LA MÉTHODE GIRESSE


Rédigé le Samedi 22 Juin 2013 à 13:34 | Lu 147 fois | 0 commentaire(s)



Avec cette première victoire par 2 à 0, des Lions sous Alain Giresse, le Sénégal balise à Monrovia (Libéria) son chemin pour le troisième tour qualificatif de la Coupe du Monde Brésil 2014.


LA MÉTHODE GIRESSE
L’Egypte, la Côte d’Ivoire, la Tunisie, l’Algérie, sont admis aux barrages de la Coupe du Monde Brésil 2014 ; le Sénégal, lui, a pris une sérieuse option avec ses trois points pris à Monrovia au détriment des Libériens (0-2). Les Lions se sont débarrassés du chat noir qui les poursuivait depuis septembre 2012 et célèbrent leur première victoire sous Alain Giresse. Ouf. Gigi s’éloigne du nul et gagne enfin ! Voilà un heureux dénouement après la secousse d’Accra, où la grève de la séance d’entraînement du 11 juin avait fini de polluer l’environnement de la Tanière.
 
Cette victoire booste le moral des Lions, rudement éprouvé depuis un an. Nos ambassadeurs du ballon rond gardent la tête du groupe J, évitent la guillotine et jettent les bases d’une équipe nationale. Est-ce le début d’un nouvel élan du Sénégal ? En tout cas, il ne reste que 90 minutes pour s’approcher d’avantage de Rio. Le 7 septembre, le sans domicile fixe, Sénégal, joue l’Ouganda pour le ticket du troisième et dernier tour de piste avant le Mondial 2014.
 
En attendant le résultat de l’enquête sur le mouvement d’humeur d’Accra, c’est la fiesta dans la Tanière. Même si le triomphe semble modeste. Monrovia soude le jeu des Lions dont les premières esquisses ont pris forme à Luanda. Monrovia insuffle une nouvelle mentalité. « Ce soir, il faut saluer l’esprit de groupe, le don de soi Â», confirme Moussa Sow, sur le fil de l’Agence de presse sénégalaise. En fait, ni l’environnement hostile, ni la pelouse mal entretenue et boueuse, n’ont altéré la rage de vaincre des coéquipiers du capitaine Mohamed Diamé. Engagés et présents sur le front de la bataille physique et psychologique, rien n’a pu ébranler les garçons.
 
Même les interruptions décidées par l’arbitre à cause des jets de pierres et de projectiles de toutes sortes sur le terrain, n’ont pu distraire les Lions concentrés et solidaires. Normal que Me Augustin Senghor, président de la Fédération sénégalaise de football, « rugisse Â» de bonheur dans Stades « les garçons se sont montrés tels qu’on aimerait les voir tous les jours. Si cela continue, nous aurons une très grande équipe, dans le moyen terme Â». La Tanière, à bout de remaniement, retrouve la quiétude et la sérénité.
 
L’équipe se reconstruit avec une nouvelle ossature sur presque toutes les lignes. La défense prend ses repères et se fait plus réactive. Elle a appris des erreurs de Luanda, Lamine Sané file la recette : « Cette fois, il n’y a pas eu de relâchement Â». L’attaque en perpétuel remaniement voit le bout du tunnel, grâce à une magnifique paire Sow-Cissé. Mieux, Papiss a signé un doublé, quand bien même Sadio Mané continue d’apprendre la chorale africaine. Et si septembre devra afficher un autre binôme, avec la suspension du meilleur buteur de Giresse, le Girondin n’en est pas pour moins satisfait de ses gosses. « Cette fois, j’apprécie le résultat Â», déclare Alain Giresse. Monrovia scelle une nouvelle démarche. Une équipe en quête d’identité, de statut de grand d’Afrique. Dans cette campagne des éliminatoires au Mondial 2014, le Sénégal continue de récolter des points.
 
Monrovia inaugure le temps de la reconquête et de la réhabilitation des Lions en quête de valeur boursière. Après la cacophonie notée lors du camp d’Accra : défaut de restauration, refus de s’entraîner, la solidarité a pris le pas sur la pelouse. L’âme conquérante renaît de l’attaque, la défense se consolide, mais le milieu est toujours isolé. Le liant et le link se font toujours désirer. Mouhamed Diamé, Idrissa Gana Guèye et Stéphane Badji gagneraient à coordonner leurs actions pour plus d’efficacité. Mais, si le jeu s’améliore et prend de la densité. Le réalisme, lui, est toujours en dents de scie.

