Entretien avec Moustapha Diakhaté : « Je présente mes excuses au peuple sénégalais »


Rédigé le Jeudi 24 Octobre 2013 à 17:54 | Lu 215 fois | 0 commentaire(s)



C’est un Moustapha Diakhaté très détendu que nous avons trouvé hier à l’Assemblée nationale. Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar veut dépasser la crise qui vient de secouer son groupe notamment avec la rébellion de Cheikh Diop Dione et Mame Khary Mbacké. «L’homme du Président» évoque ses relations avec ses alliés, l’Acte 3 de la décentralisation et la vie parlementaire. S’il estime que ses alliés ne mouillent pas assez le maillot d’une part, le député Diakhaté pense que Macky Sall devrait prendre une année pour terminer les réformes avant d’organiser des élections.


Entretien avec Moustapha Diakhaté : « Je présente mes excuses au peuple sénégalais »
Les partis de la majorité parlementaire ont été invités aux concertations sur l’Acte 3 de la décentralisation initiées par le chef de l’Etat et qui doivent aboutir au report des élections locales. Comment appréciez-vous cela ? 

Je n’ai pas assisté aux concertations. L’Alliance pour la République (Apr) était représentée par d’autres personnes. Toutefois, je partage cette démarche. Macky Sall est le Président de tous les Sénégalais. Une réforme d’une si grande ampleur mérite des concertations aussi larges, les explications les plus approfondies. Il le doit au moins aux Sénégalais. Ces concertations permettent aussi l’apaisement du climat politique. Je crois que le pays a besoin de tranquillité. Il n’a pas non plus besoin que la classe politique lui donne du tournis. 
Personnellement et en tant que président du groupe parlementaire, je soutiens cette démarche. La seule proposition que je voudrais rajouter est que j’aimerais qu’il reçoive les groupes constitués de l’Assemblée nationale pour que nous puissions dire nos attentes par rapport à cette réforme. Cette fois-ci, j’aurais bien aimé qu’on passe du transfert de compétences au transfert de pouvoirs. Il faut faire des Collectivités locales des lieux de pouvoirs. 

Ne faudrait-il pas commencer par le transfert des moyens financiers ? 

Je veux dire le transfert des compétences, des moyens financiers mais aussi des pouvoirs. Il faudra permettre aux Conseils départementaux, régionaux et aux villes de pouvoir légiférer en matière fiscale. Le Sénégal peut aller dans ce sens. 

Sans la participation de Rewmi et du Pds, les principaux partis d’opposition, est-ce que les décisions prises à l’issue des concertations pourront engager toute la classe politique ? 

Le Pds participera. Les informations que j’ai eues me permettent de dire qu’il y a une bonne frange des responsables du Pds qui sont disposés à dialoguer. Evidemment, il y a des extrémistes libéraux mais on les trouve dans tous les bords. Le président de la République connaît bien ce parti pour savoir à quelle porte frapper pour avoir une rencontre avec eux. Nous ne sommes pas en guerre civile avec eux. 
Nous étions de ce parti. Nous avons quitté pour des raisons que tout le monde connaît. Aujourd’hui, le Pds est dans l’opposition. Je crois qu’il a sa place dans une démocratie participative. Donc, il n’y a que quelques extrémistes, mais d’une manière générale, je pense que le Pds va participer à cet acte de la décentralisation mais aussi sur d’autres questions. 


Est-ce que ce n’est pas une belle occasion pour Macky Sall de diviser l’opposition ? 

Non ! (Il se répète). Nous n’avons pas besoin de diviser l’opposition. Le rôle du président de la République est d’impulser des réformes. Dans le cadre de cette mission, il pense qu’il doit associer l’ensemble des Sénégalais, la classe politique, la société civile et tous les acteurs du développement. C’est une bonne démarche. Il ne faut pas que le Pds se permette se fermer cette porte. 
L’histoire de ce parti est celle d’acceptation de main tendue de l’Exécutif. Le Pds l’a fait quand il était dans l’opposition (avant l’an 2000). Quand il était au pouvoir, il a toujours tendu la main à l’opposition qui a toujours répondu. La connaissance que j’ai de ce parti me permet de dire qu’il va rejoindre la table du dialogue pour faire 
avancer ce pays. 

