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Paulo Gomes Candidat à la présidentielle en Guinée- Bissau : « Moi Président… »


Rédigé le Mardi 18 Février 2014 à 14:56 | Lu 709 fois | 2 commentaire(s)



La Guinée- Bissau est en pleine campagne pour l’élection présidentielle du 16 mars prochain. Les différents candidats sillonnent le pays, mais aussi la sous- région, et même l’Europe pour convaincre les électeurs de voter pour eux. Paolo Gomes, dans cet entretien exclusif accordé à Afrique Connection, à Paris, définit les enjeux de ce scrutin, mais aussi met avant ses atouts. Cet économiste, ancien Directeur exécutif à la Banque Mondiale, compter notamment surfer sur son expérience internationale et son vaste réseau pour séduire les Bissau-guinéens. Réforme de l’armée, narcotrafiquants, conflit casamançais…Paulo Gomes n’a élagué aucune question. Entretien.


Paulo Gomes Candidat à la présidentielle en Guinée- Bissau : « Moi Président… »

Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter à l'élection présidentielle dans un pays où être élu par le peuple ne garantit guère d'aller au bout de son mandat, parce que généralement c'est l'armée qui fait la loi ?

Je dois tout à la Guinée- Bissau. La Guinée-Bissau m'a donné mon Ã©duction, mon exposition au niveau de la sous-région et au niveau mondial. Je crois donc qu'il est temps de mettre toute mon expérience, mon engagement, tout mon réseau régional et international au service de mon pays. Donc c'est une dette que je souhaite aujourd'hui payer. Ce n'est certainement pas un processus facile. Et je crois qu'on ne peut pas ne pas prendre les éléments du passé pour les extrapoler dans le futur. Il est important de redonner de l'espoir à ce pays. Et c'est un processus qui n'est pas dirigé par une personne ; c'est aussi un mouvement, un esprit d'équipe. Je suis en quelque sorte le visage de ce mouvement de changement, mais il y a derrière moi toute une population, toute une large frange de la jeunesse et des femmes qui sont derrière ce projet. Et je suis sûr qu'il aboutira.

Comment faire pour redonner de l'espoir à ce peuple ?

D'abord, les populations aiment voir que leur dirigeant croit en un changement. L'élection de cette année se passera dans un environnement où il y a une nouvelle génération de cadres politiques qui sont engagés. C'est la première fois depuis l'indépendance qu'on a autant de candidats de la nouvelle génération, qui ont un message différent, une expérience différente. C'est la première fois aussi que la diaspora est impliquée dans l'élection du Président de la république ; et c'est actif que nous n'avons pas utilisé dans le passé. Quant à l'armée, je pense qu'il ne faut pas généraliser. Ce n'est pas seulement un problème militaire, c'est un problème du monde politique qui a créé cette relation incestueuse avec l'armée. Il y a une manipulation forte du pouvoir politique vis-à-vis de l'armée. Donc, quand il s'agit de savoir comment faire face à ce problème de l'armée, il faut savoir qu'il est d'abord important pour les civils et les politiques de s'entendre sur un projet de changement de la société guinéenne.

N'était-il pas alors plus facile et logique de créer un parti politique et d'aller aux élections sous sa bannière ?

Je ne cois pas, et les statistiques sont là pour le démontrer : il y a eu plus de 40% d'abstention lors des dernières élections de 2012. C'est tout une partie des électeurs qui ne croit plus à la politique en Guinée- Bissau. Deuxièmement, les partis sont très fortement marqués par des conflits internes. La constitution de la Guinée- Bissau encourage l'existence d'un président qui est indépendant, qui se place au-dessus de la mêlée des partis politiques. Donc, en grande partie, je ne fais que m'aligner sur le choix qui a été fait sur le point de vue constititonnel d'avoir un président qui puisse jouer un rôle d'arbitre et de pouvoir calmer le jeu dans un environnement où les tensions normales parce qu'il y a une situation économique désastreuse depuis plusieurs années, une situation de pauvreté énorme, qu fait que les crispations sont chaque fois intense. Il est nécessaire donc dans ce cadre qu'il ait quelqu'un qui puisse se positionner comme arbitre. Et si ce président a l'avantage que j'ai pour avoir travaillé pendant dix ans pour mon pays...J'ai travaillé au Plan, à la Coopération, aux Finances. En plus de cette expérience nationale, j'ai une expérience internationale avec un réseau international. Si tout cela est mis dans le cadre d'une magistrature d'influence, en relation avec le Premier ministre, je pense que les conditions pour un changement seront plus solides.

