Profil d' Ibrahima Ndoye, le procureur qui a arrété Cheikh Bethio Thioune


Rédigé le Lundi 29 Avril 2013 à 09:00 | Lu 339 fois | 0 commentaire(s)



Ibrahima Ndoye était entré dans l’histoire lorsque, contre toute attente, il avait soutenu, lors du procès de l’affaire des chantiers de Thiès, que son intime conviction est que Bara Tall n’avait rien fait de ce qu’on lui reprochait. Il vient d’inscrire une nouvelle page de l’histoire, en faisant arrêter Cheikh Béthio Thioune.


observateur
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En 2000, un jeune homme, nourri aux principes d’éthique et d’égalité, abreuvé à la science juridique, sort fraîchement du Centre de formation judiciaire (Cfj). Au Bloc des Madeleines, il «jure de bien et fidèlement remplir (ses) fonctions, de garder religieusement le secret des délibérations et de (se) conduire en tout comme un digne et loyal magistrat». Un serment qu’il compte respecter, malgré les vicissitudes de la vie et les tentations qui parsèment sa fonction de parquetier. Croyant reconnu, sérieux jusqu’au regard, la tâche qu’il s’est assigné semble ardue, mais pas impossible. Il suffit juste de s’armer d’une bonne dose de foi, d’une cuillérée de courage, et d’une pincée d’équité. Le reste relève du domaine de Dieu. Affecté au Bloc des Madeleines comme substitut du procureur de la République, puis à Kaolack, il gravit vite les échelons. Ses réquisitoires sont limpides et biens articulés. Il ne tarde pas à gravir les échelons. En 2009, il est nommé Premier substitut du Procureur de la République, Ousmane Diagne. Il se montre effacé, mais efficace. Et surtout courageux dans ses prises de position. Le 10 mars 2011, à l’occasion de la Rentrée solennelle de la conférence du stage 2011, organisée par le barreau sénégalais, il prend le contre-pied de tous ceux qui magnifient la dépénalisation du délit d’émission de chèque sans provision, estimant que ce type d’infraction «est une gangrène, puisqu’elle permet tout simplement aux escrocs d’accéder au patrimoine des Sénégalais». Deux mois plus tard, il entrait dans l’histoire. Le vendredi 20 mai 2011, alors qu’il avait reçu des réquisitions écrites de sa hiérarchie lui enjoignant de requérir 5 ans ferme contre Balla Tall et Cie dans l’affaire des chantiers de Thiès, il honore le principe qui voudrait que la «plume (soit) serve et la parole libre», en suivant les injonctions du parquet, tout en ajoutant que son intime conviction est que le patron de Jean Lefebvre n’a rien fait de ce qu’on lui reprochait. Il avait ainsi balisé la voie au juge du tribunal correctionnel de Dakar, Oumar Dièye, et ses deux assesseurs, Moustapha Diouf et Catherine Aïssatou Bâ, qui, quinze (15) jours plus tard, ont rendu leur verdict : relaxe pure et simple de Bara Tall. L’opinion venait de découvrir ce jeune magistrat hors norme, répondant au nom d’Ibrahima Ndoye. Un homme que le chroniqueur de la rubrique «Nation alitée» de «L’Observateur», Aliou Ndiaye, avait fini de surnommer «notre Mouhamed Bouazzizi local». «D’une manière très symbolique, il s’est immolé par le feu de la passion patriotique. Lors du procès de l’entrepreneur Bara Tall, il a fait un aveu courageux et suicidaire. Son intime conviction est faite : le dossier est vide malgré son réquisitoire sévère. Il a sacrifié au devoir de subordination et exprimé le fond de sa conscience. Sa révolte est le début d’une grande révolution dans la magistrature de ce pays», commentait, à l’époque, le chroniqueur de L’Obs. Quelque temps plus tard, il a bénéficié d’une «promotion» au goût de «sanction». Le lundi 1er août 2011, le Conseil supérieur de la magistrature statue et le nomme procureur de la République par intérim du tribunal régional de Thiès. A la ville de Bara Tall qu’il avait sauvé de la «guillotine», il continue son bonhomme de chemin, prenant son courage à deux mains et se montrant intraitable. Lorsque des évènements surviennent à Médina Salam au fief de Béthio Thioune avec à la clé deux morts, Ibrahima Ndoye enfile sa toge et fait appliquer la loi dans toute sa rigueur. La personnalité de Cheikh Béthio Thioune ne le fait pas flipper. Le leader des «Thiantacounes» est un justiciable comme tout le monde et sera traité comme tel. Parole d’un parquetier émérite.


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