Face aux principaux officiels du pays, dimanche, Paul Kagame évoque l’un des livres du chercheurs français Gérard Prunier, qui aurait suggéré, selon le président rwandais, comme motif de l’assassinat de Seth Sendashonga en 1998 des réunions avec des généraux ougandais en vue de renverser le régime à Kigali. « Il y a des éléments de vérité dans ce qu’écrit Prunier, nous avions cette information. En fait, Seth Sendashonga est mort parce qu’il a franchi une ligne rouge. Je n’ai pas beaucoup plus à dire, mais je ne vais pas m’excuser à ce propos », a déclaré le président rwandais.
Le 3 mai 1998, Seth Sendashonga rencontre bien Salim Saleh, le frère du président ougandais Yoweri Museveni. Le 16, il est assassiné par un commando à Nairobi. L’ancien ministre Jean-Baptiste Nkuliyingoma était un proche de Seth Sendashonga. Il est aujourd’hui membre de l’institut créé en son nom. « On savait très bien que Paul Kagame avait commandité l’attentat contre Seth Sendashonga mais nous avons quand même été surpris d’entendre un chef d’Etat reconnaître un crime aussi grave… »
Des opposants demandent une enquête sur les crimes à caractère politique
Pour ce proche de Seth Sendashonga, même le motif évoqué par Paul Kagame pour justifier cet assassinat est fallacieux puisque l’ancien ministre de l’Intérieur avait échappé à une première tentative d’assassinat en 1996 et que beaucoup d’autres opposants ont été tués depuis.
Jean-Baptiste Nkuliyingoma note avec amertude que le 10 mars, alors que Paul Kagame tenait ces propos, un nouvel opposant était retrouvé mort au Rwanda. Anselme Mutuyimana, l’assistant de la présidente des FDU, Victoire Ingabire, a été retrouvé mort le week-end dernier, étranglé. La police rwandaise dit avoir ouvert une enquête. Les rares opposants vivant encore au Rwanda, Victoire Ingabire, Diane Rwigara et Bertrand Ntaganda, demandent une enquête internationale sur les crimes à caractère politique au Rwanda.