Est-ce que vous croyez que la réforme de la décentralisation va être finalisée avant juin, le mois indiqué pour tenir les élections locales ? 

Peut-être, faut-il accélérer la réflexion. De mon point de vue, je serais plus favorable qu’on décale d’une année entière. Je voudrais qu’on termine, cette année, toute la réflexion pour qu’on puisse aller aux Locales avec un nouveau dispositif en matière de décentralisation. Mais le président de la République pense qu’on peut se limiter à la communalisation universelle, à l’érection des départements en Collectivités locales et que le reste attende. C’est une bonne option mais je pense qu’on peut obtenir l’accord de la classe politique pour décaler d’une année, le temps de donner un nouveau profil aux Collectivités locales. 

N’est-ce pas vous aurez l’occasion de faire cette proposition quand le projet de loi arrivera à l’Assemblée nationale ? 

Ça dépend ! Si le président de la République pense qu’il faut se limiter au mois de juin, cela ne nous posera pas de problème. C’est pourquoi, j’ai dit qu’il ferait mieux de recevoir les groupes constitués de l’Assemblée nationale, la Majorité et l’Opposition, pour améliorer le travail qui est engagé. D’ailleurs, c’est une réforme qu’il ne faudra pas rater. Je crois que le temps est un allié sûr pour faire de bonnes réformes. 
Parlant de groupes constitués de l’Assemblée nationale, vous avez empêché Rewmi d’avoir son groupe parlementaire. 

Non, nous ne l’avons pas empêché ! 

En tous cas, vous n’étiez pas restés les bras croisés… 
C’est tout à fait le contraire. Il y a d’autres priorités. Je ne veux pas me lancer dans ce débat. J’ai appris, deux jours après, que l’honorable député Mariama Diallo avait déclaré dans un quotidien de la place qu’elle resterait dans le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (Bby). Donc, c’est elle-même qui a pris cette initiative sans la contrainte de personne. 
Pour le député Mme Madjiguène Fall de Bambey, c’est la même chose. Elle a pensé qu’il n’y a aucune raison de quitter le groupe. Même les autres qui sont partis ne nous reprochent rien. Ils étaient à l’aise dans ce groupe. 
Oumar Sarr (de Rewmi) est mon plus proche collaborateur, mon plus grand confident. C’est le seul député dont je connais les deux villas et ses deux femmes. Je le fréquentais de manière assidue. A chaque fois qu’on allait en séminaire à Mbour, je voyageais à bord de sa voiture. Donc, c’est pour des raisons politiques qu’il a quitté le groupe parlementaire. Peut-être, son parti l’a-t-il voulu ainsi. Mais il ne peut rien reprocher au groupe en termes de participation et de considération. 

Pourquoi Mariama Diallo a-t-elle été donc reçue par le président de la République, à la veille de l’ouverture de la session ordinaire, le 11 octobre dernier ? 

Il n’y a rien de plus normal. Le Président Macky Sall est le président de Benno Bokk Yaakaar. Si Mme Diallo décide de rester dans la coalition Benno Bokk Yaakaar, il n’y a pas plus normal qu’elle soit reçue par Macky Sall. Mais Mariama Diallo avait fait sa déclaration sans consulter personne. Le Président l’a reçue pour l’encourager, parce que nous n’avons pas besoin de cette rupture. En tous cas, Oumar Sarr me manque. On parlait de trois mousquetaires : Oumar Sarr, Cheikh Seck et moi-même. On avait entamé un excellent travail. Je n’ai pas compris l’option de son parti. 
Rewmi pouvait rester dans le groupe, présenter son candidat à l’élection présidentielle de 2017, s’il le désire. Si vous allez en France, dans la majorité socialiste, tout le monde sait que les Ecologistes auront un candidat à la prochaine élection présidentielle. Et pourtant, ils restent dans la majorité. Il faut qu’on apprenne que les questions à long terme ne nous empêchent pas de régler les problèmes d’urgence. 

Est-ce que vous ne croyez pas que le débat parlementaire serait plus enrichi avec la création d’un autre groupe parlementaire ? 