Justement, dans certains cercles, on entend souvent dire que vous êtes plus connus à l'étranger que chez vous-même. N'est-ce pas là un handicap, malgré votre background ?

Quand on parle d'être connu, c'est sur le point de vue politique. Sur ce point de vue-là, c'est vrai, je ne suis pas connu. Mais je suis connu comme un Guinéen qui a joué un rôle important dans les réformes économiques importantes de mon pays. La question est de savoir maintenant qui est connu ? Le seul candidat qui était assez connu, et qui s'est retiré, c'est Koumba Yala. Et même lui il ne représentait que 20 à 25 % de l'électorat. Donc nous sommes tous dans un processus de nous faire connaître auprès de la population. Et jusqu'à présent, depuis le lancement de ma candidature, je suis le candidat le plus présent sur le terrain. J'ai lancé vingt structures dans les régions avec des jeunes qui font un travail extraordinaire.

Le fait d'avoir un grand réseau international ne vous fait-il pas de facto un candidat appuyé par la communauté internationale ?

Non, je suis peut-être le candidat le plus connu de la communauté internationale. Je ne sais pas quelle serait la nature de cet appui. Je crois simplement que j'ai un avantage de pouvoir rétablir la confiance avec la communauté internationale. Il n'y a pas de doute que l'élection est faite au niveau national, et il appartiendra au peuple de Guinée-Bissau de me donner cette légitimité d'être leur président de la république. Mais après cela, il faudra se mettre au travail. Et j'ai un avantage qu'aucun autre candidat ne peut se targuer. C'est les relations, la connaissance des dossiers et le réseau que je peux mettre en place au service de mon pays.

Ce n'est pas un tabou que l'un des principaux maux de la démocratie Bissau- guinéenne, c'est son armée. Allez-vous entreprendre sa réforme dès votre installation, si vous êtes élus ?

L'armée elle-même reconnaît qu'elle doit être réformée. Maintenant, c'est comment le faire. J'ai aussi une connaissance des acteurs. Je voudrais ici souligner que je suis passé dans le système de quasi- Ã©cole militaire quand j'étais plus jeune. J'ai partagé les bancs avec beaucoup des officiers de l'armée. Je comprends donc leur aspiration, je comprends la frustration de certains d'entre eux. Encore une fois, j'insiste sur l'importance de ne pas mettre dans le même sac toute l'armée. Il y a eu des éléments dans l'armée qui ont posé des problèmes. Mais cette réforme est acceptée. Maintenant, c'est les moyens qu'il faut mettre pour qu'elle puisse être accélérée afin de rassurer tout le monde. Sur ce point-là, le rôle des civils aussi est important. Donc je m'engagerai aussi avec les partis politiques et la société civile pour que nous trouvions un itinéraire de réforme de l'armée, et assurer la paix et la sécurité en Guinée- Bissau.

Quelles mesures allez-vous prendre dans l'urgence, pour lutter contre les narcotrafiquants ?

