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INTERVIEW: THIONE NIANG à cœur ouvert


Rédigé le Lundi 25 Août 2014 à 01:24 | Lu 4306 fois | 0 commentaire(s)




INTERVIEW: THIONE NIANG à cœur ouvert
Vipeoples : Peux-tu te présenter en quelques mots?
 
Thione Niang, issu d’une famille de 28 enfants, est un jeune homme originaire du Sénégal, précisément de la ville de Kaolack où il suivit ses études primaires.
Il a ensuite rejoint la capitale  Dakar, en intégrant le lycée Blaise Diagne où il a  obtenu son baccalauréat littéraire.
C’est à la suite de cela que je suis parti aux Etats-Unis pour y poursuivre mes études universitaires. Je suis arrivé en 2000 à New-York, avec un visa étudiant très difficilement obtenu, un billet de 20 dollars en poche, un niveau d’anglais très limité et sans aucune attache familiale. J’ai travaillé comme garçon de salle dans un hôtel de la ville.
En juillet 2000 je me suis rendu  à Cleveland (Ohio) pour y faire le même job. Mais toujours convaincu que la clef de la réussite passe par l’éducation, je me suis inscrit à l’université « Grand Public Â» (Community College) de Cuyahoga où j’ai appris  l’anglais. J’ai intégré par la suite l’université Myers en me spécialisant en relations publiques.
 
D’où t’es venu cet engagement dans la politique aux USA ?
 
En 2000, l’année de mon arrivée aux USA, l’économie américaine était en bonne santé grâce au travail fourni par l’ancien président Bill Clinton. Quand j’envoyais à ma mère 100 dollars soit 70. 000 FCFA à l’époque, j’étais contraint de doubler cette somme en 2003, au moment de la présidence de G. Bush car l’économie américaine était en chute. Il y avait peu de personnes qui trouvaient des emplois stables et certains même de mes amis perdaient leur maison.
A cet instant, je me demandais comment je pouvais contribuer à améliorer la situation des Etats-Unis et ainsi être un acteur pour le changement au sein de ma communauté.
J’ai pris conscience à ce moment  de l’importance de l’engagement politique et pris l’initiative d’aider les Etats-Unis d’Amérique à améliorer sa situation économique.
J’assistai avec assiduité à toutes les réunions publiques du conseil municipal de la ville de Cleveland.
Au départ, je me suis engagé en tant que militant et bénévole au côté de Kevin CONWELL, conseiller municipal de la ville de Cleveland.
Je suis devenu par la suite, le premier noir élu  président des jeunes démocrates  américains au College caucus (Groupes universitaires des jeunes étudiants démocrates) au Cuyahoga County.
Je fus ensuite chargé de la campagne de la sénatrice Shirley Smith de l’Etat de l’Ohio, comme directeur  avec Peter Lawson Jones, membre de la commission du comté de Cleveland.
 Vous êtes surtout connu de part votre proximité avec le Président américain Barack Obama. Comment avez-vous connu l’homme le plus puissant du monde aujourd’hui ?
 
En 2006, quand j’étais directeur de Campagne de la sénatrice  Shirley SMITH, elle était la présidente du congrès Black Caucus de l’Ohio. 
Le président Obama est arrivé pour une levée de fonds destinée à  Ted Strickland, l'ancien gouverneur démocrate de l’Ohio. C’est lors de cette journée que la sénatrice m’a présenté au sénateur Barack Obama.  Lors de son discours, j’ai eu la conviction qu’il deviendra   président des Etats-Unis d’Amérique.
 
Malgré vos origines sénégalaises, comment avez-vous fait pour devenir le président des jeunes du parti démocratique américain?
 
