusieurs sorties médiatiques pour nous faire entendre mais rien de concret n’a été fait. D’ores et déjà, nous prenons notre destin en main pour nous battre pour la justice et la considération car rien ne pourra plus arrêter cette masse de jeunes, d’hommes et de femmes qui sont prêts à lutter pour un avenir meilleur.

A son Excellence
Monsieur le Président de la République du Sénégal
Macky SALL


SYNTTAS
(Syndicat National des Travailleurs et Techniciens de l’Agriculture du Sénégal)


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