L’enrichissement du débat parlementaire n’est pas une question de groupe. Même sans appartenir à un groupe, ils (les rewmistes) restent des députés indépendants. Ils ont droit à la parole. Personne ne leur privera de ça. A la limite, ils seront traités d’égale dignité avec les groupes constitués. Ils diront ce qu’ils pensent. S’ils formulent de bonnes propositions, je suis preneur. 
Je ne suis pas un individu sectaire. Si quelqu’un sort une bonne idée, je suis preneur quel qu’en soit l’auteur. S’ils nous critiquent de manière fondée, nous en tiendrons compte. La démocratie n’est jamais appauvrie par le débat. Il faut que les députés aient le maximum de liberté pour faire des propositions ou des critiques. 

Justement, le député Cheikh Diop Dione a pris sur lui la liberté de présenter sa candidature contre Moustapha Niasse. Pourquoi avez-vous donc pris des sanctions à son encontre pour cela ? 

Ce que je peux vous dire est que cette crise est maintenant terminée. Cette page est tournée. Il vient juste de quitter mon bureau (hier). Je continue à le responsabiliser dans le cadre du groupe, parce que je le connais. Il peut apporter quelque chose à l’Assemblée nationale. 

Mais, c’est votre groupe qui l’avait sanctionné non ? 

Non ! (il insiste). Ce qu’il a fait, il l’a fait contre le groupe. La candidature de Moustapha Niasse à la présidence de l’Assemblée nationale est une décision politique prise avant même le 25 mars 2012. C’est un engagement du président de la République. Moustapha Niasse est le candidat de l’Apr, de Macky2012, coalition à laquelle appartient Cheikh Diop Dione. 
Il n’avait aucun intérêt à aller dans le sens contraire de la volonté de son parti. Les arguments qu’il a avancés ne justifiaient pas qu’il présentât sa candidature. Il dit que nous avons besoin d’améliorer la gouvernance parlementaire. C’est mon combat de tous les jours. 
Je me bats pour que l’Assemblée nationale ait un règlement intérieur, un règlement administratif et un régime financier modernes, qui permettent de travailler dans la transparence. Cheikh Diop Dione peut mener ce combat à mes côtés. 
Trois minutes après le dépôt de sa candidature, je l’ai appelé pour lui dire que ce qu’il est en train de faire n’est pas bon. Je lui ai dit qu’il le fait contre son parti, contre le Président Macky Sall. La coalition a besoin d’être solidifiée. Aucun acte pouvant aboutir à des divisions dans la coalition Benno Bokk Yaakaar ne doit être posé. La stabilité du pouvoir dépend en grande partie de la solidité de notre groupe parlementaire. 

Qu’adviendra-t-il donc de la marge de liberté que la loi offre aux députés ? 

Quelle marge de liberté ? (il se répète). Il a fait ce qu’il a voulu faire. C’est vrai que le député peut être candidat, s’il le désire. Mais un député qui est membre d’une coalition qui l’a investi, qui a financé sa campagne… Même si on est libre, il faut quand même tenir compte de cette réalité. 
Cheikh Diop Dione est un intellectuel de haut niveau qui ne doit pas fragiliser la coalition Benno Bokk Yaakaar. Si cette candidature avait un grand nombre de voix, qu’est-ce qu’on aurait dit notamment nos alliés de l’Afp ? Est-ce qu’ils ne penseraient pas à un coup tordu de l’Apr contre Moustapha Niasse ? Franchement, c’est un mauvais message. En plus, nous n’avons pas le droit d’installer le désordre à l’Assemblée nationale. Notre devoir est de 
rassurer le Peuple et de nous mobiliser pour trouver des réponses à leurs préoccupations. 

Quand même Cheikh Diop Dione a posé des problèmes dont les gens parlent en dehors de l’Hémicycle. Que dites-vous à ceux qui reprochent à l’Assemblée nationale un manque de rupture et de transparence dans son fonctionnement ? 