Il faut savoir que les Etats-Unis ne jugent pas les personnes par leurs origines, l’échelle sociale, la couleur de leur peau, leur âge…. Mais par leurs capacités, le travail qu’ils fournissent. Si les Américains sont convaincus de votre efficacité, ils t’aident à aller de l’avant et te donnent la place que tu mérites.
J’avais été directeur de campagne de la sénatrice Smith dans l’Etat de l’Ohio. Cet Etat qui est considéré comme un Swing State (état pivot) où aucune élection présidentielle ne peut être remportée par un candidat qui y est battu.
J’avais déjà l’ensemble de la jeunesse de l’Ohio à mes côtés, c’est ce qui m’a permis de me présenter aux élections des jeunes démocrates et d’y être élu  de 2007 à 2009.
De 2009 à 2011, j’étais Président des Jeunes Démocrates en charge des affaires internationales.
J’ai parcouru le monde entier au cours de ces deux années, ce statut m’a permis de créer des  interconnections  entre les jeunes leaders du Tiers- Monde et du Parti démocrate américain. J’ai organisé de nombreux évènements,  j’ai intégré d’autres jeunes au sein de l’équipe, avant de quitter en 2011 pour co-présider la campagne du président Obama pour les moins de 40 ans, « le GEN 40 ».
 
Qu’elle a été votre formation initiale ?
 
J’ai suivi une formation d’administration publique à Myers University.
 
Comment la mettez-vous à profit dans votre vie professionnelle et politique actuelle ?
 
Je mets cette formation au profit de l’ensemble de la jeunesse. C’est un travail que je réalise au quotidien. J’encourage les jeunes d’aujourd’hui à devenir des leaders au sein de leur communauté et qu’ils parviennent à répondre aux différents problèmes auxquels est confronté le monde actuel.
C’est pourquoi j’ai créé Give1Project. Je veux que chacun ait la chance de préparer un avenir meilleur.
 
En tant que jeune africain, pouvez-vous nous parler de l’esprit d’entreprenariat chez les jeunes africain ?
 
Sans l’entreprenariat et l’autonomisation de la jeunesse africaine, il sera difficile de faire avancer le Continent. De nombreux pays, comme les Etats-Unis d’Amérique se sont basés sur l’entreprenariat pour faire avancer la société en partenariat avec le secteur privé.
Beaucoup de jeunes en Afrique pensent que travailler  dans le secteur public est la solution. Nous devons encourager les jeunes à entreprendre. Nombreux sont ceux qui ont des projets, nous devons les encourager à prendre le risque de les concrétiser et les sensibiliser à améliorer l’économie africaine et celle du monde entier.
Si je prends l’exemple de Steeve Jobs, le fondateur de la marque Apple, il a pris le risque d’entreprendre. C’est aussi le cas de Mark Zuckerberg. En créant Facebook, il n’a fait que rêver grand et réaliser son rêve, idem pour  Bill Gates fondateur de Microsoft.
En Afrique, nous avons des exemples de personnes partis de rien mais qui sont parvenus à créer de très grandes entreprises.
 
Vous suivez un peu l’actualité politique sénégalaise. Quelle appréciation en faites-vous ?
 
Je salue la maturité démocratique de mon peuple et la bravoure de la jeunesse qui a su se lever quand son pays avait besoin d’elle. C’est avec la tête haute et la fierté d’être Sénégalais que je parcours le monde.
 
Comment est perçu l’Afrique en général et le Sénégal en particulier aux USA ?
 
Les immigrés sénégalais sont très bien intégrés aux Etats-Unis, ils sont exemplaires. Certains de nos compatriotes occupent des fonctions de haut niveau au sein du pays, nous avons des professeurs dans de grandes universités américaines, de brillant(e)s hommes et femmes d’affaires... Comme vous le savez mieux que moi, les immigrés sénégalais sont à remercier.
En revanche, les africains sont très peu impliqués dans vie la politique du pays et  je travaille chaque jour pour ce changement ; afin qu’ils puissent être présents autour des tables où les décisions se prennent.
 
 Vous  faites partie de cette catégorie de jeunes qui ont parfaitement réussi leur intégration aux USA. Pensez-vous vous impliquer plus et encore mieux dans la vie politique américaine ?
 