L’efficacité de Cissé, auteur du doublé sénégalais, cache toujours l’absence de réalisme des attaquants. Ce match-repère de l’ère Giresse - le nouvel ordre de collaboration - expose aussi la classe technique de Moussa Sow, bien en place et l’œil avisé. Giresse est dithyrambique. A l’Aps, il dit : « Le contexte et les conditions étaient difficile, mais les joueurs ont livré un match d’hommes en faisant le dos rond et réussissant les gestes qu’il fallait Â». Un nouvel esprit souffle dans la tanière. La rigueur et l’esprit commando sont devenus les partenaires de nos chers Lions.

Le nouvel ordre de collaboration

Au cours de ce périple de 15 jours non stop, la vie de groupe s’est formatée. Avec ses hauts et ses bas. Parmi les séquences à vite oublier, s’affiche la friction à distance entre les fédéraux et les joueurs. Accra a révélé que les relations ne sont pas toujours saines. Si l’Etat a été sans reproche dans la prise en charge de son équipe nationale de football, on peut douter de la volonté des dirigeants du football, prompts à livrer les gosses à la vindicte populaire. Au lieu de les protéger et de les comprendre, on penche pour le déballage. La communication de crise est un bréviaire dont les fédéraux devraient s’inspirer en permanence pour pouvoir gérer sans coup férir les cas de turbulence.

Ainsi, au sujet des mauvaises conditions déplorées par le staff et les joueurs, la tutelle dégage en touche. Bouna Daouda Diop, directeur de la Haute compétition, plaide dans les colonnes de l’Observateur du 13 juin 2013 et apporte quelques précisions : « Nous n’avons pas accepté de payer les 72 millions pour le vol Accra-Luanda. La campagne a couté 187 millions Â». Et Me Senghor ne fait pas mieux, lui qui n’y va pas par quatre chemins. L’observateur rapporte ses propos : « Les joueurs n’ont qu’à prendre leurs responsabilités. Celui qui ne veut pas de faire le déplacement n’a qu’à prendre son billet retour Â», martèle-t-il, au lieu de tempérer les ardeurs. En lieu et place de la concertation, la Fédé a opté pour la fermeté martiale : « La fédération n’a pas à demander votre avis, elle vous informe Â».

Ne serait-ce point là l’étincelle qui a allumé le feu de la grève ? Une polémique qui n’a toutefois pas dévié les Lions de leur chemin, ni atténué leur détermination d’aller en Coupe du Monde. Ils ont respecté leur « devoir d’avoir de bons résultats Â», comme disait Mouhamed Diamé. Et après leur succès, le camp administratif a versé dans l’éloge. Tardif et bien triste.

Allez plus haut après la tragi-comique mutinerie d’accra

Depuis le début des éliminatoires, on attendait ce visage du Sénégal, favori du groupe J. Face au Libéria, il a répondu à cette attente et confirmé son statut de leader. Le Sénégal, invincible à l’extérieur, a toujours glané des points avec ses nuls ramenés d’Ouganda et d’Angola. Mieux, il a même réalisé un exploit en empochant les trois points à Monrovia. Fait inédit dans ce groupe J, les équipes jouant à domicile n’ont jamais concédé une défaite. Mais, ne cédons pas à l’euphorie. « Il y a des choses à recadrer Â», alerte Giresse.

A juste raison, le coach national et son staff technique courent derrière leurs salaires. Les conditions de préparation et d’organisation sont loin des normes de haut niveau et la suspension du stade Léoplod Sédar Senghor n’arrange pas les choses. La politique de gestion a changé sous Giresse, Gigi a choisi la franche collaboration.

A cette politique de conspiration qui finissait toujours par des déballages en temps de rupture, il a préféré un compagnonnage sain, basé sur le respect des engagements, unique gage pour sortir de cet amateurisme et de l’informel qui fissure la vitrine du football. Les Fédéraux doivent suivre les traces du professionnalisme et, surtout, cesser cette communication à outrance qui nuit plus qu’elle n’unit les acteurs. Lions, coach et administration devront se retrouver pour l’essentiel, avant septembre. Et le premier acte à poser est de trouver un partenaire pour la date du 15 août, afin d’huiler davantage le jeu des Lions et de trouver les automatismes.

Et vivement que les lendemains de l’Assemblée générale de la Fédération sénégalaise de football prévue en août ne viennent pas polluer l’atmosphère, qui devenait enfin respirable. La quiétude, c’est le prix pour une deuxième participation à une Coupe du Monde.



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