D'abord, il faut reconnaître que le problème existe. Il faut regarder dans quelle mesure ce problème peut-être abordé dans le contexte régional. Vu le peu de moyens dont dispose l'État, nous aurons du mal à faire face à ce phénomène avec nos propres ressources. Donc utiliser le levier régional sera indispensable. L'intervention doit donc s'effectuer à deux niveaux. Au niveau régional, pour faire face ; et au niveau national pour faire la Guinée- Bissau un hub important dans la lutte contre le crime organisé, puisque c'est un fléau qui est actuellement en train de toucher tous les pays de la façade ouest africaine, de la Mauritanie à la Guinée- Conakry.

Sur le plan économique, quel programme allez-vous proposer aux électeurs pour les convaincre de voter pour vous ?

D'abord, il est important que l'entente entre le président de la République et le Premier ministre soit consolidée et clarifiée. Le Premier ministre a un rôle important dans l'exécution du programme du gouvernement. A ce stade, je crois qu'en dehors du développement humain qui est la priorité numéro un dans ma vision, c'est-à-dire il y a l'Education qu'il faudrait s'attaquer de façon urgente et massive, la création de l'emploi sera ma deuxième priorité, et elle devra s'enraciner dans le changement de l'environnement d'affaires, et attirer le maximum d'investisseurs de la sous-région, et des autres pays européens et asiatiques. On ne met pas assez l'accent des investisseurs qui viennent de la sous-région, et, pourtant, il y a un commerce important dans la sous-région qui n'est pas mis à profit. Il est important de faire face à la question de l'énergie sur le plan national, et ça passe par une réforme de la privatisation de l'entité qui gère le secteur énergétique ce qui nous permettra de mettre plus de sérieux et de réduire le niveau de corruption dans la production de l'énergie. Nous engager fermement dans le contexte régional puisque nous ne sommes pas un pays avec beaucoup de potentiel dans la production d'énergie, donc nous serons dépendants de la coopération régionale dans le cadre de l'OMVG (Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie). Comme vous le savez, le barrage de Kaléta sera opérationnel l'année prochaine; il nous faudra nous raccorder à ce barrage avec une ligne de transmission. Cette ligne de raccordement est évaluée entre 90 et 100 millions de dollars, et ça nous permettrait de couvrir 45 % de nos besoins en électricité.

Le fait que Koumba Yalla se soit retiré de la course est-il une chance pour vous ?

Je pense que c'est un acteur important de notre vie politique. Je ne le vois pas par rapport à me propre personne. J'ai été en contact avec ses électeurs, il n'a pas le poids qu'il a eu dans le passé. Je crois qu'il s'est retiré parce qu'il veut jouer un rôle d'ancien président. Et je crois que c'est positif pour la Guinée- Bissau.

L'élection du 16 mars sera très suivie chez le voisin sénégalais, à cause la géopolitique de la rébellion qui sévit dans la partie sud de ce pays. Si vous êtes élus, allez-vous vous impliquer dans la résolution de ce conflit ?

Je proposerai la création d'une zone de coprospérité qui ira du nord de la Guinée- Bissau jusqu'en Casamance. Ce programme sera défini en commun accord avec le Sénégal pour que nous puissions capitaliser cette zone du point de vue des infrastructures et de nous permettre de nous concentrer sur le développement de chaines de valeurs au niveau de trois secteurs importants : le tourisme, la pêche et l'agriculture.

Si vous êtes élus, quelle serait votre mesure symbolique ?

D'abord, il faudra insister pour que tout le monde sache qu'il n'y a pas de gagnant et de perdant. Et que c'est un nouveau président qui va unir tous les Guinéens, qui va instaurer un processus de dialogue. Il ne faudrait pas que ce soit un processus prolongé par ce qu'il faudra travailler. Je mettrai donc tout le monde autour d'une même table pour que nous puissions nous entendre sur une feuille de route avec le Premier ministre. Et dans cette feuille de route, il fera que chaque fois un élément clé soit observé. C'est un dialogue permanent. Une transparence dans les décisions, une tolérance zéro dans la lutte contre la corruption. Et de faire en sorte que tout le monde soit impliqué dans le dialogue, dans le processus de décisions importantes à prendre pour le pays.



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