Le combat que nous avons mené pour élire le président Obama était juste un début du changement pour les Etats-Unis d’Amérique, ainsi que pour le monde entier. Nous les jeunes étions déjà conscients de cela. Les intérêts des Etats-Unis étaient entre nos mains et celles de tous les américains et nous devions nous battre pour le changement. Par la suite, notre challenge était de délivrer les promesses faites aux américains ; redresser l’économie, améliorer le marché du travail, bâtir des relations humaines fortes et éviter les guerres, poursuivre des études supérieures sans avoir recours à des prêts et se retrouver endetter pendant de longues années, bénéficier de prise en charge de soins médicaux, limiter les ports d’armes…C’est le travail que nous menons au quotidien au Congrès afin de résoudre tous ces problèmes.
L’élection du président Obama était un début et grâce à cette victoire, je sillonne le monde à la rencontre des jeunes en les incitant à être des acteurs au sein de leur société ; et ainsi faire changer leur petite communauté, leur pays, voire le monde.
 
Pourrait-on voir un jour Thione Niang candidat à une présidentielle américaine ?
 
(Rires) C’est impossible. Il faut être né aux Etats-Unis, ce n’est pas mon cas.
 
Que dis-tu aux personnes qui pensent qu’il n’y a pas d’avenir en Afrique, au Sénégal ?  
 
Je leur dis qu’elles ont tort ! L’avenir appartient à ceux qui y croient. Moi, je crois au potentiel de tous les pays d’Afrique. Et je suis convaincu qu’avec l’aide de Dieu c’est la jeunesse africaine qui redressera l’Afrique.
Lors de mes différents voyages, je me rends compte qu’une bonne partie du Continent est consciente de son potentiel. Et c’est ensemble, main dans la main que nous parviendrons à changer tout ça Incha Allah.
 
Que pensez-vous de la situation politico-économique et sociale du Sénégal ?
 
Comme évoqué précédemment, le Sénégal est entre de bonnes mains avec un nouveau gouvernement, jeune. Je reste confiant. Moi qui vis à l’extérieur, je suis conscient qu’en un an, il est difficile de changer toute une politique dans un pays.
 
Quels sont tes projets pour l’année à venir ?
 
Mes projets, c’est mon quotidien, c’est ce que je réalise tous les jours au travers l’organisation «Give1Project».
 
Si moi, Thione Niang, jeune Kaolackois arrivé avec presque rien aux USA   ai réussi à faire parti intégrante de la vie politique américaine ;  et  si  Barack Obama, un jeune grandi à Hawaï est parvenu à devenir le premier président  noir des Etats Unis d’Amérique ce n’est pas un hasard. C’est le résultat d’une lutte menée pendant plusieurs années par des hommes et des femmes tels que Martin Luther King, Rosa Parks, Malcom X… qui se sont battus pour qu’un des leurs puissent diriger aujourd’hui la première puissance mondiale.
En Afrique, nous avons aussi des héros qui se sont battus pour l’indépendance des états africains comme Kwameh Nkrumah au Ghana ou Patrice Lumumba au Congo et plus récemment Nelson Mandela en Afrique du Sud. Ces hommes et ces femmes ont menés ces combats pour nous permettre de nous exprimer et parcourir le monde librement.
Et maintenant, la question que je pose à notre génération, que ça soit en Asie, Amérique, Europe et surtout dans mon continent l’Afrique, quel doit être notre combat pour la future génération ?
C’est la raison pour laquelle j’ai crée «Give1Project». Je veux laisser la chance à la jeunesse d’aujourd’hui et de demain d’être des acteurs du changement, des leaders. L’organisation est implantée aujourd’hui dans 16 pays.
Chacun d’entre nous doit se poser la question de savoir quelles empreintes il laissera à la génération à venir.
Je terminerai par une citation du président B. Obama:
«Focusing your life solely on making a buck shows a certain poverty of ambition. It asks too little of yourself. Because it's only when you hitch your wagon to something larger than yourself that you realize your true potential». (NDLR : «Consacrer votre vie à vous faire du Dollar dénote un manque d’ambition. Cela vous demande trop peu d’efforts. En effet, c’est seulement en accrochant votre  chariot à quelque chose qui dépasse vos capacités que vous vous rendrez compte de votre vrai potentiel».
Tange Tandian
 
 

INTERVIEW: THIONE NIANG à cœur ouvert


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