Au niveau de l’Assemblée nationale, nous avons tous fait ces constats. Cheikh Diop Dione était aux journées de réflexion que nous avions organisées à Saly. Il savait qu’on a fait un diagnostic qui était fondé sur un autre effectué par le Pr. Ismaïla Madior Fall. Nous sommes allés en retraite parlementaire pour approfondir ce diagnostic. Nous avons estimé qu’il faut trois choses pour donner une efficacité à l’Assemblée nationale : des règlements intérieur et administratif modernes et un nouveau régime financier. Nous sommes sur ces chantiers-là. C’est plus important que de porter une candidature qui n’apporte rien du tout, sinon donner du tournis au Peuple. On donne l’impression que l’Apr rime avec anarchie. 
Nous traversons une crise de la représentation. Les Sénégalais n’ont pas confiance en leur classe politique. Notre devoir est de travailler à nous réconcilier avec le Peuple sénégalais. Pour ce faire, il faut rompre avec le désordre mais aussi s’occuper de leurs préoccupations. Il l’a fait, il en a tiré les conséquences tout comme moi. Cette page est tournée. 

Quand les sanctions contre Cheikh Diop Dione et Mame Khary Mbacké ont été levées, les gens ont parlé de désaveu et vous avez soutenu le contraire. Est-ce que le Président vous a réellement désavoué ? 

Ça m’a réellement scandalisé et ça m’amène désormais à m’interroger sur les articles de presse. J’ai assisté à l’événement et le lendemain on m’apprend qu’on m’a désavoué sur une mesure que j’ai prise. Or, la mesure n’a même pas été évoquée au cours de cette rencontre. (Il se répète) on n’a pas parlé des mesures que j’ai prises contre Cheikh Diop Dione et Mame Khary Mbacké. Les seuls qui en ont parlé l’ont fait sous forme d’allusion du genre demander au président de la République de les pardonner. Ce n’était même pas le lieu. 
C’était une rencontre entre le camarade Macky Sall et les députés issus de «Macky2012» mais ce n’était pas le lieu de déballer les décisions du président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar. Les décisions, c’est moi qui les ai prises et c’est moi qui les ai annulées. Le président de la République n’est pas le président du groupe Benno Bokk Yaakaar. Il est le leader de notre coalition. 

Quand la décision de sanctionner Cheikh Diop Dione et Mame Khary Mbacké a été prise, il y a eu quand même des médiateurs qui ont agi pour que ces mesures soient annulées ou bien c’est le président de la République qui vous a demandé de revenir sur la décision ? 

(Il coupe) Je ne vous direz pas ce qu’en pense le président de la République. En tout cas, ce que je peux vous dire, est que j’ai horreur du mensonge. Ça fait partie des grands péchés qu’on peut commettre. Au cours de cette rencontre, on n’a pas parlé des mesures que j’ai prises. Le président de la République ne m’a pas demandé de les annuler et il ne les a pas non plus annulées. 
Le seul message que je veux formuler est que les responsables et les militants de l’Apr n’ont pas intérêt à donner à ce pays l’impression que c’est un parti de voyous et de querelleurs. Si tel est le cas, le réveil sera douloureux. 
Je ferai tout pour qu’au niveau du groupe Benno Bokk Yaakaar, qu’on donne la meilleure image d’un député à l’Assemblée nationale. C’est ça mon rôle. Ce n’est pas de sanctionner mais d’animer l’équipe, de l’amener à hisser l’Assemblée nationale à un niveau élevé de l’histoire parlementaire de notre pays. 
Evidement, il y a certains qui ont dit à Cheikh Diop Dione que ce qu’il a fait n’est pas bon. Il y a même des gens de l’opposition qui sont intervenus dans le même sens. D’autres sont intervenus pour que le groupe retrouve sa sérénité. Quand il est allé déposer sa candidature, je l’ai reçu cinq minutes après pour lui dire que ce qu’il était en train de faire n’était pas bon. 

Qu’est-ce qui vous a poussé donc à revenir sur votre décision ? 

Il fallait le sanctionner pour que cela ne se répète plus à son niveau et que quelqu’un d’autre ne soit pas tenté de le faire. 
Quant à Mame Khary Mbacké, elle avait dit qu’elle allait nous quitter pour un autre parti. Ceci est contre le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. 

