Selon les experts en décentralisation et développement locale, cette cohabitation ne peut causer aucune entrave aux prérogatives du maire qui est l’exécutif. « C’est vrai que lemaire n’est pasmajoritaire dans le bureau municipal. Mais le bureau municipal ne délibère pas. Il y a deux institutions au niveau de la commune : c’est le maire et le Conseil municipal », a d’emblée rappelé Mamadou Diouf, consultant en décentralisation et développement local et ancien député. Il explique : « Par exemple, quand le maire veut voter son budget, ce n’est pas le bureau municipal qui donne mandat au maire, c’est le conseilmunicipal qui lui donnemandat. Et ce conseil municipal, quand il va falloir voterle budget, c’estsûr et certain que les conseillers ne vont pas se regrouper par convenance politique. Ce sera des conseiller de Guédiawaye qui vont voter le budget de Guédiawaye et à partir de ce moment, normalement, ils doivent voter voter aussi les délibérations que le maire va proposer ». D’après le consultant en décentralisation, en cas de blocage, si le Conseil Municipalrefuse de voterle budget, cela peut entrainer un blocage et dans ce casle préfet va intervenir donner au maire le budget de l’année passée. Rappelant ainsi la jurisprudence de Thiès l’ancien député dira : « Idrissa Seck avait laissé Talla Sylla prendre la mairie de Thiès en 2014, un an après ce dernier a rejoint Macky Sall. Les conseillers qui sont restés ce sont les conseillers d’Idrissa Seck et lorsqu’ilssont arrivés au vote du budget, ilssontsortis de la salle et ontlaissé Talla Sylla seul. Ce dernier n’a pas pu faire voterson budget etle préfet lui donne le budget de l’année précédente qu’il devait exécuter ». Dans ce cas de figure souligne-t-il : « le maire ne perd pas grand-chose mais ce sontles populations qui vont perdre parce qu’ils ont élu le maire pour régler ses problèmes et le maire ne peut pasréglerleur problème car le budget qui a été reconduit est déjà exécuté. Par contre, dans le domaine du fonctionnement, le maire va prendre son carburant, il va faire ses voyages, il va payer ses salaires ». Par ailleurs, signale Mamadou Diouf, « il y a, à l’arrivée, une faiblesse politique pour le maire en termes de bilan ». Parce que dit-il, lemaire n’aura pas de bilan et « politiquement ce n’est pas bon ». Selon le consultant en décentralisation et développement local, tous ces problèmes relèvent de la faiblesse du Code électoral. « C’est une cohabitation qu’on n’a pas l’habitude de voir et qui est due à une faiblesse du code électorale. La réforme du code a été trèsmalfaite pourles villes parce que, ce quise passe à Guédiawaye, c’est la même chose à Pikine et à Rufisque. Aujourd’hui on n’entend pas Timbo caril a su négocier avec les conseillers de Gueum Sa Bopp pour avoir une majorité qui peut à tout moment éclater parce que c’est fondé sur des intérêts. Ce sont des erreurs qui proviennent de la faiblesse des réformes du code électorale pendant le dialogue », regrette M. Diouf qui garde cependantl’espoir, compte tenu du fait que le maire Ahmed Aïdara a été « trèsstoïque » en acceptant de voirses adversaires prendre des postes qu’il aurait dû donner à ses amis dansla salle ». Les adjoints au maire n’ont aucun pouvoir « Et on espère que cette même personne qui a fait sa passation puisse, dans sa gestion, privilégier le dialogue, la discussion au sein du conseil. Si j’étais avec luitousses activités vont passer parce qu’il va initier le budget participatif. Il va amener les populations qui vont contribuer même dansl’élaboration du budget à plus forte raison des conseillers et dans ce cadre-là , on ne va plusregarder qui est de Yewwi, qui est de Wallu, ou qui est de Benno. Donc s’il privilégie la gestion participative, concertée, le partage, il va gérer sa commune pendant les 5 ans sans problème », préconise l’ancien député. Abdou Khadre Lô expert en décentralisation et développement local estime poursa part qu’il n’y aura pas de blocage. « Les élus onttouslessuffrages des populations. Maintenant si l’une des parties prend la décision délibérée de bloquer l’institution, il y a problème. Ce sera pour quel but ? cela veut dire qu’on s’en fiche de la population. Ce qu’il faudrait, c’est que même si tous les adjoints au maire étaient de Benno Bokk Yakaar, il n’appartient pas à Ahmed Aïdara ou aux adjoints aumaire de travailler pourla commune », analyse l’expert. D’aprèslui, le maire n’est que l’exécutif. Tout ce qu’il doit faire c’est d’exécuterla décision du conseilmunicipal dansson entièreté. « Lemaire ne peut pas naviguer à contre-courant, il est obligé d’exécuter », appuie-t-il. Quant aux adjoints au maire, Abdou Khadre Lô renseigne qu’ils n’ont aucune charge réelle, ils n’ont aucun pouvoir. « Il y a un protocole quifait que,si lemaire est indisponible ou absent, l’intérim est assuré par le premier adjoint, ainsi de suite. Par contre, quand il s’agit de faire des délégationslemaire peut déléguer qui il veut », explique-t-il. Toutefois souligne l’expert en décentralisation,si les élus de Benno ou un autre camp arrivent à bloquer le conseil jusqu’à lamise en place d’une délégation spéciale, « cela veut dire qu’eux-mêmes seront exclus ». « Il n’y aura plus de conseillers. Alors, vont-ils prendre ce risque ? », s’interroge M. Lô. Et de dire : « Je ne pense pas que dans le subconscient des élus il y a cette volonté de vouloir bloquer l’institution. Ça n’a aucun sens. Je ne crois pas queAliou Salls’engage dansle sens de bloquer l’institution. Il ne mettra pas les populations de Guédiawaye dans cet abime », a laissé entendre l’expert en décentralisation et développement local.
Lii quotidien
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