
L’efficacité de Cissé, auteur du doublé sénégalais, cache toujours l’absence de réalisme des attaquants. Ce match-repère de l’ère Giresse - le nouvel ordre de collaboration - expose aussi la classe technique de Moussa Sow, bien en place et l’œil avisé. Giresse est dithyrambique. A l’Aps, il dit : « Le contexte et les conditions étaient difficile, mais les joueurs ont livré un match d’hommes en faisant le dos rond et réussissant les gestes qu’il fallait ». Un nouvel esprit souffle dans la tanière. La rigueur et l’esprit commando sont devenus les partenaires de nos chers Lions.
Le nouvel ordre de collaboration
Au cours de ce périple de 15 jours non stop, la vie de groupe s’est formatée. Avec ses hauts et ses bas. Parmi les séquences à vite oublier, s’affiche la friction à distance entre les fédéraux et les joueurs. Accra a révélé que les relations ne sont pas toujours saines. Si l’Etat a été sans reproche dans la prise en charge de son équipe nationale de football, on peut douter de la volonté des dirigeants du football, prompts à livrer les gosses à la vindicte populaire. Au lieu de les protéger et de les comprendre, on penche pour le déballage. La communication de crise est un bréviaire dont les fédéraux devraient s’inspirer en permanence pour pouvoir gérer sans coup férir les cas de turbulence.
Ainsi, au sujet des mauvaises conditions déplorées par le staff et les joueurs, la tutelle dégage en touche. Bouna Daouda Diop, directeur de la Haute compétition, plaide dans les colonnes de l’Observateur du 13 juin 2013 et apporte quelques précisions : « Nous n’avons pas accepté de payer les 72 millions pour le vol Accra-Luanda. La campagne a couté 187 millions ». Et Me Senghor ne fait pas mieux, lui qui n’y va pas par quatre chemins. L’observateur rapporte ses propos : « Les joueurs n’ont qu’à prendre leurs responsabilités. Celui qui ne veut pas de faire le déplacement n’a qu’à prendre son billet retour », martèle-t-il, au lieu de tempérer les ardeurs. En lieu et place de la concertation, la Fédé a opté pour la fermeté martiale : « La fédération n’a pas à demander votre avis, elle vous informe ».
Ne serait-ce point là l’étincelle qui a allumé le feu de la grève ? Une polémique qui n’a toutefois pas dévié les Lions de leur chemin, ni atténué leur détermination d’aller en Coupe du Monde. Ils ont respecté leur « devoir d’avoir de bons résultats », comme disait Mouhamed Diamé. Et après leur succès, le camp administratif a versé dans l’éloge. Tardif et bien triste.
Allez plus haut après la tragi-comique mutinerie d’accra
Depuis le début des éliminatoires, on attendait ce visage du Sénégal, favori du groupe J. Face au Libéria, il a répondu à cette attente et confirmé son statut de leader. Le Sénégal, invincible à l’extérieur, a toujours glané des points avec ses nuls ramenés d’Ouganda et d’Angola. Mieux, il a même réalisé un exploit en empochant les trois points à Monrovia. Fait inédit dans ce groupe J, les équipes jouant à domicile n’ont jamais concédé une défaite. Mais, ne cédons pas à l’euphorie. « Il y a des choses à recadrer », alerte Giresse.
A juste raison, le coach national et son staff technique courent derrière leurs salaires. Les conditions de préparation et d’organisation sont loin des normes de haut niveau et la suspension du stade Léoplod Sédar Senghor n’arrange pas les choses. La politique de gestion a changé sous Giresse, Gigi a choisi la franche collaboration.
A cette politique de conspiration qui finissait toujours par des déballages en temps de rupture, il a préféré un compagnonnage sain, basé sur le respect des engagements, unique gage pour sortir de cet amateurisme et de l’informel qui fissure la vitrine du football. Les Fédéraux doivent suivre les traces du professionnalisme et, surtout, cesser cette communication à outrance qui nuit plus qu’elle n’unit les acteurs. Lions, coach et administration devront se retrouver pour l’essentiel, avant septembre. Et le premier acte à poser est de trouver un partenaire pour la date du 15 août, afin d’huiler davantage le jeu des Lions et de trouver les automatismes.
Et vivement que les lendemains de l’Assemblée générale de la Fédération sénégalaise de football prévue en août ne viennent pas polluer l’atmosphère, qui devenait enfin respirable. La quiétude, c’est le prix pour une deuxième participation à une Coupe du Monde.