Alexis Tsipras, «l’homme qui fait trembler l’Europe»


Rédigé le Jeudi 9 Juillet 2015 à 22:06 | Lu 132 fois | 0 commentaire(s)



L'homme fort de la Grèce, Alexis Tsipras, bouscule l'échiquier politique européen, mais aussi mondial. Fort de sa seconde légitimité issue du référendum de dimanche dernier, il entend imposer à ses créanciers ses conditions tout en restant dans l'euro. Mais qui est Alexis Tsipras, encore inconnu il y a quelques mois de ses pairs européens


Une ascension fulgurante a propulsé le leader grec de la gauche radicale sur le devant de la scène internationale. Né dans un milieu aisé d'Athènes, il milite dès le lycée pour le mouvement communiste et en devient un des leaders. Il poursuit ses études d’ingénieur mais revient très vite à la politique. Sa carrière s'envole littéralement avec l'avènement de Syriza, qui devient le premier parti du pays aux européennes de 2014. 

Aujourd'hui, Alexis Tsipras a réussi la prouesse d'obtenir le soutien de la majorité de la classe politique grecque. Mais pour l'économiste Charles Wiplosz, il est surtout arrivé au bon moment : « Après six ans d’austérité et aucun résultat tangible, ça a complètement déconsidéré les deux partis de gauche et de droite qui se sont succédé au pouvoir depuis le début de la crise, et ça a ouvert un boulevard pour des politiciens qui rejetaient la stratégie suivie depuis 2010. » 

Grâce à ses talents d'orateur, Alexis Tsipras s'est rallié le peuple. Il s'exprime sans note et manie à ravir l'ironie, avec toujours la formule qui claque. Il sait flatter l'oreille des Grecs qui ont trouvé dans leur nouveau leader l'expression de leur souffrance. Taxé de populisme par ses opposants, Alexis Tsipras s'en moque. Son cheval de bataille reste la lutte contre l'austérité. 

Grégory Claeys de l'institut Bruegel considère son combat légitime : « La politique qu’il réclame, avec la fin des politiques d’austérité, une réduction de la dette grecque, a été soutenue par deux prix Nobel comme Paul Krugman et Joseph Stiglitz. Même si à l’origine, ce parti est un parti radical, au final la politique qu’il réclame n’est pas aussi radicale que cela économiquement. » 

Les Européens inquiets sur sa capacité à gouverner 

Alexis Tsipras se situe avant tout sur un terrain idéologique : il veut incarner le combat anti-austérité en Europe. Une posture réductrice considérée comme insuffisante par certains observateurs, qui s’interrogent sur la capacité d’Alexis Tsipras à sortir le pays de la crise. 

Pour Céline Antonin, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le Premier ministre grec manque de stratégie : « Il est rattrapé par la réalité économique, une crise bancaire qui pend au nez de la Grèce. Je crois qu’il joue un peu un joker, c’est sa position. Il va devoir mettre un peu d’eau dans son vin, compter avec les créanciers, et je crois que la réalité économique va reprendre le dessus. » 

Plus sévère, Charles Wiplosz considère que le Premier ministre grec n'en n'a pas l'étoffe : « Son référendum a été un coup de poker qu’il a remarquablement gagné. Ceci dit, il faut qu’il se fasse à l’idée qu’il est Premier ministre, qu’il n’est plus contestataire et qu’il doit prendre des responsabilités. » 

« Grexit » en vue : « La BCE joue un rôle important » 

La Grèce a officiellement demandé un troisième plan d'aide. Mais comme préalable à toute négociation, Athènes réclame que soit inscrit noir sur blanc un chapitre sur la restructuration de la dette grecque. En somme, il ne fait que demander ce que le Fonds monétaire international, par la voix de sa présidente Christine Lagarde, vient de recommander. 

Une revendication que soutient Charles Wiplosz : « Une des raisons essentielles pour lesquelles la Grèce a connu des années terribles depuis la mise en place des programmes de la troïka, c’est que l’on n’a pas commencé en 2010 par une remise de dette. C’était le point de départ, donc ça a imposé des politiques d’austérité complètement destructrices. Il me paraît complètement essentiel que les négociations, si elles on lieu maintenant, incluent dès le départ la question de la dette publique. Parce que tant que la dette publique n’est pas réduite, la Grèce ne peut pas s’en sortir. » 

Depuis le référendum surprise, les évènements s'accélèrent. Dimanche, les créanciers européens pourraient sonner la fin de la partie. Car si le coup de force de ne pas honorer l'échéance de 1,7 milliard auprès du FMI est resté sans conséquences, l'absence d'accord d'ici dimanche risque de pousser la Banque centrale européenne à agir. 

Gregory Claeys : « La BCE, qui joue un rôle important, a pour l’instant décidé de ne pas prêter plus aux banques grecques. Mais elle n’a pas non plus retiré l’argent qu’elle avait prêtée précédemment. S'il ne se passe rien d’ici dimanche, la BCE, qui ne voulait pas prendre la décision de sortir la Grèce de la zone euro, se sentira légitime pour mettre fin aux prêts au secteur bancaire grec, ce qui déclencherait le " Grexit ". » 

Sympathique pour certains, machiavélique pour d'autres, le masque de « l'homme qui fait trembler l'Europe », comme le nomment les médias, pourrait tomber dimanche soir.


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