Mais elle a dit qu’elle quittait le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar et non l’Apr… 

Je sais ce qu’elle a dit (il se répète). Elle voulait quitter le président de la République pour rejoindre Idrissa Seck ? Parce que Macky Sall ne la considèrerait pas. On n’est pas là pour ça. Je connais Mame Khary Mbacké depuis qu’elle a 7 ans. Son mariage, c’est comme si c’était hier pour moi. Pour vous dire qu’elle est ma petite sœur. 
Trois jours avant les événements, je suis allé chez elle. J’y suis resté jusqu’à 1 h du matin. C’était pour discuter avec elle de questions politiques mais aussi familiales. Quand elle a fait ce qu’elle a fait, j’ai pris mes responsabilités. 
En fait, dans ce pays, il y a trop de désordre, d’anarchie et les populations ont l’impression que, quelque part, il y a absence d’Etat, de fermeté. Quelle est la conséquence de tout ça ? Le pays peut un jour en conclure que la République est molle. Elle n’est pas tenue et qu’on peut tout se permettre. On ne construit pas un pays comme ça, d’autant plus que nous acteurs politiques, ce que nous devons toujours nous dire, c’est que notre pays fait partie des 35 pays les plus pauvres au monde. On attend de nous qu’on trouve des solutions aux problèmes du pays et non pas qu’on en rajoute. Malheureusement, ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale ne nous honore pas. Je présente mes excuses au Peuple sénégalais pour l’image catastrophique du groupe Benno Bokk Yaakaar, notamment sa branche «Macky2012». Je veillerai à ce que cela ne se reproduise plus. 

Depuis ces événements du 11 octobre, n’avez-vous pas l’image d’un gendarme à l’Assemblée nationale du genre Doudou Wade ? 

Non, non ! Mais, si on me donne l’image d’un gendarme, j’en serais très heureux. 

Pourquoi ? 

Parce que j’aimais bien être gendarme quand j’étais plus jeune. On en a besoin partout. Le gendarme symbolise l’ordre, la discipline. Si on dit de moi que je suis un gendarme, j’en suis très fier et je le serais toujours. 

Dans ce cas, est-ce que les gens ne se poseraient pas des questions sur votre volonté de rompre avec le passé ? 

Mais rompre avec le passé, c’est d’abord mettre de l’ordre dans ce pays. Le pays est dans un désordre terrible. Regardez la voie publique, les gens occupent les trottoirs. Pour un oui ou pour un non, on dresse une tente pour organiser un baptême, on organise des thiant sur la voie publique en pleine nuit, à la veille d’un jour ouvrable… 

Vous voulez mettre de l’ordre jusqu’à remettre en cause la liberté des députés ? 

Non, on ne remet en cause la liberté de personne. Mais la liberté d’une personne ne doit pas nuire à celle des autres. Or la liberté de Bby c’est d’être soudée, unie et de se préoccuper exclusivement des intérêts du Peuple sénégalais. 

Que pensez-vous de la volonté exprimée par Moustapha Cissé Lô de faire passer le nombre de députés de 10 à 15 pour la création d’un groupe parlementaire ? 

Je crois qu’il est libre de formuler une telle proposition. Pour le moment, ce n’est pas encore déposé sur la table du bureau, ni sur celle du bureau de l’Assemblée nationale. Quand ça viendra, on l’appréciera. Le rôle du député c’est de faire des propositions de loi. 

Qu’en est-il de la proposition de loi qui veut que les têtes de listes soient élues maire ? 

C’étaient les honorables députés Cheikh Tidiane Ndiaye et Aïssatou Bambado Sall qui voulaient que la tête de liste soit élue directement maire ou Pcr. Nous, on leur avait dit d’attendre les grandes réformes de l’Acte 3 de la décentralisation. Maintenant, on attend les propositions que le gouvernement nous fera. S’il estime que c’est une bonne option, il n’y aura pas de problème. En tout cas ce n’est pas une mauvaise chose que les Sénégalais en se réveillant pour aller voter le matin sachent qui est le maire pour qui ils vont voter. Parce qu’on a connu des situations rocambolesques, des têtes de liste qui ont travaillé dur et gagné haut la main et que par la suite les gens passent pour changer la volonté des électeurs. 
Mon souci est qu’il faut que les hommes politiques arrivent à respecter la volonté des populations. Si on peut codifier les instruments pour faire respecter cette volonté populaire, moi je n’y trouve aucun inconvénient. 

La question de la discipline de parti se pose. Est-ce qu’on n’en abuse pas parfois sous le prétexte que quelqu’un a posé un acte en déphasage avec la volonté de ses camarades de parti ? 

Quand un parti vous investit candidat à la députation sans consulter personne, vous devez respecter certaines décisions. Tous ces gens qui sont sur la liste de «Macky2012» ont été choisis par Macky Sall. Ils n’ont pas été choisis par leur base. C’est Macky Sall qui a fait d’eux des candidats à la députation. C’est Macky Sall qui a financé leur campagne. Aujourd’hui, compte tenu même du caractère de notre groupe, les messages d’unité et de cohésion doivent venir du camp de Macky Sall. Parce que Macky Sall a osé installer dans ce pays la gouvernance participative et inclusive, la gouvernance du grand rassemblement. Ce grand rassemblement est encore fragile. C’est à nous députés et militants de l’Apr et de «Macky2012» d’être les premiers soldats, les premiers maçons de la construction de cet édifice. Je me considère comme tel et je veillerai à ce que cet édifice ne vacille pas. J’y attache un prix. 

Parlons des relations entre l’Assemblée nationale et l’Exé­cutif. Parfois les gens ont l’impression que les députés défendent mieux le gouvernement que les ministres. Pourquoi ? 

C’est mon sentiment, mais je ne sais pas. Parfois, quand les ministres viennent à l’Assemblée nationale, ils sont là comme des téléspectateurs. 

Même en dehors de la sphère parlementaire, dit-on… 

C’est-à-dire, l’impression que nous avons les uns et les autres est que même la défense du gouvernement vient de l’Assemblée nationale et notamment de «Macky2012». Nous sommes conscients de nos responsabilités et nous les assumons. 
En plus d’être des les représentants du Peuple sénégalais, des législateurs, nous sommes des militants politiques. Nous sommes des relais du président de la République. Quand nous agissons pour le défendre, là ce ne sont plus les députés parlementaires mais les députés politiques. Je ne vous apprends rien, il ne peut pas y avoir de notion de séparation des pouvoirs entre le groupe parlementaire et le pouvoir exécutif. Le groupe parlementaire et l’Exécutif, ce sont les deux faces d’une même pièce. C’est le bloc d’Etat. Lorsque nous battions campagne, c’était pour dire aux populations de donner au président de la République une majorité pour lui permettre de gouverner le Sénégal et de réaliser ses engagements. Je ne dirai même pas que nous sommes en complémentarité, mais plutôt une unité. 
Maintenant, l’institution parlementaire, en tant que telle, doit travailler de manière séparée avec le gouvernement. Autrement dit, le gouvernement ne doit pas s’immiscer dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale. 

Parlant de la défense de Macky Sall par son groupe parlementaire, cela voudrait-il dire que les alliés ne mouillent pas suffisamment le maillot ? 

Sur certains aspects, parfois on ne les sent pas. Mais cela est lié à beaucoup de facteurs parmi lesquels le mauvais fonctionnement de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Et le Président en est tellement conscient qu’il m’a lui-même instruit de trouver un local pour la coalition Bby. Il m’a même demandé de lui proposer une formule d’organisation et de fonctionnement de la coalition. 
Au plus tard le 1er novembre, la coalition aura son siège et se dotera d’un personnel politique et d’une administration qui lui permettront de mieux jouer son rôle de locomotive de la majorité présidentielle. 

Donc, vous donnez raison à vos alliés qui disaient que votre coalition n’est pas du tout structurée… 

Ils avaient raison et même nous, nous l’avons dit. Moustapha Diakhaté le dit à qui veut l’entendre et le Président le dit. C’est un constat que nous avons fait. Je ne vous apprends rien si je vous dis que depuis les Législatives jusqu’à maintenant, le groupe Benno Bokk Yaakaar ne s’est pas réuni, n’a pas rencontré le président de la République. Mais ça c’est une page qu’on va tourner. 

A suivre... 

Le Quotidien


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